Territoire du Tchad — Wikipédia

Territoire du Tchad (1900-1920)
Colonie du Tchad

1900–1960

Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte du Tchad en Afrique actuelle.
Informations générales
Statut Colonie française (jusqu'en 1946), territoire d'outre-mer au sein de l'Union française (1946-1958) puis république autonome au sein de la Communauté française (1958-1960)
Capitale Fort-Lamy
Langue(s) français, arabe tchadien, sara, kanembou
Monnaie Franc de l'Afrique-Équatoriale française
Superficie
Superficie 1 283 993 km2 (1950)
Histoire et événements
Bataille de Kousséri
Création
11 février 1906 Réunion avec l'Oubangui-Chari et création de la colonie de l’Oubangui-Chari-Tchad.
Intégration de l'Oubangui-Chari-Tchad dans l'AEF
17 mars 1920 Érection du Tchad en tant que propre colonie.
Indépendance du Tchad

Entités suivantes :

Le Territoire du Tchad (ou Territoire militaire des pays et protectorats du Tchad) est une entité coloniale française qui a existé entre 1900 et 1906.

En 1906, le territoire est réuni à celui de l'Oubangui-Chari dans la colonie de l’Oubangui-Chari-Tchad jusqu'en 1920, qui constitue une circonscription du Congo français jusqu'en 1910 puis de l'Afrique-Équatoriale française (AEF).

Le Tchad devient la colonie du Tchad de 1920 à 1960, toujours constitutif de l'AEF. Sa capitale est Fort-Lamy (actuelle N'Djaména).

Durant la Seconde Guerre mondiale, à la suite de l'armistice du 22 juin 1940, le Tchad fut le premier territoire français à se joindre à la France libre. Le Tchad servit alors de point de départ à plusieurs opérations militaires dirigées dans le désert libyen entre 1941 et 1943.

République autonome en 1958, le Tchad devient indépendant en 1960.

Histoire[modifier | modifier le code]

Création[modifier | modifier le code]

Conquête du Tchad, Nguigui (1910)

La France entre dans le territoire qui deviendra Tchad en 1891 et y lance des expéditions militaires contre les royaumes musulmans. En , l'administrateur colonial français Émile Gentil signe avec le sultan Gaourang II un traité d’alliance qui confie à la France le protectorat sur le Baguirmi pour le protéger de Rabah.

En 1898, la France lance trois expéditions en direction du Tchad : la mission Voulet-Chanoine depuis Dakar et le fleuve Niger, la mission Foureau-Lamy depuis Alger et le Sahara algérien et la mission d'Émile Gentil depuis le Moyen-Congo. La bataille décisive du , la bataille de Kousséri, vit s'affronter les forces du commandant François-Joseph-Amédée Lamy et celles du seigneur de guerre soudanais Rabah – tous deux morts durant le combat. Émile Gentil fonde alors Fort-Lamy sur la rive droite du Chari et devient le premier administrateur du Tchad.

La circonscription du territoire du Tchad est constituée dans le Congo français par décret le .

Aux termes du décret du portant organisation du Congo français et dépendances[1], la colonie du Congo français est divisée en quatre entités distinctes :

En 1905, l'administration du Tchad est confiée à un gouverneur général sis à Brazzaville, capitale de l'Afrique-Équatoriale française dont le Tchad est partie intégrante avant d'être placé sous l'autorité d'un lieutenant-gouverneur à Fort-Lamy, aujourd'hui N'Djaména.

Le décret du , portant réorganisation des possessions du Congo français et dépendances[2], unit le territoire de l'Oubangui-Chari au territoire militaire du Tchad et les érige en « Colonie de l’Oubangui-Chari-Tchad », dont le chef-lieu est Fort-de-Possel. Le , un décret transfère le chef-lieu à Bangui.

En 1910, il devient l’un des territoires de la fédération de l’Afrique-Équatoriale française (AEF), avec le Moyen-Congo et le Gabon, tout d’abord en tant que territoire de l'Oubangui-Chari-Tchad, puis en tant que colonie autonome en 1920.

Résistances anti-coloniales[modifier | modifier le code]

La conquête du Tchad se termine par la victoire française sur la Sanousiyya dans le Tibesti en , après la victoire française obtenue en 1913-1914 lors de la campagne du Borkou et de l'Ennedi. En 1916, les Français brisent rapidement la tentative de résistance du sultanat Dar Sila (de)[3]. En 1917, le commandant français Gérard fait massacrer, lors du massacre des coupes-coupes, plus d'une centaine de notables d'Abéché, qu'il accuse de préparer un complot. Il n'est pas jugé par l'armée française mais simplement relevé de son commandement[3].

En 1927, le dieu de Lam, prophète millénariste, déclenche des agitations au sud du Tchad, qui dureront trois ans[4]. En 1929, se déclenche également la guerre de Bouna, qui se termine par la destruction du village de Bouna et de ses habitants par les Français[5].

Administration coloniale[modifier | modifier le code]

Le territoire français du Tchad est érigé en colonie le , il est alors une subdivision de l'Afrique-Équatoriale française.

La colonisation du Tchad fut marquée par l'absence de politique d'unification du territoire et la lenteur de la modernisation du pays. Le Tchad fut relégué au bas de l'échelle des priorités françaises et l'État colonial ne le considéra guère que comme une source de coton et de main d'œuvre peu qualifiée à employer dans les colonies plus productives du sud. De nombreuses régions n'eurent jamais de réel gouvernement ; l'immense préfecture de Borkou-Ennedi-Tibesti n'était dotée que d'une poignée d'administrateurs militaires et le centre était à peine mieux pourvu. Seul le sud bénéficia d'une réelle administration coloniale.

Le recensement de 1939 indique une population de 1,5 million d'habitants dont 6 000 européens[6].

Durant la Seconde Guerre mondiale, en , le gouverneur Félix Éboué décida de rallier le général de Gaulle et le Tchad fut une des premières colonies à se joindre à la France libre. Le Tchad servit alors de point de départ à plusieurs opérations militaires dirigées par le maréchal Leclerc dans le désert libyen entre 1941 et 1943.

Le , le Tchad accède à l’indépendance sous la présidence de François Tombalbaye. La moitié nord du pays reste sous le contrôle de l’armée française jusqu’en 1965.

Subdivisions[modifier | modifier le code]

En 1901, le territoire est divisé en trois régions[7] :

En 1906, le Tchad intègre la nouvelle colonie de l'Oubangui-Chari-Tchad par le décret du .

Entre 1910 et 1935 : 9 puis 10 circonscriptions[modifier | modifier le code]

L'arrêté du , divise le territoire militaire du Tchad en 9 circonscriptions[8] :

Circonscription Chef-lieu Subdivisions
1 Kanem Mao Mao, Bol, Rig-Rig, Moussoro, Massakory, Ngouri
2 Batha Ati Ati, Mongo
3 Ouaddaï Abéché Abéché, Oum-Hadjer, Toumtouma, Arada, Kallim
4 Bas-Chari Fort-Lamy Fort-Lamy
5 Baguirmi Tchikina Massénya, Bousso, Bokoro, Melfi
6 Selamat Amm-et-Timan Am Timane, Aboudéia
7 Logone Behagle Behagle, Doba
8 Mayo-Kebbi Léré Léré, Fianga
9 Moyen-Chari Fort-Archambault Fort-Archambault, Kiyabé, Goundi-Bédiondo, Moïssala
10 Borkou-Ennedi Largeau -

La circonscription du Borkou-Ennedi est créée en 1914[9].

Entre 1935 et 1936/1937 : 4 départements (région du Tchad) + 2 départements (région de l'Oubangui-Chari)[modifier | modifier le code]

Selon l'arrêté Renard du [10]. Région du Tchad :

Département Chef-lieu Subdivisions
1 Baguirmi-Chari Fort-Lamy Fort-Lamy, Massakory, Massenya, Bousso, Melfi
2 Borkou-Ennedi-Tibesti Faya Faya, Fada, Zouar
3 Kanem-Batha Moussoro Moussoro, Ati, Mongo, Zigueï, Rig-Rig, Bol
4 Ouaddaï-Salamat Abéché Abéché, Adré, Biltine, Goz-Beïda, Am-Dam, Oum-Hadjer, Aboudéïa, Am-Timan, Mangueigne

Région de l'Oubangui-Chari :

Département Chef-lieu Subdivisions
1 Chari-Bangoran Fort-Archambault Koumra, Moïssala, Ndélé
2 Logone Moundou Bongor, Doba, Laï, Kélo, Léré, Fianga

Entre 1937 et 1947 : 10 départements[modifier | modifier le code]

La réorganisation administrative intervient par décret du [11]. Elle reprend l'organisation publiée le [12].

Département Chef-lieu Subdivisions Postes de contrôle
1 Ouaddaï Abéché Abéché, Adré, Biltine, Goz-Béïda, Am-Dam
2 Salamat Am-Timan Am-Timan, Aboudeia, Mangueigne
3 Batha Ati Ati, Oum-Hadjer, Mongo
4 Mayo-Kebbi Bongor Bongor, Fianga, Léré, Palla Kyabé
5 Moyen-Chari Fort-Archambault Fort-Archambault, Koumra, Moïssala
6 Bas-Chari Fort-Lamy Fort-Lamy (commune mixte), Massakory, Bokoro
7 Borkou-Ennedi-Tibesti Largeau Largeau, Fada, Zouar
8 Baguirmi Massenya Massenya, Melfi, Bousso
9 Logone Moundou Moundou, Laï, Kélo, Doba, Baïbokoum
10 Kanem Moussoro Moussoro, Rig-Rig, Mao, Bol

Entre 1947 et 1960 : 9 régions[modifier | modifier le code]

Région Chef-lieu Districts
1 Ouaddaï Abéché Abéché, Adré, Biltine, Am Dam, Goz Beïda
2 Salamat Am Timan Am Timan, Aboudeïa, Mangueigné, Melfi
3 Batha Ati Ati, Mongo
4 Mayo-Kebbi Bongor Bongor, Fianga, Léré, Pala
5 Moyen-Chari Fort-Archambault Fort-Archambault, Koumra, Kyabé, Moïssala
6 Chari-Baguirmi Fort-Lamy Fort-Lamy, Massenya, Bousso
7 Borkou-Ennedi-Tibesti Faya-Largeau Faya-Largeau
8 Kanem Mao Mao, Bol
9 Logone Moundou Moundou, Doba, Laï

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Décret du 29 décembre 1903, portant organisation du Congo français et dépendances, publié au Journal officiel de la République française du 24 janvier 1904
  2. Décret du , portant réorganisation des possessions du Congo français et dépendances, publié au Journal officiel de la République française du  : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5492906n/f45.image
  3. a et b Bernard Lanne, « Résistances et mouvements anticoloniaux au Tchad (1914-1940) », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 80, no 300,‎ , p. 425–442 (DOI 10.3406/outre.1993.3118, lire en ligne, consulté le )
  4. Christian Seignobos, « Le « dieu de Lam », prophète millénariste (Nord-Cameroun et Tchad méridional, 1927 à 1930) », Journal des africanistes, nos 89-1,‎ , p. 32–83 (ISSN 0399-0346, lire en ligne, consulté le )
  5. Marielle Debos, Le métier des armes au Tchad, Editions Karthala, (ISBN 978-2-8111-0626-3, DOI 10.3917/kart.debos.2013.01, lire en ligne), « Chapitre I. Provenance, continuités et ruptures coloniales », p. 45-66
  6. Recensement du territoire du Tchad en 1939. Dossier 7I, Fonds F22-16, Fondation Charles de Gaulle (Paris).
  7. Archives nationales d'outre-mer,Tchad, consulté en 2019
  8. Gallica, Journal officiel de l'Afrique équatoriale française, N° 21 et 22, p. 575
  9. JO AEF, Arrêté du 8 janvier 1914, p.239
  10. Gallica, Journal officiel de l'Afrique équatoriale française, 1934 N° 23, p. 933
  11. Gallica, Journal officiel de l'Afrique équatoriale française, 1938 N°3, p. 156
  12. Gallica, Journal officiel de l'Afrique équatoriale française, 1937 N°1, p. 47

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]