Jean Montigny — Wikipédia

Jean Montigny
Illustration.
Reims : congrès radical socialiste 1929
Fonctions
Député français

(17 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection 11 mai 1924
Réélection 22 avril 1928
1er mai 1932
26 avril 1936
Circonscription Sarthe
Législature XIIIe, XIVe, XVe et XVIe (Troisième République)
Groupe politique RRRS (1924-1932)
IDG (1932-1936)
GDRI (1936-1942)
Biographie
Nom de naissance Auguste Jean Montigny
Date de naissance
Lieu de naissance Guéret
Date de décès (à 78 ans)
Lieu de décès 16e arrondissement de Paris
Parti politique RRRS
Résidence Sarthe

Jean Auguste Montigny, né le à Guéret (Creuse) et mort le à Paris[1], est un homme politique français, député de la Sarthe dans l'entre-deux-guerres.

Collaborateur, disciple et ami de Joseph Caillaux, il défend comme lui avec la quasi-totalité des élus de gauche des positions pacifistes. Il quitte le Parti radical-socialiste en 1931 et évolue vers la droite. Il tente d'empêcher la déclaration de guerre à l'Allemagne et vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain après la défaite en 1940. Il exerce brièvement les fonctions de directeur de la censure du régime de Vichy et préside de 1951 à 1957 l'Union des intellectuels indépendants qui est en partie à l'origine des lois d'amnistie votées en 1951 et 1953.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jean Montigny est le fils de Maurice Montigny[2] et de Mathilde Pabot du Chatelard.

Jean Montigny est avocat au Mans et effectue son service militaire lorsqu'il devient en 1913 docteur en droit de la faculté de droit de Paris. Son père est alors préfet de la Sarthe de juin 1909 à mars 1914[3].

Mobilisé durant la Première Guerre mondiale, il termine la guerre avec le grade de sous-lieutenant et reçoit la croix de guerre avec cinq citations et la croix de la Légion d'honneur[4].

Secrétaire de la Conférence du stage (promotion 1921- 1922)[5],[6], il est inscrit au barreau de Paris de 1919 à 1962.

Il milite au parti radical-socialiste, devient le secrétaire général de la fédération de ce parti dans la Sarthe où il est conseiller général à partir de 1919. Il se fait remarquer par son éloquence dans les congrès du parti et est un proche de Joseph Caillaux.

Après un échec en 1919, il est élu député de la Sarthe en 1924, à 32 ans, dans le contexte du cartel des gauches, sur une liste qu'il mène[7], comprenant deux autres radicaux-socialistes (Almire Breteau et Georges Dalmagne), un socialiste indépendant (Julien Laine) et deux socialistes SFIO (Olivier Heuzé et Henri Eugène Barbin), également élus. Une fois élu, il publie un article dans Paris-Soir célébrant le mérite d'Édouard Herriot et souhaitant « ardemment un partage loyal du pouvoir » avec les socialistes[8]. Il devient dès 1924 secrétaire général du puissant groupe radical-socialiste de la Chambre[9],[4],[10]. Il est réélu au scrutin uninominal en 1928, 1932 et 1936[4]. Il intervient particulièrement dans le domaine agricole et pour réclamer la mise en place de lois sociales[4]. C'est un pacifiste de gauche dans les années 1920. Il fait partie des Jeunes Turcs du parti radical.

Il quitte le parti radical-socialiste en février 1931 et évolue vers la droite[11],[12]. Il aurait souhaité que les radicaux-socialistes participent au gouvernement dirigé par Pierre Laval[13]. Il reste proche de Joseph Caillaux.

Il a été également délégué à la Société des Nations (SDN)[4].

En 1936, avec son groupe des radicaux indépendants, il vote contre l'investiture du Gouvernement du Front populaire[14].

Aux côtés de Pierre-Étienne Flandin et de Georges Bonnet, il tente de s'opposer à ceux qu'il accuse de vouloir la guerre comme Georges Mandel et Paul Reynaud. Il demeure un fervent pacifiste[15],[16]. Il publie en septembre 1938, avant les accords de Munich qu'il applaudit[17], une brochure pacifiste intitulée La France devra-t-elle faire la guerre pour la Tchécoslovaquie ?, refusant toute guerre préventive, tout conflit qui « assurerait soit le triomphe du communisme, soit la sauvegarde d'intérêts autres que les siens, soit une revanche raciale »[18]. Il mène ensuite en 1938-1939 une campagne pour la dissolution du Parti communiste[19], participant à un congrès de l'Union républicaine populaire de Philippe Henriot[20] et s'associant à la campagne similaire de Georges Loustaunau-Lacau. Il prend part en décembre 1938 au déjeuner donné à Paris par le Comité France-Allemagne en l'honneur de Joachim von Ribbentrop. Sa campagne anticommuniste et pacifiste s'accompagne de propos xénophobes[21] teintés d'un certain antisémitisme[22]. Il attaque Léon Blum et le « parti de la guerre »[23]. Il développe ces thèses dans sa brochure France libère-toi ! (1939)[24]. Il est alors membre depuis peu de l'Alliance démocratique[25],[26].

Le , il fait partie des 17 parlementaires qui s'associent à Pierre Laval pour réclamer un ordre nouveau et la collaboration avec l'Allemagne[4].

Il vote avec la majorité du Parlement la délégation de pleins pouvoirs au dernier président du Conseil de la Troisième République Philippe Pétain le pour lui permettre de traiter avec l'occupant. Dans les premiers temps du régime de Vichy, de juillet à décembre 1940, en tant que chargé de mission auprès de Pierre Laval, il assure la direction du service de la presse et de l'information, c'est-à-dire de la censure, assumant officieusement les fonctions de Secrétaire général à l'information[27],[28]. Il est désigné en janvier 1941 membre du Conseil national. Il préside en avril 1941 une conférence parisienne d'un Allemand, le baron Werner von Rheinbaben (en), ancien délégué allemand à la SDN, qu'il connaît depuis 1929. La conférence se tient sous les auspices du Groupe Collaboration[29],[30]. Il démissionne du Conseil national le 28 septembre 1942[31].

Dès , dans son ouvrage Toute la vérité sur un mois dramatique de notre Histoire, ce pacifiste décrit de l'intérieur les oppositions entre les tenants du départ du gouvernement de la métropole, pour l'Afrique du Nord (il parle de la ligne Reynaud, Mandel et Churchill en référence à la volonté de continuer le combat sous la forme d'une Union franco-britannique avec nationalité commune, proposition qui assimile selon lui la France à un véritable dominion) et ceux de son maintien en France, convaincus de la nécessité d'un armistice (ligne Pétain, Laval et Weygand).

Après la guerre, il est inéligible. Il est jugé par la Chambre civique de la Seine pour son soutien au régime de Vichy, qui l'acquitte en 1949 car il a réussi à convaincre qu'il a sauvé des Juifs et qu'il a indiqué des terrains de parachutage[32]. On le retrouve à l'Association des représentants du peuple de la IIIe République, qui regroupe les anciens élus désormais inéligibles depuis la Libération[33],[34], aux conférences hebdomadaires des Écrits de Paris[35], en 1951 au congrès de l'Union des républicains d'action sociale[36], aux Indépendants de Paris[37]. Il est élu en 1951 président de l'Union des intellectuels indépendants, fondée l'année précédente et qu'il préside jusqu'en 1957. Il participe à des réunions du Front des forces françaises, favorable à l'amnistie des épurés.

Il se présente aux législatives de janvier 1956, dans le 1er secteur de la Seine, avec l'étiquette du Rassemblement national français de Jean-Louis Tixier-Vignancour[38],[39]. Il est battu par Jean-Marie Le Pen candidat de l'Union et fraternité française dirigé par Pierre Poujade.

Hostile à la décolonisation de l'empire français, il contribue en 1956 à la fondation d'un éphémère Comité Défense de la France, avec le général Jean Touzet du Vigier, Pierre Baruzy, Jean Ebstein-Langevin, Pierre Juhel notamment[40].

Il travaille ensuite à la publication d'un livre : Le Complot contre la paix, 1935-1939, paru en 1966, dans laquelle il décrit à nouveau les jeux d'acteurs des partisans français de la guerre et de la paix jusqu'à la déclaration de guerre à l'Allemagne.

Il préside l'Union pour la défense de la justice et de la liberté, nouveau nom en 1967 de l'association Justice et Liberté, fondée au lendemain de la Libération par des anciens élus[41].

Mandats électoraux[modifier | modifier le code]

Député[9]
Maire

Décorations[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Source : Catalogue de la BNF

  • Jean Montigny, France, libère-toi, Le Mans, Impr. de la Sarthe, , 39 p.
    En annexe : le texte des obligations internationales contractées par la France depuis les traités de paix
  • Jean Montigny, De l'armistice à l'Assemblée nationale, 15 juin-15 juillet 1940 – Toute la vérité sur un mois dramatique de notre Histoire, Clermont-Ferrand, Éditions Mont-Louis, , 159 p. (Lire le début en ligne)
  • Jean Montigny, Heures tragiques de 1940 – La Défaite, Paris, Grasset, , 271 p. (Lire en ligne le début)
  • Baron Werner von Rheinbaben (préf. Jean Montigny), Vers une Nouvelle Europe, Paris, Groupe Collaboration, , 40 p.
  • Claude Hisard (préf. Jean Montigny), Histoire de la spoliation de la presse française, Paris, Éditions de La Renaissance, , 496 p.
  • Jean Montigny, Le Complot contre la paix, 1935-1939, Paris, La Table ronde, , 355 p.

Sources[modifier | modifier le code]

  • « Jean Montigny », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Dossier de la Légion d'honneur de Jean Maurice Charles Montigny dans la base Léonore
  3. La France militaire, 30 novembre 1913, L'Ouest-Eclair, 28 novembre 1913, Ibid., 20 juin 1913. Son père est ensuite directeur du personnel au ministère des finances puis trésorier payeur général de l'Ille-et-Vilaine. Il est après sa retraite homme de lettres, conférencier et administrateur de sociétés. Il meurt en 1936 : Excelsior, 25 octobre 1936
  4. a b c d e et f [PDF] Biographie de Jean Montigny sur le site de l'Assemblée nationale, p. 2506-2507.
  5. L'Echo de Paris, 14 juillet 1921
  6. Gilles Le Béguec, « L'aristocratie du barreau, vivier pour la république. Les secrétaires de la conférence du stage », 1991, dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1991, p. 22-31, [lire en ligne]
  7. Bulletin du Parti républicain et radical-socialiste, 10 avril 1924
  8. J. Montigny, "L'heure de Danton", Paris-Soir, 24 mai 1924
  9. a b et c « Jean, Auguste Montigny (1892-1970) », sur assemblee-nationale.fr, Assemblée nationale.
  10. La Lanterne, 27 juin 1924
  11. Dominique Parcollet, Le personnel parlementaire de la Sarthe, dans Collectif, Les parlementaires de la troisième république, Publications de la Sorbonne, 2003, p. 131
  12. Le Radical, 15 février 1931, Aux écoutes, 14 février 1931, La République, 14 février 1931, Le Temps, 13 février 1931
  13. Michèle Cointet, Le Conseil national de Vichy : vie politique et réforme de l'État en régime autoritaire, 1940-1944, Éditions Libris, 1989, p. 111
  14. « Présentation du Ministère Léon Blum - Séance du samedi 6 juin 1936 », Chambre des députés, interventions de Jean Montigny sur la position de son groupe lors du vote d'investiture du Gouvernement du Front Populaire : « Messieurs, au nom de la gauche démocratique et radicale indépendante, qui groupe quarante députés [...] j'ai la mission, [...] d'exposer la raison essentielle pour laquelle, unanimes, nous ne pourrons pas accorder au Gouvernement une confiance [...] ». Sur le site de l'Assemblée nationale, consulté le 28 juillet 2008.
  15. J. Montigny, "D'abord, la paix !", Le Journal, 13 juin 1938, Le Journal, 15 juin 1938, Le Populaire, 14 juin 1938
  16. "Dans un vigoureux discours , M. Jean Montigny dénonce l'action néfaste des pacifistes belliqueux", Le Matin, 15 juillet 1938
  17. "Félicitations à M. Georges Bonnet", Le Journal, 1er octobre 1938
  18. "La France devra-t-elle faire la guerre pour la Tchécoslovaquie ? Une lettre ouverte de M. Jean Montigny", Le Journal, 22 septembre 1938
  19. Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 7 novembre 1938, Le Jour, 14 novembre 1938, Le Journal, 27 novembre 1938, Le Jour, 29 novembre 1938, Le Matin, 6 décembre 1938
  20. Le Matin, 28 novembre 1938
  21. J. Montigny, "La France aux Français", Le Matin, 21 décembre 1938
  22. Jean-René Maillot, Jean Luchaire et la revue Notre temps, Université de Lorraine, 2013, p. 557-558
  23. J. Montigny, "Où l'on retrouve le parti de la guerre", Le Matin, 24 décembre 1938
  24. Le Temps, 27 janvier 1939, La Liberté, 28 janvier 1939
  25. La Gazette de Biarritz-Bayonne, 5 mai 1939
  26. René Rémond, Janine Bourdin (dir.), La France et les Français en 1938-1939, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1978, p. 338
  27. Le Matin, 8 décembre 1940
  28. Philippe Amaury, De l'information et de la propagande d'état. Les deux premières expériences d'un Ministère de l'information en France, Librairie Générale de droit et de jurisprudence, Paris, 1969, p. 437
  29. Le Matin, 18 avril 1941
  30. Julien Prévoteaux, Un européisme nazi. Le groupe collaboration et l'idéologie européenne dans la Seconde Guerre mondiale, F-X de Guibert, 2010
  31. Michèle Cointet, Le Conseil national de Vichy : vie politique et réforme de l'État en régime autoritaire, 1940-1944, Éditions Libris, 1989, p. 409
  32. La Croix, 28 juin 1949
  33. "Nouvelles du jour", Le Monde, 24 décembre 1949 ; "La réforme des institutions", Le Monde, 29 mars 1955 ; Claude Martial, "Les " Anciens de la IIIe " préparent la Ve République", Le Monde, 25 juin 1955
  34. Rivarol, 17 mai 1951
  35. Rivarol, 10 mai 1951, Ibid., 29 novembre 1951
  36. Rivarol, 12 avril 1951
  37. Claude Martial, "Me ISORNI PLAIDE DEVANT LES INDÉPENDANTS DE PARIS", Le Monde, 8 juillet 1955
  38. http://www.france-politique.fr/wiki/Rassemblement_National_Fran%C3%A7ais_(RNF).
  39. "M. Monligny (sic) souhaite la constitution d'une droite " qui n'aura pas peur de dire son nom", Le Monde, 17 décembre 1955"; Jean Montigny, "Le noyau d'une nouvelle droite ?", Le Monde, 23 décembre 1955
  40. Le Monde, 26 mars 1956, "Formation d'un Comité Défense de la France" (« Les personnalités dont les noms figurent ci-dessous viennent de constituer, au nom des groupements qu'elles représentent, un comité : Défense de la France, chargé d'unir les efforts de tous leurs adhérents " en vue de manifester, tant aux yeux du gouvernement qu'aux yeux de l'opinion étrangère, la volonté profonde de la nation française de voir mettre un terme à des abandons et à des déchéances qui se sont précipités jusqu'ici, et qui ne peuvent conduire qu'à une catastrophe irrémédiable. (Il) " prend acte des mesures que le gouvernement vient d'arrêter pour reprendre en main la situation militaire en Algérie. Il convient maintenant que ces mesures soient appliquées avec la rigueur, avec la brutalité requises pour que l'entreprise soit efficace, et qu'elle soit économe du sang à verser et des sacrifices a consentir. ". Général Barre, secrétaire général de Présence française - Tunisie ; comte Baruzy, du Centre d'études politiques et civiques ; M. Daber, conseiller de l'Union française, secrétaire général du Comité d'action contre la désagrégation de l'Union française ; M. Jean Ebstein, président de l'Union nationale et sociale de salut public ; M. Jacquier, secrétaire général de Présence française-Algérie ; M. Juhel, secrétaire général de Restauration nationale ; M. Matignon, président du comité A.P.S. ; M. Montigny, ancien ministre, président des Intellectuels indépendants et de Vigilance française ; M. Nabonne, secrétaire général de Présence française-Maroc ; général Touzet du Vigier, C.R. »
  41. "A L'ASSOCIATION JUSTICE ET LIBERTÉ", Le Monde, 25 décembre 1967
  42. Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936.
  43. Assemblée nationale, « Les députés-maires », moteur de recherche, entrer : « Montigny ».
  44. Henry Coston, L'Ordre de la Francisque et la révolution nationale, Paris, Déterna, coll. « Documents pour l'histoire », , 172 p. (ISBN 2-913044-47-6), p. 137.

Annexes[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]