Shoah en Biélorussie — Wikipédia

L'Holocauste dans le Reichskommissariat Ostland (comprenant une carte de Biélorussie)

La Shoah en Biélorussie fait référence aux crimes de guerre nazis en Union soviétique pendant l'occupation nazie de la Biélorussie (au sens du territoire contemporain) et contre l'ethnie biélorusse à l'extérieur. La Biélorussie perdit un quart de sa population d'avant-guerre, incluant la majorité de son élite intellectuelle et 90 % de la population juive du pays (voir Histoire des Juifs en Biélorussie). À la suite des batailles d'encerclement, tout l'actuel territoire de Biélorussie fut occupé par les nazis à la fin d'.

L'offensive de l'été 1944 ou opération Bagration ( au ), en chassant la Wehrmacht et ses auxiliaires de Biélorussie, mit fin à l'occupation allemande et à ce régime brutal de déportations, d'esclavage et de tueries.

L'horreur qui arrivait[modifier | modifier le code]

Les nazis avaient imposé un régime brutal de travaux forcés, déportation à quelque 380 000 jeunes pour un esclavage, tuant des centaines de milliers de civils de plus. Au moins 5 285 villages furent détruits et leurs habitants tués (plus de 9 200 villages qui furent incendiés ou détruits autrement pendant la Seconde Guerre mondiale en Biélorussie). 243 villages biélorusses durent incendiés deux fois, 83 villages trois fois et 22 villages furent incendiés quatre fois ou plus, neuf villages quatre fois et plus dans la région de Vitebsk. 92 villages furent incendiés cinq fois ou plus dans la région de Minsk[1]. Plus de 600 villages comme Chatin furent incendiés avec la totalité de leurs habitants[1],[2]. Plus de 209 villes et cités (au moins 270 au total) furent détruites. Himmler avait décrété un plan selon lequel 3/4 de la population biélorusse était vouée à l'« éradication » et 1/4 de population racialement pure (yeux bleus, cheveux clairs) serait autorisée à servir les Allemands comme travailleurs esclaves

Invasion allemande[modifier | modifier le code]

Après l'invasion allemande de l'URSS le (opération Barbarossa), Minsk fut immédiatement sous le feu. La ville fut bombardée les premiers jours de la guerre et prise par les Allemands quatre jours après. Plusieurs usines entières, des musées et des milliers de civils furent évacués vers l'est. Les nazis firent de Minsk le centre administratif du Reichskommisariat Ostland et réprimèrent la population locale. Les communistes et leurs sympathisants furent tués ou emprisonnés. Des milliers furent astreints au travail forcé, à la fois localement et en Allemagne. Les maisons furent expropriées pour loger les forces d'occupation. Des milliers souffrirent de privations car les rations étaient saisies et le travail payé rare. Pendant ce temps, des résidents soutenaient les Allemands, particulièrement dans les premiers temps.

Quelques nationalistes biélorusses souhaitèrent la formation d'un État national sous le protectorat allemand. Le résultat fut la division de la ville.

En 1942, Minsk devint un centre important de partisans soviétiques et du Mouvement de résistance biélorusse contre l'occupation de la Biélorussie. À Minsk fut créé le plus important ghetto de la Seconde Guerre mondiale en Biélorussie : 100 000 Juifs y furent exterminés. Un espace vital de 1,5 mètre carré était alloué à chaque personne, aucun pour les enfants.

Macha Brouskina avec ses camarades partisans avant leur pendaison, Minsk, .

Premières exactions[modifier | modifier le code]

Au matin du , les Allemands entourèrent des milliers de Juifs du Ghetto de Minsk, les forçant à revêtir leurs meilleurs habits, en dérision pour l'anniversaire de la Révolution bolchevique. Ils formèrent les captifs en colonnes, leur donnèrent un drapeau soviétique et leur ordonnèrent de marcher et de chanter des chants révolutionnaires. Les gens étaient forcés de sourire aux caméras qui filmaient la scène. Une fois hors de Minsk, ces 6 624 Juifs furent emmenés en camions au village voisin de Tuchinka et abattus[3].

Dans la partie sud du Voblast de Homiel (actuellement Petrykov, Żytkowicze, Rzeczyca, Szacilkawicze, Turów, Mozyrz, et quelques autres furent annexés au Reichskommissariat Ukraine, furent rattachés au district général de Żytomierz. Après l'occupation d'un territoire (petite-ville, ville ou village, les Allemands tentaient de déterminer avec précision qui était Juif. Habituellement, à cet effet, ils mettaient en place un recensement de la population juive restante.

Nouvelle règles[modifier | modifier le code]

Dans d'autres cas, ils publiaient des décrets spéciaux. Le commissariat du district de Mozyrs expliqua au commissaire Kalinkowicze, qu'il était nécessaire de considérer quiconque qui était né d'un parent juif comme Juif. Il était plus précisément déterminé qu'un baptême chrétien n'y changeait rien et que baptiser des Juifs ou des demi-Juifs était formellement interdit[4].

Ghettoïsation[modifier | modifier le code]

L'étape suivante était de séparer les Juifs et d'établir un ghetto. Vingt ghettos furent établis dans le volbast de Homel, dans lesquels 21 000 personnes furent enfermées. Il y eut quatre ghettos dans la ville de Homel, deux à Żłobin, deux à Korma et un à Rohaczew, Brahiń, Chojniki, Rzeczyca, et autres lieux[5]. À Homel, le ghetto était situé près du district de Monastyrek, là les nazis conduisirent les résidents (800 juifs) dans la partie centrale de la ville. Le second ghetto était situé rue Nowo-Ljubenskaja et abritait 500 juifs, comprenant 97 juifs amené de Łojów. Le troisième était situé rue Bychowskaja. Les Juifs qui vivaient à Nowo-Belica, sur la rive gauche de la rivière Soż furent envoyés dans différents ghettos. En , 200 résidents du ghetto furent transférés à Monastyrek. Les prisonniers des ghettos furent exterminés, mais des exceptions temporaires étaient faites pour les Juifs travailleurs spécialistes. Un ordre de la Brigade SS de cavalerie du déclarait : « Il est normal que les artisans soient temporairement préservés[6] ». Cependant, les ghettos n'étaient pas organisés dans chaque endroit du voblast de Homel. En certains endroits, la population juive était entièrement partie, dans d'autres la population juive fut réinstallée dans de plus grands villages. Des ghettos ne furent pas créés à Brahiń, Vetka, Jouravichi, Komarin, Kopatkevichi, Łojów, Narovlia, Svetilovichi, Uvarovichi, Terehov, Turów, Chojniki, et autres lieux.

La documentation sur les ghettos est rédigée pour ces régions sur la base de sources d'origine russe étant donné que les territoires biélorusses ont été libérés de l'occupation allemande par l'Armée rouge.

Punitions et vexations[modifier | modifier le code]

Quoi qu'il en soit, les hommes de ces endroits furent envoyés aux travaux forcés. Ils étaient soumis à des punitions journalières et les Juifs religieux étaient forcés de raser leur barbe. Certains soldats de la Wehrmacht mirent les Juifs au courant des plans de fusillades massives. À Turów, les sœurs Wainblat, Czasja (15 ans) et Bronja (13 ans) pelaient des pommes de terre pour une cuisine allemande en échange de nourriture. Ilya Goberman se rappelle qu'un soldat autrichien l'avertit que les Allemands étaient en train de liquider tous les Juifs. « Cours vite, autant que tu pourras »[7].

Méthodologie des actions[modifier | modifier le code]

Destruction d'un ghetto[modifier | modifier le code]

La destruction d'un ghetto était planifiée et menée avec minutie. Habituellement elle se faisait en deux étapes.

  1. Les hommes jeunes et robustes étaient choisis et menés hors du ghetto sous prétexte qu'ils devaient accomplir un travail.
  2. Puis ils étaient contraints de creuser une fosse et étaient tués.

C'est de cette façon que les ghettos étaient vidés des gens qui pouvaient résister. Ceci incluait les anciens membres du Parti communiste, les membres des soviets et du Komsomol ou simplement des hommes en bonne santé et parfois des femmes. La partie active du ghetto n'était pas importante, les hommes jeunes en âge d'être conscrits étaient déjà partis vers l'Armée soviétique.

Tueries[modifier | modifier le code]

Les Allemands menèrent les premières tueries en exerçant la force, utilisant des gardes expérimentés et toutes les précautions nécessaires (à Homel, Mozyrz, Kalinkowicze, Korma). La police biélorusse joua un rôle secondaire dans un premier temps des tueries. Le reste des Juifs était écrasé et privés de l'envie de vivre – femmes, enfants et vieillards – furent tués à mains nues par les nazis (à Dobrouch, Tchatchersk , Jytkavitchy). Après cela, la police composée de gens du pays, et en convoi minimal, emmènent les Juifs restants hors du ghetto vers le lieu de leur exécution. Une telle pratique fonctionna bien (sans beaucoup de déploiement de forces), là où la liquidation de juifs fut entreprise, début septembre à octobre-. En hiver 1942, une tactique différente de tuerie fut utilisée –raids à Jlobin, Petryków, Strechin, Tchetchersk. Le rôle de la police auxiliaire biélorusse dans le massacre de Juifs et particulièrement remarquable dans la seconde vague de destructions, débutant en février-. À ce moment, elle avait été convertie en une force plus organisée, alors que les allemands avaient un grand besoin de personnels pour encadrer les exécuteurs et que les besoins en personnel étaient plus importants sur le Front de l'Est. Pendant le processus de l'action, la police locale forçait les Juifs à sortir de leurs maisons, les convoyaient vers un endroit spécifique, les entouraient avec leurs fusils et les abattaient. Après les fusillades de masse, la police faisait des recherches approfondies sur les Juifs cachés et se distinguaient par leur cruauté particulière des Allemands[8].

Au moins 30 000 Juifs furent assassinés en trois jours dans le ghetto de Minsk et des dizaines de milliers furent tués par la suite alors que d'autres Juifs étaient forcés à entrer dans le ghetto. Seule une poignée survécut. Minsk fut repris par les troupes soviétiques pendant l’opération Bagration. Au total, 2 230 000 personnes furent tuées en Biélorussie pendant les trois années de l'occupation allemande[1]. Des estimations récentes on fait monter ce nombre à 3 650 000 plutôt que 2 230 000 précédemment estimé. C'est-à-dire que 1/4 de la population d'avant-guerre périt, voire 40 % (si on considère les frontières actuelles de la Biélorussie)."[9] Presque la totalité, pourtant nombreuse, des Juifs de Biélorussie qui ne s'enfuirent pas fut tuée.

Révoltes[modifier | modifier le code]

Un premier soulèvement de ghetto juif contre les nazis survint en Biélorussie, dans la petite ville de Łachwa.

En , au début de l'occupation allemande d'une partie de l'ouest de l'Union soviétique, Wilhelm Kube fut nommé commissaire-général du Generalbezirk Weißruthenien de Biélorussie avec ses quartiers généraux à Minsk. Dans ce poste, il supervisait l'extermination d'une grande partie de la population juive de cette zone. L'historien Martin Gilbert écrivit que Kube participa aux atrocités le dans le ghetto de Minsk (Ghettos de Biélorussie pendant la Seconde Guerre mondiale). Pendant une recherche dans le ghetto par des policiers allemands et russes, un groupe d'enfants fut saisi et jeté dans des fosses creusées dans des sables profonds pour mourir. « À ce moment, plusieurs officiers SS, parmi lesquels Wilhelm Kube, arrivèrent et Kube, dans son uniforme immaculé, jeta des poignées de bonbons aux enfants hurlants. Tous les enfants périrent dans le sable[10] ». Le , Kube fut assassiné dans son appartement. Sa mort fut causée par une bombe cachée dans une bouteille d'eau chaude qui fut placée dans son lit par sa domestique Yelena Mazanik. En représailles, les SS tuèrent plus de 1 000 citoyens mâles de Minsk, bien que l'on dit que le chef SS Heinrich Himmler déclara que "c'était une bénédiction" car Kube ne soutenait pas les terribles mesures des SS[11]. Mazanik échappa aux représailles et rejoignit les partisans.

Nouvelle organisation[modifier | modifier le code]

Le SS et chef de la police Curt von Gottberg fut promu successivement à la tête des SS et de la police de Biélorussie entre et grâce au soutien d'Himmler. Il fut délégué à la charge de Generalkommissar pour la Biélorussie le , quand Kubel fut tué par une bombe (voir ci-dessus). Von Gottberg développa une nouvelle stratégie en combattant les partisans dans les territoires occupés de l'Union soviétique, montant des opérations agressives contre les bases supposées des partisans (généralement des villages ordinaires). La stratégie de Gottberg semble avoir largement inclus de terroriser les populations civiles. Des régions entières furent déclarées « territoires de bandits » (allemand : Bandengebiet) : les habitants furent expulsés ou tués et les maisons détruites. Gottberg disait dans un ordre « Dans les zones évacuées toutes les personnes sont dans un futur de franc jeu ». Un autre ordre de Gottberg précisait le que « chaque bandit, Juif, Tsigane, est à considérer comme ennemi ». Après la première opération Nürnberg, Gottberg rendit compte le  : « L'ennemi perdit 799 bandits, au moins 300 gangsters présumée et 1 800 juifs […] Nos pertes : 2 morts et 10 blessés. Nous avons eu de la chance ». Les collaborateurs biélorusses participèrent en divers massacres de villageois biélorusses. Plusieurs de ces kollabos firent retraite avec les forces allemandes lors de l'avance de l'Armée rouge et en formèrent la 1re Biélorusse[réf. nécessaire].

Assassinats de masse[modifier | modifier le code]

Actions anti-partisans[modifier | modifier le code]

Massacres[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Cet article a été traduit depuis un certain nombre d'articles de la Wikipédia anglophone ; c'est pourquoi la plupart des références sont en anglais. Il serait évidemment souhaitable de les remplacer par des références en français, quand elles existent.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) « Politique de Génocide », Khatyn.by, SMC "Khatyn", (consulté le )
  2. (en) « Khatyn WWII Memorial in Belarus », Belarusguide.com, (consulté le )
  3. Snyder, Timothy (2011) "Bloodlands: Europe Between Hitler and Stalin". Vintage.p. 226
  4. Gosudarstvenny arkhiv Rossiiskoy Federatsii (State Archive of the Russian Federation, GARF), fond 8114, оpis 1, delo. 965, list 99.
  5. Archives de Yad Vashem (YVA), Jerusalem, collection M-33/476, p. 18.
  6. Rossiiskii Tsentr khranenia i izuchenia dokumentov noveishego vremeni (Russian Center of the Preservation and Study of the documents of the modern time (RTsHIDNI), f. 69, оp. 1, d. 818, l. 142.
  7. Archive of Dr Leonid Smilovitski. Letter from Ilya Goberman in Kiryat Yam (Israël), .
  8. M. Dean. Collaboration in the Holocaust. Crimes of the Local Police in Belorussia and Ukraine, 1941-1944. New York-Londres, 2000, p. 77.
  9. (en) « Partisan Resistance in Belarus during World War II », Belarusguide.com (consulté le )
  10. Gilbert, M : The Holocaust, page 297. Fontana/Collins, 1987.
  11. Reidlinger 1960 p. 157 as quoted in Turonek 1989 p. 118.
  12. Stephen P. Morse, « Antipolia History », sur stevemorse.org (consulté le ).
  13. davidhorodok.netfirms.com

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]