Pierre Robert de Saint-Vincent — Wikipédia

 Pierre Robert de Saint-Vincent
Pierre Robert de Saint-Vincent
Le général Robert de Saint-Vincent.

Naissance
Saint-Léger-en-Bray
Décès (à 71 ans)
Forges-les-Bains
Allégeance Drapeau de la France France
Grade Général de corps d'armée
Années de service 19031942
Commandement 14e région militaire
Conflits Seconde Guerre mondiale
Distinctions Juste parmi les nations

Grand officier de la Légion d'Honneur

Autres fonctions Gouverneur militaire de Lyon (1941-1942)
Famille Famille Robert de Saint-Vincent

Louis Albert Pierre Robert de Saint Vincent, né le à Saint-Léger-en-Bray (Oise) et mort le à Forges-les-Bains, est un général français qui refusa d'obéir à un ordre de participation à la déportation de Juifs en 1942. Il était commandant de la 14e région militaire et gouverneur militaire de Lyon.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille Robert de Saint Vincent[modifier | modifier le code]

Il est issu d'une vieille famille de la noblesse française : Pierre-Augustin Robert de Saint Vincent (1725-1799), janséniste, membre du Parlement de Paris, rédige en 1787 une Réclamation du Parlement en faveur des protestants de France[1] et s'oppose aux emprunts demandés par Louis XVI : il est même arrêté le , avant d'émigrer durant la Révolution française[2],[3]. Son fils, Pierre-Antoine Robert de Saint Vincent (1756-1826), lui aussi conseiller au Parlement, suit son père en émigration. Il devient, sous Napoléon, proviseur du lycée de Caen durant deux ans, puis de celui de Versailles. Lors de la Restauration, il est réintégré comme conseiller à la Cour de cassation le et confirmé comme vicomte par Louis XVIII en 1817[4].

Carrière[modifier | modifier le code]

Pierre Robert de Saint Vincent étudie à l'École polytechnique (promotion X 1903) et en sort dans l'Artillerie. Pendant la Première Guerre mondiale, il est commandant d'une batterie au sein du 15e régiment d'artillerie divisionnaire.

En 1933, il est affecté et commande le 72e régiment d'artillerie. En 1935, il est affecté à un Etat-major du conseil supérieur de la guerre. En 1936, il est affecté par voie de réorganisation comme chef d'Etat-major du Général Inspecteur général de la défense aérienne.

Général de brigade en 1937, il reçoit au début de la Seconde Guerre mondiale le commandement de la 64e division d'infanterie sur le front des Alpes qu'il conserve jusqu'à la fin des opérations. Après l'armistice du 22 juin 1940, il reste dans l'Armée de Vichy et prend alors le commandement d'une division d'infanterie[Laquelle ?] à Grenoble.

En , il devient commandant de la 14e région militaire et gouverneur militaire de Lyon, à la suite du Général Frère, avec le grade de général de corps d'armée.

Rappelé à l'activité à compter du 29 août 1944.

Refus de participer aux arrestations de juifs[modifier | modifier le code]

Le , à la suite de la grande rafle des Juifs en zone non occupée, il reçoit l'ordre de mettre des gendarmes à la disposition de l'intendant de police Marchais pour procéder au convoyage de 650 Juifs de la zone sud vers la zone nord. Il déclare alors : « Jamais je ne prêterai ma troupe pour une opération semblable ». Le général de Saint-Vincent mettait ainsi, avec panache, un terme à une carrière qui prenait fin le surlendemain, la loi du 2 août 1942 ayant abaissé la limite d'âge à 59 ans avec effet au 1er septembre suivant. C'est donc sur cette action d'éclat qu'il rejoignit la section de réserve, cette fin d'activité quasi simultanée ayant d'ailleurs nourri les accusations de limogeage aussitôt portées à l'encontre des autorités de Vichy par la presse anglo-saxonne [5] et parfois reproduites par la suite [6].

Plaque de l'esplanade Plaque Esplanade Général Pierre Robert de Saint-Vincent au Centre Berthelot à Lyon.

Membre fondateur de l'Amitié chrétienne à Lyon sous le haut patronage du cardinal Gerlier, du pasteur Boegner et de Georges Villiers, maire de Lyon, et faisant partie du groupe de résistants de l'Armée secrète, proche du général Frère, Pierre Robert de Saint Vincent refuse de dévoiler le lieu de refuge du général Giraud avant son départ pour l'Afrique du Nord[7].

Il est contraint de se cacher à la suite de l'invasion de la zone libre par les Allemands en .

À la fin de la guerre, il est rappelé au sein de l'armée pour quelques mois, et est fait grand officier de la Légion d'honneur en 1947.

Décorations[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

En 1993, l'Etat d'Israël lui décerne le titre de Juste parmi les nations pour ses actions ayant permis le sauvetage de juifs en 1942.

En 2017, la cour centrale du centre Berthelot (ancienne école de santé des armées) est renommée esplanade Général-Pierre-Robert-de-Saint-Vincent en son honneur[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  • Les Justes de France, Mémorial de la Shoah, 2007, p. 190 (ISBN 2-9524409-4-8).
  • Israel Gutman (dir), Dictionnaire des Justes de France, Yad Vashem, Fayard, 2003, p. 494.
  1. Robert de Saint-Vincent, Réclamation du Parlement en faveur des protestants de France, 1787 [lire en ligne].
  2. Alphonse de Beauchamp et Étienne Psaume, Biographie moderne, ou, Galerie historique, civile, militaire…, vol. III, Paris, 1816 [lire en ligne].
  3. Amar, Biographie universelle classique, ou dictionnaire historique portatif…, Paris, Charles Gosselin, libraire-éditeur, 1829 [lire en ligne].
  4. Biographie nouvelle des Contemporains, vol. XVIII.
  5. Le , le Times de Londres et le New York Times évoquent ce refus. - d'après l'article du London Times intitulé « Military Governor of Lyons Dismissed, Refusal to Help in Arrests of Jews » : "General de St Vincent, Military Governor of Lyons, has been dismissed by Laval (states the Fighting French Press Service). On August 28 General de St. Vincent refused to obey Vichy’s order to cooperate in the mass arrests of Jews in the unoccupied zone. He refused to place at the disposal of the authorities for this purpose. He was immediately dismissed from the Army by Laval, and the decree to this effect has already been published in the Vichy official journal. General de St. Vincent was until recently second in command to General Frère". - selon l'article de The New York Times intitulé « Catholics Shelter Children » : "General De Saint-Vincent, military governor of Lyon, was dismissed by M. Laval ... because he refused to place his troops at the disposal of German autorities making mass arrests of Jews in the occupied zone"
  6. Y compris même par des universitaires aussi réputés que l'historien d'Oxford Martin Gilbert, in Les Justes, Les héros méconnus de la Shoah, Calmmann-Lévy 2004, p. 256, l'historien de Columbia Robert O. Paxton, in L'Armée de Vichy, Tallandier, coll. « Points histoire », p. 200, ou l'historien de la Sorbonne Fred Kupferman, in Pierre Laval, Tallandier coll. « Texto », 2016, p. 419-420. Des auteurs de moindre qualité imputèrent même un tel limogeage personnellement au secrétaire d'Etat à la Guerre, le général Bridoux, sans doute pour accréditer un antisémitisme qui, sans doute, leur paraissait manquer à son procès
  7. Jérôme Cordelier, L'espérance est un risque à courir : sur les traces des résistants chrétiens 1939-1945, Calmann-Lévy,
  8. « Le Général Pierre Robert de Saint-Vincent, "Juste parmi les Nations " donne son nom à l'esplanade du CHRD », Le Progrès,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]