Marseille — Wikipédia

Marseille
De haut en bas et de gauche à droite : la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, les Îles du Frioul, le Palais Longchamp, l'Orange Vélodrome et le Vieux-Port.
Blason de Marseille
Blason
Marseille
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (préfecture)
Département Bouches-du-Rhône
(préfecture)
Arrondissement Marseille
(chef-lieu)
Intercommunalité Métropole d'Aix-Marseille-Provence
(siège)
Maire
Mandat
Benoît Payan (DVG)
2020-2026
Code postal 13001 à 13016 (16 arrondissements)
Code commune 13055 et de 13201 à 13216
Démographie
Gentilé Marseillais, Marseillaise
Population
municipale
873 076 hab. (2021 en augmentation de 1,33 % par rapport à 2015)
Densité 3 628 hab./km2
Population
agglomération
1 625 845 hab. (2021[1])
Géographie
Coordonnées 43° 17′ 47″ nord, 5° 22′ 12″ est
Altitude Min. 0 m
Max. 652 m
Superficie 240,62 km2
Type Commune urbaine et littorale
Unité urbaine Marseille-Aix-en-Provence
(ville-centre)
Aire d'attraction Marseille - Aix-en-Provence
(commune-centre)
Élections
Départementales Bureau centralisateur de douze cantons
Législatives 7 circonscriptions : 1e, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e et 7e
Localisation
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Marseille
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Marseille
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Marseille
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Marseille
Liens
Site web marseille.fr

Marseille[Note 1] (en occitan provençal Marselha[2] ou Marsiho[3]) est une commune française située dans le département des Bouches-du-Rhône (dont elle est la ville-préfecture), chef-lieu de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

C'est la principale ville française du littoral méditerranéen de Provence (Sud-Est de la France).

Plus ancienne ville de France[4] avec Béziers[5], fondée vers 600 av. J.-C. par des marins et des marchands grecs originaires de Phocée (aujourd'hui Foça en Turquie, près d'Izmir) sous le nom de Μασσαλία / Massalía, Marseille est depuis l'Antiquité un important port de commerce et de passage. Elle connaît un essor commercial considérable pendant la période coloniale et plus particulièrement au cours du XIXe siècle, devenant une ville industrielle et négociante prospère[6].

Héritage de ce passé, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) et l'économie maritime constituent actuellement l'un des pôles majeurs de l'activité régionale et nationale[7], et Marseille reste le premier port français, le deuxième port méditerranéen[8] et le cinquième port européen[9]. Sa situation privilégiée en bordure de la Méditerranée permettant l'arrivée de nombreux câbles sous marins fait également de Marseille l'un des 10 principaux hubs de connexion au réseau internet mondial avec une des plus fortes croissances mondiales sur ce secteur[10],[11],[12].

L'ouverture de Marseille sur la mer Méditerranée en fait depuis ses origines une des villes les plus cosmopolites de France, marquée par de nombreux échanges culturels et économiques avec l'Europe du Sud, le Proche-Orient, l'Afrique du Nord et l'Asie. Elle est d'ailleurs souvent considérée, depuis le XVIIe siècle, comme la « Porte de l'Orient » sur le littoral méditerranéen français[13].

En 2021, Marseille est la deuxième ville la plus peuplée de France avec 873 076 habitants. Son unité urbaine, qui s'étend au nord jusqu'à Aix-en-Provence, est la troisième de France avec 1 625 845 habitants, derrière Paris et Lyon. Depuis le , Marseille accueille le siège de la métropole d'Aix-Marseille-Provence, la seconde plus peuplée de France avec 1 911 311 habitants. Son aire d'attraction est, quant à elle, la troisième de France après celles de Paris et Lyon avec 1 888 788 habitants en 2021. Ces chiffres font de Marseille la plus grande ville de Provence, du Midi de la France et de la région linguistique et culturelle d'Occitanie.

Géographie[modifier | modifier le code]

Localisation[modifier | modifier le code]

Marseille vue par le satellite Spot.

Située dans le Sud-Est de la France, en Provence, Marseille est bordée par la Méditerranée à l'ouest et au sud, enserrée par les massifs de l'Estaque et de l'Étoile au nord, le massif du Garlaban à l'est, le massif de Saint-Cyr et le mont Puget au sud-est, le massif de Marseilleveyre au sud.

Par les voies express, Marseille est à 773 km de Paris, 313 km de Lyon, 200 km de Nice, 403 km de Toulouse, 308 km de Grenoble, 475 km de Clermont-Ferrand, 210 km de Monaco, 395 km de Gênes, 372 km de Turin[Note 2], 434 km de Genève et 503 km de Barcelone.

La commune s'étend sur 240,62 km2 pour une densité de 3 608 habitants/km2. Toutefois, en ne tenant compte que de la superficie constructible, soit 150 km2 environ[14], la densité réelle de la ville atteint 5 788 habitants/km2.

La latitude de la ville avait été calculée par le Grec Pythéas, né à Massalia vers 380 avant notre ère, avec une précision remarquable, faisant de Marseille la première ville au monde géolocalisée[15][source insuffisante].

Communes limitrophes[modifier | modifier le code]

Les communes limitrophes sont Allauch, Aubagne, Cassis, La Penne-sur-Huveaune, Les Pennes-Mirabeau, Plan-de-Cuques, Le Rove, Septèmes-les-Vallons et Simiane-Collongue.

Hydrographie[modifier | modifier le code]

L'Huveaune, dans le quartier de Sainte-Marguerite (9e).

L'Huveaune et son affluent le Jarret, presque entièrement recouvert dans la partie urbaine de la ville, sont, avec le ruisseau de la Caravelle qui passe aux Aygalades, les principaux cours d'eau traversant Marseille. L'Huveaune et la Caravelle sont des fleuves côtiers aux débits relativement faibles. Le système hydrographique du bassin de la ville est caractéristique du milieu méditerranéen : le débit d'eau est faible mais ses cours d'eau connaissent des crues importantes en cas de pluie. L'eau est très fortement canalisée, souvent à la source même de ces cours d'eau et irrigue l'ensemble du bassin[16]. Dans le cas des cours d'eau marseillais, ceux-ci sont réalimentés en eau par le trop-plein du canal de Marseille.

Marseille est alimentée en eau potable à 75 % par le canal de Marseille (eaux de la Durance) et à 25 % par le canal de Provence (eaux du Verdon).

Mer[modifier | modifier le code]

Références de hauteur en Europe.

La commune de Marseille a une façade maritime de 57 kilomètres dont 24 kilomètres de calanques et deux petits archipels d'îles et îlots (Riou et Frioul, le premier étant inhabité).

Les calanques s'étendent sur plus de vingt kilomètres de côtes sur la mer Méditerranée entre le village des Goudes, au sud-ouest de la ville et Cassis. C'est un des sites les plus remarquables de France et une zone majeure de ressources naturelles et d'activités sportives. Les calanques comptent un million de visiteurs par an.

À l'issue d'un processus entamé en 1999, un Parc national des Calanques a été créé en 2012[17], afin d'en protéger le patrimoine naturel sur terre et en mer. Il regroupe un territoire de 11 100 hectares sur terre, sur les communes de Marseille, Cassis et La Ciotat et 141 300 hectares en mer[18]. C'est le premier parc national périurbain d'Europe.

Des kitesurfeurs sur les plages du Prado.

Les principales plages sont celles du Prado, des Catalans, de la Pointe-Rouge et la plage du Prophète. Les plages du Prado, officiellement « plages Gaston-Defferre », ont été aménagées par les remblais obtenus par le creusement des tunnels du métro.

En 2019, la ville de Marseille installe des capteurs en vue du réaménagement des plages pour les JO Paris 2024[19].

Marseille compte également près de cent sites de plongée sous-marine[20], les plus renommés étant l'archipel de Riou, celui du Frioul et l'île de Planier.

La marégraphe de Marseille sert de référent altimétrique non seulement pour la France métropolitaine continentale[Note 3], mais aussi pour la Suisse et le Liechtenstein[Note 4].

Sismicité[modifier | modifier le code]

Si la région Provence-Alpes-Côte d'Azur comporte des zones à risques sismiques, en particulier dans les régions de Nice et d'Aix-en-Provence, les risques semblent plus négligeables pour Marseille[21].

Climat[modifier | modifier le code]

Mistral sur l’archipel du Frioul et le château d'If.

Le climat de Marseille est tempéré chaud de type méditerranéen, codé « Csa » selon la classification de Köppen. La ville bénéficie d'une durée exceptionnelle d'ensoleillement, avec plus de 2 800 heures de soleil par année, notamment grâce au mistral, vent de secteur nord, froid et sec qui souffle en moyenne 93 jours par an et qui dégage le ciel. À l'observatoire de Marseille, les précipitations annuelles moyennes sont de 523,2 mm[22] soit une des plus faibles de France avec 52,6 jours de précipitations dépassant 1,0 mm, principalement en automne-hiver. La température moyenne à Marseille est de 15,8 °C[22].

Malgré un climat généralement clément, des épisodes extrêmes sont enregistrés. Ainsi, le thermomètre a atteint −16,8 °C le et 40,6 °C le [23],[24]. Le [25] et le , on a mesuré plus de 10 cm de neige, ce qui a complètement paralysé la ville[Note 5],[26] avec une couche atteignant ou dépassant 30 cm dans certaines communes périphériques comme sur l'aéroport Marseille-Provence à Marignane, avec 29 cm[27][source insuffisante]. Des précipitations diluviennes peuvent se produire à l'automne et provoquer des cumuls records en quelques heures, comme le avec ses 221,5 mm dans la matinée[28],[29] ou plus récemment le double orage du avec 191,4 mm en seulement h[30] ou le méga-orage stationnaire de la nuit du 22 au sur la banlieue nord-ouest de la ville aux Pennes-Mirabeau avec 250 mm[31].

La station météorologique de Météo-France installée sur la commune au Palais Longchamp et mise en service en 1867 permet de connaître en continu l'évolution des indicateurs météorologiques[32]. Le tableau détaillé pour la période 1981-2010 est présenté ci-après.

Statistiques 1981-2010 et records MARSEILLE-OBS (13) - alt : 75 m 43° 18′ 12″ N, 5° 23′ 24″ E
Statistiques établies sur la période 1981-2003 - Records établis sur la période du 01-01-1868 au 04-01-2022
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 4,9 5,1 7,3 9,3 13,1 16,4 19,4 19,1 16,1 13 8,3 6 11,5
Température moyenne (°C) 8,4 8,9 11,6 13,8 17,9 21,3 24,5 24,1 20,7 16,9 11,8 9,3 15,8
Température maximale moyenne (°C) 11,8 12,7 15,9 18,3 22,6 26,2 29,6 29,1 25,2 20,9 15,2 12,5 20
Record de froid (°C)
date du record
−10,5
12.01.1987
−14,3
13.02.1929
−7
07.03.1971
−3
06.04.1911
0
21.05.1952
4,7
16.06.1874
8,5
14.07.1888
8,1
31.08.1918
0
25.09.1880
−3
30.10.1869
−6,9
29.11.1875
−11,4
25.12.1940
−14,3
1929
Record de chaleur (°C)
date du record
21,2
28.01.2002
23,5
28.02.2019
26,1
24.03.2001
28,6
26.04.1893
33,6
29.05.1882
38
26.06.2023
40,6
26.07.1983
38,6
13.08.1922
33,8
06.09.1949
30,9
02.10.1997
24,3
03.11.1970
23,1
04.12.1961
40,6
1983
Précipitations (mm) 51,1 32,1 30,7 51,1 38,7 23,5 7,6 27,9 71,6 78,6 58 52,3 523,2
Source : « Fiche 13055001 » [PDF], sur donneespubliques.meteofrance.fr, édité le : 06/01/2022 dans l'état de la base


Urbanisme[modifier | modifier le code]

Typologie[modifier | modifier le code]

Marseille est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 6],[33],[34],[35]. Elle appartient à l'unité urbaine de Marseille-Aix-en-Provence, une agglomération inter-départementale regroupant 50 communes[36] et 1 625 845 habitants en 2021, dont elle est ville-centre[37],[38].

Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Marseille - Aix-en-Provence, dont elle est la commune-centre[Note 7]. Cette aire, qui regroupe 115 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[39],[40].

La commune, bordée par la mer Méditerranée, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[41]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres[42], ou plus si le plan local d’urbanisme[43] le prévoit.

Occupation des sols[modifier | modifier le code]

L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (56,7 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (51,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (45,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (27,6 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (7,8 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (7,1 %), forêts (6,9 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (1,9 %), mines, décharges et chantiers (1,1 %), zones agricoles hétérogènes (1,1 %), eaux maritimes (0,4 %), eaux continentales[Note 8] (0,1 %)[44]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].

Carte en couleurs présentant l'occupation des sols.
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Vue d'une partie du centre-ville.

Morphologie urbaine[modifier | modifier le code]

Près de la moitié de la superficie communale est en territoire naturel inconstructible et la ville s'étale sur un territoire extrêmement vaste, héritage de la colonisation phocéenne qui organisait la ville entre un centre (les rives du Lacydon) et son terroir (le reste du territoire enserré par les collines entourant Marseille) : Marseille s'étend sur plus de 240,62 km2, ce qui en fait la neuvième commune de la France métropolitaine par sa superficie (2,5 fois plus grande que Paris, 5 fois plus grande que Lyon). Sa densité (3 536 habitants par kilomètre carré) est largement inférieure à des villes entièrement urbanisées telles que Lyon (10 118 hab./km2) ou Paris (21 229 hab./km2), comparable à celle de Toulouse (3 735 hab./km2) ; toutefois si on prend en compte uniquement sa zone habitable (150 km2), sa densité atteint 5 672 hab./km2, ce qui est comparable à Lille (6 533 hab./km2).

Marseille est une ville très accidentée, avec des rues parfois très pentues : le quartier le plus haut de Marseille, Les Trois-Lucs (12e arrondissement), culmine à 242 m d'altitude. Le point le plus élevé du territoire marseillais est le sommet de l'Étoile à 652 m dans le massif du même nom[45].

Longtemps cantonnée au nord de l'actuel Vieux-Port, la ville a fait l'objet d'un premier agrandissement au XVIIe siècle puis se développe au XIXe siècle avec l'essor économique du port. Avec l'expansion de la ville de Marseille, de nombreux villages environnants ont fini par être intégrés à la ville. Aujourd'hui Marseille englobe 111 villages.

Début , l'effondrement de deux immeubles vétustes rue d'Aubagne dans le quartier de Noailles témoigne de la vétusté de l'habitat[46] ; selon un rapport gouvernemental publié en 2015 par Marsactu[47], 100 000 personnes vivent dans des logements insalubres à Marseille[48],[49].

La rue de la République réhabilitée.

Euroméditerranée[modifier | modifier le code]

Depuis 1995, les quartiers d'Arenc et de La Joliette, marqués par leur passé industriel, ainsi que le quartier de la Porte d'Aix, font l'objet d'une des plus importantes rénovations urbaines d'Europe. Parmi les grandes opérations, l'établissement public Euroméditerrannée a permis la rénovation de la rue de la République, des Docks, la construction d'un parc autour de la Porte d'Aix, de plusieurs gratte-ciels aux Quais d'Arenc (dont la tour CMA CGM et la Tour La Marseillaise) ainsi que du MuCEM ouvert en .

L'opération a récemment été étendue à un autre secteur nommé Euroméditerranée 2 vers les quartiers des Crottes et du Canet. Elle prévoit la construction d'une Corniche Nord au-dessus du littoral, d'un pôle multimodal de transport à Gèze, d'un parc le long du ruisseau des Aygalades[50] et de l'extension du tramway vers le nord.

Gestion des déchets[modifier | modifier le code]

La saleté de la ville de Marseille est souvent dénoncée et débattue[51],[52],[53],[54],[55],[56]. Les défaillances du ramassage d'ordures, en particulier, font l'objet de critiques récurrentes, et ont été notamment attribuées au faible nombre d'heures de travail des éboueurs, en raison du système du « fini-parti » qui a été en vigueur pendant une quarantaine d'années, jusqu'en 2014[57],[58]. En , la ville de Marseille a reçu le « balai d'or » qui distingue la ville la plus sale de France après un vote sur internet initié par la chaîne de radio RMC[59],[60],[61].

En février 2024, dans une étude de la Commission européenne, Marseille est classée dans le top 3 des villes les plus sales et moins sûres d'Europe selon ses habitants. Seulement 22 % des habitants interrogés s'estiment satisfaits par la salubrité et l'hygiène[62].

Assainissement[modifier | modifier le code]

Jusqu'en 1987, les eaux usées de Marseille étaient rejetées en mer, dans la calanque de Cortiou, la ville ne s'étant jamais équipée d'une station d'épuration. Lorsque le réseau des égouts de Marseille fut construit à la fin du XIXe siècle, cette solution parut alors la meilleure pour assainir la ville. En outre, à partir des années 1970, la Ville a fait dévier vers la calanque de Cortiou la rivière l'Huveaune, qui était tellement polluée que cela posait des problèmes sanitaires sur les plages du Prado[63].

La station d'épuration des eaux de la métropole, inaugurée en 1987[64] est gérée par le Service d’assainissement Marseille Métropole (Seramm), filiale de Suez, et est équipée depuis 2019 d'une unité de méthanisation qui injecte du biométhane sur le réseau de transport de GRTgaz[65]. Celle-ci a été construite par Suez Infrastructures de Traitements, GTM Sud et Prodeval[66].

Eau potable[modifier | modifier le code]

L'eau potable distribuée à Marseille a plusieurs fois été désignée « meilleure eau de France »[67].

Voies de communication et transports[modifier | modifier le code]

Marseille présente les particularités d'être la ville la plus embouteillée de France (et la 18e mondiale) et d'héberger le principal port français de croisière.

Infrastructures routières[modifier | modifier le code]

Les accès autoroutiers autour de Marseille.

Parmi les 25 communautés d'agglomération françaises de plus de 270 000 habitants, Marseille est celle présentant, pour le transport, le taux de personnes tuées par million d'habitant le plus élevé après la communauté d'agglomérations du Pays basque. Ce taux est de 44 tués par million d'habitants en 2018, alors que certaines villes équipées de métropolitains, comme Paris, Lyon ou Toulouse, présentent une mortalité deux fois moindre respectivement de 15, 20 et 17[68].

Trois autoroutes pénètrent dans Marseille :

L'A50 et l'A55 sont reliées entre elles par les tunnels du Prado-Carénage (à péage), du Vieux-Port et de la Major permettant une traversée de la ville de l'est au nord quasiment sans interruption.

L'A7 (Les Arnavaux) et l’A50 (La Timone) sont reliées par l’A507, ou rocade L2 (un semi-périphérique), ouvert depuis le , après plusieurs décennies de chantier[69].

Les anciennes nationales 8 (route de Marseille) et 113 par lesquelles on accédait à Marseille depuis le nord n'ont plus qu'un intérêt local et ont été déclassées en départementales. Trois autres routes rayonnent à partir de la ville : la D568 (ex-RN568, la route du Rove) au nord-ouest, la D908 (ex-RN8bis) au nord-est et la D559 (ex-RN559) à l'est, route de Cassis par le col de la Gineste. Toutes trois sont sinueuses et ont un profil accidenté, mais sont largement utilisées pour les trajets domicile-travail des habitants des banlieues qu'elles desservent (Côte Bleue, bassin de Valdonne-Fuveau, Cassis).

La circulation routière est un problème majeur. Marseille est la ville française la plus embouteillée (et la 18e mondiale) en 2015[70].

Un problème également majeur est la mortalité routière qui tue entre 72 personnes en 2018 et 101 en 2014[68]. Les accidents constituant eux-mêmes un facteur supplémentaire d'embouteillages.

L'agglomération d'Aix-Marseille-Provence s'illustre particulièrement par une mortalité importante des deux-roues motorisés ; la vingtaine de motards qui se tuent chaque année constitue près de la moitié des tués de l’agglomération[68].

Transports urbains[modifier | modifier le code]

Les transports urbains relèvent de la compétence de la métropole Aix-Marseille-Provence. Ils sont exploités sous la marque La Métropole Mobilité.

Le tramway, mis en service en 2007.
Une rame de métro à la station Saint-Barnabé.

À Marseille, les transports urbains sont historiquement exploités par la Régie des transports métropolitains, établissement public à caractère industriel et commercial, sous tutelle de la métropole.

Bus[modifier | modifier le code]

Marseille compte 119 lignes de bus qui desservent l'ensemble de la ville ainsi qu'Allauch, Plan-de-Cuques et Septèmes-les-Vallons sur un réseau de 950 km. Les parcours et la numérotation des lignes de bus reprennent encore en grande partie celle du réseau de l'ancien tramway de Marseille presque entièrement supprimé à partir des années 1960. Des trolleybus ont circulé à Marseille jusqu'en 2004, où ils ont été remplacés par des bus classiques.

En raison de l'étendue de la ville et des difficultés de circulation, la vitesse moyenne des bus de Marseille est relativement lente, à 12 km/h. Un dispositif de vidéo-verbalisation est mis en place afin de libérer les voies de bus du stationnement et améliorer la fluidité du trafic des autobus[71].

Métro[modifier | modifier le code]

Le réseau de métro comporte deux lignes représentant un total de 21,5 km et 30 stations. La première ligne a été ouverte en 1977, la dernière extension datant de 2019 avec l'ouverture de la station Gèze sur la ligne 2.

Tramway[modifier | modifier le code]

Transbordeur (ferry boat).

Le tramway compte trois lignes totalisant 15,8 km et 40 arrêts. Le réseau a été ouvert en 2007.

Bus à haut niveau de service[modifier | modifier le code]

Trois lignes de bus à haut niveau de service ont été mises en service en 2014 et une autre est prévue[72].

Navette maritime[modifier | modifier le code]

De mars à septembre, un service de navette maritime est mis en place entre le Vieux-Port, la Pointe-Rouge, Les Goudes et le Vieux-Port et L'Estaque. Le transbordeur (ferry boat) permet de traverser le Vieux-Port de l'hôtel de ville à la place aux Huiles. Mis en service en 1880, c'est aujourd'hui principalement une ligne touristique.

Vélos[modifier | modifier le code]

Un système de vélos en libre-service (VLS) « Le vélo » a été mis en place en 2007. Il comporte 130 stations, et 1 000 vélos, situées principalement en centre-ville et au sud-ouest, il fonctionne 24 h/24 depuis 2013. La ville s'est toutefois vu décerner par la Fédération française des usagers de la bicyclette le prix du « Clou Rouillé » en 2013 qui épingle les communes pour les initiatives à ne pas faire en matière d'aménagements cyclables.

Depuis 2011, la ville est régulièrement mise en avant pour le non-respect de la loi LAURE. L'association locale de promotion du vélo comme mode de transport, le Collectif Vélos en Ville a, en effet, intenté et gagné 7 recours au tribunal administratif pour non-respect de cette loi[73] pour des opérations de voirie sur la commune de Marseille.

Institué en 2017, le Baromètre des villes cyclables est une enquête bisannuelle évaluant l'indice de satisfaction des usagers en France, sur une échelle allant de 1 à 6. En 2017, la Ville de Marseille, se classe en “G”, avec une note globale de 1,98, ce qui en fait la ville dernière des 99 plus grandes villes de France. Lors de l’édition de 2019, elle a obtenu la note de 1,96 se retrouvant ainsi dernière des 11 plus grandes villes françaises, mais également dernière des 42 plus grandes villes de France[74].

Gare routière[modifier | modifier le code]

La principale gare routière de Marseille est située à Saint-Charles. Elle est exploitée par la RTM et accueille la majorité des autocars desservant les Bouches-du-Rhône (Cartreize), la région PACA (LER) ou l'Europe (Eurolines et IDBUS) ainsi qu'une navette vers l'aéroport.

Desserte ferroviaire[modifier | modifier le code]

La façade de la gare de Marseille-Saint-Charles.

La gare de Marseille-Saint-Charles, aboutissement de la ligne Paris-Lyon-Marseille, est inaugurée en 1848. La gare devient alors et pendant longtemps le point de passage obligé des voyageurs qui embarquent ensuite vers l'Afrique ou le Moyen-Orient. L'électrification de la ligne est achevée en 1962. L'ouverture de la LGV Sud-Est en 1981 signe l'arrivée du TGV. La ligne est prolongée en 2001 par la LGV Méditerranée, qui met Paris à h 30 min de Marseille. Le , Eurostar a ouvert une ligne Londres-Marseille desservant aussi Avignon et Lyon et mettant ainsi Marseille à h 30 min de Londres. Cette ligne directe n'existe plus en 2020.

La gare Saint-Charles est également le terminus de la ligne de Marseille à Vintimille et accueille le trafic TGV vers l'ouest et le nord de la France, ainsi que celui d'Intercités du sud-ouest via Montpellier et vers la Savoie et la Suisse via Grenoble. Elle est également au cœur du réseau de Transport express régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur (TER) dont la ligne vers Aix-en-Provence a été récemment rénovée et celle vers Toulon est en train d'être triplée.

Dans le cadre du projet de la ligne nouvelle Provence Côte d'Azur destiné à relier Nice à Marseille, la gare de Marseille-Saint-Charles doit faire l'objet de travaux pour construire une nouvelle gare souterraine. À cette occasion, la gare de la Blancarde devrait également être réaménagée pour accueillir une gare TGV et un tunnel devrait être construit entre les deux gares. L'avantage de la gare de la Blancarde est d'être relié au réseau de tramway urbain, contrairement au pôle d'échanges de la gare Saint-Charles.

Marseille compte en réalité onze autres gares ferroviaires sur son territoire urbain, dont les plus importantes sont celles de la Blancarde, de Saint Marcel ou encore celle de L'Estaque.

Lors des élections municipales de 2020, l'idée de créer un RER métropolitain est émise par plusieurs candidats tels que Michèle Rubirola[75], Martine Vassal[76] ou encore Sébastien Barles[77].

En , la métropole Aix-Marseille Provence lance une étude pour mettre en place un schéma directeur de la desserte ferroviaire d'ici 2050 sur tout le territoire de la métropole en lien avec le plan de déplacements urbains dans le but de doubler l'usage des transports en commun. Ce schéma prévoit la création d'un réseau express métropolitain dont un RER qui reste, malgré tout, assez hypothétique. Les conclusions de cette étude sont attendues pour le printemps 2023[78].

Le , le président de la République Emmanuel Macron, lors d'un discours visant à présenter un projet pour redresser la ville, annonce l'accélération de la création d'un RER marseillais pour un coût de 300 millions d'euros dont 115 millions financés par l'État[79],[80].

Desserte aérienne[modifier | modifier le code]

L'aéroport international Marseille-Provence se situe à 25 kilomètres du centre de Marseille, sur la commune de Marignane, au bord de l'étang de Berre. C'est le troisième aéroport de France hors Île-de-France[81].

Son trafic est principalement orienté vers Paris, la Corse, l'Europe, et l'Afrique du Nord. L'ouverture en de l'aérogare MP2 entièrement consacrée aux compagnies à bas prix a permis de développer le nombre de passagers et de destinations, notamment vers l'Europe.

En plus des liaisons vers Montréal et Toronto, une liaison vers New York a été ouverte en 2013.

L'aéroport est desservi par des navettes d'autocars qui le relient à la gare Saint-Charles et à la gare d'Aix-en-Provence TGV et, depuis 2008, par la gare de Vitrolles-Aéroport-Marseille-Provence.

Transport maritime[modifier | modifier le code]

Marseille est l'un des principaux points d'accès à la Corse dans le cadre de la continuité territoriale.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Attestations anciennes[modifier | modifier le code]

  • Μασσαλία (Massalía) (nom grec) au VIe siècle av. J.-C. ;
  • Massilia (nom latin classique) au Ier siècle av. J.-C., vers 45 av. J.-C. (Jules César) ;
  • Massilia Grœcorum (nom latin classique) vers 70 apr. J.-C. (Pline l'Ancien), vers 380 apr. J.-C. (Notice des dignités) ;
  • Masilia (nom latin vulgaire) vers 515 (monnaie de Childebert) ;
  • Masilie (nom latin vulgaire) vers 660 (monnaie de Chidéric II) ;
  • [ex comitatu] Marsiliacense (nom latin) en 950 ;
  • Massilie [Civitas] (latin) en 950 - 977 ;
  • [commune] Marcelie (ancien français) en 1136 ;
  • [commune] Marcellie (ancien français) en 1152 ;
  • Marselha (ancien provençal) en 1234[82] ;
  • [commune de] Marsseille (moyen français) en 1236 (coexistant encore avec le nom latin de 950 qui ne sera abandonné pour l'usage officiel que plusieurs siècles après quand le nouveau français académique deviendra tardivement langue officielle du royaume, puis obligatoire au XIXe siècle pour l'administration civile puis scolaire) ;
  • Macella (ancien provençal) au XIIIe siècle[82] ;
  • Masselha (ancien provençal) en 1302[82] ;*Maselha (nom occitan) en 1390[83],[84] (ce nom conservé encore aujourd'hui en langue provençale mais sans statut officiel).

Aujourd'hui, le nom en provençal moderne est Marselha selon la norme classique[2] ou Marsiho selon la norme mistralienne[3].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Drachme de la cité antique de Massalia où apparaît le début du nom « ΜΑΣΣΑ ».

Le nom de la localité est attesté pour la première fois sous la forme grecque Μασσαλία (Massalía, accent tonique sur le « i »). C'est sous ce nom qu'une ville est fondée par des Grecs venus de Phocée (Φώκαια / Phṓkaia) et qui est toujours la ville de Foça près d'Izmir.

L'origine de ce nom préoccupait déjà des écrivains de l'Antiquité. Ils ont avancé des explications plus ou moins fantaisistes qu'a résumées Antoine de Ruffi, le premier historien de la ville, au XVIIe siècle avec une ironie perceptible[85]. Par exemple Aelius Herodianus a joint les mots μάσσαι, « lier » et ἁλιεύς, « pécheur », pour dire qu'à l'arrivée des Phocéens un pécheur se trouvait sur le rivage pour lier une amarre.

À l'époque moderne on a pensé à deux autres mots μᾶζα et ἅλς. Le second signifie le sel ou une étendue marine salée près de la côte. Le premier vient d'une racine indo-européenne *mak- ou *mag-, « pétrir », et désignait une grosse crêpe d'orge. Il a pris le sens de « masse » mais tardivement[86] et paraît ne pas pouvoir justifier « masse de sel », ce qui constituerait une étymologie isolée. Le double sigma de Μασσαλία fait aussi difficulté puisque le dzêta persiste dans le mot composé μαζαγρέτας, un dérivé désignant un gâteau d'offrande est attesté dans le culte de Dionysos à Phigalie, ce qui pourrait permettre d'évoquer de façon très hypothétique Marseille comme « ville des offrandes », mais plutôt ne le permet pas. Le mot au sens de « masse » a été emprunté par le latin sous la forme du mot massa d'où est venu le mot français.

Entretemps Jean-Joseph-Léandre Bargès (1847) avait proposé une origine celtique : ce nom qui pour les auteurs grecs et dans les anciennes médailles marseillaise se lit Μασσαλία, ce compose de deux mots celtiques dont l'un, mas, voudrait dire « demeure, habitation », et l'autre, Salia, signifierait « Salyens », nom d'une peuplade ligurienne établie sur ce territoire[87].

Les toponymes massa de l'Italie du nord et du centre dont la signification est maison de campagne, tenure[88], de même que le provençal mas[89], sont issus eux, à l'époque du haut Moyen Âge, du latin manere, demeurer, qui a donné aussi plusieurs mots français comme manoir, masure, maison, etc. C'est sans rapport avec le nom grec de Marseille mais a pu faire penser à une étymologie « maison des Salyens », citée par Antoine de Ruffi puis Augustin-Jules-Esprit Fabre.

Il existe en revanche un radical massa retrouvé sur tout le nord de la Méditerranée et remontant à la préhistoire (VIIe-IVe millénaire avant J.-C.) signifiant « source »[90]. Déjà Albert Dauzat a proposé un radical mas- qui désignerait vraisemblablement une « source », suivi d'un suffixe -alia[84] qui peut se retrouver dans le nom de la ville phocéenne Ἀλλαλία ou Ἀλαλίη, Alalia, située en Corse, aujourd'hui Aléria.

Ernest Nègre a repris d'un élément aqueux, c'est-à-dire l'hydronyme Massalia courant en Grèce[91]. Bénédicte et Jean-Jacques Fénié, qualifient le nom Massalia de ligure[92].

À l'époque romaine, Massalia devient Massilia (avec déplacement de l'accent tonique sur le premier i)[93][source insuffisante]. Ensuite, peu à peu à l'époque médiévale, Massilia s'altère en Marsilia dans les textes, mais coexiste avec une forme locale encore attestée en 1390 Maselha. L'altération Mas(s)- > Mars- résulte sans doute d'un hypercorrectisme savant par analogie avec les nombreux types toponymiques en Marsil-, Marseil-, tels que Marsillargues (Hérault, Marcianicus vers 1031) ; Marseillan (Hérault, de Marcelliano 1098)[94]etc., pour lesquels le groupe /rs/ s'est précisément simplifié en /ss/ en provençal par assimilation du [r]. C'est pourquoi on trouve aussi Massillargues-Attuech (Gard) et Massilhan, nom occitan de Marseillan par exemple. Ils sont généralement basés sur l'anthroponyme Marcellus> Marcel sans rapport avec l'étymologie de Marseille. Cf. aussi le français massepain, anciennement marcepain, issu de l'italien marzapane.

Aujourd'hui, le nom en provençal moderne est Marselha selon la norme classique ou Marsiho selon la norme mistralienne. La prononciation est [maʀˈsejɔ] ou [maʀˈsijɔ].

On appelle la ville Marsiglia en italien, Marsella en catalan et en espagnol, Marselha en portugais, Marseilles ou Marseille en anglais, on l'a appelé Massilien autrefois en allemand mais Marseille de nos jours et enfin مرسيليا (Marsilya) en arabe, où le mot arabe marsa veut dire « port ». Pendant la Convention, en punition de son implication dans le mouvement fédéraliste, Marseille est temporairement débaptisée : du au , elle est officiellement nommée la « ville-sans-nom » et ainsi désignée[95],[96],[97].

Histoire[modifier | modifier le code]

Préhistoire[modifier | modifier le code]

Les premiers vestiges de présence humaine dans le bassin Marseillais remontent à environ 60 000 av. J.-C. (paléolithique moyen)[98]. Au paléolithique supérieur la grotte Cosquer, alors non immergée, est occupée entre 27 000 et 19 000 avant le présent. Des fragments de poterie retrouvés sur la rive sud du Vieux-Port attestent de l'occupation humaine du site au IIIe et IIe siècles avant notre ère[99].

Au paléolithique, des populations ont vécu sur cet espace, en témoigne la présence d'un habitat sur un flanc des collines jouxtant le Riaux (cours d'eau). On y consommait des fruits de mer, les produits de la chasse et de la cueillette (les grottes, nombreuses, et les oppida environnants sont dignes d’intérêt à l'Estaque comme à Martigues, sur le site de la Cloche, ou encore de Verduron).

Les falaises et grottes étaient occupées autour du lit du Riaux (cours d'eau), des vestiges retrouvés aux XIXe et XXe siècles y prouvent une activité humaine datant du Magdalénien, soit entre −17 000 et −10 000 ans, période des chasseurs-cueilleurs.

Vers 10 000 av. J.-C. se termine la dernière période glaciaire : le gibier migrant vers les régions plus froides, les chasseurs-cueilleurs du pourtour méditerranéen laissent place à des groupes de pêcheurs qui se sédentarisent[100].

La trace la plus ancienne de présence humaine sur l'actuel site habitable de la ville de Marseille remonte au Mésolithique. Seule une fouille atteste d'une occupation à cette période : la découverte et la mise au jour, en [101], d'aménagements relatifs à un habitat néolithique qui remonte à 6 000 avant notre ère, près de la gare Saint-Charles, autour de la rue Bernard du Bois[102]. On y a trouvé des silex taillés et un nombre important de coquillages marins[103].

D'autres vestiges datant du néolithique (période d'agriculture et élevage) ont été retrouvées par Max Escalon de Fonton dans les grottes de L'Estaque durant les années 1940 : une céramique décorée (datée de −6 000) ainsi que la sépulture d'un adolescent en position repliée[104]. À proximité, dans la grotte Crispine du quartier Les Riaux furent retrouvés un foyer, des poteries néolithiques en terre noire, des petits grattoirs et de nombreux coprolithes de canidés (excréments fossiles)[105].

Antiquité[modifier | modifier le code]

Massalia, cité grecque[modifier | modifier le code]

La topographie première du site de la cité grecque est encore largement perceptible de nos jours, malgré les importantes modifications du XIXe siècle. Promontoire entouré par la mer, le site est dominé par trois buttes successives : la butte Saint-Laurent (26 mètres d'altitude en 1840), la butte des Moulins (42 mètres) et la butte des Carmes (environ 40 mètres)[106].

Fondation de la ville : la légende de Gyptis et Protis[modifier | modifier le code]
Colonie grecque à Marseille. Peinture de Pierre Puvis de Chavannes (1869).

La fondation de Marseille, qui remonte aux environs de , est le fait de colons grecs venus de Phocée[107], (aujourd'hui Foça en Turquie) ; ce peuplement fut notamment favorisé par les Phocéens fuyant les invasions perses en [107].

Les conditions exactes sont inconnues. Le mythe fondateur de Marseille rapportée par deux auteurs antiques : Justin et Aristote.

D'après Justin, le territoire qui forme aujourd'hui Marseille était occupé par une tribu des Ligures, celle des Ségobriges, qui se serait implantée vers l'actuelle Allauch. Deux navarques grecs, Protis et Simos, arrivèrent avec leur flotte pour établir une base commerciale dans le port naturel du Lacydon et participer au commerce de l'étain et de l'ambre. Le jour de l'arrivée des Grecs, le chef de la tribu ligure, Nanos, organisa un festin au cours duquel sa fille Gyptis avait à choisir son époux en lui tendant une coupe d'eau. Les Grecs furent invités à se joindre au banquet et le jeune chef de ceux-ci, Protis, fut choisi, scellant ainsi la fondation d'une nouvelle cité qu'il érigea sur les bords de la corne du Lacydon[108].

La date de cette rencontre fondatrice donnée par différents auteurs antiques[Note 9],[107] est , avec des variantes.

Si la plupart des éléments du récit relèvent de la légende, les découvertes archéologiques[Note 10],[107] corroborent la présence de colons phocéens dans la baie du Lacydon au VIe siècle avant notre ère.

Ce mythe pourrait être cependant contredit par l'interprétation de fouilles récentes sur le site de l'oppidum de Saint-Blaise. En effet, selon Jean Chausserie-Laprée, conservateur en chef du patrimoine de la Ville de Martigues, les découvertes archéologiques publiées en 2019 pourraient indiquer que cet oppidum, situé sur l'embouchure du Rhône, à une cinquantaine de kilomètres du port antique de Marseille, était la capitale des Ségobriges, et que les Phocéens avaient donc rencontré les Gaulois et installé leur première forteresse là-bas, avant de fonder Marseille[109],[110],[111].

Évolution de Massalia[modifier | modifier le code]

Les fouilles archéologiques ont révélé les vestiges des premières traces de l'habitat grec directement au contact d'un sol vierge sur la partie la plus occidentale de la butte Saint-Laurent. Très vite la ville s'agrandit et s'étend jusqu'au versant oriental de la butte des Moulins. Enfin, elle englobe la troisième butte (des Carmes) avant la fin du VIe siècle av. J.-C. Une dernière extension à l'époque hellénistique lui permet d'atteindre une surface d'environ 50 hectares, que la ville ne dépassera plus avant le XVIIe siècle.

Le jardin des Vestiges, découvert en 1967 durant des travaux de construction du Centre Bourse sur l'emplacement du premier port de la ville antique.

La fortification grecque de la fin du VIe siècle av. J.-C. a été retrouvée en deux points de la ville : au jardin des Vestiges et sur la butte des Carmes, lors de fouilles d'urgence dans les années 1980. Une reconstruction a lieu à l'époque grecque classique, dans la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. et, vers le milieu du IIe siècle av. J.-C., l'ensemble de la fortification est reconstruite en grand appareil de calcaire rose. Ce rempart est encore visible dans le jardin des Vestiges[112].

L'intérieur de la ville est découpé en îlots, avec des rues à angle droit qui constituent des ensembles cohérents, adaptés à la topographie naturelle du site. Ainsi le long du rivage les voies ont-elles des axes changeants, tandis que les pentes de buttes sont quadrillées de façon régulière[113].

À l'extérieur des murs, les fouilles récentes ont mis en évidence une cadastration établie dès la fin du VIe siècle av. J.-C., ainsi que l'exploitation de carrières d'argile qui se trouvait abondamment dans le substrat géologique (site de l'Alcazar) ; par la suite se développe au même emplacement une culture de la vigne et probablement d'autres plantations[114]. Les nécropoles sont connues soit par des découvertes anciennes soit par la fouille, en 1990, du parc Sainte-Barbe[115].

La Marseille grecque connaît une forte croissance et devient une cité prospère, vivant des relations commerciales fortes avec la Grèce, l'Égypte, l'Asie Mineure puis Rome. La ville est indépendante et s'administre librement : elle est gouvernée par un directoire de 15 « premiers » choisis parmi 600 sénateurs (Strabon, IV, 1,5). Trois d’entre eux avaient la prééminence et l’essentiel du pouvoir exécutif.

Marseille est le point de départ de la diffusion de l'écriture chez les peuples gaulois, qui ont appris à transcrire leur propre langue en caractères grecs et à rédiger leurs propres actes en grec[116]. C'est aussi probablement par Marseille que sont introduits en Gaule les premiers vignobles[117].

Marseille est alors cernée par une ceinture d'oppida dont on ne peut déterminer si certains faisaient fonction de protection contre ceux plus au nord, même si l'hypothèse a été avancée par François Villard : il ne semble pas y avoir de liens d'appartenance, sauf pour les Mayans dont la structure fait penser qu'il abritait une garnison, vraisemblablement grecque. Les échanges sont nombreux avec eux comme en témoignent les monnaies retrouvées sur le site du Baou Roux, de l'autre côté de l'Étoile.

On relève :

  • sur le Garlaban[118] : Colline du Château, Peynaou, Ruissatel, le Bec Cornu, le Baou des Gouttes, les Gavots,
  • sur le Regagnas : Le Tonneau, Saint Jacques, Baou de la Gache
  • sur l'Étoile : la Cride, la Tête de l'Ost[119], le Baou Roux, les Mayans (Camp Jussiou), Le baou de Saint Marcel et le Collet Redon sur le versant sud est[120]
  • sur la chaîne de l'Estaque : le Verduron (Camp Long?), Teste Negre, la Cloche, suivi par d'autres clairement indépendants et aussi anciens sinon plus, jusque Martigues et au-delà.

Cité romaine de Massilia[modifier | modifier le code]

Au début de la deuxième guerre punique, Scipion est envoyé par Rome pour protéger Massilia, citée alliée, cible supposée de Hannibal qu'il pense trouver vers les Pyrénées, et bloquer ainsi son passage par la côte. Hannibal, n'a pas réussi à mettre les tribus gauloises de son côté et ses troupes sont attaquées depuis la péninsule ibérique, mais il est déjà plus au nord. Les tribus de la région de Massilia, future Provincia, alliées de Rome, sont évitées vers le milieu du mois d’août Ce sont 38 000 fantassins, 8 000 cavaliers et 37 éléphants qui auraient pu assiéger Massilia qui passent le Rhône à quatre jours de marche au nord de Marseille, soit à la hauteur du village actuel de Caderousse. Quand Scipion comprend son erreur, il laisse ses troupes continuer sur l'Ibérie mais revient pour préparer les légions dans la plaine du Pô. Massilia est épargnée.

En , les Massaliotes phocéens et leurs alliés helléno-celtes Cavares de la région de Cavaillon-Avignon-Orange appellent Rome au secours contre les pirates Ligures.

Au cours du IIIe siècle av. J.-C., Marseille se retrouve confrontée à la puissance grandissante de ses voisins gaulois, en particulier des Salyens. Pour faire face à leur menace, la cité fait encore appel à son alliée Rome, devenue la grande puissance méditerranéenne.

La conquête réelle ne commence qu'en , avec la campagne militaire du proconsul romain Gaius Sextius Calvinus, qui voit raser une partie des oppidda au nord de Massilia. Mais la province ne reçoit cependant son statut officiel qu'après le passage de Pompée dans les années Une colonie devant concurrencer Massillia, Aquae Sextiae (Aix), est fondée en .

Cliente de Jules César et de Pompée, Marseille refuse en de prendre parti dans la guerre civile de César, tout en accueillant les émissaires de Pompée. Battue en mer et assiégée par trois légions pendant deux mois par César puis par son légat Caius Trebonius, la ville est prise (Commentaires sur la guerre civile, livre I, 34-36, etc.), privée de ses colonies et doit se soumettre à Rome. Les Romains la rattachent à la province Narbonnaise. Le reste des oppida subsistant est alors vraisemblablement rasé (oppidum de La Cloche). À l'époque d'Auguste, la ville connaît une nouvelle grande phase de construction. L'agora-forum est reconstruit comme en témoignent les fragments de dallages découverts par Fernand Benoit au sud des Caves de Saint-Sauveur. Le forum est bordé à l'ouest par un autre grand édifice, le théâtre, dont quelques gradins ont été conservés jusqu'à nos jours dans l'enceinte du collège du Vieux-Port[121]. Des thermes sont installés le long du port : les vestiges, remontés sur la place Villeneuve-Bargemon, sont aujourd'hui visibles quasiment à leur emplacement d'origine derrière l'hôtel de Ville[122].

Pendant le Haut Empire, la zone portuaire est considérable[123] : elle s'étend sur la rive nord de la calanque du Lacydon, en suit la corne du port (Jardin des Vestiges) dont le quai est reconstruit à l'époque flavienne, et se prolonge au fond du Vieux-Port actuel. Dans cette zone, les fouilles de la place Général-de-Gaulle ont dégagé une grande esplanade empierrée qui peut correspondre à des salines aménagées. De nombreux entrepôts à dolia sont connus ; une partie de l'un d'entre eux a été conservée en rez-de-chaussée du Musée des docks romains.

Puis, durant le Bas Empire, la ville semble décliner légèrement au profit vraisemblablement d'Arles.

Arrivée des premiers chrétiens[modifier | modifier le code]

Le Haut Empire, voit l'arrivée des premiers chrétiens au Ier siècle dans la région comme l'illustrent certaine légendes (Les Saintes Maries, la Sainte Baume). Ils essaiment alors dans la région et fondent des ermitages, des monastères et des églises. Au cours des siècles suivants, de nombreux ermites occuperont les nombreuses grottes-ermitage des massifs entourant Marseille. Dès lors, leur présence influence fortement le paysage et la toponymie, la vie même des marseillais jusqu'à aujourd'hui (Notre-Dame de la Garde : la Bonne Mère).

Les Wisigoths s'installent en Aquitaine dès 418, puis en Provence. Ils sont ariens et s'opposent aux dogmes de l'incarnation (Jésus-Christ divinisé) et de la trinité (Père-Fils-Saint-Esprit). Lorsque le roi des Francs Clovis, qui a opte vers 496 pour le christianisme nicéen[124], conquiert la région, celle-ci le suit. Ses habitants rejoignent le catholicisme.

Antiquité tardive[modifier | modifier le code]

Marseille se développe à nouveau à partir du Ve siècle de notre ère. À l'intérieur de la ville, la construction d'une première grande cathédrale de Marseille marque la puissance de l'évêque, probablement Proculus, qui tient à rivaliser avec Arles. Deux basiliques funéraires ont été retrouvées en fouille[125]. L'une, hypothétique, fouillée pour moitié dans l'emprise des immeubles du cours Belsunce par J. et Y. Rigoir en 1959 et par G. Bertucchi dans la construction du Centre Bourse en 1974. La seconde est clairement attestée par la fouille de M. Moliner, rue Malaval (2003-2004), avec la découverte d'une memoria intacte sous le chœur[126].

Le Ve siècle voit aussi la fondation de l'abbaye Saint-Victor de Marseille par Jean Cassien.

Sur la corne du port, comblée, se développe un habitat dont on retrouve la trace, hors les murs, jusqu'à l'actuelle bibliothèque de l'Alcazar (fouille M. Bouiron). Sur ce site, on a pu mettre en évidence une continuité directe avec les constructions romaines ; un groupe de bâtiments se développe progressivement entre le Ve siècle et le VIIe siècle, avec dans un dernier état, un vaste bâtiment de type entrepôt. Les bâtiments sont abandonnés au début du VIIIe siècle[127].

La vitalité du commerce est perceptible par les découvertes de productions céramiques venant de toute la Méditerranée, témoins privilégiés des marchandises qui affluent à Marseille durant la période ostrogothique et mérovingienne. Puis, prise dans les remous des conflits entre rois francs, la ville semble perdre de son importance à partir de la reprise en main de la Provence par Charles Martel et le pillage de la ville qui l'accompagne.

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Haut Moyen Âge et Moyen Âge central[modifier | modifier le code]

Marseille est pillée par les Sarrasins en 838, des razzias faisant suite à la conquête musulmane de la péninsule ibérique. D'autres pillages ont eu lieu, par des pirates grecs en 848[128].

En 904, l'abbaye Saint-Victor se voit dotée de la rive sud du port par le roi de Provence Louis l'Aveugle. L'époque reste incertaine, avec les démêlés des derniers carolingiens tout entiers tournés vers l'Italie et n'hésitant pas à traiter avec les Sarrasins lorsque leurs ambitions le nécessitent. Ces derniers en 923 dévastent le monastère de Saint-Victor et le territoire marseillais. À partir du milieu du Xe siècle, la situation se stabilise. Le comte de Provence choisit un frère de l'évêque Honorat de Marseille, fils de Arlulfe de Marseille, Guillaume, comme vicomte de Marseille. Ses descendants seront pendant plusieurs générations soit évêque soit vicomtes de Marseille.

La topographie de l'époque est difficilement perceptible[129]. Il existe une fortification réduite sur le sommet de la butte Saint-Laurent, c'est le château Babon (castrum Babonis) des textes du XIIe siècle. Le nom de Babon fait référence à un évêque, mentionné à propos d'un polyptyque perdu de l'abbaye de Saint-Sauveur et qui pourrait avoir exercé au cours du IXe siècle. La délimitation de cette enceinte est difficile car cette fortification a déjà pratiquement disparu à la fin du XIVe siècle et aucun vestige n'en est connu. Englobant une partie de la ville haute appartenant à l'évêque, elle devait contenir la zone du fort Saint-Jean et arriver jusqu'à la rue Fontaine-des-Vents, au voisinage de l'actuelle place de Lenche.

M. Bouiron a mis en évidence, au contact de cette fortification, un deuxième ensemble fortifié centré autour de la Major, le bourg de la Major qui contient une partie de la butte des Moulins.

« Voyage de Marie Madeleine à Marseille » réalisée par Giotto di Bondone en 1320 dans l'Église du couvent St François (Chapelle Sainte-Madeleine) à Assise (Italie).

Passé l'an mille, Marseille se révèle à nouveau un port florissant qui participe aux Croisades. Les Marseillais sont présents en Afrique du Nord et possèdent un quartier à Saint-Jean-d'Acre. Si la prise de cette dernière met un terme à l'aventure en Terre sainte, leur présence est largement attestée en Méditerranée tout au long du Moyen Âge.

De nombreux conflits émaillent par ailleurs l'histoire entre les comtes de Provence et Marseille, qui jouit d'une certaine indépendance commerciale :

Puis Charles Ier d'Anjou, devenu comte de Provence, fait perdre à Marseille son autonomie en 1257 avec les Chapitres de paix[130]. L'indépendance économique et politique de Marseille par rapport à la France perdure jusqu'à la Révolution française, quand la Provence est définitivement et complètement annexée par la France, mais le processus avait commencé progressivement à partir du XVIe siècle quand le comté de Provence devient un co-état associé au royaume de France ("comme un principal à un autre principal") sous la souveraineté commune, mais séparée, du roi de France qui ne règne en Provence qu'en tant que Compte de Provence avec obligation de respecter l'indépendance provençale garantie par la Constitution provençale, que le roi a signée en 1486.

Bas Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Marseille en 1575.

La ville est touchée par la peste noire en 1347. En 1423, la prise de la ville par les Catalans et la destruction qui s'ensuit occasionnent un profond déclin à la fin du Moyen Âge.

Le , le comte de Provence René d'Anjou, qui a succédé à son frère Louis III d'Anjou comme roi de Sicile et duc d’Anjou, arrive à Marseille et favorise par des privilèges le relèvement de la ville, qu'il considère comme une base maritime stratégique pour reconquérir son royaume de Sicile.

Les Marseillais, en contrepartie, se chargent de la reconstruction des remparts. Le roi René, qui souhaite équiper l'entrée du port d'une solide défense, décide de faire construire sur les ruines de l’ancienne tour Maubert, une nouvelle tour plus importante. Jean Pardo, ingénieur, en conçoit les plans et Jehan Robert, maçon de Tarascon, exécute les travaux. Cette construction s’échelonne de 1447 à 1453. Le roi fait édifier les fondations du piédestal, puis les travaux sont suspendus faute de crédits et c’est finalement grâce à l’aide des habitants de Marseille et notamment de la corporation des pêcheurs qu’ils peuvent reprendre. Cette tour, dite tour du roi René, sera englobée au XVIIe siècle dans le fort Saint-Jean construit sur ordre de Louis XIV.

En 1516, François Ier, en pèlerinage dans la région, est attiré par la curiosité de voir un rhinocéros (cet animal est un cadeau du roi du Portugal Manuel Ier au pape Léon X, le navire faisant escale sur l'île d'If). François Ier rend une visite à la ville et en profite pour en étudier la situation géographique et estime alors qu'elle manque de défense.

En 1524, après la défaite de Pavie, l'armée française quitte l'Italie, poursuivie par ses ennemis et leurs alliés. L'armée du Saint-Empire romain germanique pille les environs et assiège Marseille. La ville résiste et permet à l'armée française de se réorganiser et de contraindre l'armée du Saint-Empire de retourner sur ses terres. La prise de la ville est évitée de peu et rend encore plus évidente la nécessité de renforcer les défenses de la ville. François Ier ordonne la construction de deux forts royaux, l'un sur l'île d'If et l'autre, à Notre-Dame-de-la-Garde. Il fait ainsi bâtir le château d'If entre 1526 et 1529 et fait ériger un rempart en pierre à Notre-Dame de la Garde. En 1536, les travaux de Notre-Dame-de-la-Garde sont achevés, à temps pour défendre la ville contre les troupes de Charles Quint, qui est lui aussi repoussé.

Les Templiers et les Hospitaliers[modifier | modifier le code]

Les ordres militaires, ordre du Temple et ordre de Saint-Jean de Jérusalem, apparaissent à Marseille à la fin du XIIe siècle, leur installation étant liée au développement des relations commerciales du port avec l’Orient[131]. Les deux commanderies sont situées chacune à une extrémité du port de Marseille, celle des Templiers se trouvait à l'emplacement de l'actuelle église des Augustins en bordure du « barri vieux » prés de la platea Templi, là où était vendues les céréales importées et du plan Fourmiguier où était radoubés les navires. Les Hospitaliers étaient à l'entrée du port où se situe aujourd'hui le fort Saint-Jean[132],[133].

L'ordre du Temple était présent vers 1171 lorsque le pape Alexandre III prend sous sa protection leur église. Les Templiers disposaient d'une chapelle et d'un embarcadère sur les îles du Frioul[133].

La commanderie des Hospitaliers est construite sous les murailles du château Babon[134]. Elle est mentionnée dès 1178[135]. En 1202 le pape Innocent III accorde aux Hospitaliers des droits de sépulture, ce qui entraîne un conflit avec l’église des Accoules. À cette époque la commanderie a une grande influence, d'où le souhait du comte de Provence, Alphonse II de Provence d'y être enterré[134].

En 1216, le vicomte Uc de Baux permet aux Templiers et aux Hospitaliers d'assurer le transport des pèlerins et des marchands vers l'Espagne et l'Outre-mer. Puis un accord, avec la commune de Marseille datant de 1233, permet aux frères templiers et hospitaliers, d'envoyer en Syrie deux navires par an avec mille cinq cents passagers par navire[133]. Des registres notariés du milieu du XIIIe siècle indiquent qu'au moins trois navires templiers et trois hospitaliers plus des navires nolisés partaient de Marseille pour Gênes, Chypre et Saint-Jean-d'Acre[133].

Lors de l'accord entre Foulques de Villaret, Jacques de Molay et Clément V sur un nouveau passage en Terre sainte, les Hospitaliers restent seuls en lice après l'arrestation des Templiers. À l'automne 1309, Ramon d'Empúries, amiral de l'Ordre, passait de nombreux contrats pour l'armement, le ravitaillement et le transport de soldats tandis que le grand maître de l'Hospital fit construire seize galées à Marseille. Au XIVe et au XVe siècle les Hospitaliers affrétaient des navires pour des liaisons régulières avec Rhodes[133].

Au début du XIIIe siècle, les Hospitaliers construisent une église à nef unique, dénommée église Saint-Jean, à proximité de l'église Saint-Laurent. Elle est englobée au cours du XVIe siècle à l'intérieur des remparts du fort Saint-Jean.

Au milieu du XIVe siècle, les Hospitaliers font construire un nouveau bâtiment contigu à la tour Saint-Jean (actuellement tour du roi René) en bordure de la passe et appelé par la suite palais du commandeur. C'est dans ce palais que sont reçus les cardinaux de la suite papale lors de la venue d'Urbain V à Marseille en 1365[136].

Le , Louis XIV entre dans Marseille par une brèche ouverte dans les remparts et il décide de la construction de deux ouvrages à l'entrée du port : au sud la citadelle Saint-Nicolas et au nord le fort Saint-Jean dont l'enceinte s’appuiera sur la commanderie hospitalière avec la tour du roi René et englobera la tour du fanal. La citadelle Saint-Nicolas est mis en chantier rapidement tandis que la construction du fort Saint-Jean est plus lente car elle nécessite le départ des Hospitaliers. Après transformation au XVIIe siècle ce palais devient une des plus belles demeures de la ville, la seule susceptible de loger princes et personnes de haute qualité[137].

XVIe et XVIIe siècles : la ville rebelle[modifier | modifier le code]

Charles de Casaulx, qui contrôle la ville de 1591 à son assassinat en 1596.
Marseille, gravure de Martin Martini 1602.

Lors des guerres de Religion, Marseille parvient dans un premier temps à se tenir à l'écart des conflits et accueille de nombreux réfugiés des combats. Elle adhère toutefois à la Ligue catholique en 1589. À la mort d'Henri III, Marseille refuse de reconnaître son successeur Henri de Navarre : « une gigantesque procession menée par les consuls se [rend] à la porte Réale » et érige une croix en signe de défiance de la « première [ville] christianisée du royaume. »[138].

En , le meneur des ligueurs radicaux, Charles de Casaulx, est élu premier consul. À l'automne 1592, le Conseil de ville rejette l'autorité du Parlement d'Aix et déclare ne plus obéir qu'à l'autorité du duc de Mayenne, chef de la Ligue. Casaulx prend alors des initiatives menant la ville sur la voie de l'indépendance : construction d'un fort à l'entrée du port, rétablissement d'un grenier à sel et affranchissement de la gabelle, création d'une imprimerie. En , Henri de Navarre abjure la foi protestante ; il est reconnu roi par le pape puis, en par le duc de Mayenne. Seule Marseille refuse de se soumettre et Casaulx demande l'aide de Philippe II d'Espagne. Le , des troupes françaises se massent devant les remparts de la ville ; alors qu'il accourt sur place, Casaulx est assassiné par Pierre de Libertat, qui fait ensuite ouvrir les portes de la ville. En apprenant la réduction de la ville, Henri IV aurait dit : « C'est maintenant que je suis roi de France[138]. »

Marseille continue toutefois dans les années qui suivent à contester le pouvoir royal. En 1615, la population attaque le bureau de perception de la taxe foraine, tuant les commis et brûlant les registres. En 1634, une émeute de pêcheurs conteste la hausse du sel. En 1635, puis en 1644, des habitants se révoltent contre de nouveaux règlements royaux concernant les monnaies. En 1652, profitant de la Fronde aixoise, les Marseillais prennent les péages de Bouc-Bel-Air, d'Aubagne et des Pennes. En 1659, un émissaire du roi est pris à partie par la foule et mis en pièces[139].

Louis XIV se rend alors sur place pour mettre fin aux troubles. En 1660, établi à Aix, il annonce que Marseille sera soumise à une occupation militaire et que les institutions municipales seront complètement réformées. La porte Réale, devant laquelle les comtes de Provence (que sont les rois de France depuis 1486) devaient jurer de respecter les libertés de la ville avant d'y pénétrer, est abattue. Pour surveiller la ville, le fort Saint-Jean et le fort Saint-Nicolas sont construits à l'entrée du port. Le , Louis XIV fait symboliquement son entrée dans Marseille par une brèche ouverte dans les remparts, comme si la ville était conquise[139].

XVIIe et XVIIIe siècles : l'essor commercial[modifier | modifier le code]

Plan de Marseille en 1720.
L'Entrée du port de Marseille, 1754 par Claude Joseph Vernet.
Plan de Marseille de 1830 par Philippe Matheron.
L'Embarquement du corps expéditionnaire
1756 par Jean-Joseph Kapeller,
Musée des Beaux-Arts de Marseille.

Si Marseille a pratiquement ignoré la Renaissance, elle se transforme à partir du XVIIe siècle, entre esprit classique et baroque, sous l'influence notamment de Pierre Puget[140]. Après la soumission de la ville par Louis XIV, l'agrandissement en est décidé. Pour la première fois depuis l'Antiquité, Marseille s'étend au-delà de ses murailles médiévales. Le Cours (renommé Cours Belsunce en 1852[141]), axe principal des nouveaux quartiers, est construit en 1670.

En , Jean-Baptiste Colbert fait de Marseille un port franc, supprimant la quasi-totalité des droits. En 1685, un édit interdit aux marchandises du Levant d'entrer dans le royaume par un autre port que Marseille, qui se retrouve ainsi en situation de monopole. La Chambre de commerce, la plus ancienne de France, fondée en 1599, reçoit la gestion du commerce français avec le Levant et la Barbarie. Ces dispositions attirent une nouvelle prospérité grâce au commerce méditerranéen. À partir de 1700, Marseille se lance dans le commerce océanique, d'abord dans le trafic d'argent avec l'Amérique du Sud, puis des alcools, sucre et café avec les Antilles[142].

L’Embarquement du corps expéditionnaire de Minorque par Jean-Joseph Kapeller, peint en 1756, montre avec une grande précision les façades de l'Arsenal des galères à gauche et de l'hôtel de ville à droite. La tour du Fort Saint-Jean se dresse au centre et au fond, à la sortie du grand bassin.

À la fin du XVIIIe siècle, Marseille est le premier port de Méditerranée occidentale, devant Gênes. Si la peste de 1720 porte un rude coup à la démographie de la ville (38 000 victimes sur 75 000 habitants)[143], celle-ci se rétablit vite et atteint son niveau d'avant la peste dès 1730[142].

En dehors de la cité, le terroir marseillais, comprenant une cinquantaine de villages et de riches familles exploitantes agricoles, profite de cette prospérité. La principale richesse du terroir est le vin, qui est vendu en ville où aucun vin étranger n'est autorisé[142].

Révolution et Empire[modifier | modifier le code]

Marche des Marseillois, chantée dans différents théâtres.

Il faut attendre la Révolution française et l'uniformisation du territoire français (langue, monnaie, droit) pour que Marseille qui jusqu'alors faisait partie du Comté de Provence (co-état indépendant) et donc des provinces à l'instar de l'étranger effectif via son port franc (liberté de commerce avec l'étranger mais droit de douane avec le reste des provinces françaises) perde cette spécificité qu'elle a toujours tenté de conserver. La ville accueille toutefois avec enthousiasme le début de la révolution, envoyant un bataillon de fédérés en 1792 à Paris qui, selon une légende peu vraisemblable puisque le français était une langue inconnue du peuple marseillais, serait arrivé en chantant le chant de guerre de l'armée du Rhin de Rouget de Lisle, chant qui prendra par la suite comme nom La Marseillaise.

Par la suite, révoltée contre la Convention en raison de la perte de ses libertés communales et rejoignant le parti fédéraliste[144], Marseille est officiellement débaptisée et désignée du au comme la ville « sans nom ». Au printemps, dans un souci d'apaisement, Maignet, qui remplace Fréron, redonne son nom à la ville[145].

La Marseillaise[modifier | modifier le code]

En 1792, Rouget de Lisle, jeune officier du génie, compose à Strasbourg le Chant de guerre de l'Armée du Rhin. Cet hymne, qui a été édité, parvient à Marseille qui a accueilli la Révolution avec enthousiasme. La ville, envoyant à Paris 500 volontaires, leur offre un banquet, au cours duquel le général François Mireur chante l'œuvre venue d'Alsace. Elle soulève l'enthousiasme et les assistants la reprennent en chœur, sans en comprendre les paroles puisque le français n'a commencé à être parlé à Marseille qu'un siècle plus tard. Quand ils défilent dans les rues de Paris, leurs voix chaudes, qui lancent à toute volée les strophes enflammées, électrisent la foule. Le nouvel hymne change alors de nom : c'est la Marseillaise. Une plaque commémorative de Rouget de Lisle est visible rue Thubaneau au centre de Marseille.

Du XIXe au début du XXe siècle : Marseille, port des colonies[modifier | modifier le code]

Émile Loubon. Vue de Marseille prise des Aygalades un jour de marché, 1853
Musée des Beaux-Arts de Marseille.

De 1860 au début de la Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Obligation de la Ville de Marseille en date du .

Le XIXe siècle, avec son cortège d'innovations industrielles (dont l'apparition de la navigation à vapeur), la fin de la piraterie barbaresque et les traités de libre échange des années 1860, les conquêtes coloniales de la France à partir de 1830 puis le percement du canal de Suez en 1869, stimulent le commerce maritime et la prospérité de la ville, qui passe d'environ 300 000 habitants en 1870 à environ 600 000 habitants en 1940. La zone portuaire déborde de son périmètre historique (le Vieux-Port) et s'étend à partir de 1844 aux rivages nord. Les actuels bassins de la Joliette sont ouverts en 1853, ceux du Lazaret et d'Arenc en 1856. La banque de Marseille la plus réputée est alors celle créée par Pierre Pascal II au début de l'Empire.

En 1870, Marseille se place au premier rang des ports d’Europe continentale avant de se laisser dépasser par Hambourg, Anvers et Rotterdam à la fin du siècle[146].

En , les insurgés républicains proclament la Commune de Marseille. Celle-ci sera écrasée à l'issue d'une répression sanglante par les troupes du régime versaillais[147][source insuffisante].

L'économie de la ville est alors basée sur le négoce et l'industrie : production de corps gras, huile et savons, sucre, semoulerie, chimie, tuilerie, réparation navale et construction mécanique[148].

Si la fin du XIXe siècle est moins florissante, la période précédant la Première Guerre mondiale est le point culminant de ce système « industrialo-portuaire » marseillais : l'année 1913 est celle où le tonnage portuaire est le plus important, notamment les oléagineux. À cette époque se développent de petites entreprises créées par de nouveaux venus (sud de la France, Italie, Empire ottoman)[149] et d'abord spécialisées dans le négoce et la transformation des produits coloniaux, puis des armateurs, négociants, fabricants d'huile, raffineurs de sucre et savonniers, voire banquiers. Dans ce système concurrentiel et de spéculation de marchés, défini par l'individualisme industriel, l'activité repose souvent sur un système familial. Très attachés à ce modèle libéral, bénéficiant d'une main d'œuvre étrangère peu qualifiée, ces patrons marseillais sont contre toute intervention « parisienne » du type d'investissement de capitaux privés ou de mise en place de réglementations publiques[150]. Marseille célèbre cette richesse à travers les expositions coloniales de 1906 et 1922, qui connaissent un vif succès.

Grands chantiers[modifier | modifier le code]

Le quai de la Joliette et les Messageries maritimes dans les années 1890.

L'accroissement territorial et démographique de la ville est à l'origine d'un chantier majeur : l'adduction des eaux de la Durance, décidée dès 1834 par le maire Maximin Dominique Consolat. Cette mesure s'impose d'autant plus que sévissent cette année-là une grande sécheresse et une épidémie de choléra. La construction par 5 000 ouvriers du canal de Marseille, long de 87 km, demande onze ans de travaux et l'eau de la Durance arrive le à Marseille. En 1862, afin de commémorer cet événement, l'architecte d'origine nîmoise Henri-Jacques Espérandieu (1829-1874) est chargé de réaliser un vaste monument « à la gloire de l'eau » ; c'est le palais Longchamp, qui est inauguré en .

Ce dernier a également édifié la basilique de Notre-Dame-de-la-Garde à partir de 1853 (consacrée en 1864) et est intervenu aussi sur le grand chantier de construction de la nouvelle cathédrale de La Major, sur les quais de la Joliette. Il a réalisé également de 1864 à 1874 le palais des Arts situé place Carli et a participé à la construction de la monumentale préfecture.

L'autre grand chantier est, comme partout en France à cette époque, l'arrivée du chemin de fer. Marseille est reliée à Avignon au début de l'année 1848, à Lyon en 1854, à Paris en 1857. La gare terminus, établie sur la butte Saint-Charles, fait l'objet de nombreux remaniements et aménagements jusqu'à la fin du siècle[151].

En 1871, pendant le soulèvement de la Commune de Paris, la ville connaît une insurrection similaire qui dure quinze jours. La préfecture est bombardée et le chef des insurgés, un avocat modéré, Gaston Crémieux, fusillé six mois plus tard, au Pharo.

En 1884 sévit une nouvelle épidémie de choléra. En 1891 débutent les travaux d’un réseau d'assainissement aboutissant à la construction d'un grand collecteur.

Début XXe siècle[modifier | modifier le code]

Les Nouvelles Galeries en haut de la Canebière et l'ancien tramway de Marseille dans les années 1910.

Au début du XXe siècle, la bourgeoisie issue de l'industrialisation négociante est peu présente dans les postes politiques. L'entre-soi familial met à distance, hormis quelques exceptions, les élites locales et les représentants de l'État[152]. De même dans la ville, plutôt que d'intervenir au centre où se concentre l'espace industriel et ouvrier, ces industriels et négociants locaux s'installent dans les quartiers résidentiels du sud, renforçant une division de la ville entre quartiers populaires au nord et bourgeois au sud. Cette bourgeoisie ne mène pas de politique de logement ouvrier. La vaste opération du percement de la rue de la République renforce d'ailleurs la prudence des investissements immobiliers après de grandes difficultés de rentabilité dues à la faillite des frères Pereire et à la reprise par les grandes familles locales.

La ville fait ainsi face à un surpeuplement important, découlant du faible nombre de logements construits entre 1880 et 1914 et renforcé par le peu d'impact de la loi sur les habitations à bon marché (HBM) en raison du faible investissement du patronat local dans ces nouveaux organismes, contrairement à ce qui se réalise à cette époque ailleurs en France[153]. La poussée démographique ouvrière et immigrée rend l'urbanisation dispersée avec un morcellement des propriétés rurales, l'éclatement urbain par des lotissements et un phénomène important d'autoconstruction de maisons modestes. Cet éclatement urbain dans une commune à la superficie aussi vaste rend sa gouvernance difficile : « Le rapport entre une population aux revenus assez faibles et une surface énorme à entretenir, assainir et équiper, s'amenuise et rend pratiquement impossible la gestion municipale »[154]. Pourtant, la période voit également l'essor industriel et des infrastructures portuaires. Ainsi, pour relier les quais du Port et de Rive Neuve, le pont transbordeur de Marseille est construit en dix-neuf mois, entre et .

Chaos de l'entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

En 1938, Marseille connaît un terrible incendie qui détruit totalement le magasin des Nouvelles Galeries, cause la mort de 73 personnes et endommage quelques immeubles de la Canebière. Devant l'ampleur du sinistre, les sapeurs-pompiers de Marseille, mal équipés et mal entraînés se montrent impuissants à éteindre l'incendie. Édouard Daladier qui est présent pour le congrès du Parti radical et logé dans l'hôtel de Noailles faisant face aux Nouvelles Galeries en flammes, déclare : « N'y a-t-il donc personne pour faire régner l'ordre dans cette ville ? ». Le bataillon de marins-pompiers de Marseille, unité militaire, est créé par le décret-loi du et la ville, ayant par ailleurs de lourds problèmes financiers, est mise sous tutelle et dirigée par un administrateur extraordinaire jusqu'à la Libération en 1944.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Destruction du quartier du Vieux-Port janvier 1943
Dynamitage du quartier du Vieux-Port en .

Le , un bombardement allemand cause la mort de 32 Marseillais et en blesse une soixantaine d'autres, le jour même où le bataillon de marins-pompiers, récemment créé, quitte la caserne provisoire de la rue de Lyon et prend possession de celle du boulevard de Strasbourg[155]. Durant les combats contre l'invasion de la France par l'Italie, Marseille subie à nouveau des bombardements de la Regia Aeronautica, la ville étant un objectif stratégique car elle abrite un port de commerce, reliant la métropôle aux colonies, mais aussi des unités de la Marine nationale, dont de nombreux hydravions. Marseille est alors défendue par de nombreux aérodromes (Marignane, Aix-les-Milles) et de nombreuses escadrilles, dont le Groupe de chasse 3/6 Roussillon, où le célèbre pilote de chasse Pierre Le Gloan combat sur Dewoitine D.520.

À la suite du débarquement américain en Afrique du Nord, le , les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation et Marseille se retrouve occupée le , comme le reste de la Zone libre. La ville souffre grandement de l'occupation et en particulier, lors de la Rafle de Marseille, le quartier du Panier au nord du Vieux-Port qualifié de « quartier criminel » par les nazis. Dans la nuit du au 23 janvier 1943, plusieurs milliers de personnes sont arrêtées et deux jours plus tard, le , le général SS Oberg, assisté du préfet René Bousquet, ordonne aux habitants des quartiers du Vieux-Port et du Panier d'évacuer leur domicile dans les deux heures, avec 30 kg de bagages. 30 000 personnes sont expulsées. Dans les deux semaines qui suivent, 1 500 immeubles sont dynamités, laissant un champ de ruines jusqu'à la Libération. Marseille subit également plusieurs alertes aériennes. Le bombardement américain du est particulièrement dévastateur et cause la mort de plus de 2 000 personnes, en blessant environ 3 000. Près de 400 Allemands des troupes d'occupation trouvèrent également la mort[155].

Le a lieu le débarquement en Provence. À cette occasion, l'occupant fait sauter les installations portuaires : plus de 200 navires sont coulés et le célèbre pont transbordeur de Marseille détruit[156].

Les FFI de Marseille (et parmi eux Gaston Defferre) préparent la libération de la ville. Le , ils lancent l'insurrection accompagnée d'un mot d'ordre de grève générale. Mais mal armés et peu nombreux, leur position est critique jusqu'à l'arrivée des tirailleurs algériens du général de Monsabert et des goumiers marocains du général Augustin Guillaume qui pénètrent à Marseille le 23. Les combats avec l'armée allemande se poursuivent plusieurs jours, jusqu'à la capitulation du général Hans Schaefer le . Le 29, le général de Lattre de Tassigny assiste au défilé de l'armée d'Afrique sur la Canebière[155].

Des années 1950 à 1980 : les difficultés[modifier | modifier le code]

Après la Seconde Guerre mondiale, la ville est le théâtre de modifications profondes. L'urbanisation s'accélère dans le cadre de la reconstruction et de la construction de grands ensembles dans les quartiers nord de Marseille, tandis une très large place est laissée à la circulation routière par la construction d'autoroutes jusqu'au cœur de la ville et bien au-delà du port.

À partir de la fin des années 1960, la décolonisation et l'indépendance des anciennes colonies conduit le Port de Marseille à ne plus bénéficier de son monopole sur le commerce avec les colonies. L'économie marseillaise entre alors en recomposition. Marseille souffre également d'une mauvaise réputation liée à l'insécurité et aux affaires de grand banditisme (French Connection, assassinat du juge Micheletc.).

En 1962, Marseille est le lieu de transit de la majorité des Pieds-noirs fuyant l'Algérie indépendante. Beaucoup s'installent ensuite dans la ville et sa région. La ville est au cœur de Mai 68 en Provence, avec une jonction entre syndicats de salariés et d'étudiants, à l'origine d'une contestation très active dans le domaine de l'art, les manifestations nationales du 13 mai 1968 étant lancées localement par le Mouvement du 11 mai.

En 1973, dans un contexte de tensions toujours très vives, dix ans après la défaite française en Algérie, et après l'assassinat d'un chauffeur de bus par un déséquilibré Algérien, la ville est le théâtre d'importantes violences racistes qui durent pendant plusieurs mois, d'août à décembre 1973. Ces violences font plusieurs dizaines de morts et se terminent par un attentat contre le consulat d'Algérie.

En 1977 est mis en service le métro.

Depuis les années 1990, entre renouveau et difficultés persistantes[modifier | modifier le code]

Dans les années 1990, le projet Euroméditerranée de développement économique et de rénovation urbaine est lancé. De nombreuses infrastructures nouvelles et rénovations sont réalisées dans les années 2000 et 2010 : le tramway, la rénovation de l'Hôtel-Dieu en hôtel de luxe, Le Silo, l'agrandissement du stade Vélodrome, la tour CMA CGM, le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) ou encore la Villa Méditerranée. En 2012, Marseille est Capitale mondiale de l'eau[157], réunissant des centaines de pays, des ONG et des institutions mondiales à l'occasion du Forum mondial de l'eau. En 2013, Marseille est capitale européenne de la culture. Cette opération permet d'attirer à Marseille 10 millions de visiteurs (avec une estimation de 5 millions de visiteurs effectifs dont nombre venant de départements voisins, certains effectuant plusieurs visites)[158].

L'OCDE note que la ville connaît aujourd'hui un dynamisme économique dans le cadre du développement de son aire urbaine mais le rapport pointe encore l'importance des inégalités sociales et la fracture économique entre le sud de la ville et les quartiers nord[159].

Marseille accueille régulièrement l'attention des médias en raison des multiples règlements de compte, notamment dans les quartiers nord, lié au trafic de drogue.

Politique et administration[modifier | modifier le code]

Tendances politiques[modifier | modifier le code]

Paysage politique[modifier | modifier le code]

Ville industrielle, Marseille est très tôt un territoire d'implantation du socialisme en France : Clovis Hugues y est élu premier député d'un parti ouvrier en France en 1881 et Siméon Flaissières, le premier maire socialiste de la ville, est élu en 1892.

Durant la majeure partie du XXe siècle, Marseille est acquise à la gauche. Après la Libération, la SFIO et le Parti communiste sont les deux principales forces politiques de la ville et le socialiste Gaston Defferre s'allie un temps à la droite contre les communistes pour conquérir la mairie. Il l'occupe jusqu'à sa mort en 1986.

La domination de la gauche s'estompe progressivement à partir des années 1980. Aux élections de 1983 déjà, Gaston Defferre recueille moins de voix que son adversaire de droite Jean-Claude Gaudin et n'est réélu qu'à la faveur du découpage électoral. Robert Vigouroux succède à Gaston Defferre après son décès ; il est largement élu aux élections de 1989, remportant l'ensemble des secteurs en tant que dissident socialiste. En 1995, Jean-Claude Gaudin est élu maire et fait basculer la ville à droite pour la première fois depuis 1953. Ce basculement se produit également lors des scrutins nationaux : le candidat de droite arrive en tête à Marseille lors du second tour des élections présidentielles en 1995, 2002 et 2007 alors que Jean-Claude Gaudin est réélu en 2001, 2008 et 2014[160]. Il annonce qu'il ne se représente pas aux municipales de 2020[161] et Michèle Rubirola est élue pour lui succéder à la tête du « Printemps marseillais », une coalition de partis et mouvements de gauche, qui élira Benoît Payan (PS) six mois plus tard après la démission surprise de Michèle Rubirola.

Les scrutins à Marseille sont également caractérisés par un fort vote protestataire : en 1981, Georges Marchais y arrive en tête au premier tour, ainsi que Jean-Marie Le Pen en 1988, 1995 et 2002. Jean-Luc Mélenchon y arrive en tête du premier tour lors de l'élection présidentielle de 2017 et à celle de 2022. En 2017, se produit au premier tour un vote protestataire, où les candidats de La France insoumise et du Front national sont placés en tête.[Interprétation personnelle ?][réf. nécessaire]

Récapitulatif de résultats électoraux récents[modifier | modifier le code]
Scrutin 1er tour 2d tour
1er % 2e % 3e % 4e % 1er % 2e % 3e %
Municipales 2014 UMP 37,64 FN 23,16 PS 20,77 FG 7,10 UMP 42,39 PS-FG 31,09 FN 26,51
Européennes 2014[162] FN 30,28 UMP 24,85 PS 12,31 EELV 8,84 Tour unique
Régionales 2015[163] FN 35,85 LR 24,76 PS 20,50 EELV 9,29 LR 61,46 FN 38,54 Pas de 3e
Présidentielle 2017[164] LFI 24,82 FN 23,66 EM 20,44 LR 19,81 EM 64,42 FN 35,58 Pas de 3e
Européennes 2019[165] RN 26,31 LREM 20,59 EELV 13,69 LR 8,26 Tour unique
Municipales 2020[166] UG 23,44 LR 22,32 RN 19,45 LR diss. 10,65 UG 38,28 LR 30,75 RN 20,30
Régionales 2021[167] RN 31,9 LR 30,72 UG 25 LAC 4,4 LR 62,98 RN 37,02 Pas de 3e
Présidentielle 2022[168] LFI 31,11 LREM 22.62 RN 20,88 REC 11,09 LREM 59,83 RN 40,16 Pas de 3e

Géographie électorale[modifier | modifier le code]

Le vote à Marseille est géographiquement divisé mais les derniers scrutins ont modifié la géographie électorale.

Le nord de la ville (2e, 3e, 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements) est historiquement acquis à la gauche. Les bastions communistes, comme la Belle de Mai, y ont été progressivement remplacés par le vote socialiste dans les années 1990 et 2000. Toutefois, le Rassemblement national réalise également ses meilleurs scores dans les 13e et 14e arrondissements où il s'est imposé lors des élections municipales de 2014 avant d'être battu par la droite en 2020.

Le sud, à l'inverse, est habituellement dominé par la droite (6e, 8e, 9e et 10e arrondissements). Les quartiers est (11e et 12e arrondissements), longtemps socialistes, ont récemment basculé à droite à la faveur de la désindustrialisation de la Vallée de l'Huveaune et de changements sociologiques. À l'inverse, les 6e et 8e arrondissements, bastions historiques de Jean-Claude Gaudin, ont été remportés par la gauche en 2020.

Le grand centre-ville (1er, 4e, 5e et 7e arrondissements) est actuellement l'objet des batailles électorales les plus serrées.

Subdivisions[modifier | modifier le code]

Le découpage des arrondissements et des secteurs de Marseille.

Marseille est l'objet de la loi PLM et est, comme Paris et Lyon, découpée en arrondissements. Ceux-ci sont au nombre de 16 et sont regroupés par deux en huit secteurs. Chaque secteur dispose de son conseil et de son maire de secteur.

Chaque secteur élit donc ses conseillers (303 au total), dont un tiers siège également au conseil municipal et élisent le maire de la ville :

Secteur I II III IV V VI VII VIII Total
Conseillers de secteur 22 16 22 30 30 26 32 24 202
Conseillers municipaux 11 8 11 15 15 13 16 12 101
Nombre total d'élus 33 24 33 45 45 39 48 36 303

Marseille est par ailleurs découpée en 12 cantons et sept circonscriptions.

Liste des maires[modifier | modifier le code]

Finances locales[modifier | modifier le code]

Marseille est la grande ville française la plus endettée avec 1,806 milliard d'euros de dette en 2013, soit un endettement de 2 103 euros par habitant (contre 1 080 euros par habitant en moyenne pour les grandes villes en France)[169].

Justice[modifier | modifier le code]

Marseille est le siège d'un tribunal judiciaire, d'un tribunal de commerce, d'un conseil de prud’hommes, d'un tribunal administratif et d'une cour administrative d'appel. La cour d'appel se trouve à Aix-en-Provence.

Marseille abrite la prison des Baumettes, construite en 1934. En 2006, les conditions de vie de ce centre pénitentiaire ont été jugées choquantes[170] et en 2012 le Contrôleur général des lieux de privation de liberté y dénonce « une violation grave des droits fondamentaux des personnes privées de liberté[171] ». En , un nouveau bâtiment, « Les Baumettes II », est en construction afin de pallier ce problème d'insalubrité[172].

Le centre de rétention administrative de Marseille[173] est situé dans le quartier du Canet, dans le 14e arrondissement.

Sécurité et criminalité[modifier | modifier le code]

Grand banditisme[modifier | modifier le code]

L'Évêché, l'hôtel de police de la ville.

Liée à l'imaginaire de la ville depuis près d'un siècle, le milieu marseillais apparaît vraiment dans les années 1930 avec les parrains François Spirito et Paul Carbone. Le milieu marseillais connait son heure de gloire dans les années 1960 avec l'essor de la French Connection, alors que la ville est au cœur d'un trafic international d'héroïne vers les États-Unis finalement démantelé par les autorités.

Depuis le début des années 2000, le milieu apparaît désorganisé comme il a pu l'être à d'autres moments de son histoire, faisant s'affronter violemment dans une « guerre de tous contre tous » les parrains traditionnels, corso-marseillais surtout, et les « néo-parrains des cités » dont la source principale d'enrichissement est le trafic de cannabis dans les cités les plus défavorisées de la ville. Cette situation explique la recrudescence des règlements de compte[174].

Il n'y a jamais eu de mafia au sens originel du terme à Marseille[175],[176]. On lui préfère les termes de « pègre » au début du XXe siècle, ou de « milieu » et « crime organisé » aujourd'hui.

Délinquance[modifier | modifier le code]

La forte présence dans les médias nationaux de l'actualité des faits divers à Marseille, en particulier les règlements de compte, contribue à donner une mauvaise image de la ville et conduit certains médias à parler de désinformation[177],[178]. Deux autres facteurs expliquent la médiatisation des règlements de compte à Marseille : le fait que les banlieues font administrativement partie de la ville de Marseille et le fait que les règlements de compte sont généralement surmédiatisés, alors qu'ils représentent 10 % des homicides commis en France chaque année[178]. Si la ville de Marseille connaît un taux de meurtres liés à la drogue proportionnellement presque aussi élevé que celui de New York[179] avec notamment des vols avec violence et des vols à la tire qui dépassent la moyenne nationale, la circonscription de sécurité publique de Marseille[Note 11] détient pour l'année 2008 le 13e plus fort taux de délinquance (sur plus de 400 circonscriptions métropolitaines), derrière notamment Nice, Avignon ou Cannes, avec un taux de faits de délinquance constatés de 114,04 pour 1 000 habitants, soit les deux tiers de la moyenne nationale[180],[181]. Nice[182], par exemple, connaît proportionnellement plus de crimes[183],[184]. Pour ce qui concerne les homicides volontaires, si Marseille se trouve dans le département où les homicides volontaires sont les plus nombreux en valeur absolue (55 en 2012), rapporté au nombre d'habitants, celui-ci se situe à la sixième position en France[185]. En 2022, 33 personnes sont mortes par balles à Marseille[186].

En 2017, Le Canard enchaîné avance que les chiffres de la délinquance en baisse à Marseille depuis 2012 sont faux. Selon le journal satirique, la police requalifierait les actes commis afin d'obtenir de meilleures statistiques[187].

Le sentiment d’insécurité[188] a toutefois poussé le gouvernement en 2012 à doter les Bouches-du-Rhône d’une Préfecture de police de plein exercice, la seule de France avec Paris.

Défense[modifier | modifier le code]

Marseille est le siège de l'état-major de la zone de défense et de sécurité sud, de l'état-major zonal de la Gendarmerie nationale et de l'escadron de Gendarmerie mobile 11/6. Y sont stationnés, en 2018, l'état-major de la 3e division, le 1er régiment étranger de cavalerie (au camp de Carpiagne), le commandement de la Marine à Marseille et le groupement de soutien de la base de défense de Marseille - Aubagne. Marseille abrite également l'Hôpital d'instruction des armées Laveran. En revanche, la préfecture maritime de la Méditerranée est située à Toulon.

Le 72e bataillon d'infanterie de marine est dissous en 2009 tandis que le 4e régiment de dragons est dissous en 2014.

Le Bataillon de marins-pompiers constitue le corps municipal des pompiers de Marseille. Commandé par un officier général de marine, c'est une unité de la Marine nationale d'un effectif de 2 400 personnes. Il a été créé en 1939 à la suite de l'incendie des Nouvelles Galeries en remplacement du Corps municipal des sapeurs-pompiers, dissous à la suite de cette catastrophe. Les marins-pompiers de Marseille ont pour particularité d'être la seule unité militaire de l'armée française à agir selon les ordres et les directives d'un maire.

Jumelages et partenariats[modifier | modifier le code]

Marseille est jumelée avec quatorze villes et a également signé des pactes d'amitié et de coopération avec vingt-trois villes dans le monde[189].

Jumelages[modifier | modifier le code]

Carte
Jumelages et partenariats de Marseille.Voir et modifier les données sur Wikidata
Jumelages et partenariats de Marseille.Voir et modifier les données sur Wikidata
VillePaysPériode
Abidjan[190]Côte d'Ivoiredepuis le
AnversBelgiquedepuis
BeyrouthLiban
CopenhagueDanemark
DakarSénégal
ErevanArménie
Gdańsk[191]Polognedepuis le
Glasgow[192]Royaume-Unidepuis
GênesItaliedepuis le
HambourgAllemagnedepuis
HaïfaIsraël
KhémissetMaroc
Kiev[193],[194]Ukrainedepuis le
KobeJapondepuis
Le PiréeGrèce
MarrakechMaroc
Municipalité de Limassol[195],[196],[197]Chypredepuis le
NaplesItalie
Odessa[198]Ukrainedepuis le
Ramat GanIsraël
ShanghaiChinedepuis
Surabaya[199]Indonésiedepuis le
ThessaloniqueGrèce
TiranaAlbanie
TunisTunisie
ville métropolitaine de GênesItaliedepuis le

Toutes les villes avec lesquelles Marseille est jumelée (à l'exception de Marrakech) sont d'importantes villes portuaires.

Année Ville Pays
1958 Abidjan Drapeau de la Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire
1958 Anvers Drapeau de la Belgique Belgique
1958 Copenhague Drapeau du Danemark Danemark
1958 Gênes Drapeau de l'Italie Italie
1958 Haïfa Drapeau d’Israël Israël
1958 Hambourg Drapeau de l'Allemagne Allemagne
1961 Kobe Drapeau du Japon Japon
1968 Dakar Drapeau du Sénégal Sénégal
1972 Odessa Drapeau de l'Ukraine Ukraine
1984 Le Pirée Drapeau de la Grèce Grèce
1987 Shanghai Drapeau de la République populaire de Chine Chine
2004 Marrakech Drapeau du Maroc Maroc
2006 Glasgow Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
2015 Tunis Drapeau de la Tunisie Tunisie

Accords de coopération[modifier | modifier le code]

Ville Pays
Agadir Drapeau du Maroc Maroc
Alexandrie Drapeau de l'Égypte Égypte
Alger Drapeau de l'Algérie Algérie
Bamako Drapeau du Mali Mali
Barcelone Drapeau de l'Espagne Espagne
Beyrouth Drapeau du Liban Liban
Casablanca Drapeau du Maroc Maroc
Erevan Drapeau de l'Arménie Arménie
Gdańsk Drapeau de la Pologne Pologne
Istanbul Drapeau de la Turquie Turquie
Ville Pays
Jérusalem Drapeau d’Israël Israël
Limassol Drapeau de Chypre Chypre
Lomé Drapeau du Togo Togo
Meknès Drapeau du Maroc Maroc
Montevideo Drapeau de l'Uruguay Uruguay
Rabat Drapeau du Maroc Maroc
Saint-Pétersbourg Drapeau de la Russie Russie
Sarajevo Drapeau de la Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine
Ville Pays
Sousse Drapeau de la Tunisie Tunisie
Tirana Drapeau de l'Albanie Albanie
Tripoli Drapeau du Liban Liban
Valparaíso Drapeau du Chili Chili
Varna Drapeau de la Bulgarie Bulgarie

International[modifier | modifier le code]

Marseille est le siège de quelques organismes internationaux et de recherche tels que l'Institut de recherche pour le développement (IRD), la Commission Méditerranée de Cités et Gouvernements locaux unis (CGLU) ou le Conseil mondial de l'eau. Y sont également implantés le bureau local de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), une antenne de la Banque mondiale, un bureau de l'Organisation internationale pour les migrations.

70 consulats sont établis à Marseille, soit la deuxième représentation consulaire de France après Paris[200].

Le , les ministres des Finances du G7 se sont réunis au palais du Pharo.

Marseille en grand[modifier | modifier le code]

Le plan Marseille en grand est un plan d'investissement de 1,5 milliard d'euros pour la ville de Marseille annoncé par le président Emmanuel Macron le [201].

Le préfet Laurent Carrié a été chargé en de la mise en œuvre du plan de développement Marseille en grand[202].

Population et société[modifier | modifier le code]

Démographie[modifier | modifier le code]

Évolution démographique[modifier | modifier le code]

Après une grave crise dans les années 1970 et 1980 qui a vu la population passer de plus de 900 000 à moins de 800 000 habitants (malgré un solde naturel assez positif), la population augmente de nouveau à partir des années 2000[203].

Avec plus de 858 000 habitants, Marseille est la 2e commune de France. Son unité urbaine est cependant la 3e du pays (après Paris et Lyon) avec 1 578 484 habitants (2014), incluant Aix-en-Provence au nord, Istres, Martigues et Vitrolles à l'ouest et Aubagne à l'est. L'aire urbaine de Marseille - Aix-en-Provence est la 3e de France après celle de Paris et celle de Lyon. L'agglomération marseillaise a même récemment absorbé la commune de Saint-Zacharie, qui fait partie du Var. En revanche, La Ciotat, qui fait partie du territoire Marseille-Provence, a été absorbée par l'unité urbaine de Toulon.

L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de plus de 10 000 habitants les recensements ont lieu chaque année à la suite d'une enquête par sondage auprès d'un échantillon d'adresses représentant 8 % de leurs logements, contrairement aux autres communes qui ont un recensement réel tous les cinq ans[204],[Note 12].

En 2021, la commune comptait 873 076 habitants[Note 13], en augmentation de 1,33 % par rapport à 2015 (Bouches-du-Rhône : +2 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Évolution de la population  [ modifier ]
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
108 37496 41399 169109 483145 115146 239154 035183 186195 258
1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
233 817260 910300 131312 864318 868360 099376 143403 749442 239
1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
491 161517 498550 619586 341652 196800 881914 232636 264661 407
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2011 2016
778 071889 029908 600874 436800 550795 518839 043850 636862 211
2021 - - - - - - - -
873 076--------
De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
(Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[205] puis Insee à partir de 2006[206].)
Histogramme de l'évolution démographique

Pyramide des âges[modifier | modifier le code]

La population de la commune est relativement jeune. En 2020, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 37,3 %, soit au-dessus de la moyenne départementale (35 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 24,9 % la même année, alors qu'il est de 26,6 % au niveau départemental.

En 2020, la commune comptait 412 110 hommes pour 458 211 femmes, soit un taux de 52,65 % de femmes, légèrement supérieur au taux départemental (52,25 %).

Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.

Pyramide des âges de la commune en 2020 en pourcentage[207]
HommesClasse d’âgeFemmes
0,8 
90 ou +
1,9 
7,1 
75-89 ans
9,4 
14,7 
60-74 ans
15,6 
18,8 
45-59 ans
18,4 
19,3 
30-44 ans
19,2 
20 
15-29 ans
18,8 
19,5 
0-14 ans
16,8 
Pyramide des âges du département des Bouches-du-Rhône en 2020 en pourcentage[208]
HommesClasse d’âgeFemmes
0,8 
90 ou +
1,9 
7,4 
75-89 ans
9,7 
16,2 
60-74 ans
17,1 
19,7 
45-59 ans
19,5 
18,8 
30-44 ans
18,6 
18,4 
15-29 ans
16,9 
18,7 
0-14 ans
16,3 

Une ville inégalitaire[modifier | modifier le code]

La Castellane, l'une des nombreuses cités des quartiers nord de Marseille.

Avec un coefficient de Gini de 0,436, Marseille est une des villes les plus inégalitaires de France[209], une partie de sa population étant très pauvre tandis que les grandes fortunes y sont également nombreuses. Le revenu moyen des 20 % les plus riches est ainsi 5,4 fois supérieur au revenu moyen des 20 % les plus pauvres[210].

Le sociologue André Donzel parle d'ailleurs de Marseille comme d'une « métropole duale » proche des configurations urbaines des pays en développement où se côtoient les plus riches comme les plus pauvres[211].

La commune connaissait un taux de pauvreté de 25 % en 2011 qui dépassait même 40 % dans les quartiers nord de la ville et plus de 60 % dans certains quartiers prioritaires[212]. En comparaison, ce premier chiffre est identique à celui de Lille ou de Montpellier, mais supérieur à celui de Lyon (15 %). Ceci s'explique dans une certaine mesure par le fait qu'une grande partie des banlieues pauvres de l'agglomération se situent administrativement au sein de la commune, contrairement à d'autres grandes villes de France. Les banlieues parisiennes, lyonnaises ou lilloises connaissent en effet une pauvreté comparable. À l'inverse, les 8e et 12e arrondissements, au sud et à l'est de la ville, connaissaient en 2011 des taux de pauvreté (9 et 10 %) similaires à ceux des arrondissements les plus riches de Lyon ou Paris[213]. De plus, environ 3 200 contribuables marseillais sont soumis à l'impôt de solidarité sur la fortune avec un patrimoine moyen de 2,56 millions d'euros, ce qui en fait la deuxième ville hors Île-de-France et la cinquième ville de France en nombre de redevables à l'ISF[214],[215]. De la même manière, quinze familles marseillaises figuraient en 2011 dans les 500 premières fortunes professionnelles en France selon le magazine Challenges[211].

La fracture sociale est également spatiale, la ville étant globalement divisée entre des quartiers nord plus pauvres et un Sud plus riche[216].

Ainsi en 2012, le taux de pauvreté dépassait 20 % au nord (3e, 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements) — il atteignait même 55 % dans le 3e arrondissement en 2011[217] — Alors qu'au sud et à l'est (7e, 8e, 9e et 12e arrondissements), il n'atteignait pas plus de 14 %. Ces contrastes se retrouvent dans le taux de personnes non-diplômées : en 2006 il s'élève à 25,27 % pour la ville (19,5 % pour la France métropolitaine)[218] mais dans les 3e, 14e et 15e arrondissements, il dépasse les 40 %.

Ces inégalités semblent s'être aggravées récemment : alors qu'en 2000, l'échelle de revenu était de 1 à 10, elle est de 1 à 14 en 2012[219]. L’écart entre les revenus médians des quartiers les plus pauvres et ceux des plus riches est passé de 2 500 à 3 000 euros entre 2000 et 2008. Entre la Cadenelle et Kalliste, le quartier le plus riche et le plus pauvre, l’écart entre le taux de diplômés supérieurs était de 33 points en 1990 alors qu'il est de 46 aujourd’hui[Quand ?][220].

Marche blanche organisée à la suite de l'effondrement des immeubles rue d'Aubagne à Marseille, le .

La cité du parc Corot est décrite par un magistrat dans Le Monde comme « une honte pour la ville, une indignité pour la République »[221]. Elle est évacuée fin 2018[222],[223].

Une ville d'immigrations[modifier | modifier le code]

Pays de naissance
des immigrés
Population
(2018)[224]
Drapeau de l'Algérie Algérie 45 505
Drapeau de la Tunisie Tunisie 10 770
Drapeau du Maroc Maroc 9 145