Anne-Marcelle Kahn — Wikipédia

Anne-Marcelle Kahn, née Schrameck le dans le 7e arrondissement de Paris et morte le dans le 14e arrondissement de Paris, est la première femme ingénieure diplômée d'une grande école, la première, en 1919, à intégrer l'École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne. Elle est la fille du ministre Abraham Schrameck. Elle est l'épouse de l'amiral Louis Kahn.

Biographie[modifier | modifier le code]

Anne-Marcelle Schrameck est née le dans le 7e arrondissement de Paris dans une famille d'origine juive alsacienne[1]. Elle est la fille du ministre de l'Intérieur Abraham Schrameck[2] et de Marguerite Odile Bernheim (1872-1945)[3],[1].

Première femme diplômée ingénieure d'une grande école[modifier | modifier le code]

En 1919, Anne-Marcelle Schrameck est la première femme ingénieure diplômée d'une grande école[4],[5],[6],[7]. Au titre de la promotion 1917-1919, elle obtient le diplôme d’ingénieur civil des mines[4].

Après son admission, un vaste débat a lieu parce que les élèves doivent obligatoirement faire un stage de mineur de fond, jugé inapproprié pour une femme. Le règlement d'admission de l'École des mines de Saint-Étienne est alors modifié afin d'interdire l'admission des femmes. Pendant 50 ans (jusqu'en 1968), aucune autre femme ne sera admise comme élève-ingénieur dans une École des mines[8].

Usines Kulhmann[modifier | modifier le code]

En 1920, Anne-Marcelle Schrameck travaille un certain temps dans les usines des produits chimiques Kuhlmann (Établissements Kuhlmann), à Dieuze en Lorraine[9],[10].

Mariage avec Louis Kahn[modifier | modifier le code]

Le mardi , Anne-Marcelle Schrameck épouse, à 14:30, à l'oratoire de la synagogue de la Victoire à Paris, Louis Kahn, de Brest. Elle habitait au 54, rue La Bruyère[11].

Elle rejoint son mari à Brest, puis Saïgon et Lorient[4].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

En , le père de Anne-Marcelle Kahn, Abraham Schrameck vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il est déchu de son mandat de sénateur par Pétain le [12]. Il fut bientôt arrêté et interné en raison de ses origines juives. Parvenant à gagner la Provence, il y resta caché jusqu’à la Libération[13].

Louis Kahn, évadé de France par l'Espagne, dirige de Londres, qu'il rallie le , les constructions navales des Forces navales françaises libres (FNFL)[8]. Il a le grade d'ingénieur en chef. Avec le ministre de la Marine Louis Jacquinot et le vice-amiral Lemonnier, Louis Kahn est l'un des maîtres d'œuvre du renouveau de la Marine depuis Alger, conquise en novembre 1942, où il occupe le poste de directeur des constructions navales en 1943.

Anne-Marcelle Kahn raconte son propre parcours durant la Seconde Guerre mondiale dans une interview[9].

Marseille[modifier | modifier le code]

Après l'armistice, Anne-Marcelle Kahn part avec ses deux fils, Pierre Kahn (1926-1997) et Jean Kahn (1931-2017), en zone libre, à Marseille. En , les Allemands envahissent la zone libre. Louis Kahn était en Angleterre. Le une bombe est déposée dans un des grands hôtels de Marseille. La femme du consul allemand a les deux jambes coupées et meurt quelques jours après. Les représailles commencent. Avec arrestations et déportations.

Anne-Marcelle Kahn voudrait quitter Marseille, ville devenue dangereuse. Quand les Allemands détruisent le quartier du Vieux-Port de Marseille, et avec la rafle de Marseille (22-), sa décision est prise, de quitter Marseille.

Grenoble[modifier | modifier le code]

Ils vont dans les Alpes, aux environs de Grenoble. Les enfants sont dans une pension.

Anne-Marcelle Kahn reçoit un message de son mari, Je suis arrivé. Ce message d'Angleterre met du temps à lui parvenir et il signifie que Louis Kahn attend sa famille, en Angleterre.

La Résistance lui fournit de fausses cartes d'identité.

Passage des Pyrénées[modifier | modifier le code]

Anne-Marcelle Kahn ne trouve pas de "passeur" acceptant de guider de jeunes enfants: le plus jeune fils, Jean, n'a que 10 ans, l'aîné, Pierre, 15 ans.

Elle décide de partir seule, un an plus tard, en , avec ses deux enfants, utilisant une boussole de Scout et des cartes d'état-major.

Ils franchissent les Pyrénées à partir de Perpignan seuls. Le passage des Pyrénées se fait en deux jours. Ils n'emportent rien avec eux, voulant se faire passer pour des touristes. Ils mettent 9 jours de Perpignan pour atteindre Casablanca, en incluant 3 jours de prison, en Espagne.

Casablanca, puis Alger[modifier | modifier le code]

Anne-Marcelle Kahn et ses deux fils arrivent à Casablanca le .

Ils vont à Alger, qu'ils quittent le , pour retourner à Paris.

Mort[modifier | modifier le code]

Anne-Marcelle Kahn meurt le , dans le 14e arrondissement de Paris, à l'âge de 69 ans.

Notes et références[modifier | modifier le code]