Jean Bassompierre — Wikipédia

Jean Bassompierre
Jean Bassompierre
Jean Bassompierre (à droite),
en uniforme du 638e Régiment d'infanterie de la Wehrmacht, celui des volontaires de la LVF.

Naissance
Honfleur, Calvados
Décès (à 33 ans)
Fort de Montrouge, Seine
Origine Français
Allégeance République française
État français
 Troisième Reich
Arme Armée de terre
Légion des volontaires français contre le bolchevisme
Milice française
Waffen-SS
Grade SS-Hauptsturmführer
Années de service 19391945
Commandement 2e régiment de marche du Bataillon Charlemagne
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Bataille de France
Bataille de Körlin
Bataille de Belgard
Bataille de Kolberg
Distinctions Croix de guerre de l'État français ou croix de guerre « Vichy »
Croix de fer
Croix de guerre de la Légion des Volontaires français (LVF)
Croix du combattant, modèle de Vichy
Croix du mérite de guerre (Kriegsverdienstkreuz)
Autres fonctions 1943 : chef d'état-major du colonel Edgar Puaud
-  : inspecteur général de la Milice, zone Nord.
Tombe de Jean Bassompierre au cimetière d'Auteuil (Paris XVIe)

Jean Bassompierre, né le à Honfleur (Calvados) et mort le au fort de Montrouge (Seine), est un militaire et militant d'extrême droite français. Son rôle dans la collaboration armée avec le Troisième Reich pendant la Seconde Guerre mondiale le conduit à être fusillé à la fin de la guerre.

Biographie[modifier | modifier le code]

Étudiant à la Faculté de droit de Paris, il est un « phalangeard », membre des Phalanges universitaires, le groupement des étudiants des Jeunesses patriotes (JP). Il s'illustre en février 1936 lors de l'affaire Jèze, du nom du professeur Gaston Jèze, en butte à l'hostilité des étudiants nationalistes parisiens[1],[2]. Il est membre de la Cagoule et militant du Parti populaire français (PPF). À l’issue de son service militaire, il choisit le métier des armes en tant que sous-lieutenant.

Lieutenant au 74e bataillon d’alpins de forteresse au début de la Seconde Guerre mondiale, il commande l’avant-poste de Conchetas (ou du Conquet) du Secteur fortifié des Alpes-Maritimes (SFAM), situé à 1 776 m d’altitude, au-dessus du village de Saint-Martin-Vésubie. Le , son poste intervient pour appuyer par le tir d’une de ses mitrailleuses le groupe de combat de La-Balme-de-la-Frema qui menaçait d’être pris par les Italiens. Comme il constate que la mitrailleuse est gênée dans son angle de tir par la forme du créneau, il ordonne, malgré le bombardement, de la mettre en position en dehors de la casemate ; cette action lui valut une citation.

On présume que c’est à lui aussi que l’on doit l'explosion de l’avant-poste qu’il a fait sauter avec tous les explosifs et les 200 000 cartouches de mitrailleuses qu’il avait à sa disposition dans le fort, avant de se replier avec ses hommes sur Digne-les-Bains devant l’avance des troupes italiennes.

Bassompierre est à l’origine du Service d'ordre légionnaire (SOL) dont il a, avec Noël de Tissot et Jean Durandy, codifié le programme. Il est l’un des piliers du mouvement avec Joseph Darnand, Pierre Gallet et Marcel Gombert. L’amitié qui lie Bassompierre et Darnand a pour origine l’incarcération de ce dernier en 1938 et la visite du capitaine Bassompierre à la prison de la Santé.

À la dissolution du SOL, Jean Bassompierre rejoint la LVF. Capitaine, il commande une compagnie du 1er bataillon (temporairement tout le 1er bataillon). Décoré de la croix de fer de deuxième classe, il est nommé en chef d’état major d'Edgar Puaud. En , il est rappelé par Darnand pour réorganiser la Milice française dans la zone nord, en tant qu’inspecteur général.

Le , il réduit la mutinerie de la prison de la Santé. Un mois plus tard, le , c’est avec la cohorte parisienne qu’il quitte le territoire français. Le , Bassompierre préside la dernière manifestation officielle de la Milice, en organisant une prise d’armes dans un stade et en paradant avec les miliciens dans la ville d’Ulm en Allemagne. Comme la majorité des franc-gardes (2 000 hommes), il intègre la division Charlemagne en tant que SS-Hauptsturmführer (équivalent de capitaine).

Au cours de sa retraite poméranienne, le général Gustav Krukenberg réorganise la Charlemagne (33e Waffen-Grenadierdivision der SS, franz. Nr 1) en un régiment de réserve et deux régiments de marche. Le commandement du second régiment de marche échoit à Jean Bassompierre. Chargée de défendre la ville de Körlin en Pologne, cette unité (II/RM) tente, le , le décrochage dans l'espoir de rejoindre Kolberg. Le bataillon (dont fait partie Christian de La Mazière) se désintègre progressivement du fait du pilonnage incessant des mortiers soviétiques et du nombre de soldats en face, en moyenne dix fois supérieurs à ceux de la division Charlemagne, ce qui oblige Jean Bassompierre à se replier dans la plaine de Belgard. Le , Jean Bassompierre, à bout de forces, se rend aux cavaliers polonais qui encerclent la ferme lui servant de refuge. Il est interné au camp de Choszczno (anciennement Arnswalde).

Il fait ensuite partie des Français regroupés en vue de leur rapatriement en France par Henry Fournier-Foch. Afin de se soustraire à la justice, il s'évade avec la complicité tacite de ce dernier[3] durant le trajet en train et rejoint Naples. Pensant atteindre l'Amérique du Sud, il est arrêté le et incarcéré à la prison de la Santé pour y être inculpé, devant la cour de justice de la Seine. Il s'échappe en compagnie de Jean de Vaugelas mais est ensuite repris contrairement à celui-ci[4]. À aucun moment, Bassompierre ne tente d'atténuer ses responsabilités. Son rôle dans la répression de la mutinerie de la prison de la Santé[5] lui vaut une condamnation à mort prononcée le [6]. Il est fusillé le à 7h10 du matin[7],[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Olivier Dard, « Jeunesse, élite et Action française », dans Christine Bouneau, Caroline Le Mao (dir.), Jeunesse(s) et élites: Des rapports paradoxaux en Europe de l'Ancien Régime à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009 (Lire en ligne)
  2. Le Matin, 11 février 1936, L'Ami du peuple, 11 février 1936, Le Jour, 3 mars 1936
  3. Henry Fournier-Foch, Tovaritch Kapitaine Foch, La Table Ronde, 2001, , p. 237 (ISBN 2-7103-2416-4)
  4. http://www.ego.1939-1945.crhq.cnrs.fr/recherche/detail_aut.php?id_personne=691
  5. Carlier, Christian, « 14 Juillet 1944. Bal tragique à la Santé : 34 morts », Criminocorpus. Revue d'Histoire de la justice, des crimes et des peines, Criminocorpus,‎ (ISSN 2108-6907, DOI 10.4000/criminocorpus.1782, lire en ligne, consulté le ).
  6. Le Monde, « Après la condamnation a mort de bassompierre des résistants demandent sa grâce à m. vincent auriol », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  7. Le Monde, « JEAN BASSOMPIERRE a été exécuté ce matin au fort de Montrouge », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  8. Lostec, Fabien, « Des prisonnières en guerre : le cas des femmes condamnées à mort au... », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest. Anjou. Maine. Poitou-Charente. Touraine, Presses universitaires de Rennes, nos 124-2,‎ (ISBN 978-2-7535-6495-4, ISSN 0399-0826, DOI 10.4000/abpo.3671, lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]