Enlèvements de John Fru Ndi — Wikipédia

Les enlèvements de John Fru Ndi ont lieu les 27 avril et , lors desquels John Fru Ndi, président du Front social démocrate (SDF) est enlevé deux fois dans le cadre de la crise anglophone au Cameroun. Le premier enlèvement est un événement bref et sans violence, mais significatif dans le conflit en cours. John Fru Ndi, qui est le leader du plus grand parti d'opposition du Cameroun, le Front social démocrate (SDF), est retenu par des combattants séparatistes avant d'être libéré plus tard le même jour. Le deuxième enlèvement est plus violent, des hommes armés s'introduisent dans sa maison, tirent sur son garde du corps à la jambe[1] et soumettent l'homme politique à un traitement brutal[2].

Contexte[modifier | modifier le code]

Une insurrection séparatiste se déroule dans les deux régions anglophones du Cameroun - le Nord-Ouest et le Sud-Ouest - depuis la fin de l'année 2017. Les séparatistes armés opérant dans ces deux régions enlèvent des centaines de personnes, dont des étudiants et des membres du clergé[3].

Premier enlèvement[modifier | modifier le code]

Déroulement[modifier | modifier le code]

Le , John Fru Ndi se rend à Kumbo pour assister aux funérailles de Joseph Banadzem, le chef du groupe parlementaire du Front social démocrate. En raison de la situation sécuritaire dans la région, le gouverneur de la région du Nord-Ouest offre à John Fru Ndi une escorte militaire pour le protéger contre toute attaque séparatiste potentielle. John Fru Ndi décline l'offre, affirmant que l'apparition d'un convoi militaire ne servirait qu'à provoquer une attaque. Les milices séparatistes locales annoncent qu'elles ne perturberaient pas les funérailles, à condition qu'aucun Camerounais francophone n'y participe[4].

Selon John Fru Ndi, la rencontre avec ses ravisseurs commence lorsque des hommes armés s'approchent de son convoi funéraire à Wainamah, ces derniers disent vouloir parler avec l'homme politique, et que le convoi devait continuer sans lui. Celui-ci répond qu'il avait voulu leur parler, mais a protesté sur les circonstances. Les hommes armés disent que cela ne prendrait pas longtemps, et John Fru Ndi accepte de les suivre dans une école voisine. Quatre de ses assistants l'accompagnent pendant que les hommes armés partaient. Cependant, lorsque les hommes armés se dirigent vers une vallée, John Fru Ndi comprend qu'il a été enlevé.

Il s'avère que l'intention des hommes armés était de faire pression sur John Fru Ndi afin qu'il retire tous les législateurs du Front social démocrate de l'Assemblée nationale et du Sénat. John Fru Ndi répond qu'il ne le ferait pas, déclarant qu'il serait contre-productif de boycotter le seul forum où ils pouvaient s'adresser au président Paul Biya.

Sauvetage[modifier | modifier le code]

Après que John Fru Ndi refuse de céder à plusieurs reprises aux exigences de ses ravisseurs, ces derniers abandonnent et le relâchent, lui et ses quatre assistants, après presque sept heures. John Fru Ndi retourne chez lui à Bamenda, sain et sauf[5].

En choisissant de voyager sans escorte militaire, John Fru Ndi s'expose, mais évite également une éventuelle escalade. Le Front social démocrate convoque une réunion d'urgence après la conclusion de l'incident[6].

À la suite de l'enlèvement, le SDF critique vivement le gouvernement camerounais. Dans une déclaration, il reproche au président Paul Biya d'avoir perdu le contrôle des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays au mains des milices et des bandes armées. Il affirme que cette situation difficile ne pouvait être résolue que par un dialogue inclusif[7].

Second enlèvement[modifier | modifier le code]

Déroulement[modifier | modifier le code]

Le 28 juin 2019, des hommes armés pénètrent dans le domicile de John Fru Ndi à Bamenda. Contrairement au premier incident, cette fois, il est soumis à des coups, des insultes et est traîné dans la boue. Après avoir été traîné hors de sa maison, il est forcé de monter dans une camionnette et conduit vers un endroit inconnu. Le garde du corps de John Fru Ndi reçoit une balle dans la jambe pendant l'enlèvement et est transporté d'urgence à l'hôpital[8].

Après avoir passé un certain temps dans une cellule, John Fru Ndi reçoit un lit en bambou pour dormir. Malgré son mauvais état de santé, on ne lui a pas offert de nourriture cette nuit-là, et il n'a pas pu prendre ses médicaments. Le lendemain matin, il reçoit un ultimatum : les séparatistes exigent qu'il déclare devant une caméra qu'il rappellerait tous les parlementaires et maires du Front social démocrate dans les 24 heures.

Les séparatistes font que le SDF nuisait à leur cause, ce à quoi John Fru Ndi répond en affirmant que le parti avait beaucoup fait pour les Camerounais anglophones. Il fait une vague promesse de parler aux politiciens du SDF, et de revenir ensuite vers les séparatistes. Les séparatistes lui ont dit qu'il ne leur avait jamais rendu visite auparavant, ce à quoi il répond qu'il n'avait jamais été invité. John Fru Ndi est également accusé d'avoir ordonné à l'armée camerounaise d'attaquer les camps séparatistes dans les environs de Bamenda, ce qu'il a dément fermement[9].

Sauvetage[modifier | modifier le code]

Finalement, les séparatistes l'obligent à se faire photographier à côte d'un drapeau de l'Ambazonie, avant de le reconduire à sa résidence tard dans la nuit. Il rentre chez lui la tête enflée et une blessure au coude[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Cameroon: Kidnapped SDF Chairman Ni John Fru Ndi released », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  2. (en) « Cameroon: How Ambazonia fighters tortured Fru Ndi in captivity! », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  3. « Les enlèvements sont devenus endémiques dans les régions anglophones du Cameroun », sur Human Rights Watch, (consulté le )
  4. (en) « Cameroon: SDF Chairman Ni John Fru Ndi released after brief kidnap », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  5. (en) Elvis Teke, « NW/SW: SDF Chairman John Fru Ndi speaks out after abduction », sur Cameroon Radio Television, (consulté le ).
  6. a et b (en) « Cameroon: Kidnapped SDF Chairman Ni John Fru Ndi released », sur Journal du Cameroun, (consulté le ).
  7. (en) « Cameroon: SDF says gov't has lost control of Anglophone regions », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  8. « Cameroon: How Ambazonia fighters tortured Fru Ndi while in captivity! », sur Journal du Cameroun, (consulté le ).
  9. (en-US) « In Cameroon, Fru Ndi captured and released in grinding Anglophone crisis », sur The Africa Report.com, (consulté le )