Siège de l'aéroport militaire de Kuweires — Wikipédia

Siège de l'aéroport militaire de Kuweires
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de l'offensive de l'aéroport militaire de Kuweires (2015) qui permet de lever le siège
(aéroport = rectangle vert, Etat islamique en noir, régime syrien en rouge, rebelles en vert (les rebelles se désengagent du siège début 2014 et ne sont pas pris à partie par l'offensive de 2015)
Informations générales
Date -Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu Aéroport militaire de Kuweires (Gouvernorat d'Alep)
Issue Victoire de l'armée Syrienne (levée du siège)
Belligérants
Forces armées syriennes Armée syrienne libre (2013-2014)
Drapeau de l'État islamique État islamique (2014-2015)
Forces en présence
1100 soldats, cadets et personnels non militaires Inconnues
Pertes
800 Inconnues

Guerre civile syrienne

Coordonnées 36° 11′ 13″ nord, 37° 34′ 59″ est
Géolocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Siège de l'aéroport militaire de Kuweires

Le siège de l'aéroport militaire de Kuweires est une bataille de la guerre civile syrienne se déroulant de 2013 au durant laquelle l'aéroport militaire de Kuweires est assiégé, d'abord par les rebelles syriens, puis par l'Etat islamique. La bataille se termine par la levée du siège par l'armée arabe syrienne appuyée par les Forces de défense nationale et les brigades du Baas qui lèvent le siège grâce à une large offensive en 2015.

Contexte[modifier | modifier le code]

En , la base aérienne de Kuweires est la première à prendre part à la répression de la rébellion syrienne. La base utilise ses L-39ZO et L-39ZA dans des bombardements sur la ville d'Alep. Ces sorties, qui durent jusqu'en 2013 visent principalement des cibles civiles (hôpitaux, écoles) et font de nombreuses victimes civiles[1]. Le Gouvernorat d'Alep est violemment divisé par le conflit et est largement occupé par les forces rebelles en 2012.

Siège[modifier | modifier le code]

Encerclement de l'aéroport[modifier | modifier le code]

L-39 Albatros en vol

La base aérienne de Kuweires est attaquée dès 2012. L'aéroport abritant l'école d'aviation de chasse de Syrie, il est principalement défendu par des soldats syriens et des cadets (militaires en formation).

Le , deux Aero L-39 Albatros sont détruits au sol lors d'un raid d'insurgés sur la base et cinq autres sont abattus dans le gouvernorat d'Alep à la fin du mois d'octobre[2]. La base est encerclée par les rebelles en 2013 qui l'assiègent pendant plus d'un an sans parvenir à la prendre.

Tensions intestines chez les assiégeants[modifier | modifier le code]

L'État islamique (EI) entre en Syrie en 2013 et y commence son expansion en 2014. L'année 2014 marque également sa rupture totale avec la rébellion syrienne. Le , l'EI assassine un commandant d'Ahrar al-Cham ce qui déclenche deux jours plus tard un conflit général entre l'organisation djihadiste et les rebelles[3],[4],[5]. Dans l'ouest du gouvernorat d'Alep et dans le gouvernorat d'Idleb, les rebelles ont l'avantage et l'EI est chassé de la ville d'Alep le , de Tall Rifaat le 14, et il est contrait d'abandonner Azaz, Marea et la base aérienne de Menagh le [6],[7],[5],[8]. En revanche, l'État islamique prend l'ascendant dans le gouvernorat de Raqqa et l'est du gouvernorat d'Alep[8]. L'aéroport de Kuweires se trouve alors sur le territoire de l'EI.

Siège de l’État islamique[modifier | modifier le code]

A partir du début de l'année 2014, l'aéroport est assiégé par l'État islamique seul.

Offensives de l'État islamique[modifier | modifier le code]

Aéroport de Kuweires, limites de la base en pointillés rouges, fortifications en orange, hangars des aéronefs en rouge, bâtiments en noir

Au début du mois de , l'État islamique lance une série d'offensives pour tenter de s'emparer de la base. L'EI impose alors une censure totale de l'usage des réseaux sociaux par ses combattants. En effet, durant l'attaque de la base de Tabqa, l'utilisation importante des réseaux sociaux par les soldats de l'EI avait permis aux défenseurs de localiser précisément leurs positions. Cette communication quasi inexistante limite grandement les détails connus sur ces offensives qui imposent une pression importante aux défenseurs de l'aéroport durant plusieurs mois[1].

Les effectifs de l'EI sont insuffisants pour prendre la base de Kuweires et bien que cette dernière ne soit défendue que par peu d'hommes globalement peu expérimentés, la base acquiert la réputation d'une « forteresse imprenable »[1]. Deux fois, les offensives de l'EI franchissent le périmètre de la base aérienne, atteignant même les hangars d'aéronefs renforcés (voir carte) où vivaient les défenseurs, sans parvenir à capturer la base[9].

Pont aérien[modifier | modifier le code]

Durant les deux premières années du siège, le réapprovisionnement du camp est effectué via un pont aérien réalisé par hélicoptères. Ces derniers essuient des tirs mais maintiennent la liaison entre les territoires contrôlés par le régime et les assiégés. La troisième année, avec l'intensification des combats, les hélicoptères ne peuvent plus se poser sans danger. Le réapprovisionnement est alors effectué par largage[9]. Le général Hasham Mohamed Younis, un enseignant de l'académie devient l'officier chargé des largages aériens. En 2016, il déclarait à un journaliste de The Independent : « Nos hélicoptères volaient à une altitude de 4 km [...] nos problèmes étaient le vent, le poids des colis de 75 kg et 120 kg - parce que les parachutes utilisés dans les largages étaient faits pour le poids des hommes - et les terroristes tirant sur le matériel parachuté. Certains ont atterris en territoire ennemi, mais peu. Nous avons reçu avec succès la plupart du diesel et du kérosène ainsi que de la nourriture et les lettres pour les cadets de leurs familles »[9].

Levée du siège[modifier | modifier le code]

Le colonel Suheil al-Hassan et ses forces tigre parviennent à lever le siège le dans le cadre de l'offensive de Kuweires. Ils sont aidés de soldats Iraniens et russes ainsi que par des membres du Hezbollah et sont appuyés par des frappes aériennes russes. Seuls 300 des 1100 soldats initialement présents dans la base ont survécu au siège[9].

Immédiatement après la levée du siège, le gouvernement syrien remet la base en état et y déploie un escadron de chasseurs-bombardiers Aero L-39 Albatros ainsi qu'un système de missiles sol-air Buk M1 géré par un groupe combiné de soldats russes et syriens[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en-GB) « Battlefront Syria: Kweres airbase », sur bellingcat, (consulté le )
  2. (en) War Is Boring, « Al Assad’s Nighttime Killers », sur Medium, (consulté le )
  3. « Djihadistes, islamistes, rebelles... La guerre dans la guerre en Syrie », sur LExpress.fr, (consulté le )
  4. Hélène Sallon, En Syrie, la « deuxième révolution » des insurgés, Le Monde avec AFP et Reuters, 10 janvier 2014.
  5. a et b Syrie : de l'hostilité à la guerre ouverte entre insurgés et djihadistes, Le Monde avec AFP, 11 janvier 2014.
  6. Syrie : le quartier général de l'EIIL sous le contrôle des rebelles, Le Monde, 8 janvier 2014.
  7. « En Syrie, les djihadistes de l'EIIL chassés par les rebelles », Le Monde, 10 février 2014.
  8. a et b Syrie: les jihadistes de l'EIIL se replient face à la menace de leurs rivaux, AFP, 28 février 2014.
  9. a b c et d (en) Roberts Fisk, « Inside the air base that held out against Isis for three years – and the death and destruction that was left behind », The Independent,‎ (lire en ligne)
  10. (en) War Is Boring, « Turkey Won, and Lost, the Race to Al Bab », sur Medium, (consulté le )