Boris Taslitzky — Wikipédia

Boris Taslitzky
Portrait de Boris Taslitzky par Amrita Sher-Gil (1930), National Gallery of Modern Art, New Delhi
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Boris Taslitzky, né le à Paris et mort dans la même ville le , est un peintre français dont l'œuvre s'inscrit dans le courant du réalisme socialiste.

Biographie[modifier | modifier le code]

Plaque 5 rue Racine (6e arrondissement de Paris), où il vit de 1954 à 2005.

Origines familiales[modifier | modifier le code]

Boris Taslitzky naît de parents juifs russes émigrés après l'échec de la révolution de 1905. Son père, ingénieur, meurt dans les tranchées durant la Première Guerre mondiale, comme engagé volontaire[2]. Le jeune Boris devient pupille de la Nation.

Études artistiques[modifier | modifier le code]

Il commence à peindre à l’âge de quinze ans et fréquente les académies de Montparnasse, visite le Louvre et copie les grands maîtres, notamment Rubens, Delacroix, Géricault ou Courbet [3], puis entre en 1928 à l'École des beaux-arts de Paris.

Engagement politique et culturel[modifier | modifier le code]

En 1933, il adhère à l'AEAR, Association des écrivains et artistes révolutionnaires, dont il devient secrétaire général de la section des Peintres et Sculpteurs, et en 1935 au Parti communiste français[4].

En 1936, lors de la présentation de Quatorze Juillet, pièce de Romain Rolland, il participe à l'exposition qui réunit notamment Picasso, Léger, Matisse, Braque, Jean Lurçat, Laurens et Pignon dans le hall du théâtre de l'Alhambra. Il participe activement aux débats de la Maison de la Culture qui préfigurent la politique culturelle du Front populaire[5]. Il réalise en 1937 des dessins d'illustration pour le journal communiste Ce soir d'Aragon et Jean-Richard Bloch. Il est en 1938 secrétaire général des Peintres et Sculpteurs de la Maison de la Culture de Paris[6].

Engagement dans la Résistance et déportation[modifier | modifier le code]

Mobilisé à Meaux, Boris Taslitzky est fait prisonnier en juin 1940, s'évade en août et s'engage dans la Résistance au sein du Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France. Arrêté en novembre 1941, condamné à deux ans de prison pour des « dessins de propagande communiste »[2], il est transféré dans les prisons de Riom et de Mauzac, puis au centre de Saint-Sulpice-la-Pointe, et le déporté à Buchenwald où il parvient à faire quelque deux cents dessins qui témoignent de la vie des camps. « Si je vais en enfer, j’y ferai des croquis. D’ailleurs, j’ai l’expérience, j’y suis déjà allé et j’y ai dessiné !… », dira-t-il plus tard. Sa mère meurt à Auschwitz[7],[8],[9].

Défense du réalisme socialiste[modifier | modifier le code]

Après-guerre, en 1946, Aragon fait éditer une centaine de ses dessins de Buchenwald[4]. Boris Taslitzky expose en 1946 ses œuvres inspirées par la Résistance et la déportation. Il reçoit la même année le Prix Blumenthal de la peinture et est secrétaire général de l'Union des arts plastiques, suite de l'AEAR. Il est alors, avec André Fougeron, Jean Vénitien et Jean Amblard, l'un des défenseurs du réalisme socialiste en France.

Dénonciation du colonialisme[modifier | modifier le code]

Il dénonce aussi par ses œuvres le colonialisme[2], notamment en 1952, quand le magazine Regards se fait connaitre par plusieurs grands reportages prémonitoires sur la sitution en Algérie, signés de Pierre Courtade, (“Que se passe-t-il en Afrique du Nord?”) et Madeleine Riffaud, (“Guidée par un aveugle”), qui a passé trois mois sur place[10], dans un numéro de juin 1952[11], après un périple semi-clandestin d’Alger à Oran, Beni- Saf, Ain-Témouchant, Sidi-bel-Abbès, Tlemcen, Constantine, Biskra et Djema Setif[12], des peintres Mireille Miailhe et Boris Taslitzky[13], en vue d’une exposition-reportage de 60 dessins et quelque 40 peintures, « Algérie 52 », à la Galerie André Weil, qui dépeint le petit peuple d’Algérie comme ce fut le cas l'année précédente pour le petit peuple des mines du Nord[14], qui fit scandale car dénonçant la misère et témoignant des tensions politiques et sociales, deux ans seulement avant l’insurrection algérienne[15]. La préfecture de police fit arracher toutes les affiches de l’exposition, qui fit ensuite le tour de l'Europe de l'Est.

Années 1980-1990[modifier | modifier le code]

De 1971 à 1980, Boris Taslitzky enseigne le dessin à l'École nationale supérieure des arts décoratifs[2].

Décoré déjà de la croix de guerre 1939-1945 et de la médaille militaire, il reçoit en 1997 les insignes de chevalier de la Légion d'honneur au titre de la Résistance et de la déportation. Elle lui est remise par Jorge Semprún, déporté comme lui à Buchenwald.

Son parcours est marqué par les bouleversements de l’histoire du XXe siècle. À la fois témoin et acteur de cette histoire, il se voulait conscient de sa responsabilité d’homme et d’artiste[16].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Exposition rétrospective[modifier | modifier le code]

Du au , le musée La Piscine à Roubaix organise une exposition rétrospective de son œuvre : « Boris Taslitzky (1911-2005) : l'art en prise avec son temps »[2],[17].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Musées[modifier | modifier le code]

Élèves[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « ark:/36937/s005b015dcc6b67c », sous le nom BORIS (consulté le )
  2. a b c d et e Harry Bellet, « Boris Taslitzky, peintre des bouleversements du XXe siècle, une exposition à voir à Roubaix », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant)
  3. « Miroirs - Boris Taslisky », sur mosaique,levillage.org (archive du lien).
  4. a et b Jean Maitron, « TASLITZKY Boris », sur maitron.fr (consulté le ).
  5. « Taslitzky, Boris », sur imec-archives.com (archive du lien).
  6. Harry Bellet, « Boris Taslitzky », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  7. « Boris Taslitzky », sur Encyclopædia Universalis
  8. « Boris Taslitzky », sur Evene / Le Figaro
  9. « Dessins de Boris Taslitzky (1911-2005) », sur asso-buchenwald-dora.com.
  10. "Les Pionnières: Diplômées 270-271" par Sonia Bressler etv Claude Mesmin, La Route de la Soie Éditions en· 2020, page 169 https://www.google.fr/books/edition/Les_Pionni%C3%A8res/x2jTDwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=mois+plus+tard+,+Madeleine+Riffaud&pg=PA169&printsec=frontcover]
  11. "Art beyond borders" [1]
  12. Critique d'art, synthèse, sur le Musée national de Varsovie [2]
  13. Boris Taslitzky, l'Histoire enn mouvement", dans L'Humanité [3]
  14. "Boris Taslitzky, un peintre engagé" par Marie-Jo Sirach, dans Chantiers de culture, pour l'exposition de 19 juin 2022 à la Piscine de Roubaix [4]
  15. Biographie Le Maitron de Mireille Miailhe [5]
  16. Marie-José Sirach, « Quand Boris Taslitzky dessinait l'indicible », L'Humanité,‎ (lire en ligne).
  17. Boris Taslitzky (1911-2005), l'art en prise avec son temps, La Piscine, Roubaix.
  18. Le petit camp à Buchenwald
  19. Centre Pompidou
  20. Commémoration de la Commune au cimetière du Père Lachaise en 1935
  21. Emeutes à Oran, Algérie
  22. Le four électrique dans une usine de locomotive
  23. Le Délégué
  24. (en) Les Grèves de juin 1936
  25. (en) Un soir sur les escalators du métro de Paris

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Filmographie[modifier | modifier le code]

  • L'Atelier de Boris (2004), film documentaire réalisé par Christophe Cognet, Corto-Pacific, 96 min, 24 Images

Liens externes[modifier | modifier le code]