Mathieu Wolf — Wikipédia

Mathieu Wolf
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Mathieu Wolf ou Mathieu Woff[1] ( à Rosheim - 1944 à Auschwitz) est un rabbin français, rabbin de Sedan, déporté et mort à Auschwitz. Il est l'oncle du mathématicien Laurent Schwartz.

Biographie[modifier | modifier le code]

Mathieu Wolf naît le à Rosheim (Bas-Rhin), fils d'Isaac Wolf, marchand forain, né à Horbourg et de Marguerite Hausser[2].

Dès l'âge de 14 ans, il quitte l'Alsace afin de poursuivre ses études en France, rejoignant sa sœur Rose qui demeure à Paris. En 1887 il est admis au Séminaire israélite de France (SIF) comme boursier de la Ville de Paris, il y reste jusqu'en 1893. En 1891 il est réintégré dans la nationalité française.

Le , il épouse à Nancy Delphine Schwartz, née le 22 nombre 1876 à Balbronn, sœur du rabbin Isaac Schwartz et nièce du grand rabbin Simon Debré. Ils auront deux fils : André, médecin, et Edgar, professeur agrégé de philosophie[3].

En 1908, le rabbin Ernest Ginsburger devient le Grand-rabbin de Genève. Avant qu'il ne soit choisi pour ce poste, le nom du rabbin Mathieu Wolf avait aussi été mentionné[4] et, de fait, le rabbin Ginsburger emporte l'élection de Genève par une voix seulement contre le rabbin Mathieu Wolf[5], qui était alors rabbin de Sedan (Ardennes)[6]. Toujours en 1908, il refuse de "concourir" à l'élection de rabbin d'Épinal (Vosges), pour succéder au Grand-rabbin Moïse Schuhl[7].

Après Sedan, le rabbin Mathieu Wolf devient rabbin de Belfort, puis rabbin de la Synagogue Buffault située dans le 9e arrondissement de Paris.

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Dans l'Univers israélite du , Mathieu Wolf écrit:"Un bel avenir est réservé au judaïsme français s'il s'en montre digne et s'il se prépare, si les Juifs français font leur devoir aussi bien qu'ils font leur devoirs de Français[8]."

Le rabbin Mathieu Wolf est aumônier militaire de l'armée d'Alsace. Il célèbre la victoire de 1918 dans la synagogue de Strasbourg[9].

Entre les deux guerres[modifier | modifier le code]

Il contribue à la revue Menorah[10].

Le , le rabbin Mathieu Wolf officie au mariage de son neveu, le mathématicien Laurent Schwartz, comme le raconte ce dernier[11],[12]:

"Pour mon grand-père, le rabbin Simon Debré, j'acceptai le mariage religieux. J'avais célébré ma bar-mitzva en dépit de ma répugnance à prononcer des mots par lesquels je promettais au Seigneur une foi éternelle. J'avais l'impression que l'on me poussait à mentir, puisque je n'avais aucune foi. Mais la cérémonie du mariage ne comporte pas de telles compromissions. Elle n'eut pas lieu dans une synagogue mais au domicile de mon grand-père[13], et nous fûmes bénis par mon oncle Mathieu Wolf, rabbin, mari de ma tante Delphine (sous l'Occupation, Mathieu et Delphine sont restés à Paris et ont porté l'étoile jaune, puisqu'il était rabbin[14]; ils furent déportés et ne sont jamais revenus)."

Peu avant la Seconde Guerre mondiale, le rabbin Mathieu Wolf prend sa retraite, en raison de son âge et de sa mauvaise santé[15].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Le rabbin Mathieu Wolf reste à Paris durant la guerre[16] et reprend son service à la Synagogue Buffault[15].

Le rabbin Mathieu Wolf est déporté par le convoi no 76[17] en date du à Auschwitz, en même temps que son épouse Delphine Wolf, où ils sont morts. Ils ont respectivement 75 ans et 68 ans.

Distinction[modifier | modifier le code]

En 1929, il est nommé chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur, à titre militaire et décoré de la croix de guerre 1914-1918[3].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Mathieu Wolf. Variétés Midrashiques. "Noah". L'Univers israélite. Volumes 1898-1899[18].
  • Mathieu Wolf. À propos de Purim. L'Univers Israélite, Paris[19].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Voir, Klarsfeld, 2012.
  2. « acte de naissance Mathieu Wolf no 98 », sur archives.bas-rhin.fr (consulté le ), p. 27.
  3. a et b Dictionnaire biographique des rabbins sous la direction de J-Ph. Chaumont et M. Lévy. Paris, Berg International, 2007, « Mathieu WOLFF (alias WOLF) », sur judaisme.sdv.fr (consulté le )
  4. Voir, Archives israélites, Volume 69, 1908.
  5. Ginsburger est élu Grand-rabbin de Genève durant l'élection du dimanche 6 septembre 1908, avec 1 voix de majorité: 47 voix contre 46 voix au rabbin Mathieu Wolf. Voir, Ernest Ginsburger. Archives israélites Volume 69, p. 303.
  6. Voir, franco-Jewish Pamphlets Collection in microfilm.
  7. Voir, Lettre du 4 octobre dans Archives israélites, Volume 69, 1908.
  8. Voir, Philippe-E. Landau. La Communauté juive de France et la Grande Guerre. Annales de démographie historique. 2002/1 no. 103, p. 97-106. Voir note 17 de cet article.
  9. Voir, Berg, 1992, p. 198.
  10. Voir, Nadia Malinovich. Une expression du "Réveil juif" des années vingt: la revue Menorah (1922-1933). Archives Juives 2004/1 (Vo. 37), p. 86-96.
  11. Laurent Schwartz, Un mathématicien aux prises avec le siècle, Paris, O. Jacob, , 528 p. (ISBN 978-2-7381-0462-5, lire en ligne)
  12. Voir, (en)Laurent Schwartz. A Mathematician Grappling With His Century. 2001, p. 80.
  13. Laurent Schwartz vient de mentionner son grand-père, le rabbin Simon Debré, rabbin de la Synagogue de Neuilly jusqu'à sa mort en 1939, donc un an après le mariage de Laurent Schwartz. Le rabbin Simon Debré habitait au 12, rue Ancelle, dans le domicile attenant à la Synagogue!
  14. C'est une remarque étonnante, comme si seulement les rabbins devaient porter l'étoile jaune...
  15. a et b Voir, Berg, 1992, p. 106.
  16. Voir, Michel Rothé. Edmond Weil.
  17. Voir, Klarsfeld, 1978.
  18. Voir, Mathieu Wolf. Variétés Midrashiques. "Noah". L'Univers israélite. Volumes 1898-1899.
  19. Voir, *New era illustrated magazine, Volume 4, 1908.

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]