Robert Manuel — Wikipédia

Robert Manuel
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Robert Manuel en 1954 (Studio Harcourt).
Nom de naissance Robert Emmanuel Bloch
Naissance
Paris
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 79 ans)
Saint-Cloud, Hauts-de-Seine
Profession Acteur, metteur en scène
Films notables Du rififi chez les hommes

Robert Bloch, dit Robert Manuel, est un acteur et metteur en scène français, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, né le à Paris (17e)[1] et mort le à Saint-Cloud.

Frère du peintre Raymond-René Bloch[2], Robert Manuel est très tôt attiré par le théâtre. Entré en 1933, à l'âge de 17 ans, au Conservatoire, il a d'abord pour maître Léon Bernard (1933-1934), puis André Brunot (1934-1936). Il en sort lauréat du premier prix de comédie décerné pour la première fois à la fois par le jury et par la critique en 1936 pour une interprétation des Fourberies de Scapin et de La Peur des coups. Montrant déjà une certaine habileté pour la lecture à haute voix au collège, il monte sur les planches dès 1934, à l'âge de 18 ans, pour un rôle dans Fragonard, une opérette de Gabriel Pierné et André Rivoire. Passé le concours du Conservatoire, il entre en 1936, à 19 ans, à la Comédie-Française comme pensionnaire où il s'illustre dans le rôle de Scapin en compagnie de son maître André Brunot qui tient dans la pièce un rôle secondaire pour accompagner les premiers pas de son élève comme le veut la tradition. Il devient l'ami des auteurs, particulièrement de Marcel Achard, pour qui il crée de nombreuses comédies. Il est nommé sociétaire de la Comédie-Française de 1948 à 1962, avant d'en devenir sociétaire honoraire.

Ses débuts au cinéma datent de 1935 pour un petit rôle dans un film de Jean de Limur, La Petite Sauvage. Il tourne avec de nombreux réalisateurs comme Sacha Guitry, Julien Duvivier, Gilles Grangier, Christian-Jaque. Jules Dassin (Du rififi chez les hommes), Patrice Chéreau (Judith Therpauve ) avec Simone Signoret, Alain Resnais (La vie est un roman) avec Pierre Arditi (qui a été son élève au Conservatoire) et Sabine Azema.

Pendant l'Occupation allemande, Robert Manuel est expulsé de la Comédie-Française en rasion de son origine juive ("J'étais catholique, baptisé, mais néanmoins étant donné que j'avais du sang juif dans les veines, je fus arrêté par les Allemands"[3]), puis interné au camp de Drancy et participe en à la réalisation d'un tunnel destiné à permettre l'évasion de la totalité des internés du camp, entre l'appel du soir et l'appel du matin[4]. Mais sur dénonciation, beaucoup des prisonniers qui avaient particité à son creusement furent arrêtés. Il en réchappa par miracle. A la Libération, Robert Manuel réintègre la Comédie-Française ainsi que son poste de professeur au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris. A la Comédie-Française, il interprète Molière, Courteline, Feydeau, Marivaux. Il fait partie de la prestigieuse équipe de comédiens constituée par Jacques Charon, Jean Piat, Robert Hirsch, Micheline Boudet. I[5]l a à son actif plus de 400 mises en scène. Il est une figure majeure de la vie théâtrale et artistique française. Il est aussi metteur en scène d'opérette et chanteur à ses heures. En 1965, il est nommé directeur artistique du Théâtre Marigny en compagnie d'Elvire Popesco et Hubert de Malet après que son programme pour le théâtre et sa restauration aient été approuvés. Il tiendra cette fonction jusqu'en 1978.

Il a participé en tant que candidat au jeu "L'homme du XXe siècle". Il arrive en finale et gagne[6] au terme d'une compétition ardue, sous le regard d'un petit buste de Molière qu'il avait apporté (son adversaire utilisait comme talisman son briquet). Il est, de 1966 à 1985, l'un des piliers de l'émission de télévision de Sabbagh, Au théâtre ce soir, où il intervient dans plus de cinquante pièces en tant que metteur en scène et comédien.

À la suite de la mort brutale de Dario Moreno le 1er décembre 1968, il accepte de reprendre au pied levé le rôle de Sancho Panza, à côté de Jacques Brel, dans la comédie musicale L'Homme de la Mancha. La première a lieu le 7 décembre, mais malgré une petite semaine de préparation, tout en gardant ses autres engagements, ils obtiennent un triomphe[3].

D'un premier mariage avec Léone Mail, danseuse et chorégraphe à l'Opéra de Paris, il a deux filles, toutes deux sociétaires de la Comédie-Française : Catherine Salviat et Christine Murillo.

Il épouse en seconde noce l'actrice Claudine Coster. Il a avec elle deux autres enfants : Marie-Silvia Manuel, comédienne, auteure et metteur en scène avec qui il a fondé la compagnie Mascarille Manuel à la fin de sa vie, et Jean-Baptiste Manuel, professeur de français et auteur dramatique. Il continue son rôle de chef de troupe, notamment en créant en 1977 "Le Festival de Théâtre en Mer" sur le paquebot Mermoz, jusqu'en 1995.

Il a été maire de Roquebrune-sur-Argens, dans le Var, d' à .

En 1985, il fait paraître Merci Molière !, un livre consacré à son auteur de théâtre favori. Il dédie son livre à l'historienne Sylvie Chevallet, qu'il connaissait bien, et qui lui avait fait découvrir de nombreuses anecdotes à propos de Molière.

Robert Manuel était un grand collectionneur de bustes et de figurines de cet auteur : il avait constitué d'après lui la plus grande collection d'objets de toutes sortes représentant "[s]on grand homme", comme il aimait à l'appeler.

Il est inhumé au nouveau cimetière de Neuilly-sur-Seine (division 26), à Nanterre[7].

  • La ville de Plaisir, où il demeurait à la fin de sa vie, a donné son nom à un théâtre situé dans les communs du château.
  • La commune de Roquebrune-sur-Argens (Var) a une salle de théâtre et de concerts nommée "Espace Robert-Manuel".

Filmographie

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Télévision

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Metteur en scène

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Comédie-Française

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Hors Comédie-Française

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Metteur en scène

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Décorations[8] et distinctions

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  • Premier Prix de Comédie du Conservatoire en 1936.

Publications

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Notes et références

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  1. Son acte de naissance (n°1057) dans les registres de naissances du 17e arrondissement de Paris pour l'année 1916.
  2. Françoise Woimant, Marie Cécile Miessner et Anne Moeglin-Delcroix: De Bonnard à Baselitz, Bibliothèque nationale, 1992, p. 257.
  3. a et b MANUEL (Robert), Qu'allais-je faire dans cette galère ?, Paris, éditions Emile-Paul Frères, 1975, p. 94.
  4. Historique du camp de Drancy
  5. Robert Manuel, Qu'allais-je faire dans cette galère?,
  6. Olivier Barrot et Raymond Chirat, Noir et Blanc - 250 acteurs français du cinéma français 1930-1960, Paris, Flammarion, 2000, p. 361
  7. Cimetière de Neuilly-sur-Seine
  8. Who’s who in France XXe siècle. Paris, Jacques Lafitte, 2001

Bibliographie

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Liens externes

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