Paris — Wikipédia

Paris
De haut en bas et de gauche à droite : Vue sur la Seine et la tour Eiffel, le pont des Arts avec au loin la cathédrale Notre-Dame, l'opéra Garnier, l'Arc de Triomphe et enfin le palais du Louvre avec sa pyramide.
Blason de Paris
Blason
Paris
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Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France (préfecture)
Arrondissement Chef-lieu de vingt arrondissements
Intercommunalité Métropole du Grand Paris
(siège)
Maire
Mandat
Anne Hidalgo (PS)
2020–2026
Code postal Selon l’arrondissement, de 75001 à 75020 et 75116
Code commune 75056
Codes des arrondissements : de 75101 à 75120
Démographie
Gentilé Parisien
Population
municipale
2 133 111 hab. (2021 en diminution de 3,33 % par rapport à 2015)
Densité 20 238 hab./km2
Population
agglomération
10 890 751 hab. (2021)
Géographie
Coordonnées 48° 51′ 24″ nord, 2° 21′ 07″ est
Altitude 35 m
Min. 26 m
Max. 131 m
Superficie 105,40 km2
Type Commune urbaine
Unité urbaine Paris
(ville-centre)
Aire d'attraction Paris
(commune-centre)
Localisation
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Paris
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Paris
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Paris
Liens
Site web paris.fr

Paris (/pa.ʁi/[a] Écouter) est la capitale de la France et une collectivité à statut particulier. Divisée en vingt arrondissements, elle est le chef-lieu de la région Île-de-France et le siège de la métropole du Grand Paris.

Paris est situé au centre du Bassin parisien, sur une boucle de la Seine, entre les confluents avec la Marne et l'Oise. Le site est occupé à partir du IIIe siècle avant notre ère sous le nom Lutèce par le peuple gaulois des Parisii, qui donne son nom à la ville. Au début du VIe siècle, Clovis choisit Paris comme capitale de son royaume. La cité devient alors une des principales villes de l'ancienne Gaule avec des palais royaux, de riches abbayes et une cathédrale. Au cours du Moyen Âge, elle s'impose comme un foyer intellectuel et artistique majeur avec la création de l'université de Paris. Son importance économique et politique ne cesse de croître, ce qui en fait l'une des villes les plus importantes de l'Occident médiéval. La montée en puissance de la monarchie française à partir du XVIe siècle - d'abord en Europe puis dans le monde - en fait une métropole au rayonnement planétaire, capitale d'un empire colonial jusqu'au XXe siècle.

Le paysage urbain parisien est facilement reconnaissable, caractérisé par de grands boulevards et des immeubles d'un style spécifique appelé « hausmannien ». Il est le résultat de grands travaux d'urbanisme réalisés sous le Second Empire, qui ont néanmoins laissé subsister des pans du tissu urbain antérieur. Au cours du XXe siècle, la physionomie de Paris a continué à se transformer avec la mise en service du métro parisien ainsi que la construction dans les arrondissements périphériques d'habitations à bon marché puis de tours et de barres d'immeubles. Le centre de la capitale a également été profondément rénové dans les années 1970 tandis que l'introduction de la voiture s'est concrétisée par l'aménagement du boulevard périphérique.

Paris intra-muros a une superficie de 105 km2 et compte 2 133 111 habitants au [b 1]. Son agglomération s'étend sur 2 846 km2 et compte 10 856 407 habitants au , ce qui en fait l'agglomération la plus peuplée de France et d'Europe de l'Ouest. Outre de nombreux sièges de multinationales, la ville accueille plusieurs institutions européennes et internationales. C'est également l'une des principales places financières mondiales. Elle est par ailleurs la capitale mondiale du luxe, de la haute couture et de la haute gastronomie. La densité de l'habitat, de la population, des activités et des réseaux conduisent néanmoins à certains problèmes de déplacements, de pollution atmosphérique, d'approvisionnement de la capitale ou de coût de l'immobilier.

Destination touristique visitée chaque année par quelque dix millions de touristes étrangers, Paris possède un patrimoine architectural mondialement célèbre comme la cathédrale Notre-Dame de Paris, la tour Eiffel, le musée du Louvre ou encore l'Arc de Triomphe. De nombreux styles architecturaux sont représentés, du classicisme à l'architecture contemporaine en passant par l'Art nouveau. La capitale accueille également de nombreux grands évènements culturels et sportifs tels Nuit blanche, le tournoi de Roland Garros ou encore l'arrivée du Tour de France. Elle héberge des clubs sportifs renommés comme le club de football du Paris Saint-Germain et celui de rugby à XV du Stade français. Paris a organisé les Jeux olympiques en 1900, puis en 1924, et les accueillera à nouveau en 2024.

Géographie

Localisation

Paris se situe au cœur d'un vaste bassin sédimentaire aux sols fertiles et au climat tempéré, le bassin parisien, sur une boucle de la Seine, entre les confluents de celle-ci avec la Marne et l'Oise.

Les départements limitrophes sont les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val de Marne.


Selon la géographie des régions naturelles de France, la ville de Paris se situe entre le Pays de France (rive droite) et le Hurepoix (rive gauche), la Seine correspondant à la limite entre les deux régions.

Topographie

Point zéro des routes de France, devant la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Au milieu du Bassin parisien, deux îles sur la Seine constituent le cœur historique de Paris : l'île Saint-Louis, la plus à l'est et l'île de la Cité, la plus à l'ouest. La ville s'étend de part et d'autre du fleuve, sur une superficie environ deux fois supérieure au nord, sur la rive droite, à celle au sud, sur la rive gauche.

Paris intra-muros, délimité de fait en 1844 par l'enceinte de Thiers, puis administrativement en 1860 par l'annexion de communes ou de leurs quartiers, est aujourd'hui séparé de ses communes limitrophes par une frontière artificielle[1], le boulevard périphérique, voie rapide urbaine de 35 km. Les accès routiers se font par les portes de Paris ou par les routes et autoroutes qui rejoignent cette rocade, dont la couverture progressive permet de mieux ouvrir Paris à son agglomération.

Au-delà de l'enceinte de Thiers, deux grands espaces boisés ont été aménagés par le baron Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870, sur des communes voisines, avant d'être rattachés à Paris en 1929 : à l'ouest, le bois de Boulogne (846 hectares, 16e arrondissement) et à l'est, le bois de Vincennes (995 hectares, 12e arrondissement), ce qui porte le périmètre de la ville à 54,74 km. Paris s'étend également sur l'héliport (15e arrondissement). Plus anecdotique, depuis 1864, la ville de Paris est propriétaire du domaine entourant les sources de la Seine, à 231 km de la ville[2].

La superficie de la ville de Paris est de[b 2] 105,40 km2 (113e rang des communes de France métropolitaine).

Le boulevard périphérique mesure 34,98 km, donnant ainsi une surface de 84,45 km2 à Paris intra-muros en excluant les bois de Boulogne et de Vincennes[s 1].

Son unité urbaine s'étend sur 2 853,5 km2[b 3] et rassemble 10 858 852 habitants[b 4], répartis dans 411 communes d'Île-de-France[b 5].

Le point zéro des routes de France est matérialisé par une dalle située devant Notre-Dame de Paris, nommée le parvis de Notre-Dame.

Hydrographie

La Seine[b] traverse la ville en formant un arc de cercle, y entrant par le sud-est pour en sortir au sud-ouest. Plus de trente ponts permettent de la franchir.

La ville est également traversée par la Bièvre, aujourd'hui entièrement souterraine, qui arrive du sud, et par le canal Saint-Martin (4,5 kilomètres), inauguré en 1825. Il constitue la partie terminale du canal de l'Ourcq (108 kilomètres) et du canal Saint-Denis (6,6 kilomètres), ouvert en 1821, qui permet de rejoindre la Seine en aval en évitant la traversée de la ville. Il alimente le bassin de la Villette, passe en souterrain sous les boulevards Jules-Ferry et Richard-Lenoir et la place de la Bastille, traverse le port de l'Arsenal et rejoint la Seine en amont de l'île Saint-Louis[f 1].

Autrefois, la Seine recevait encore dans Paris un autre affluent : le ruisseau de Ménilmontant qui traversait les faubourgs Saint-Martin et Saint-Denis, passait derrière la Grange-Batelière, continuait en traversant la Ville-l'Évêque et le Roule et se jetait dans la Seine au nord de la colline de Chaillot. À partir du XVIe siècle, il fut transformé en égout et devint le Grand Égout recouvert autour de 1760[4].

D'autres cours d'eau ont traversé Paris, dont le ru Orgueilleux (parfois orthographié ru des Orgueuilleux), la darse du fond de Rouvray, le ruisseau de Gravelle, le ruisseau de Montreuil — également appelé ruisseau de la Pissotte — ou le ruisseau de Saint-Germain[5].

La ville a été marquée par de nombreuses inondations, dont les plus importantes avant le XXe siècle sont celles de 583, 842, 1206, 1280, 1325, 1407, 1499, 1616, 1658, 1663, 1719, 1733, 1740, 1764, 1799, 1802, 1836, 1844 et 1876[6]. Pour la période récente, les plus importantes sont la crue de la Seine de 1910, celles de 1924, 1955, 1982 et 2016[7].

Relief

Relief de Paris.

Le site de Paris s'étend autour d'une large vallée englobant le cours actuel de la Seine, la captation de la Bièvre à l'époque néolithique, et le cours de la Seine antérieur à cette captation qui formait un arc-de-cercle de Bercy au pont de l'Alma autour des Grands Boulevards[8]. Cet ancien cours qui divaguait en bras multiples était un territoire marécageux drainé au Moyen Âge qui fut inondé en 1910. Cette plaine alluviale s’étend au nord jusqu’aux rues de Paradis, Bleue, Lamartine, Saint-Lazare, de la Pépinière, La Boétie dont le tracé correspond à un ancien fossé qui marquait au Moyen Âge la limite de la censive (voir droit féodal à Paris) des Marais Sainte-Opportune.

Au-delà le terrain s’élève vers le col de la Chapelle à l’est, la butte Montmartre au centre et, en pente douce, vers le large col d’une altitude de 40 mètres à 50 mètres entre cette butte et la colline de Chaillot. Passé ce col, la pente très faible en direction de la Seine à Levallois-Perret et à Clichy correspond aux quartiers de la Plaine-de-Monceaux et des Batignolles. Sur la rive gauche, la vallée s'étend à l'ouest sur les territoires du 7e arrondissement, et aux quartiers de Grenelle et de Javel, à l'est sur ceux des quartiers du Jardin-des-Plantes, de la Salpêtrière et de la Gare. L'altitude de ces territoires, de 31 mètres à 39 mètres, est de peu supérieure au niveau moyen du fleuve de 26,72 mètres.

L’érosion entre les deux cours du fleuve, actuel et ancien, avait laissé subsister sur la rive droite les modestes éminences insubmersibles de Saint-Germain-l’Auxerrois, de Saint-Jacques-la-Boucherie, de Saint-Merri, de Saint-Gervais, de la butte des Moulins et de la butte Saint-Roch en grande partie arasées lors de travaux d’urbanisme. Le monceau Saint-Gervais est cependant encore perceptible autour de l’église éponyme. Les escaliers de la rue Saint-Bon et de la rue Cloche-Perce débouchant sur la rue de Rivoli et l'élévation sur un socle de la tour Saint-Jacques, vestige de l'ancienne église éponyme, témoignent également des opérations de nivellement du Second Empire.

Cette vallée est entourée par des collines qui sont des buttes-témoins ; ce sont, sur la rive droite, Montmartre (131 m), Belleville (128,5 m), Ménilmontant (108 m), les Buttes-Chaumont (103 m), Passy (71 m) et Chaillot (67 m) ainsi que, sur la rive gauche, Montparnasse (66 m), la Butte-aux-Cailles (63 m) et la Montagne Sainte-Geneviève (61 m)[s 2]. Le col de la Chapelle entre les hauteurs de Belleville et la butte Montmartre est le lieu de passage des voies de communication vers les régions du Nord et de l'Est, routières depuis l'Antiquité (rues du Faubourg-Saint-Denis, du Faubourg-Saint-Martin, du Faubourg-Poissonnière et leurs prolongements dans le 18e arrondissement), puis fluviales canal de l'Ourcq, canal Saint-Martin et ferroviaires au départ des gares du Nord et de l'Est.

Bien que remblayée de plusieurs mètres dans le 13e arrondissement, la vallée de la Bièvre souterraine est perceptible entre la montagne Sainte-Geneviève, Montparnasse et Montsouris à l'ouest, et la butte-aux-Cailles à l'est.

Par ailleurs, les déblais du rempart de Charles V, augmentés d’accumulations d’immondices, avaient formé une série de petites buttes utilisées comme éléments de fortification au début du XVIIe siècle, bastion de la porte Saint-Antoine à l’est de l’actuel boulevard Beaumarchais, bastion du Temple au nord de l’actuelle place de la République, bastion Saint-Martin, butte de Bonne-Nouvelle, butte des Moulins et butte Saint-Roch. Ces buttes ont également été nivelées à l’exception de la butte Saint-Martin au sommet de la rue Meslay et de la butte de Bonne-Nouvelle qui domine à une altitude de 47 m les quartiers environnants. Dans d’autres quartiers, le relief a été modifié au cours des siècles par l’apport de déblais, l’accumulation de matériaux de démolition et de débris qui ont élevé le niveau du sol dans le centre de Paris et dans l’île de la Cité ou par des actions volontaires d’abaissement de 5 m de la butte de l’Étoile, d’adoucissement de la pente de l’avenue des Champs-Élysées au XVIIIe siècle, d'arasement du sommet de la colline de Chaillot (actuelle place du Trocadéro-et-du-11-Novembre) dans les années 1860 et de remblaiement de la vallée de la Bièvre au début du XXe siècle[9].

Géologie

Paris est situé dans la partie centrale du bassin parisien. Cet ensemble géologique est une cuvette orientée nord-nord-ouest/sud-sud-est limitée par des massifs hercyniens (Ardenne, Hunsrück, Vosges, Morvan, Massif central et Massif armoricain), sur laquelle sont accumulés des terrains sédimentaires. Le centre de cette cuvette est situé dans la Brie à Courgivaux au sud de Château-Thierry, 80 km à l’est de la capitale[10]. La géologie de Paris et de ses alentours représente une synthèse de cet ensemble.

Les premiers sédiments (grès et schistes) ont été déposés sur le socle cristallin par une mer peu profonde au cambrien, au silurien et au dévonien (de –540 à –358 millions d’années). Après une émersion au Carbonifère et au permien (de –358 à –252 millions d'années), les mers chaudes ont envahi le bassin déposant des micro-organismes formant des couches calcaires, se sont retirées puis sont revenues. Ces phases de transgressions marines, d’émersion, entrecoupées d’épisodes lacustres ont formé sous le sol de Paris, au-dessus des plus anciennes strates profondément enfouies, des couches successives de calcaires, de sables, de gypse et de marnes d’une épaisseur totale d'environ 2 500 mètres en plusieurs cycles.

  • Cycle dano-montien, il y a environ 60 millions d’années. La mer venue de l’ouest dépose des calcaires pisolithiques (calcaire en grains irréguliers en forme de pois).
  • Cycle thanétien de –59 à –55 millions d’années. Le bassin parisien est un golfe ouvert au nord dans un climat tropical où se forme un banc calcaire qui absorbe les produits de l’érosion continentale.
  • Cycle yprésien de –55 à –47 millions d'années. Le bassin parisien est recouvert par une mer au nord et au nord-ouest. L’anticlinal de l’Artois se forme à cette époque séparant le bassin parisien de la Flandre. Une argile plastique provenant du Massif central par les cours d’eau débouchant dans des lagunes se dépose au sud de la vallée de la Seine et dans la Brie jusqu’à Provins.
  • Cycle lutétien de –47 à –41 millions d'années. Les dépôts marins atteignent Houdan et Melun. Un nouveau soulèvement de l’anticlinal de l’Artois sépare définitivement le bassin parisien de la Flandre. Cet épisode est celui de la formation de calcaires grossiers.
  • Cycle ludien de –38 à –34 millions d'années. Après une immersion, la mer se retire laissant place à une dépression lagunaire où se jettent des cours d’eau venant de l’est. Ce lac s’assèche ce qui entraîne la formation de gypse apporté par les eaux douces ayant lessivé les terrains salifères de Lorraine.
  • Cycle stampien de –34 à –28 millions d'années. Cette période est celle du dernier retour de la mer qui dépose les sables de Fontainebleau.
  • Cycle aquitanien de –23 à –20 millions d'années. Ce cycle est le dernier épisode lacustre. Les lacs s’assèchent progressivement, d’abord temporairement en été puis définitivement. Le calcaire de Beauce partiellement silicifié se forme à cette époque.
  • Miocène de –20 à –5 millions d'années. Après l’assèchement du lac de Beauce, la région connaît un climat subtropical humide au cours duquel les roches superficielles s’altèrent formant l’argile à silex et les meulières puis un refroidissement pendant lequel la surface se couvre d’un manteau de poudre apporté par le vent, le lœss, mélange de calcaire, d’argile et de grains de sable qui rend fertile les plateaux calcaires.
  • Pliocène de –5 à –2,5 millions d'années (orogenèse). Le dernier plissement ayant affecté le sol de Paris à l’époque de la formation du massif alpin, a déterminé sa structure actuelle formant deux bombements d’orientation nord-ouest-sud-est ; au sud l’anticlinal de Meudon qui passe par Versailles, Meudon, Châtillon, Bagneux Saint-Maur en s’enfonçant de l’ouest vers l’est ; au nord un anticlinal par Ronquerolles et Louvres. Ces bombements encadrent un synclinal, la fosse de Saint-Denis qui passe par Pontoise, Cormeilles-en-Parisis, Argenteuil, Villemomble, Rosny-sous-Bois. Cet ensemble est incliné en pente douce vers le nord. La ville de Paris est principalement située entre ces deux saillies sur le synclinal de Saint-Denis. Ce soulèvement du bassin et l’abaissement du niveau de la mer due aux glaciations ont eu pour résultat l’enfoncement des vallées au quaternaire récent. La Seine dont le débit était beaucoup plus important à l’époque glaciaire a tracé de larges méandres. L’érosion du fleuve dans cette vallée a laissé émerger les buttes-témoins de Montmartre et des collines de Belleville-Ménilmontant[11],[12],[13].

Ces plissements et l’érosion font affleurer quatre couches sédimentaires correspondant aux quatre types structuraux géologiques du bassin parisien présents à Paris[c].

D’autres roches qui ont également été exploitées pour la construction sont présentes dans le sous-sol : les sables (alluvions) de la Seine, les argiles dans la vallée de la Bièvre et à Vaugirard, le gypse à Montmartre et à Belleville[14].

Ces matériaux ont été extraits sous forme de carrières de calcaire, gypse et pierre meulière principalement sur la rive gauche, de la place d'Italie à Vaugirard pour le calcaire, à Montmartre, Belleville et Ménilmontant pour le gypse. Cette exploitation datant probablement de l'époque romaine et attestée par des documents de 1292, s'est poursuivie jusqu'au milieu du XIXe siècle, les dernières ayant été fermées en 1860 à l'emplacement de l'actuel parc des Buttes-Chaumont et du quartier de la Mouzaïa. Cette extraction s'est aujourd'hui déplacée vers l'Oise, à Saint-Maximin par exemple[15]. Certaines ont été utilisées comme catacombes et forment l'ossuaire municipal, dont une partie est ouverte au public. La superficie excavée représente plus de 850 hectares soit plus du dixième du territoire de Paris. Le sous-sol fragilisé est surveillé et consolidé par l'Inspection générale des carrières fondée en 1777[16].

Les nappes d'eau du sous-sol parisien dans la nappe des sables albiens ont fourni de l'eau à la ville, par forage de puits artésiens[17].

Climat

Station météorologique du parc Montsouris.

Une station météorologique, ouverte le , est située dans le 14e arrondissement, dans la partie sud du parc Montsouris (coordonnées : 48° 49′ 18″ N, 2° 20′ 16″ E), à 75 mètres d'altitude[18].

Paris a un climat de type océanique dégradé, codé « Cfb » selon la classification de Köppen : l'influence océanique dépasse celle continentale et se traduit (1981 - 2010) par une température minimale moyenne de 15,1 °C de juin à août et de °C de décembre à février et de 8,9 °C sur l'année, avec des pluies fréquentes en toutes saisons (111 jours) et un temps changeant mais avec des pluies plus faibles (637 millimètres) que sur les côtes, et quelques pointes de températures (influence continentale) au cœur de l'hiver ou de l'été. Le développement de l'urbanisation provoque une augmentation de la température et une baisse du nombre de jours de brouillard[s 3],[19]. Au cours du XXe siècle, le climat de Paris est devenu plus doux et légèrement plus arrosé[20]. Les températures minimales ont augmenté de 1,4 °C entre 1901 et 2000, avec une accélération notable à compter de la deuxième moitié du XXe siècle[20].

Lors de la canicule européenne d'août 2003, il a fait 39,4 °C le , 39,5 °C le et 39,4 °C le [21]. Le record de température minimale la plus chaude a eu lieu les et avec 25,5 °C[21]. En raison de l'effet d'îlot de chaleur urbain, un écart de °C à °C a été observé lors de cette canicule entre le centre de Paris et les zones moins urbanisées alentour[20].

En 2012, le maximum observé a été de 38,4 °C le et de 38,1 °C le [21]. Le , le maximum était de 22 °C[22]. Le , le maximum du mois de novembre est battu de 0,4 °C avec 21,4 °C[23]. Le , la température culmine à 21,6 °C.

Durant la période froide, la journée où il a gelé le plus tardivement était le avec −0,7 °C, puis le avec −1,2 °C. Aucun gel n'est survenu pendant 340 jours de suite en 2015-2016 (il avait gelé le )[24].

En 2003, le 25 août, la température atteint 36,5 °C et à 22 h, elle atteint 29,2 °C (33,7 °C le à 22 h)[25].

Le 25 juillet 2019, est battu le record absolu de chaleur s'élevant à 42,6 °C mesuré depuis la station du parc Montsouris[26].

En raison du réchauffement climatique, le climat de Paris à la fin du XXIe siècle sera plus chaud[20]. On projette pour Paris, à la fin du siècle, un climat proche de celui existant au début du siècle à Séville[27]. Le nombre de journées estivales par an (température maximale supérieure à 25 °C) devrait augmenter de dix à soixante jours (pour une moyenne annuelle de quarante-neuf jours aujourd’hui)[20]. Les canicules sont appelées à devenir plus fréquentes, plus intenses et plus longues, et les hivers plus doux et arrosés[20],[28]. Le nombre de jours très chauds (température maximale supérieure à 30 °C) atteindrait dix à quarante-cinq jours par an à la fin du siècle, contre dix jours en moyenne au début du siècle[20]. Alors que la période de retour des canicules en région parisienne était d'environ neuf ans entre 1960 et 1989, une ou deux canicules sont à prévoir chaque année entre 2070 et 2099[28]. La durée des vagues de chaleur augmentera également, passant de cinq à huit jours (écart interquartile) en 1960-1989 à six à douze jours à la fin du XXIe siècle[28]. Des vagues de chaleur avec des durées exceptionnelles (par exemple, cinq semaines) sont attendues à la fin du XXIe siècle[28]. Un été comme celui de 2003, soit le plus chaud jamais observé à Paris avec une température moyenne de 22,6 °C, deviendrait fréquent à la fin du siècle et pour les scénarios les plus pessimistes (sans politique climatique visant à faire baisser ou stabiliser les émissions de gaz à effet de serre)[20].

Statistiques 1981-2010 et records PARIS-MONTSOURIS (75) Indicatif : 75114001, alt : 75 m, 48° 49′ 18″ N, 2° 20′ 12″ E
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 2,7 2,8 5,3 7,3 10,9 13,8 15,8 15,7 12,7 9,6 5,8 3,4 8,9
Température moyenne (°C) 4,9 5,6 8,8 11,5 15,2 18,3 20,5 20,3 16,9 13 8,3 5,5 12,4
Température maximale moyenne (°C) 7,2 8,3 12,2 15,6 19,6 22,7 25,2 25 21,1 16,3 10,8 7,5 16
Record de froid (°C)
date du record
−14,6
23/1940
−14,7
02/1956
−9,1
03/1890
−3,5
13/1879
−0,1
07/1874
3,1
10/1881
6
03/1907
6,3
29/1881
1,8
26/1889
−3,8
29/1877
−14
28/1890
−23,9
10/1879
−23,9
1879
Record de chaleur (°C)
date du record
16,1
05/1999
21,4
28/1960
26
31/2021
30,2
18/1949
34,8
29/1944
37,6
26/1947
42,6
25/2019
39,5
11/2003
36,2
07/1895
28,9
01/2011
21,6
07/2015
17,1
16/1989
42,6
2019
Ensoleillement (h) 62,5 79,2 128,9 166 193,8 202,1 212,2 212,1 167,9 117,8 67,7 51,4 1 661,6
Précipitations (mm) 51 41,2 47,6 51,8 63,2 49,6 62,3 52,7 47,6 61,5 51,1 57,8 637,4
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 1 mm 9,9 9 10,6 9,3 9,8 8,4 8,1 7,7 7,8 9,6 10 10,9 111,1
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 5 mm 3,7 2,5 3,4 3,7 4,4 3,4 3,7 3 3,4 3,8 3,6 4,2 42,7
Nombre de jours avec neige 3 3,9 1,6 0,6 0 0 0 0 0 0 0,7 2,1 11,9
Nombre de jours avec grêle 0,2 0,1 0,4 0,6 0,2 0,2 0,1 0 0 0,1 0,1 0,2 2,2
Nombre de jours d'orage 0,3 0,2 0,6 1,4 2,8 3 3,4 2,9 1,2 0,6 0,2 0,1 16,8
Nombre de jours avec brouillard 1,4 1,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,4 1,1 1,7 1,3 7,9
Source : « Fiche 75114001 », sur donneespubliques.meteofrance.fr, edité le : 06/05/2021 dans l'état de la base


L'Agence Parisienne du Climat et Météo-France collaborent afin d'informer sur l'évolution du climat à Paris[29].

Le , une violente tornade frappe le cœur de Paris, peu avant 15 heures. Elle se déplace de six kilomètres et fait cinq morts et une centaine de blessés[30].

Environnement

La pollution atmosphérique est un problème de santé publique à Paris, qui a motivé la création du réseau de surveillance Airparif en 1984[31] et, depuis 2001, des politiques de réduction de la présence automobile, en particulier des véhicules les plus polluants[32]. Selon une étude publiée en 2021 dans la revue The Lancet Planetary Health, Paris est la 4e ville européenne où la mortalité due à l’exposition au dioxyde d’azote, émis majoritairement par le trafic routier et principalement par les motorisations diesels, est la plus importante[33].

La densité urbaine de Paris, triple de celle de Londres, découle des immeubles plus hauts, du nombre réduit de maisons de ville et d'espaces verts[34] (2 300 hectares en incluant les bois[35]) avec une biodiversité assez limitée[36]. Hormis la création du parc de la Villette dans les années 1980[37], la reconquête d'espaces verts est récente[38].

En cas de rupture des transports, Paris n'est que peu résiliente, avec à peine quelques jours d'autonomie alimentaire[39], notamment depuis la disparition d'une ceinture maraîchère autour de Paris au XXe siècle[40]. L’Île-de-France n’est autonome qu’à hauteur de 10 % pour les légumes frais, de 1,5 % pour les fruits, de 12 % pour les œufs et de 1 % pour le lait, l’autonomie alimentaire n’étant atteinte que pour le blé (159 %) et le sucre (117 %)[39].

Paris est un îlot de chaleur urbain avec un excédent moyen supérieur à °C pour les valeurs nocturnes[41]. De ce fait, la canicule d’août 2003 a engendré une surmortalité constatée en Île-de-France supérieure à la moyenne nationale[42]. Aussi reconnue comme un élément de modération du climat, l'agriculture urbaine a en 2016 une place très modeste comparée à d'autres métropoles comme Détroit, Montréal[39], Berlin ou Bruxelles, avec seulement quarante-quatre installations agricoles (1,6 hectare sur les toits et 1,3 hectare au sol). La Ville se donne un objectif de 33 hectares en 2020 en mobilisant de l'espace sur les toits de Paris[43].

En 2023, la capitale comptait désormais deux cent vingt sites d'agriculture pour une surface de 30 hectares[s 4].

Le 15 septembre 2021, la Mairie de Paris ouvre les portes de l'Académie du Climat dans la Mairie du 4e. Elle a pour but de réfléchir et d'agir contre le réchauffement climatique à Paris. Elle est seulement ouverte pour les jeunes entre neuf et vingt-cinq ans[s 5].

Qualité de l'air

2019

Le Commissariat général au développement durable rattaché au ministère de la Transition écologique a publié un bilan montrant une amélioration de la qualité de l’air extérieur en France. Les émissions liées à l’activité humaine ont baissé entre 2000 et 2018 pour la majorité des polluants étudiés : les émissions de dioxyde de soufre, provenant de l'industrie, ont été divisées par cinq en raison du développement des énergies renouvelables et de réglementations plus contraignantes tandis que les émissions d’oxydes d’azote ont baissé de 54 %, principalement du fait du renouvellement du parc de véhicules.

Néanmoins, l'ozone et cinq autres polluants présentent des dépassements des normes réglementaires de la qualité de l’air, et les grandes villes comme la capitale sont fréquemment touchées par ces pics de pollution[44]. Les niveaux moyens annuels d’ozone dans l’agglomération parisienne ont grimpé de 90 % entre 1995 et 2017[45].

La pollution atmosphérique provoque chaque année la mort de 6 600 parisiens selon l'Observatoire régional de santé[46].

Selon une enquête du journal Le Parisien, les niveaux de pollution sont nettement plus élevés que les données officielles communiquées par les autorités sur la qualité de l'air en région Île-de-France. Pour le journaliste Jean-Christophe Brisard interrogé par le quotidien, les données seraient délibérément faussées « parce qu'au lieu d’avoir des pics de pollution quelques jours par an, on serait presque toujours en pic »[47].

2020

Le confinement pour limiter l'impact de la pandémie de Covid-19 permet d'atteindre à Paris le plus faible niveau de pollution enregistré par Airparif depuis quarante ans[48]. Cette baisse du niveau de pollution limite les risques d'asphyxie des personnes touchées par le syndrome de détresse respiratoire aiguë. Cet épisode permet également de démontrer que les crises d'asthme et allergies printanières de saison ont pour cause la pollution atmosphérique et routière[49].

Transports

La ligne 3a du tramway.
Édicule Guimard à la station de métro Palais-Royal - Musée du Louvre.
Station Vélib' Métropole place de la Nation.

Le premier mode de déplacement est la marche, qui assure 40 % des trajets quotidiens, qu'ils soient internes à Paris ou entre Paris et sa banlieue. En surface, elle représente 75 % des déplacements[50].

Viennent ensuite les transports en commun, au premier rang desquels figure le métro, qui assure 20 % des déplacements parisiens[51]. Présent depuis (date d'ouverture du premier tronçon de la ligne 1), il compte en 2017 seize lignes, et est considéré comme l'un des symboles de la ville, notamment grâce à son style architectural Art nouveau. Les transports en commun ferrés sont complétés par les cinq lignes du RER, réseau ferroviaire suburbain qui facilite les relations à l'échelle de l'agglomération parisienne ; par les six grandes gares ferroviaires (Paris-Austerlitz, Paris-Est, Paris-Gare-de-Lyon, Paris-Montparnasse, Paris-Nord, Paris-Saint-Lazare) qui relient Paris à sa périphérie grâce à une quinzaine de lignes de chemin de fer de banlieue (Transilien), ainsi qu'à toutes les villes de France et aux pays proches par le biais du TGV ou de trains classiques ; et enfin, plus récemment, par un tramway quasi circulaire (lignes T3a et T3b). Enfin, à côté des transports en commun ferroviaires existe un réseau dense d'une centaine de lignes de bus sur un plan initialement tracé pour l'essentiel en 1947[52] et restructuré depuis avril 2019[53].

Pour ce qui est des déplacements quotidiens, aussi bien dans Paris qu'entre Paris et la banlieue, la voiture, dont l'usage est en baisse continue depuis les années 1990, ne joue plus qu'un rôle secondaire - elle ne représente plus aujourd'hui que 13 % des déplacements[54]. Le taux d'équipement automobile des ménages à Paris est inférieur à un tiers en 2023[b 6]. La circulation routière n'en reste pas moins dense et souvent difficile, et génère une pollution très élevée (90 % des Parisiens sont exposés à des taux de pollution supérieurs aux normes sanitaires, et la qualité de l'air est mauvaise ou très mauvaise 40 % de l'année[55]). La circulation automobile bénéficie pourtant, pour s'effectuer, d'un important ensemble d'infrastructures successivement créées. Ce sont tout d'abord les larges avenues tracées par Haussmann au XIXe siècle, qui facilitèrent alors grandement un trafic déjà important à cette époque. La ville a ensuite été entourée par le boulevard périphérique, terminé en 1973, qui est l'autoroute urbaine la plus empruntée d'Europe[s 6] avec 270 000 véhicules par jour[56]. Au même moment était mis en place un réseau d'autoroutes urbaines en toile d'araignée reliant Paris aux banlieues périphériques et au reste du pays. En 2010, une étude place néanmoins l'agglomération parisienne championne d'Europe des embouteillages routiers sur 109 agglomérations étudiées. Les automobilistes passent en moyenne 78 heures par an dans le trafic routier, soit 11 minutes par jour[57]. Le stationnement à Paris est payant dans la quasi-totalité des rues, mais il s'effectue essentiellement (à 80 %) en parkings souterrains[58]. En 2014, 17 636 taxis circulent à Paris[59]; ils assurent 0,5 % des déplacements[60]. La mairie a lancé le [61] le système de location de voitures en libre-service de courte durée « Autolib' ». Confié par délégation de service public au groupe Bolloré, ce service permettait de louer un véhicule conçu spécifiquement pour cet usage : la Bluecar, voiture totalement électrique à quatre places de 3,65 m de longueur, dotée d'un coffre de 350 dm3 et d'une autonomie variant de 150 à 250 km[62],[63]. Le service a été définitivement fermé le [64].

Après avoir quasiment disparu dans les années 1980 (la circulation automobile était alors 85 fois supérieure à la circulation cycliste à Paris), le vélo n'a cessé d'augmenter très rapidement depuis les années 1990 - le nombre de déplacements effectués à vélo a été multiplié par 10 entre 1991 et 2010. Pour les Parisiens, la circulation cycliste représente désormais un tiers de la circulation automobile, et est supérieure de 45 % à la circulation en deux-roues motorisés. La prolongation de ces tendances laisse penser qu'au cours des années 2020 la circulation cycliste deviendra supérieure à la circulation automobile[65]. Néanmoins, la part des vélos dans les déplacements n'était encore estimée qu'à 3 % en 2008[66], positionnant Paris dans le bas du classement des capitales européennes les plus cyclistes[67]. La ville développe depuis 1996 un réseau de pistes cyclables en augmentation constante qui atteint en 2011 700 km incluant les bandes et pistes cyclables ainsi que les couloirs de bus élargis[68],[69]. À la suite de Rennes et Lyon, la mairie de Paris lance le un système de location de vélos en libre-service, baptisé Vélib', avec le réseau le plus dense d'Europe, 20 000 vélos fin 2007, 1 400 stations dans Paris, une tous les 300 mètres en moyenne, et géré par JCDecaux[s 7] puis par Smovengo[70] depuis le .

Paris est la deuxième ville d'Europe en trafic aérien de passagers en 2015 derrière Londres[71], et la cinquième au monde en 2015. Les deux aéroports qui accueillent l'essentiel du trafic — Orly et surtout Roissy-Charles-de-Gaulle — ont transporté 108 millions de passagers et 2,2 millions de tonnes de fret en 2019[72].

Les aéroports franciliens sont gérés par le Groupe ADP. Afin de les relier à Paris, plusieurs moyens de transport routiers sont disponibles comme l'OrlyBus et le RoissyBus, ainsi que des navettes ferroviaires comme l'Orlyval, le tramway T7 (en correspondance à la gare de Rungis - La Fraternelle avec les trains de la ligne C du RER) et la Ligne B du RER.

Urbanisme

Morphologie urbaine

La plupart des souverains français depuis le Moyen Âge ont tenu à laisser leur marque sur une ville qui n'a jamais été détruite, contrairement à Londres (grand incendie de 1666), Lisbonne (tremblement de terre de 1755) ou Berlin (combats de la Seconde Guerre mondiale). Tout en conservant l'empreinte du passé le plus ancien dans le tracé de certaines rues, Paris a élaboré au cours des siècles un style homogène et a su moderniser ses infrastructures.

L’île de la Cité et l'île Saint-Louis.

Jusqu'au Moyen Âge, la ville était composée d'une dizaine d'îles ou bancs de sable dans la Seine ; il en subsiste trois : l'île Saint-Louis, l'île de la Cité et l'île aux Cygnes.

L'organisation actuelle de la ville doit beaucoup aux travaux d'Haussmann, sous le Second Empire. Il a fait percer la plupart des voies les plus fréquentées aujourd'hui (Boulevard Saint-Germain, Boulevard de Sébastopoletc.). On associe souvent Paris à l'alignement d'immeubles de hauteur égale le long d'avenues bordées d'arbres, aux façades rythmées par les ornements du deuxième étage et le balcon filant du cinquième étage. Le centre de Paris se distingue de celui de beaucoup d'autres grandes villes occidentales par la densité de sa population[d].

Depuis l'édit du grand voyer de France de 1607 réglementant les saillies sur voie, il existe des règles strictes d'urbanisme à Paris, en particulier des limites de hauteur et de densité des immeubles. Aujourd'hui, les nouveaux bâtiments de plus de trente-sept mètres, hauteur maximale admise entre 1974 et 2010, sont autorisés jusqu'à 50 m voire 180 m seulement dans quelques quartiers périphériques ; la limite de hauteur est encore moins élevée dans de nombreux quartiers centraux[s 8]. La tour Montparnasse (210 m) était depuis 1973 le plus haut immeuble de Paris et de France, jusqu'à l'exhaussement à 231 m de la tour First en 2011, dans le quartier de la Défense, à Courbevoie. Les gratte-ciels se multiplient en proche banlieue, en particulier dans le quartier de La Défense, où plusieurs bâtiments sont en cours de construction, dont certains frôlant les 250 m de hauteur[73].

Voirie parisienne

Colonne Morris devant l'entrée de la station de métro Saint-Jacques.

La voirie parisienne consacre 60 % de son espace aux chaussées et 40 % aux trottoirs[74].

Paris comptait 6 088 voies publiques ou privées en 1997. La plus large (120 mètres) est l'avenue Foch (16e), la plus étroite (largeur minimale 1,80 m) la rue du Chat-qui-Pêche (5e)[e]. La plus longue (4 360 m) de Paris intra-muros est la rue de Vaugirard (6e et 15e)[f], la plus courte (5,75 m) la rue des Degrés (2e). L'avenue la plus courte (14 m) est l'avenue Georges-Risler (16e). La voie la plus pentue (17 %) est la rue Gasnier-Guy (20e)[s 9].

Mobilier urbain

Il existe un mobilier urbain typiquement parisien, immédiatement associé à la ville, généralement de couleur vert bouteille, et qui participe à l'image et à l'âme de Paris :

Paris et ses alentours

L'unité urbaine de Paris vue par satellite, en fausses couleurs (bleu en rouge, marron en vert). On distingue nettement l'expansion de l'urbanisation le long des vallées et grandes voies de communication.

Entre 1870 et 1940, la capitale de la France prend peu à peu un nouveau visage : Paris laisse place au « Grand Paris ». L'organisation administrative de Paris avait connu sous Napoléon III une adaptation à l'évolution démographique. Mais la ville est restée ensuite enfermée dans l’enceinte de Thiers (sa limite en 1860), sans connaître de nouvelle évolution administrative. Paris, surpeuplée, ne pouvant loger l'importante immigration provinciale, les communes périphériques absorbent le trop-plein de l'expansion démographique liée à l'exode rural et à la croissance économique de la ville : la notion contemporaine de « banlieue » fait son apparition[75],[76]. Désormais, on parle moins de Paris que de la région parisienne. Jusqu’alors largement négligés, de nouveaux problèmes, comme celui des transports, apparaissent. En 1961, à la demande du général de Gaulle, Paul Delouvrier planifie enfin l'évolution urbaine et élabore la construction de cinq villes nouvelles et du réseau de RER. Mais cette mutation majeure ne s'accompagne pas de la création d'une autorité unique, voyant au contraire deux des trois départements de la région parisienne (la Seine et la Seine-et-Oise) en constituer sept qui, s'ils sont plus proches des habitants, dispersent également les ressources fiscales et les compétences politiques. Tandis que la population de la ville de Paris diminue sensiblement de 1954 à 1982 (- 23,6 %), puis plus lentement à la fin du XXe siècle avant d'augmenter légèrement ces dernières années, celle de la banlieue s'accroît sans discontinuer depuis la fin du XIXe siècle, jusqu'à totaliser au XXIe siècle près de 80 % de la population du grand Paris.

La géographie sociale de l’agglomération s'est calquée sur les grandes tendances de la ville durant le XIXe siècle : les classes aisées se retrouvent dans l'Ouest et dans le Sud-Ouest et les plus populaires dans le Nord et dans l'Est. Les autres secteurs sont peuplés de classes moyennes, avec cependant des exceptions liées au site et à l'histoire des communes, comme Saint-Maur-des-Fossés à l'est et Enghien-les-Bains au nord, qui accueillent une population fortunée.

Les grands ensembles ont été édifiés durant les années 1960 et 1970 afin de loger rapidement et à bas coût une population en rapide expansion. Une certaine mixité sociale y existait à l'origine, mais l'accession à la propriété (ouverte aux classes moyennes à partir des années 1970), leur piètre qualité de construction et leur mauvaise insertion dans le tissu urbain ont contribué à les faire déserter par ceux qui le pouvaient et à n'y attirer qu'une population sans grandes possibilités de choisir : la proportion d’immigrés pauvres y est très forte.

On trouve des « quartiers prioritaires » dans les arrondissements du Nord et de l'Est parisien[g], autour de la Goutte-d'Or et de Belleville notamment. En banlieue nord de Paris, ces quartiers sont essentiellement concentrés dans une grande partie du département de la Seine-Saint-Denis et dans une moindre mesure à l'est du Val-d'Oise. D'autres, plus épars, se trouvent par exemple dans la vallée de la Seine, en amont à Évry et Corbeil-Essonnes (Essonne), en aval aux Mureaux et à Mantes-la-Jolie (Yvelines) ou dans certains ensembles sociaux des villes nouvelles.

Logement

Données générales

En 2015, le nombre total de logements à Paris était de 1 336 438, alors qu'il était de 1 353 036 en 2009[a 1],[77].

Parmi ces logements, toujours en 2015, 83,6 % étaient des résidences principales, 8,2 % des résidences secondaires et 8,1 % des logements vacants (en nette diminution par rapport à 1999 : 10,3 %)[a 2]. Les logements parisiens sont majoritairement collectifs (78,8 % des résidences), le logement individuel ne représentant que 21,2 % des logements en 2016[78].

La proportion des résidences principales, propriétés de leurs occupants était de 33,1 %, légèrement en hausse par rapport à 1999 (29,6 %)[a 3].

En 2009, 55 % des appartements de Paris ne possédaient qu'une ou deux pièces[a 4].

Front-de-Seine vu du pont Mirabeau.

Logement social

Le logement social représente un peu plus de 17 % du parc immobilier urbain, mais ce taux moyen cache de fortes disparités dans sa répartition spatiale : les dix premiers arrondissements du centre historique ne totalisent que 6 % des logements sociaux de la ville, pour 23 % du parc total. Les 13e, 19e et 20e en comptaient 96 000 en 1999, soit 47 % du parc social parisien concentré dans seulement trois arrondissements. Si on ajoute les 12e, 14e, 15e et 18e arrondissements, on atteint un taux de 81 % concentrés dans un croissant périphérique du sud au nord-est de la ville[79]. La proportion de logements sociaux comptabilisés selon la loi SRU en 2006 varie de 1,2 % dans le 7e arrondissement (357) à 34,1 % dans le 19e arrondissement (28 147). Entre 2001 et 2006, 23 851 logements ont été agréés dans la ville mais 88 131 Parisiens et 21 266 non-Parisiens étaient demandeurs d'un logement social en 2006. La rotation des locataires est faible en raison du niveau élevé des prix de l'immobilier. Ce taux est de 10 % par an en France, 7,5 % en Île-de-France mais de seulement 5 % à Paris intra-muros[80]. De nombreuses associations œuvrent pour trouver des solutions au mal-logement et à la précarité de personnes sans logement (Emmaüs, Secours catholique, Croix-Rouge françaiseetc.).

Mal-logement

Paris est la ville française où le phénomène du mal-logement est le plus présent. Ce mal-logement connaît deux acceptations : d’une part, le statut juridique d’une personne qui ne maîtrise pas elle-même la durée de son hébergement ; d’autre part, les caractéristiques techniques du logement. Selon le 23e rapport sur l'état du mal-logement, publié par la fondation Abbé-Pierre, le mal-logement n’est pas vécu de la même manière à Paris qu’ailleurs. De manière générale, les personnes « supportent » le surpeuplement pour pouvoir rester dans la capitale, car ils effectuent un arbitrage entre la localisation et le confort.

Cette carte permet de visualiser que les arrêtés d'insalubrité pris en 2010 portent sur des immeubles se trouvant dans les anciens faubourgs parisiens, à l'est de la ville de Paris[81].

Les difficultés de logement sont importantes à Paris, avec plus de 10 % des ménages de la capitale qui y sont confrontés en 2016, taux en hausse depuis 2015. Néanmoins, en tendance longue, ces difficultés décroissent, puisqu'en 2004, elles touchaient 14 % des ménages[82].

Ces difficultés sont héritées d’enjeux de salubrité datant du XIXe siècle, à la suite d'une croissance soudaine et très importante de la population parisienne depuis 1840. Il est nécessaire d’adapter la ville à la demande exponentielle de logements, des politiques publiques sont menées notamment celle d'Haussmann, afin d’améliorer l’hygiène de la ville et réduire l’insalubrité. Cela a eu pour effet de repousser l’enjeu de l’insalubrité dans les anciens de faubourgs de Paris. Cela est encore visible aujourd’hui : c'est dans les secteurs écartés par Haussmann que sont présents les arrêtés d’insalubrité datant de 2010, visibles sur la carte ci-contre.

Cette photo illustre l'évolution que l'îlot 1 a pu connaître, les travaux de destruction-reconstruction ayant eu lieu entre 1914 et 1939[83].

Plusieurs mesures sont prises afin de réduire l’habitat indigne, notamment par la mise en place d’un Casier Sanitaire des maisons de Paris, qui a permis d’identifier dix-sept îlots insalubres à Paris en 1906. Paul Juillerat a participé à l’élaboration de ce casier, le but étant de détruire ces îlots pour reconstruire un habitat sain. Le plan de ces îlots insalubres a été repris par la suite, entre autres par Louis Sellier en 1937, et les îlots voient leur forme évoluer. Par exemple, le centre Pompidou a été bâti en 1970 sur les décombres d’immeubles insalubres, détruits dans les années 1930[84]. Face à ce musée, un exemple d’habitat insalubre détruit puis reconstruit entre 1915 et 1945 au 42 rue de Beaubourg illustre cette politique. Cette rue appartient à l’îlot 1 tel que défini dans la communication de M. le préfet de la Seine au conseil municipal et au conseil général sur le problème du logement en 1946[85].

Ensuite, une enquête économico-immobilière est réalisée à la fin des années 1950 afin de déterminer des espaces à détruire afin de constituer de grands ensembles. L’insalubrité est alors marquée par un manque d’air et de lumière. L’une des causes principales de cette insalubrité est que les propriétaires ne tirent pas assez de revenus de leurs immeubles et ne cherchent plus à les entretenir car un moratoire des loyers est mis en place après la guerre pour geler les loyers pour les familles des hommes partis à la guerre qui ont été blessés ou qui sont décédés.

Depuis les années 2000, plusieurs sociétés ont reçu mission de résoudre l’insalubrité qui touche de nombreux logements parisiens. C’est le cas de la SIEMP entre 2002 et 2008 qui s’est vu confier la gestion de 1 030 immeubles dont les travaux sont aujourd’hui achevés, ou encore la SOREGA depuis 2010. Des mesures sont en place pour lutter contre le mal-logement ; cela implique souvent un relogement temporaire ou définitif afin de réhabiliter ou détruire puis reconstruire le bâtiment touché. En 2018, l’habitat indigne a reculé à Paris ; il reste seulement des pôles diffus souffrant de blocages en matière de gestion ou connaissant des problèmes de suroccupation.

Prix des logements

Paris est la neuvième ville la plus chère du monde[86] en ce qui concerne les prix de l'immobilier de luxe : 12 600 euros/m2 en 2007 (contre 36 800 pour Londres, la plus chère)[87],[88]. Selon une enquête réalisée pour le journal La Tribune, au , la rue la plus chère de Paris est le quai des Orfèvres (1er arr.), avec un prix médian de 20 665 euros/m2, contre 3 900 euros/m2 rue Pajol (18e)[89]. Paris devient en 2017 la ville la plus attractive d'Europe pour les investisseurs immobiliers, ce qui ne s'était pas produit depuis 2007[90]. Une étude de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU) publiée en 2019 souligne que les prix du logement poussent les personnes modestes à quitter Paris et à s'installer dans des départements limitrophes comme la Seine-Saint-Denis, ce qui tend à provoquer un « embourgeoisement » de la capitale et une paupérisation des proches départements[91].

Une étude publiée par le site « Meilleurs Agents » en , montre que 53 % des annonces à Paris ne respectent pas le plafonnement des loyers. Le dépassement est en moyenne de 130 euros par mois, soit 1 500 euros par an[92].

Personnes sans-abris

Paris compte en 2019 un nombre de 346 000 logements vacants, soit 11,7 % des logements de la capitale. Des associations entreprennent des actions pour tenter d'obtenir des réquisitions afin de loger les sans-abris[93].

En février 2019, des bénévoles et travailleurs sociaux ont recensé 3 641 sans-abri à Paris, soit 600 de plus que l'année précédente. Les deux-tiers disent ne jamais appeler le « 115 », parce qu'ils ne connaissent pas l'existence de ce dispositif, ou parce que les conditions d'accueil ou de sécurité ne leur conviennent pas[94]. Le SAMU social alerte sur le manque de place en hébergement d'urgence ; chaque jour, 400 familles qui composent le 115 dans l'espoir de trouver un toit pour passer la nuit, restent sans réponse[95].

Sociologie urbaine

Revenu disponible médian en 2018.
Les ménages aisés vivent essentiellement dans l'Ouest et au Sud de la ville tandis que le Nord-Est concentre les populations les plus pauvres et d'origine immigrée.
  • < 19 500 €
  • de 19 500 € à 25 000 €
  • de 25 000 € à 32 500 €
  • > 32 500 €
  • La hausse continue des prix de l'immobilier explique le remplacement progressif des populations modestes ou intermédiaires par une nouvelle classe plus aisée. On constate ce processus de gentrification dans de nombreuses autres mégapoles comme Londres ou New York. À Paris, cette évolution a vulgarisé le terme de bobos (pour bourgeois-bohème, terme flou mais très usité, sauf par les sociologues qui y font rarement référence) avant de provoquer une mutation sociale de quartiers encore récemment considérés comme populaires, tels le 10e arrondissement ou certaines communes de proche banlieue comme Montreuil en Seine-Saint-Denis. Ainsi, la part des cadres et des professions intellectuelles est passée de 24,7 % de la population active en 1982 à 46,4 % en 2013[96].

    Paris est la 12e ville de France de plus de 20 000 habitants pour la proportion d'assujettis à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), soit 34,5 foyers fiscaux pour 1 000 habitants. 73 362 foyers fiscaux déclaraient un patrimoine moyen de 1 961 667 euros en 2006. Le 16e arrondissement arrive en tête pour le nombre de redevables avec 17 356 contribuables[97],[98]. Avec 27 400 euros de revenu moyen par unité de consommation en 2001, les ménages parisiens sont les plus aisés de France. Les quatre autres départements en tête du palmarès sont tous franciliens : Hauts-de-Seine, Yvelines, Essonne et Val-de-Marne, ce qui reflète la concentration de professions très qualifiées à haut revenu dans la région Île-de-France.

    Mais si Paris a une image d'une « ville de riches » avec une proportion de classes sociales élevées plus importante qu'ailleurs, sa sociologie intra-muros reste en réalité très contrastée. Selon l'indice de parité de pouvoir d'achat (PPA), les revenus réels des Parisiens sont très inférieurs à leurs revenus nominaux : le coût de la vie intra-muros (à commencer par celui du logement) est particulièrement élevé, et certains types de denrées coûtent plus cher à Paris que dans le reste de la France. De plus, au contraire du revenu médian, le revenu moyen cache les disparités, quelques très hauts revenus pouvant éclipser de très bas revenus beaucoup plus nombreux. Dans le cas de Paris, le seuil des 10 % de revenus les plus hauts (9e décile) s'élève à 50 961 euros annuels[b 7], ce qui explique en partie le haut revenu moyen de la capitale et l'écart important entre le revenu moyen et le revenu médian[b 7].

    Les différences sociales sont traditionnellement marquées entre les habitants de l'Ouest de Paris (essentiellement aisés) et ceux de l'Est. Ainsi, le revenu moyen déclaré dans le 7e arrondissement, le plus élevé, était de 31 521 euros par unité de consommation en 2001, soit plus du double de celui du 19e arrondissement qui n'était que de 13 759 euros, valeur proche de la médiane des revenus de la Seine-Saint-Denis de 13 155 euros. Les 6e, 7e, 8e et 16e arrondissements sont classés au niveau des dix communes franciliennes au revenu moyen le plus élevé alors que les 10e, 18e, 19e et 20e arrondissements sont au niveau des communes les plus pauvres d'Île-de-France[b 8].

    On note enfin de très fortes disparités de revenus au sein même de tous les arrondissements : le rapport interdécile (le seuil des 10 % des revenus les plus élevés divisé par le seuil des 10 % des revenus les plus bas) le plus faible est 6,7% dans le 12e arrondissement, contre 13% pour le 2e arrondissement (qui présente la plus forte dispersion de revenus)[b 7]. Plus globalement, Paris se classe parmi les départements métropolitains aux seuils de bas revenus les plus faibles (81e rang[b 7]), et présente un rapport interdécile de 10,5[b 7] qui en fait le département français où se concentrent les plus fortes disparités sociales.

    Carte de l'évolution de la part des ouvriers et des cadres par IRIS à Paris en 2006 et 2013
    Carte de l'évolution de la part des ouvriers et des cadres par IRIS à Paris en 2006 et 2013.

    On y constate également des formes de ségrégation sociale dans certains quartiers du nord-est parisien comme celui de Barbès - Rochechouart. En effet, la sociologie de certains arrondissements de l'Est de Paris (comme le 19e) ressemble à celle de quelques quartiers sensibles de banlieue ne constituant que l'extension extra-muros de la cartographie sociale de la ville : le 16e arrondissement se prolonge par des communes de banlieue aisées, alors que le Nord-Est de la ville a pour appendice les communes de la Seine-Saint-Denis, réputées pauvres. Au début des années 2000, la population la plus démunie est concentrée dans les arrondissements du nord-est : 40 % des foyers concernés résident dans les 18e, 19e et 20e arrondissements, contre 2 % dans les 4e et 6e arrondissements. 32,6 % des familles parisiennes d'origine étrangère hors Union européenne vivent sous le seuil de pauvreté ; ce n'est le cas que pour 9,7 % des Français dont la personne de référence est française[99]. Aujourd'hui, on constate une arrivée de plus en plus importante de cadres[s 10], aux dépens de la classe ouvrière[s 11] historiquement installée dans ces quartiers. Cela induit un phénomène de gentrification[100] qui se traduit par une augmentation du prix du foncier[101] et des mutations du paysage urbain. Au quartier de la Goutte-d'Or, l'apparition de la brasserie Barbès caractérisée par une carte chère et une architecture classieuse est représentative de l'embourgeoisement des quartiers du nord-est parisien.

    Certains quartiers se caractérisent par des regroupements communautaires : le quartier du Marais a la particularité d'attirer une importante communauté homosexuelle à proximité de la communauté juive ashkénaze dont l'implantation autour de la rue des Rosiers remonte au XIIIe siècle. Le 13e arrondissement regroupe quant à lui une importante communauté asiatique dans le quartier des Olympiades.

    La sociologie d'un quartier peut varier selon les heures. Celui de la place de la Bastille, par exemple, avec ses nombreux bars et lieux de vie nocturne, est animé le soir par beaucoup de jeunes tandis que, dans la journée, il jouit d'une relative tranquillité.

    Les catégories socioprofessionnelles les plus favorisées représentent, en 2018, 86 % des transactions de logements contre 69 % en 1998. Inversement, la part des employés et ouvriers achetant un logement n’a cessé de fondre en 20 ans. Leur proportion a été divisée par trois, passant de 15 % à 5 %[102].

    Gestion des déchets

    La saleté de la ville de Paris est souvent dénoncée et débattue[103]. En 2021, selon une étude réalisée par l’Ifop, pour plus de 8 Parisiens sur 10, la capitale est « sale ». Un hashtag #SaccageParis rencontre alors un vif succès sur Twitter, avec plus de 2 millions de publications. Sous ce hashtag, des riverains et des touristes postent des photos illustrant, selon eux, la saleté et l’enlaidissement de la ville[104]. La presse rappelle lors de cet épisode que la propreté de Paris est un problème qui s'étend sur la longue durée[105].

    En 2022, la gestion des déchets à Paris est épinglée par la chambre régionale des comptes. Les magistrats dénoncent des progrès insuffisants, des innovations hors de prix et une organisation complexe[106],[107].

    En février 2024, dans une étude de la Commission européenne, Paris est classée en huitième position du classement des villes les plus sales d'Europe selon ses habitants. Seulement 36 % des habitants interrogés s'estiment satisfaits par la salubrité et l'hygiène[108].

    Toponymie

    Le nom de la cité est attesté pour la première fois par Jules César, au milieu du Ier siècle av. J.-C., dans La Guerre des Gaules, sous la forme Lutecia ou Lutetia (selon les manuscrits)[109]. On trouve ensuite Lutetia apud Parisios au IVe siècle[110] (Parisios étant à l'accusatif pluriel) ; puis Parisios [usque] en 400 - 410[110], et enfin Paris, attestée dès 887[109].

    Le mot Paris est issu du nom du peuple gaulois des Parisii (au datif locatif pluriel : Parisiis), dont Paris était la capitale à l'époque gallo-romaine. La première désignation Lutetia (Lutèce) a été remplacée au IVe siècle, suivant un processus général observé dans la Gaule du Bas-Empire pour les capitales de civitas (cités gallo-romaines) : celles-ci furent d'abord appelées de leur nom originel complété du nom du peuple dont elles étaient la capitale, comme Lutecia des Parisii en l'occurrence. Puis le nom du peuple au datif locatif est seul resté, le nom signifiant alors chez les Parisii (voir entre autres Angers capitale des Andécaves, Tours des Turones, Évreux des Éburovices, Saintes des Santons, Poitiers des Pictons, Amiens des Ambiens, etc., qui sont toutes dans le même cas).

    Selon Pierre-Henry Billy, Lutetia pourrait être issu du gaulois *luta, boue, avec le suffixe -etia[109], ce qui correspond très bien à la nature du terrain décrit par César dans la Guerre des Gaules (existence d'un marais permanent qui déversait ses eaux dans la Seine). Quant à l'étymologie de l'ethnonyme Parisii, elle n'est pas connue avec certitude. Il pourrait provenir du gaulois *pario, chaudron (cf. le provençal pairol de même sens), signifiant alors « Ceux du chaudron »[111], avec une référence mythique et sacrée (thème celtique du chaudron d'abondance représentant la survie dans l'Au-delà et les richesses de l'Autre Monde)[112].

    Les Parisii ont donné leur nom à Paris, ainsi qu'au pays du Parisis (maintenant « pays de France »), qui subsiste dans Villeparisis, Cormeilles-en-Parisis, Fontenay-en-Parisis. On trouvait également des gaulois de la même tribu des Parisii en Angleterre, dans l'actuel Yorkshire de l'Est.

    Histoire

    Préhistoire et Antiquité

    Caldarium des Thermes de Cluny.

    Un habitat permanent est attesté dans les limites du Paris actuel à partir de la période chasséenne (entre 4 000 et 3 800 avant notre ère) au village de Bercy ; les restes de trois pirogues néolithiques aujourd'hui visibles au musée Carnavalet ont ainsi été retrouvés[113],[114] sur la rive gauche d'un ancien bras de la Seine dans le 12e arrondissement, où la présence humaine semble avoir été continue durant le Néolithique[f 2].

    De façon générale, l'histoire du site parisien est toutefois mal connue jusqu'à la période gallo-romaine. Seule certitude, les Parisii, l'un des 98 peuples gaulois, vivent dans cette région en 52 avant notre ère, au moment d'être soumis à Rome. Ainsi, on ne connaît pas précisément l'emplacement de la cité gauloise mentionnée dans les sources latines : il pourrait s'agir de l'île de la Cité (aucun vestige archéologique antérieur à Auguste n'y a toutefois été retrouvé), de l'île Saint-Louis, d'une autre île aujourd'hui rattachée à la rive gauche, voire du site de Nanterre, où a été découverte en 2003 une importante agglomération ordonnée[h],[115],[116]. Dans tous les cas, la cité romaine s'étend sur la rive gauche et sur l’île de la Cité ; elle prend le nom de Lutetia (Lutèce).

    À l'époque gallo-romaine, Lutèce n'est qu'une cité relativement modeste du monde romain avec une population de l'ordre de dix mille habitants à son apogée[c 1],[i] ; en comparaison, Lugdunum (Lyon), capitale des trois Gaules (dont la lyonnaise qui englobe la région de Lutèce), aurait compté, au IIe siècle, de 50 000 à 80 000 habitants[117]. Elle connait toutefois une certaine prospérité grâce au trafic fluvial[c 1]. Suivant la tradition, la cité aurait été christianisée par saint Denis, martyrisé vers 250[c 2].

    La position stratégique de Lutèce face aux grandes invasions[c 3] en fait un lieu de séjour pour l'empereur Julien entre 357 et 360, puis Valentinien Ier en 365-366. La cité prend le nom de Paris à cette époque[118]. Si ses faubourgs subsistent encore au IVe siècle[c 4], la population se replie au Ve siècle dans l'île de la Cité, fortifiée par la récupération de pierres prises aux grands édifices ruinés. En 451, sainte Geneviève, future patronne de la ville, serait parvenue à convaincre les habitants de ne pas fuir devant les Huns d'Attila, qui s'en détournent effectivement sans combat[f 3].

    Moyen Âge

    En 508, après avoir conquis la majeure partie de la Gaule, Clovis fait de Paris sa capitale[c 5]. Il y établit sa résidence principale (Palais des Thermes), et y fait construire plusieurs édifices religieux, dont la basilique des Saints-Apôtres, où il est enterré ; le rôle de la cité doit cependant être relativisé, dans la mesure où il n’existe pas alors d’administration royale. Tout au long des VIe et VIIe siècles, Paris garde une importance particulière[c 6], même si les divisions du royaume de Clovis entre ses héritiers limitent son rayonnement. Childebert Ier y fait ainsi construire la plus grande cathédrale de la Gaule (la cathédrale Saint-Étienne), tandis que Childéric II fait rénover les arènes gallo-romaines. Durant cette période, revitalisée par les fondations monastiques[119] et sa fonction de capitale[120], la ville commence probablement à s’étendre sur la rive droite[f 4], alors que la rive gauche est réoccupée.

    Représentation du palais de la Cité dans Les Très Riches Heures du duc de Berry.

    L’extension vers l’est du royaume des Francs sous le règne de Charlemagne fait perdre à Paris sa position politique privilégiée[c 7]. À partir du milieu du IXe siècle, elle fait partie du territoire des Robertiens, qui prennent le titre de comte de Paris. Particulièrement exposée à cause de sa situation sur la Seine, elle est en 845 dévastée par les raids des Vikings[121], qui la ravagèrent par la suite à plusieurs reprises[c 8], ce qui oblige la population à se replier à nouveau sur l’île de la Cité. En 885-886, assiégée par les Normands, la cité parvient à leur résister avec succès, tout en leur barrant l’accès au fleuve. Cet épisode procure un grand prestige à Paris et à son comte, Eudes, qui a aidé à sa défense ; il marque par contre une étape du déclin de l’Empire carolingien, le comportement de Charles le Gros ayant été jugé indigne durant les événements. En , les Normands sont une fois encore devant Paris ; leur départ sera acheté[122].

    Recueil des ordonnances de la prévôté des marchands de Paris, contenant la transcription de l'ordonnance rendue en février 1416 par Charles VI.

    Sous le règne des premiers Capétiens, Paris est une des principales villes du domaine royal, mais pas une capitale, n’étant pour eux qu’une résidence parmi d’autres. Elle gagne cependant en importance avec le temps : Robert le Pieux fait ainsi restaurer le Palais de la Cité[c 9] et plusieurs abbayes, tandis que Louis VI puis Louis VII y fixent leur cour et leur chancellerie. Dans le même temps, la cité prospère, devenant une place importante du commerce du blé, du poisson et du drap, les marchands parisiens s’unissant au sein d'une « hanse des marchands de l’eau »[123] privilégiée par Louis VII en 1170-1171. Elle devient également un centre d’enseignement majeur, grâce aux écoles épiscopales dans un premier temps[f 5], puis à partir du milieu du XIIe siècle, aux communautés religieuses qui s’établissent sur la rive gauche alors dépeuplée[c 10]. À l’image de l’ensemble de l’Occident chrétien, sa population augmente à cette époque de façon considérable : Paris s’étend d'abord sur la rive droite (début du XIe siècle)[c 11], qui devient son poumon économique[124], l’île de la Cité abritant dès lors les grands édifices administratifs et religieux.

    C’est Philippe Auguste qui fait de Paris la capitale incontestée du royaume, sur lequel il est le premier des capétiens à exercer un fort contrôle ; cette position est encore renforcée sous les règnes de Louis IX et de Philippe IV le Bel. L’administration royale, qui se développe considérablement, tient ainsi son siège dans la cité, où se situent la Chambre des comptes, le Trésor, et les Archives du royaume. Les bourgeois parisiens jouent un rôle majeur dans la gestion de l’État, faisant souvent partie du proche entourage du souverain. Les monarques veillent néanmoins à limiter l’autonomie de la ville, qui n’obtient pas le statut de commune ; les corporations se voient seulement accorder divers privilèges politiques, ce qui aboutit en 1263 à l’apparition d’une municipalité composée d’un prévôt des marchands et quatre échevins. Dans le même temps, les écoles de la rive gauche s’unifient en une « universitas »[c 12], reconnue par le pape en 1209-1210, faisant de Paris le plus prestigieux centre d’enseignement d’Europe occidentale pendant au moins un siècle. La cité devient également le symbole du pouvoir royal, qui cherche à lui donner des édifices dignes de son rang : la cathédrale Notre-Dame est achevée vers 1250, la Sainte-Chapelle abritant la couronne d'épine du Christ en 1248, le Palais de la Cité est rénové et étendu, et le marché parisien est couvert et emmuré (Halles). Philippe Auguste entoure par ailleurs les deux rives de la cité de murailles de pierres, terminées en 1209-1212. Paris poursuit sa croissance, la rive gauche étant repeuplée au XIIIe siècle[c 13] ; au début du XIVe siècle, on estime sa population à environ 200 000 habitants[c 14], ce qui en fait la ville la plus peuplée d'Europe[f 6].

    En 1348, la cité est frappée pour la première fois par la peste, qui ravage l’Europe entre 1347 et 1351 ; ce mal l’atteint ensuite de façon cyclique pendant plusieurs siècles. Pendant la guerre de Cent Ans, elle est exposée aux attaques anglaises, ce qui amène Charles V à construire sur la rive droite un nouveau rempart englobant les faubourgs. Dans le même temps, dans un contexte de dépression économique et de défaite militaire, l’autorité royale est remise en cause : le prévôt des marchands Étienne Marcel tente ainsi de s'emparer du pouvoir en 1357-1358, tandis que les émeutes populaires se multiplient, telle celle des Maillotins en 1382[c 15]. En réaction, Charles V puis Charles VI élisent résidence dans l’est parisien, moins exposé aux troubles. Au début du XVe siècle, le conflit entre Armagnacs et Bourguignons occasionne également de nombreuses violences dans la capitale ; ces derniers s'imposent en 1418, et Paris tombe en conséquence aux mains du roi d’Angleterre deux ans plus tard. La cité est reconquise en 1436 par Charles VII, mais celui-ci préfère résider près de la Loire, et il en est de même pour ses successeurs Louis XI, Charles VIII et Louis XII. À l’issue de la guerre, Paris s’est rétractée derrière ses murailles[125], et sa population est tombée à environ 100 000 habitants[c 14].

    De la Renaissance au XVIIIe siècle

    L'hôtel de Sens, édifié entre 1475 et 1519, est l'un des plus anciens hôtels particuliers de Paris.

    La Renaissance, marquée par le roi et sa cour résidant dans le Val de Loire, ne bénéficie donc guère à Paris. Malgré son éloignement, la monarchie s’inquiète de l'expansion désordonnée de la cité. Une première réglementation d’urbanisme est édictée en 1500 à propos du nouveau pont Notre-Dame, bordé de maisons uniformes de brique et de pierre de style Louis XII[c 16].

    En 1528, François Ier fixe officiellement sa résidence à Paris. Le rayonnement intellectuel s'accroît : à l'enseignement de l'université (théologie et arts libéraux) s'ajoute un enseignement moderne tourné vers l'humanisme et les sciences exactes voulues par le roi, au Collège de France. Sous son règne, Paris atteint 280 000 habitants et reste la plus grande ville du monde chrétien[s 12].

    Le Massacre de la Saint-Barthélémy par François Dubois est déclenché à Paris avant d'être étendu à plus d'une vingtaine de villes de province.
    « Icy est le vrai pourtraict naturel de la ville, cité, université de Parisy ». Plan de Paris en 1576.

    Le , sous Charles IX, est organisé le massacre de la Saint-Barthélemy. On compte entre deux mille et dix mille victimes[f 7]. La Ligue catholique, particulièrement puissante dans la capitale, se dresse contre Henri III durant la Journée des Barricades en 1588. Ce dernier s'enfuit avant d'assiéger la ville[f 8]. Après son assassinat, le siège est maintenu par Henri de Navarre, devenu Henri IV. La ville, pourtant ruinée et affamée, ne lui ouvre ses portes qu'en 1594 après sa conversion.

    La Journée des barricades (1648) marque le début de la Fronde qui provoque une importante crise économique et une nouvelle défiance du roi vis-à-vis de sa capitale[f 9].

    Malgré une mortalité supérieure aux naissances, la population atteint les 400 000 habitants grâce à l'immigration provinciale. Paris est une ville misérable où règne une forte insécurité, la légendaire Cour des Miracles est progressivement vidée à partir de 1656 par le lieutenant-général de police Gabriel Nicolas de La Reynie[126] qui fait établir 6 500 lanternes pour éclairer la ville la nuit et rendre les rues plus sûres.

    Topographia Galliae, Oder Beschreibung vnd Contrafaitung der vornehmbsten, vnd bekantisten Oerter, in dem mächtigen, vnd grossen Königreich Franckreich / Zeiller, Martin. 1655.

    Louis XIV choisit Versailles comme résidence en 1677, avant d'y déplacer le siège du gouvernement en 1682. Colbert prend en main la gestion parisienne et fait la navette entre Paris et Versailles. Durant son règne, le Roi Soleil ne vient que vingt-quatre fois à Paris, essentiellement pour des cérémonies officielles, marquant ainsi envers la cité une hostilité que n'apprécient guère les Parisiens[f 10].

    Au XVIIIe siècle, Versailles ne dépossède pas Paris de son rayonnement intellectuel ; au contraire même, elle en fait une puissante frondeuse ouverte aux idées des Lumières. C'est la période des salons littéraires, comme celui de madame Geoffrin. Le XVIIIe siècle est aussi celui d'une forte expansion économique qui permet une importante croissance démographique, la ville atteint 640 000 habitants[127] à la veille de la Révolution française.

    En 1715, le régent Philippe d'Orléans quitte Versailles pour le Palais-Royal. Le jeune Louis XV est installé au palais des Tuileries pour un retour, éphémère, de la royauté dans Paris. Dès 1722, Louis XV retourne au château de Versailles rompant la fragile réconciliation avec le peuple parisien[f 11].

    La ville s'étend alors à peu près sur les six premiers arrondissements actuels, le jardin du Luxembourg marquant la frontière occidentale de la ville. Louis XV s'intéresse personnellement à la ville en 1749 lorsqu'il décide l'aménagement de la place Louis XV (actuelle place de la Concorde), la création de l'école militaire en 1752[128], et surtout la construction d'une église dédiée à sainte Geneviève en 1754, plus connue sous le nom actuel de Panthéon[129].

    La Révolution française et l'Empire

    Aquarelle de Jean-Pierre Houël représentant la Prise de la Bastille le .

    La Révolution française débute à Versailles par la convocation des États généraux puis le Serment du Jeu de paume. Mais les Parisiens, atteints par la crise économique (prix du pain), sensibilisés aux problèmes politiques par la philosophie des Lumières et mus par une rancœur à l'égard du pouvoir royal ayant abandonné la ville depuis plus d'un siècle, lui donnent une nouvelle orientation[f 12]. La prise de la Bastille le , liée au soulèvement des ébénistes du faubourg Saint-Antoine, en est une première étape. Le , l'astronome Jean Sylvain Bailly reçoit à l'hôtel de ville la charge de premier maire de Paris. Le , l’émeute, déclenchée par les femmes sur les marchés parisiens, atteint Versailles le soir. Le 6 au matin, le château est envahi et le roi doit accepter de venir résider à Paris au palais des Tuileries et d’y convoquer l’Assemblée constituante qui s’installe le dans le Manège des Tuileries[c 17].

    Le « département de Paris » comprend alors trois districts : Paris, le Franciade et Bourg de l'Égalité.

    Le se déroule la fête de la Fédération sur le Champ-de-Mars, lieu qui sera le le théâtre d'une dramatique fusillade. Occupés à partir de après la mise en vente des biens nationaux, le couvent des Cordeliers et le couvent des Jacobins, hauts lieux du Paris révolutionnaire, marquent la toute-puissance des clubs parisiens sur le cours de la Révolution[c 18].

    Dans la nuit du , une commune révolutionnaire prend possession de l'hôtel de ville. La journée du 10 août voit la foule assiéger le Palais des Tuileries avec le soutien du nouveau gouvernement municipal. Le roi Louis XVI et la famille royale sont incarcérés à la tour du Temple. La monarchie française est de fait abolie. Après les élections de 1792, les représentants de la Commune de Paris, très radicaux, s'opposent à la Convention nationale au groupe des Girondins (représentant l'opinion plus modérée de la bourgeoisie des provinces) qui sera écarté en 1793[c 19].

    La prise des Tuileries le 10 août 1792 par Jacques Bertaux, Musée du château de Versailles.

    Les Parisiens vivent alors deux années de rationnement. La Terreur règne sous la coupe du Comité de salut public. Le Tribunal révolutionnaire, avec l'aide de la mairie, s'emploie à incarcérer tout ce que la ville compte encore de nobles suspects, de prêtres réfractaires et d'opposants jugés contre-révolutionnaires. La création de la charge de Préfet de Police par Napoléon, ôtera à la municipalité tout pouvoir de police judiciaire, de sorte que le maire de Paris est, aujourd'hui encore, le seul de France à en être privé[130],[131]. Le , Louis XVI est guillotiné sur la place Louis XV, rebaptisée « place de la Révolution ». Il est suivi sur l'échafaud par 1 119 personnes, dont Marie-Antoinette, Danton, Lavoisier et finalement Robespierre et ses partisans après le 9 Thermidor an II ()[c 20].

    La Révolution n'est pas une période favorable au développement de la ville (peu de monuments sont édifiés) qui n'a plus que 548 000 habitants en 1800. De nombreux couvents et églises sont rasés et font place à des lotissements édifiés sans plan d'ensemble, ce qui aboutit à une réduction des espaces verts de la ville et à une densification du centre. Sous le Directoire, des immeubles de rapport, de style néo-classique, sont élevés.

    En 1806, Paris a compensé les pertes subies durant la Révolution et compte 650 000 habitants[127] ; cette progression est surtout le fait de l'immigration provinciale, la natalité restant faible. Depuis le milieu du XVIIIe siècle, la ville est distancée par Londres en pleine expansion économique et démographique qui atteint 1 096 784 habitants[c 21]. Le , Napoléon Bonaparte, qui a pris le pouvoir en 1799, est sacré empereur par le pape Pie VII à la cathédrale Notre-Dame. Il décide d'établir à Paris la capitale de son Empire et ambitionne d'en faire la « nouvelle Rome »[132]. Il ordonne dans ce but la construction des arcs de triomphe de l’Étoile et du Carrousel ainsi que celle du palais impérial de la Bourse (achevé sous la Restauration) et de la colonne Vendôme[133]. Il soumet également à Jean-Antoine Alavoine le projet de l'éléphant de la Bastille, et aux architectes Percier et Fontaine l'édification du Palais du roi de Rome, dont seuls les jardins du Trocadéro et le pont d'Iéna seront en définitive terminés[132]. L'Empereur multiplie par ailleurs les points d'eau, alimentés par un réseau de 50 km de canaux qui acheminent l'eau de l'Ourcq[132].

    En 1814, la bataille de Paris entraîne la capitulation de la capitale puis conduit à la première abdication de Napoléon et à la Restauration. Les cosaques de l'armée russe occupent certains points de la ville, ce qui donnera lieu à une légende concernant l'origine du mot bistro, comme le proclame le Syndicat d'Initiative du Vieux Montmartre, au restaurant À la Mère Catherine, place du Tertre. Les armées alliées quittent la ville après le , date du départ du tsar Alexandre Ier.

    De la Restauration à la Commune de Paris

    La Seine et ses communes avant les annexions de 1860 au profit de Paris (ligne rouge).

    À la fin des Cent-Jours, la chute de l'Empire en amène à Paris les armées anglaises et prussiennes, qui vont jusqu'à camper sur les Champs-Élysées. Louis XVIII, de retour de son exil à Gand, s'installe à nouveau aux Tuileries.

    Louis XVIII et Charles X, puis la monarchie de Juillet se préoccupent peu de l'urbanisme parisien. Le prolétariat ouvrier, en forte expansion, s'entasse misérablement dans les quartiers centraux qui, avec plus de 100 000 habitants au kilomètre carré, constituent d'importants foyers d'épidémie ; le choléra en 1832 fait 32 000 victimes. En 1848, 80 % des morts vont à la fosse commune et les deux tiers des Parisiens sont trop pauvres pour payer des impôts. La masse paupérisée du petit peuple, délaissée et excédée, est mûre pour des révoltes répétées que le pouvoir ne sent pas germer ou est sûr de vaincre : les barricades font tomber Charles X lors des Trois Glorieuses puis Louis-Philippe Ier en 1848. La société de l'époque est abondamment décrite par Balzac, Victor Hugo ou Eugène Sue.

    Durant cette période, la ville accélère son rythme de croissance pour atteindre le mur des Fermiers généraux. Entre 1840 et 1844, la dernière enceinte de Paris, dite enceinte de Thiers, est construite sur l'emplacement de l'actuel boulevard périphérique. Au cœur de la ville, la rue Rambuteau est percée[c 22].

    Camille Pissarro, Boulevard Montmartre, 1897, Musée de l'Ermitage.

    Avec l'avènement du Second Empire, Paris se transforme radicalement. De structure médiévale, aux constructions anciennes et insalubres, quasiment dépourvue de grands axes de circulation, elle devient en moins de vingt ans une ville moderne. Napoléon III a des idées précises sur l'urbanisme et le logement : le Paris d'aujourd'hui est donc avant tout celui d'Haussmann. Des milliers de logements disparaissent, sur fond d'une spéculation immobilière qui sera la cause d'un krach financier international.

    Le , une loi permet à Paris d'annexer plusieurs communes voisines[134]. La capitale française passe ainsi de douze à vingt arrondissements et de 3 288 à 7 802 hectares[j]. Après ces annexions, les limites administratives de la ville ne seront que peu modifiées et la croissance urbaine, qui continue toujours de la fin du XIXe au XXe siècle, ne s'accompagnera donc plus d'une expansion des frontières communales, ce qui est à l'origine de la « banlieue »[c 23].

    Lors de la Guerre franco-prussienne de 1870, Paris est assiégée pendant plusieurs mois mais n'est pas prise par les armées prussiennes. À cette occasion, est inventée la poste aérienne, grâce aux ballons montés. Refusant l'armistice signé le et à la suite des élections de février qui portent au pouvoir des royalistes désireux de mettre fin à la guerre, les Parisiens s'insurgent le . C'est le début de la Commune de Paris. L'Assemblée monarchiste installée provisoirement à Versailles, la réprime entre les et lors de la Semaine sanglante qui reste à ce jour la dernière guerre civile qu'ait connue Paris[c 24],[f 13]. Après la guerre de 1870, pour se relever, la ville de Paris lève un grand emprunt public de 1,2 million de francs qui a un grand succès ; il est souscrit plus de quinze fois[135].

    De la Belle Époque à la Seconde Guerre mondiale

    La tour Eiffel pendant l'exposition universelle de 1889.
    Quart d'Obligation de la Ville de Paris en date du 27 juillet 1911.

    Pendant la Belle Époque, l'expansion économique de Paris est importante ; en 1913 la ville possède cent mille entreprises qui emploient un million d'ouvriers[136]. Entre 1900 et 1913, 175 cinémas sont créés à Paris, de nombreux grands magasins voient le jour et contribuent au rayonnement de la ville lumière. Lieu de toutes les spéculations, Paris devient aussi la deuxième place financière internationale presque à égalité avec Londres.

    Deux expositions universelles laissent une large empreinte dans la ville. La tour Eiffel est construite pour l'Exposition de 1889 (centenaire de la Révolution française) qui accueille vingt-huit millions de visiteurs. La première ligne du métropolitain, le Grand Palais, le Petit Palais et le pont Alexandre-III sont inaugurés à l'occasion de celle de 1900 qui reçoit cinquante-trois millions de visiteurs[136]. L'industrie se déplace progressivement en proche banlieue où se trouve l'espace nécessaire : Renault à Boulogne-Billancourt ou Citroën à Suresnes. Cette migration est à l'origine de la « banlieue rouge ». Néanmoins, certaines activités restent fortement implantées dans la ville intra-muros, en particulier la presse et l'imprimerie[f 14].

    De la Belle Époque aux Années folles, Paris connaît l'apogée de son influence culturelle (notamment autour des quartiers de Montparnasse et de Montmartre) et accueille de très nombreux artistes tels Picasso, Matisse, Braque ou Fernand Léger.

    En 1910, une crue centennale de la Seine provoque l'une des plus graves inondations que la ville ait connue et cause trois milliards de francs de dégâts[c 25]. Lors de la Première Guerre mondiale, Paris, épargnée par les combats, subit des bombardements[137] et des tirs de canon allemands. Ces bombardements restent sporadiques et ne constituent que des opérations à caractère psychologique[c 26]. En 1917, la création d'une réplique de Paris est envisagée pour leurrer les aviateurs allemands venus bombarder la capitale.

    L'entre-deux-guerres se déroule sur fond de crise sociale et économique. Les pouvoirs publics, pour répondre à la crise du logement, votent la loi Loucheur qui crée les habitations à bon marché (ou HBM) érigées à l'emplacement de l'ancienne enceinte de Thiers. Les autres immeubles parisiens sont, pour l'essentiel, délabrés et constituent des foyers de tuberculose ; la densité urbaine culmine en 1921, Paris intra-muros comptant 2 906 000 habitants[s 13]. Parallèlement, des lotissements se développent partout autour de la cité, en « banlieue » où l'expansion se fait de façon anarchique, souvent en pleins champs sans réels aménagements ou équipements publics[c 27].

    Les Parisiens tentent de reprendre leur prééminence politique dans un contexte de multiples scandales financiers et de corruption des milieux politiques[f 15]. Le , la manifestation des Ligues patriotes contre la gauche parlementaire dégénère en émeute et fait dix-sept tués et mille cinq cents blessés, puis le , un important défilé en faveur du Front populaire compte cinq cent mille manifestants[c 28].

    Défilé de chars à Paris en 1941. Les chars sont des Somua S-35 et Hotchkiss H35 français capturés par les Allemands.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris, déclarée ville ouverte dès la débâcle, est occupée par la Wehrmacht le . Elle est relativement épargnée[k]. Le gouvernement du maréchal Pétain installé à Vichy, Paris cesse d'être la capitale et devient le siège du commandement militaire allemand en France (Militärbefehlshaber in Frankreich)[c 29]. Le , l'ingénieur Jacques Bonsergent est le premier résistant fusillé à Paris. Les 16 et 17 juillet 1942, il est procédé à la rafle du Vel' d'Hiv', arrestation de 12 884 Juifs, la plus massive en France, pour l'essentiel des femmes et des enfants[c 30].

    À l'approche des troupes alliées, la Résistance intérieure déclenche un soulèvement armé le . La Libération de Paris se fait le avec l'entrée dans Paris de la 2e division blindée du général Leclerc et de la 4e division d'infanterie américaine du major-général Raymond O. Barton[138]. La veille, Leclerc avait donné l'ordre au capitaine Raymond Dronne de percer les lignes ennemies avec sa neuvième compagnie, La Nueve, (Régiment de marche du Tchad), qui arrive à l'hôtel de ville à 21 h 22 dans la soirée du 24[139]. Le général von Choltitz capitule sans exécuter les ordres d'Hitler demandant la destruction des principaux monuments de la ville[140],[141]. La ville est relativement épargnée par les combats[c 31]. Paris est l'une des rares communes de France à se voir décerner le titre de compagnon de la Libération[142].

    Le Paris contemporain

    Vue du nord-ouest de Paris, depuis le troisième étage de la tour Eiffel.
    Vue nord de Paris depuis le Jardin des Tuileries.

    En 1956, Paris se lie à Rome par un jumelage privilégié, symbole fort dans une dynamique géographiquement plus large[143] de réconciliation et de coopération après la Seconde Guerre mondiale[s 14],[s 15].

    Sous les mandats du général de Gaulle de 1958 à 1969, plusieurs événements politiques se déroulent dans la capitale. Le , une manifestation en faveur de l'indépendance de l'Algérie est violemment réprimée. Selon les estimations, entre 32 et 325 personnes sont massacrées par la police, alors dirigée par Maurice Papon[144]. À partir du , un important mouvement étudiant démarre à l'université de Nanterre. Il entraîne dans le quartier latin des manifestations qui dégénèrent en émeutes. La contestation, prenant corps dans un contexte de solidarité internationale et d'émulation (noirs et féministes américains, « provos » néerlandais, Printemps de Prague, attentat contre l'Allemand Rudi Dutschke, etc.) entre brimés idéalistes et jeunes, bercés par Bob Dylan et son tube The Times They Are a-Changin', voulant « changer le monde », se développe très vite en crise politique et sociale nationale. Le , d'immenses défilés rassemblent 800 000 personnes venues protester contre les violences policières. Le 30 mai, une manifestation de soutien au gouvernement et au général de Gaulle réunit un million de personnes, de la place de l'Étoile à celle de la Concorde. Après deux mois de désordre et de troubles, les Parisiens votent massivement en faveur du général de Gaulle lors des élections législatives des 22 et 29 juin et le calme revient[c 32].

    Le successeur du général de Gaulle, Georges Pompidou s'intéresse de près à la capitale. Il laisse son nom au bâtiment qui abrite le musée national d'Art moderne et la bibliothèque publique d'information et à la voie express rive droite. Valéry Giscard d'Estaing, président à son tour, ne partage pas sa vision d'une modernisation radicale : il remet en cause le projet prévu pour les Halles et interrompt partiellement celui de voie express rive gauche. En 1976, l'État accorde pour la première fois depuis 1871 une municipalité autonome à la capitale. Le gaulliste Jacques Chirac est alors élu maire, puis réélu en 1983 et 1989. Sous le premier mandat du président François Mitterrand, une réforme est adoptée par la loi de décentralisation du  : elle dote chaque arrondissement de la capitale d'un maire et d'un conseil municipal propre et non plus désigné par le maire de Paris[c 33].

    En 1991, les quais de la Seine, du pont de Sully (en amont) au pont d'Iéna (en aval), sont classés sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de remarquable ensemble fluvio-urbain avec ses monuments dont plusieurs constituent des chefs-d'œuvre architecturaux au rayonnement mondial[145].

    La manifestation républicaine du 11 janvier 2015 à Paris, place de la République.

    Élu président de la République en , Jacques Chirac est remplacé par Jean Tiberi dont l'unique mandat est marqué notamment par la mise au jour de plusieurs affaires politico-financières et par la division de la majorité municipale. En 2001, Paris élit un maire de gauche, le socialiste Bertrand Delanoë, ensuite réélu en 2008[146]. Il se démarque de ses prédécesseurs par sa volonté affichée de réduire la place de l'automobile dans la ville au profit notamment des piétons et des transports en commun. Il développe l'animation de la vie parisienne par de grandes manifestations culturelles comme Nuit Blanche ou simplement ludiques comme Paris Plages. À l'occasion des élections municipales de 2014, Anne Hidalgo, première adjointe de Bertrand Delanoë, devient la première femme maire de Paris[147].

    Depuis 2015, la France subit une vague d'attentats terroristes islamistes sans précédent. La ville de Paris est également touchée en janvier 2015 avec la tuerie contre Charlie Hebdo et la prise d'otage de l'Hyper Casher qui fait dix-sept victimes. À la suite de ces tragiques événements, une manifestation républicaine historique se déroule le réunissant plus de trois millions de personnes et près de cinquante chefs d'État, pour défendre la liberté d'expression et rendre hommage aux victimes du terrorisme. Dix mois plus tard, le , des attaques sans précédent ont frappé la capitale et sa banlieue sous forme d'actions kamikazes aux abords du Stade de France, de tueries de masse dans des terrasses de café dans le 10e et le 11e arrondissement ainsi qu'à la salle de spectacle du Bataclan, attaques organisées par un commando d'une dizaine d'hommes se réclamant de l'État islamique qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés[148].

    Le , la capitale est de nouveau la cible d'une attaque terroriste, un terroriste ouvre le feu sur les Champs-Élysées coûtant la vie d'un policier[149], Daech revendique l'attaque quelques heures après[150], et le , la capitale est encore la cible d'une attaque terroriste, un terroriste poignarde des passants dans le 2e arrondissement coûtant la vie d'un passant, Daech revendique l'attaque quelques heures après[151].

    Le , la ville est touchée par l'incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, qui provoque notamment l'effondrement de sa flèche[152].

    Politique et administration

    Statut et organisation administrative

    Carte des arrondissements de Paris.

    Paris est depuis le une collectivité à statut particulier qui exerce les compétences d'une commune et d'un département. Elle est divisée en arrondissements, comme les villes de Lyon et de Marseille, au nombre de vingt (les quatre premiers formant un secteur unique). Elle est également la collectivité centrale de la métropole du Grand Paris, créée en 2016.

    Le préfet de la région Île-de-France est également préfet de Paris et l'État dispose à Paris d'administrations de niveau départemental[153]. Toutefois, le domaine de la sécurité, pour lequel l'État dispose de prérogatives particulières, est du ressort du préfet de police de Paris. Les pouvoirs de police administrative sont partagés entre le maire de Paris et le préfet de police qui se prêtent réciproquement leurs moyens d'action à cet effet[154]. Ce dernier peut siéger au conseil de Paris et doit lui soumettre chaque année son budget et son compte[s 16] (bien que ce budget reste décidé par l'État). Le maire de Paris est impliqué dans la politique de sécurité même si les pouvoirs en ce domaine restent entre les mains du préfet de police.

    Historique

    L'hôtel de ville de Paris la nuit.

    Le statut de la ville de Paris a changé plusieurs fois.

    Lors de son extension territoriale de 1860, Paris est divisée en vingt arrondissements municipaux, en remplacement des douze arrondissements qui existaient depuis le , et en dix-huit circonscriptions électorales.

    Du au , Paris fut le siège d'un pouvoir insurrectionnel, la Commune de Paris, avec une assemblée démocratiquement élue. La Troisième République fut dirigée au début par des conservateurs effrayés par cet épisode. Ceux-ci édictèrent la loi du , qui donnait le pouvoir exécutif au préfet de la Seine et les pouvoirs de police au préfet de police. Le conseil de Paris, élu lors des élections municipales, désignait chaque année un président dont la fonction était principalement représentative. Paris n'avait alors pas de maire. Le budget de la ville devait être approuvé par l'État.

    Anne Hidalgo, actuelle maire de Paris (depuis 2014).

    La réorganisation de la région parisienne qui entre en vigueur le fait de Paris à la fois une commune et un département : le conseil municipal de Paris et le conseil général de la Seine sont remplacés par le conseil de Paris, qui exerce à la fois les compétences d'un conseil municipal et celles d'un conseil général[155]. Le conseil de Paris est mis en place au , mais il faut attendre la loi du (entrée en vigueur lors des élections municipales de 1977) pour que Paris retrouve un statut similaire à celui des autres collectivités avec la restauration du poste de maire de Paris, élu par le conseil de Paris et détenteur du pouvoir exécutif. Des commissions d'arrondissements, dont les membres sont choisis à parité entre les électeurs, le maire de Paris et le Conseil de Paris, ont un rôle consultatif et d'animation. Le préfet de police, nommé par l'État, conserve les pouvoirs de police. Enfin, la loi PLM du , entrée en vigueur à Paris lors des élections municipales de 1983, porte à 163 le nombre de conseillers de Paris, étend les pouvoirs du conseil de Paris (principalement en matière budgétaire) et crée les conseils d'arrondissements.

    À partir de 1987, sur le plan administratif, la fusion des services de la commune et du département imbrique profondément les deux institutions que sont la commune et le département. En 2015, la Chambre régionale des comptes, appuyée par la maire de Paris, recommande de fusionner le département de Paris et la commune de Paris en une collectivité unique[156]. La maire de Paris propose en un vœu au conseil municipal reprenant cette proposition, mais aussi la fusion des quatre premiers arrondissements à l'horizon 2020. La population de ce nouvel arrondissement serait alors d'un peu plus de 100 000 habitants[157]. Un projet de loi est présenté en [158] et la loi est promulguée en février 2017[159],[160]. Le , le département et la commune fusionnent en une collectivité à statut particulier, la « Ville de Paris », exerçant à la fois les compétences du département et de la commune[161].

    Le , à la suite des élections municipales de mars et juin 2020, les quatre premiers arrondissements sont regroupés dans un secteur unique (le secteur 1) appelé Paris Centre, sans que ces arrondissements ne disparaissent pour autant. Chacun des autres arrondissements constitue un secteur propre (de même numéro que l'arrondissement).

    Intercommunalité

    La métropole du Grand Paris (MGP) est la principale intercommunalité en Île-de-France. Elle regroupe Paris, les communes de la petite couronne et sept communes de la grande couronne.

    Contrairement aux autres métropoles françaises, il n'a longtemps pas existé d'intercommunalité à fiscalité propre entre Paris et sa banlieue. Paris n'était que membre de certains syndicats intercommunaux comme le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP) ou le Syndicat des transports d'Île-de-France (STIF), après avoir longtemps externalisé ses équipements, tels les cimetières ou usines d'incinération, hors de Paris. Le territoire parisien ne couvre que le centre de la métropole, contrairement aux autres grandes métropoles internationales. Ce manque structurel est considéré comme un des problèmes majeurs de l'agglomération parisienne[s 17], alors que l'organisation des besoins collectifs (transports, logement, etc.) dépassent de loin le cadre communal. La région Île-de-France ne peut organiser la métropole alors que 80 % de l'espace régional reste rural.

    La fiscalité locale est de même très concentrée dans certaines communes riches en entreprises et/ou populations aisées. C'est le cas exemplaire de Neuilly-sur-Seine qui bénéficie des rentrées fiscales d'une population parmi les plus aisées de France et de nombreuses entreprises de La Défense, tout en ne comptant que 2,8 % de logements sociaux[162], alors que les charges qu'entraîne l’afflux sur un territoire de populations de conditions modestes sont supportées par des communes qui n’ont pas toujours la possibilité de trouver dans leurs limites administratives les ressources nécessaires pour les compenser. A contrario, Clichy-sous-Bois est ainsi une des villes les plus pauvres du pays qui cumule une population jeune et défavorisée avec des ressources fiscales propres très limitées, vivant essentiellement de dotations de l'État ne permettant pas d'assurer des services comparables à ceux des communes aisées[163].

    Ces difficultés, manifestes après les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, sont à l'origine de la Conférence métropolitaine de l’agglomération parisienne qui s'est réunie à l'initiative de la ville de Paris pour la première fois en mairie de Vanves le [s 18], après que l'adjoint Pierre Mansat a renoué le dialogue de Paris avec les communes riveraines. Le président de la République Nicolas Sarkozy se saisit de cet enjeu dans son discours du [164], critiquant le projet de schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF), se disant repenser « l'organisation des pouvoirs » et créer une communauté urbaine, imposant de fait la vision d'une reprise en main par l'État[165],[166]. Le projet heurte de nombreux élus locaux de l'agglomération[167]. Christian Blanc[168] puis Maurice Leroy[169] sont chargés de la Région Capitale au gouvernement. La Société du Grand Paris reçoit pour mission de construire le projet de métro automatique Grand Paris Express[170]. Mais c'est le gouvernement Ayrault qui donne après 2012 une traduction institutionnelle au périmètre identifié par le projet de transports en créant la Métropole du Grand Paris, définie par la loi du 27 janvier 2014 dans le cadre de l'Acte III de la décentralisation. Au , elle regroupe Paris, les communes de la petite couronne et sept communes de la grande couronne.

    Liste des maires

    Liste des maires successifs depuis 1977
    Période Identité Étiquette Qualité
    20 mars 1977 16 mai 1995 Jacques Chirac RPR Haut fonctionnaire
    Membre (1968-1982) et président (1970-1979) du conseil général de la Corrèze
    Député de la Corrèze (1967, 1968, 1973, 1976-1986, 1988-1995)
    Secrétaire d'État (1967-1971), ministre (1971-1974), Premier ministre (1974-1976 et 1986-1988), Président de la République (1995-2007)
    22 mai 1995 25 mars 2001 Jean Tiberi RPR Magistrat
    Premier adjoint au maire de Paris (1983-1995), maire du 5e arrondissement (1983-1995 et 2001-2014)
    Député de Paris (1968-2012)
    Secrétaire d'État (1976)
    25 mars 2001 5 avril 2014 Bertrand Delanoë PS Conseiller en communication
    Conseiller de Paris (1977-2014)
    Député (1981-1986), puis sénateur (1995-2001) de Paris
    5 avril 2014 En cours Anne Hidalgo PS Inspectrice du travail
    Première adjointe au maire de Paris (2001-2014)
    Conseillère régionale d'Île-de-France (2004-2014)

    La particularité du mode de scrutin par arrondissement fait que lors de sa première élection en 2001, Bertrand Delanoë était minoritaire en nombre de voix, mais avait été élu grâce à un nombre supérieur de conseillers de Paris.

    Représentation politique

    Récapitulatif de résultats électoraux récents

    Scrutin 1er tour 2d tour
    1er % 2e % 3e % 4e % 1er % 2e % 3e % 4e %
    Municipales 2014 UMP 35,91 PS 34,40 EELV 8,86 FN 6,26 PS 53,33 UMP 44,06 Pas de 3e Pas de 4e
    Européennes 2014[175] UMP 22,61 PS 19,16 EELV 13,77 UDI-MODEM 12,54 Tour unique
    Régionales 2015[176] UCD 32,93 PS 31,42 EELV 10,92 FN 9,66 PS 49,64 UCD 44,26 FN 6,10 Pas de 4e
    Présidentielles 2017[177] EM 34,83 LR 26,45 LFI 19,56 PS 10,18 EM 89,68 FN 10,32 Pas de 3e Pas de 4e
    Européennes 2019[178] LREM 32,92 EELV 19,94 LR 10,18 PS 8,17 Tour unique
    Municipales 2020 PS 29,33 LR 22,72 LREM 18,04 EELV 10,79 PS 48,49 LR 34,31 LREM 13,04 Pas de 4e
    Régionales 2021[179] LR 32,90 EELV 17,97 LREM 14,05 PS 12,87 LR 43,23 UGE 41,32 LREM 10,06 RN 5,39
    Présidentielle 2022[180] LREM 35,34 LFI 30,08 REC 8,16 EELV 7,61 LREM 85,11 RN 14,89 Pas de 3e Pas de 4e

    Budget et fiscalité

    Le budget primitif 2011 (ville et département) s’élevait à 8,582 milliards d’euros dont 6,906 milliards d’euros consacrés au fonctionnement et environ 1,676 à l’investissement[s 19]. L'encours de dette s’élevait à 2,696 milliards d’euros. Les emprunts garantis par le département de Paris en 2008 s'élevaient à 26,6 milliards d'euros[s 20].

    Après une stabilité entre 2000 et 2008[181], les taux d’imposition ont été augmentés en 2009 et sont portés à 9,59 % pour la taxe d'habitation, 7,75 % pour la taxe sur le foncier bâti, 14,72 % pour la taxe sur le foncier non bâti et 13,46 % pour la taxe professionnelle[s 21],[182]. La fiscalité représente 55 % des recettes de la ville[s 21]. Paris est l'une des quinze grandes villes françaises (de plus de 1 000 000 habitants) n'ayant pas augmenté ses taux d'impôt foncier en cinq ans[183]. Cette stabilité ne concerne que les taux d'imposition. La bulle immobilière qui s'est développée pendant toute la première mandature de M. Delanoë a permis une hausse extrêmement importante des rentrées fiscales assises sur l'immobilier. Le nombre des transactions en même temps que leur valeur a considérablement augmenté. Cette bulle fiscale a permis d'accroître les effectifs de la Mairie de Paris de 40 à 49 000 agents (73 000 agents, en 2013, pour la mairie et le département de Paris selon l’Ifrap[184]). L'explosion de cette bulle immobilière temporaire laisse la mairie avec un excédent de dépenses permanentes à financer autrement. C'est pourquoi Bertrand Delanoë a annoncé en 2008 la création d'une nouvelle taxe départementale de 3 % sur le foncier (payée uniquement par les propriétaires) et une hausse des taux de l'impôt foncier[185]. Pour la période 2007-2012, l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI) calcule que Paris est la ville qui a connu la progression nationale la plus forte de sa taxe foncière (+ 67,90 % contre 21,17 % en moyenne), en raison notamment de la création de ce taux départemental[186],[187],[188].

    Après six années sans aucune hausse des taux des impôts locaux (2001 à 2008 inclus) votés par les élus parisiens, puis deux années de hausse (2009 et 2010), la municipalité s'est engagée à ne plus augmenter le taux des 4 impôts locaux. Selon le magazine Capital de juin 2010, Paris reste la grande ville avec les plus faibles montants d'impôts locaux.

    Le taux d'endettement de la Mairie de Paris (ville et département) est à 39 % de ses ressources, bien moins que la moyenne nationale des grandes villes (89 %). La ville bénéficie, pour 2010 et 2011, de la note maximale des agences de notation financière, le « AAA », qui permet d'emprunter aux meilleurs taux pour investir et construire. À la suite de la forte augmentation de la dette, un « quasi-quadruplement de la dette de Paris entre 2001 et 2014 », les agences de notation rétrogradent Paris en 2012 et 2013 à la note de AA+[184].

    Dans un livre intitulé Comptes et légendes de Paris, Bilan de la gestion Delanoë (2011), le journaliste Dominique Foing analyse, sur la base des rapports de l'Inspection générale de la ville de Paris et de la chambre régionale des comptes d'Île-de-France, la gestion des années 2001-2011 de la ville de Paris : les dépenses municipales auraient augmenté de 44,45 % (« le produit fiscal, fiscalité immobilière incluse, collecté sur les contribuables parisiens est passé de 1,7 milliard d'euros au budget 2001 à 2,5 milliards d'euros au budget 2008, soit 47 % d'augmentation »), signifiant pour ceux-ci une hausse des recettes des impôts de 70 % entre 2001 et 2011 ; concomitamment, les dépenses de fonctionnement se seraient accrues de deux milliards d'euros, la dette, relativement faible en 2011, augmentant d'un milliard d'euros[189],[190].

    Depuis 2011, les taux d’imposition ont été portés à 13,38 % pour la taxe d'habitation, à 8,37 % pour la taxe foncière sur les propriétés bâties, à 16,67 % pour la taxe foncière sur les propriétés non bâties et 16,52 % pour la cotisation foncière des entreprises (CFE)[191].

    Selon les comptes individuels des communes, la dette de la Ville de Paris atteint le montant « stratosphérique », selon le magazine Capital, de 7,71 milliards d’euros au , ce qui correspond à une augmentation de 867 millions d’euros par rapport à l’endettement évalué à 6,84 milliards d’euros, un an plus tôt. La dette par habitant s’élève ainsi à 3 498 euros au , soit une augmentation de 401 euros pour chaque Parisien en un an. Anne Hidalgo justifie le surplus d’endettement enregistré en 2020 par les effets de la crise sanitaire qui a créé, selon les chiffres de la mairie, une perte de recettes de 523 millions d’euros et conjointement une augmentation des dépenses de 239 millions d’euros pour la seule année 2020. Le budget d’investissements de 1,45 milliard d’euros voté par la municipalité a, selon Capital, largement contribué au déséquilibre de la balance (végétalisation de la Concorde, rénovation de base des piliers de la Tour Eiffel, arborisation du pont d’Iéna, etc.). Sous la gouvernance d'Anne Hidalgo, soit depuis 2014, l’encours de la dette qui s’élevait à 3,71 milliards d’euros, a augmenté de 110 %. La Ville conteste néanmoins le montant (7,71 milliards d’euros) du ministère de l’Économie et des finances en opposant le chiffre de 6,62 milliards d’euros, qui apparaît dans les comptes administratifs de la mairie. Ce décalage d’un milliard d’euros s’explique par une astuce comptable, la Ville exigeant des offices HLM le versement de loyers avec trente ans d’avance[192].

    En novembre 2022, revenant sur sa promesse de campagne des municipales de 2020 de ne pas toucher aux impôts locaux, Anne Hidalgo annonce vouloir proposer de faire passer le taux de la taxe foncière de 13,5 % à 20,5 % en 2023, soit une augmentation de plus de 50 %. Elle justifie cette décision par la situation financière difficile de la capitale. Cette mesure demandée par les Verts, membres de la majorité municipale - devrait engranger 586 millions d'euros supplémentaires dans les caisses de la Ville[193].

    La Ville de Paris soutient financièrement près de 2 600 associations pour des missions dont certaines sont parfois très éloignées du quotidien des Parisiens. La polémique revient régulièrement quant à l’utilisation de ces subventions en particulier alors que la ville se rapproche des 7 milliards d’euros de dettes. Selon Le Parisien, plusieurs rapports ont pointé le manque de contrôles opérés par la Ville sur ces soutiens financiers[194].

    Instances judiciaires et administratives

    Le tribunal de grande instance de Paris est situé dans le Palais de Justice, sur l'île de la Cité. C'est la juridiction qui traite le plus grand nombre d'affaires en France[195]. Dans chaque arrondissement se trouve un tribunal d'instance. Dessinée par Renzo Piano, la Cité judiciaire de Paris, achevée en 2017 porte de Clichy, réunit l’ensemble des services du TGI dispersés entre l’Île de la Cité et quatre autres sites, le tribunal de police et les tribunaux d’instance[196].

    Le Tribunal de Paris aux Batignolles.

    Le tribunal de commerce de Paris se situe quant à lui quai de Corse, également sur l'île de la Cité. Le tribunal de police de Paris est installé rue de Cambrai, dans le 19e arrondissement, et le conseil de prud’hommes de Paris rue Louis-Blanc, dans le 10e arrondissement.

    Outre les tribunaux de la ville, les tribunaux de plusieurs départements relèvent de la Cour d'appel de Paris : la Seine-et-Marne, l'Essonne, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et l'Yonne. Le ressort de cette cour concerne 12,6 % de la population française, soit 7 605 603 personnes en 2004[197]. Les autres départements d'Île-de-France ainsi que l’Eure-et-Loir dépendent, eux, de la cour d'appel de Versailles[198].

    Dans l'ordre administratif, Paris est du ressort du tribunal administratif de Paris. Les appels sont portés devant la Cour administrative d'appel de Paris, laquelle connaît aussi les appels des tribunaux administratifs de Mata-Utu, Melun, de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française. À Paris siègent également les juridictions nationales suprêmes : Conseil constitutionnel, Cour de cassation et Conseil d'État.

    À Paris, certaines prisons sont restées célèbres : le Grand Châtelet (sur la rive droite) abritait la prison du roi, et son annexe, le Petit Châtelet (au débouché du Petit-Pont sur la rive gauche), lieu d'incarcération à partir du XIVe siècle, fut démoli en 1782. Trois prisons sont devenues des symboles historiques : la Conciergerie, la Bastille et le donjon de Vincennes. Le Palais de justice possédait sa propre prison, la Conciergerie, qui après avoir accueilli parmi d'autres les Girondins et Marie-Antoinette pendant la Révolution française, continua à servir de prison temporaire jusqu'en 1914. La Bastille, édifiée à partir de 1370 et devenue exclusivement prison d'État sous Richelieu, constituait contrairement à l'idée générale une prison de « luxe » pour un nombre de prisonniers n'excédant jamais la quarantaine. Le donjon de Vincennes, également prison d'État jusqu'en 1784, mais plus résidence surveillée que véritable lieu d'incarcération, continua à servir occasionnellement de prison jusque sous le Second Empire.

    Il subsiste une seule prison à Paris, la prison de la Santé, ouverte en 1867. Les principales prisons franciliennes se situent maintenant à Fresnes et Fleury-Mérogis, auxquelles il faut ajouter la maison centrale de Poissy[f 16].

    L'hygiène est gérée par le service municipal d'actions de salubrité et d'hygiène de la ville de Paris.

    Criminalité

    Le centralisme parisien explique également que la ville soit parfois victime d'attentats. Aussi bien sous Napoléon Ier ou, plus proche de nous, lors de l'attentat du RER B à Saint-Michel en ou au moment de ceux du 13 novembre 2015, l'histoire parisienne est ponctuée de ces événements à haute valeur symbolique, ce qui n'est pas sans conséquence sur la vie quotidienne dans la ville, particulièrement avec la mise en place du plan Vigipirate[199] qui voit une présence renforcée de policiers, gendarmes et militaires près des lieux touristiques et stratégiques de la capitale[200].

    La région Île-de-France totalise à elle seule plus du quart des crimes et délits commis en France métropolitaine. Au sein de la région, la grande couronne, la petite couronne et Paris intra-muros comptabilisent chacune environ un tiers du total des faits constatés. La typologie de la criminalité parisienne reste largement dominée par les vols qui représentent les deux tiers des crimes et délits. En 2006, 255 238 faits ont été comptabilisés soit un taux de criminalité de 118,58 actes pour 1 000 habitants (crimes et délits), ce qui représente près du double de la moyenne nationale (61,03 ) mais se situe dans la moyenne des grandes villes de France (Lyon : 109,22, Lille : 118,93, Nice : 119,52, Marseille : 120,62). La part des femmes mises en cause est inférieure à 15 % (légèrement sous la moyenne nationale) et la part des mineurs est de 11,02 % soit sept points de moins que la moyenne française de 18,33 %. À l'inverse, la part des étrangers (résidents en France titulaires d'une carte de séjour) est supérieure à la moyenne française de 20,73 %[201],[202].

    Les premiers mois de 2019 montrent, après une augmentation en 2018, une hausse de la quasi-totalité des indicateurs statistiques de la délinquance[203]. En octobre 2019, les atteintes volontaires à l'intégrité physique ont ainsi augmenté de 9 % à Paris intra-muros (plus de 35 000 agressions depuis le début de cette année)[204].

    Le centralisme parisien

    Cette situation résulte d’une longue évolution, en particulier des conceptions centralisatrices des monarchies et des républiques, qui donnent un rôle considérable à la capitale dans le pays et tendent à y c