Réunification du Cameroun — Wikipédia

Timbre commémoratif de la réunification du Cameroun.

La réunification du Cameroun, a eu lieu le lorsque le Cameroun méridional, partie de l'ancien Cameroun britannique se rattacha à la République du Cameroun, ancien Cameroun français à l'issue d'un référendum pour former la République fédérale du Cameroun, qui, le , fut renommée République unie du Cameroun, puis République du Cameroun depuis 1984.

Contexte[modifier | modifier le code]

Colonisation allemande[modifier | modifier le code]

En 1884, la colonisation allemande place le Cameroun sous protectorat sous le nom de Kamerun et étend son contrôle lors des guerres du Bafut et de l'Adamaoua. En 1911, la France cède à l'Allemagne le Neukamerun (Nouveau Cameroun), un vaste territoire situé à l'est du Cameroun allemand, dans le cadre du traité de Fès, qui met fin à la crise d'Agadir. En 1914, le protectorat allemand constituait l'ensemble du Cameroun actuel ainsi que des parties du Nigeria, du Tchad, du Gabon, de la République du Congo et de la République centrafricaine.

Occupation alliée du Cameroun allemand[modifier | modifier le code]

Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, le protectorat allemand se voit envahir durant la campagne du Kamerun par les troupes britanniques, françaises et belges, alliés de la Première Guerre mondiale. Au cours de celle-ci, les autorités françaises et britanniques établissent un condominium sur le territoire occupé.

Partage franco-britannique du Cameroun allemand[modifier | modifier le code]

Carte des territoires du Cameroun en 1936. Le Cameroun français, est au centre de la carte et ses frontières sont délimitées en vert. Le Cameroun britannique, à l'ouest du Cameroun français, est bordé à l'ouest d'une ligne rose, représentant l'ancienne frontière qui séparait le Nigeria britannique du Cameroun allemand.

À l'issue de la Première Guerre mondiale, les deux autorités se partagent l'ancien protectorat allemand, le découpage étant entériné d’une part par le Traité de Versailles qui retirera toutes ses colonies à l'Allemagne vaincue et d'autre part par la Société des Nations (SDN) qui place les quatre cinquièmes de l'ancien Cameroun allemand sous mandat français, et la partie occidentale bordant le Nigeria sous mandat britannique[1]. La partie de l'ancien Cameroun allemand placé sous mandat français est nommée le Cameroun français, tandis que la partie occidentale placé sous mandat britannique est nommée le Cameroun britannique.

La France s'emploie notamment à liquider les rébellions de populations Kirdi dans le nord du Cameroun français. Si la pacification de cette région s'accompagne de massacres et de pillages récurrents, la France, à la différence de l'Allemagne, pratique aussi une politique d'assimilation à l'instar de ce qui se passe dans ses autres colonies[2]. Le Royaume-Uni applique le régime de l'indirect rule au Cameroun britannique et divise administrativement ce territoire en deux régions : le Cameroun septentrional (Northern Cameroons) et le Cameroun méridional (Southern Cameroons).

A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, la Société des Nations est dissoute, ses territoires sous mandats à l'exception du Sud-Ouest africain furent reclassés en territoire sous tutelle de l'ONU. Le , l'Assemblée générale des Nations unies approuve la mise en tutelle des deux Cameroun par la France et le Royaume-Uni[3],[4].

Indépendance du Cameroun[modifier | modifier le code]

Le , le Cameroun français accède à l'indépendance et prend le nom de « République du Cameroun » avec à sa tête Ahmadou Ahidjo après une guerre d'indépendance menée depuis 1955 contre les autorités coloniales françaises par l'Union des populations du Cameroun (UPC)[5]. qui se poursuit sous la forme d'une guerre civile opposant le jeune État camerounais, soutenu par la France à l'Union des populations du Cameroun.

Référendum au Cameroun britannique[modifier | modifier le code]

Au Cameroun britannique, un référendum d'autodétermination se tient le sous la supervision de l'ONU, laissant deux choix aux populations locales :

  • S'unir à la République du Cameroun
  • S'unir à la Fédération du Nigeria

Un vote en faveur du rattachement au Nigeria est attendu au Cameroun septentrional, longtemps administré par le gouvernement provincial du Nigeria du Nord, d'autre part, on s'attend à ce que le Cameroun méridional vote en faveur de son rattachement à la République du Cameroun, mais dans cette région, deux grands partis politiques s'opposent sur cette question. Le Parti démocratique national du Kamerun (KNDP) présidée par John Ngu Foncha, Premier ministre du Cameroun méridional prône le rattachement au Cameroun anciennement français, tandis que la Convention nationale du peuple camerounais, dirigée par Emmanuel Mbela Lifafe Endeley, préconise plutôt l'union au Nigeria[6]. Finalement, la majorité du Cameroun septentrional vote en faveur de l'adhésion au Nigeria (60 %), avec effet au , tandis que 70,5 % du Cameroun méridional vote en faveur de l'adhésion au Cameroun, avec effet au [7].

Réunification et État fédéral[modifier | modifier le code]

Carte du Cameroun réunifié.

Le , le Cameroun méridional se rattache au Cameroun ex-français donnant naissance à la république fédérale du Cameroun. Ahmadou Ahidjo est le président et John Ngu Foncha, le vice-président. On rajoute alors deux étoiles sur le drapeau national afin de symboliser les deux États fédérés. La fédération adopte le français et l'anglais comme langues officielles[8]. En 1962, le Franc CFA devint la monnaie officielle du pays (circulant dans les deux États fédérés). Une ordonnance gouvernementale est prise cette même année qui réglemente fortement les partis politiques. La fédération est formée de deux États fédérés : le Cameroun oriental, anciennement sous tutelle française et le Cameroun occidental, partie du Cameroun anciennement sous tutelle britannique[8].

Le , Ahmadou Ahidjo invite les autres partis de l'Assemblée fédérale à rejoindre l'Union nationale camerounaise afin de développer la société et l'économie du pays.

Le , John Ngu Foncha et Ahmadou Ahidjo forment le « Groupe d’unité nationale » qui comprend tous les députés de l'Assemblée fédérale et le Comité de coordination Union nationale camerounaise-Parti démocratique national du Kamerun dont l'objectif est de mettre fin au pluralisme politique dans les deux États fédérés[9].

Passage de l'État fédéral à l'État unitaire[modifier | modifier le code]

Le , Ahmadou Ahidjo annonce sa décision de transformer la République fédérale du Cameroun en un État unitaire, à condition que l'idée soit soutenue par un référendum. Un référendum constitutionnel est alors organisé et à l'issue de celui-ci, le Cameroun devient un État unitaire et prend le nom de République unie du Cameroun le [10], un évènement commémoré lors de la fête nationale du pays, qui a lieu tous les 20 mai.

Commémoration[modifier | modifier le code]

Le monument de la réunification à Yaoundé, l'un des principaux symboles de la commémoration de la réunification du Cameroun.

La réunification du Cameroun est commémorée de plusieurs façons dans le pays, notamment par des symboles et des dénominations. Tout d'abord, le 1 octobre 1961, jour de la réunification officielle du pays constitue un jour férié, un jour connu étant la « Journée de l'unification ».

Au début des années 1970, un monument est érigé à Yaoundé, pour symboliser la réunification du Cameroun, il en existe d'autres de ce type dans d'autres les villes de Buéa[11] et de Mamfé[12].

Le Stade de la Réunification, un stade situé à Douala, la capitale économique du pays, est baptisé d'après la réunification, il est de même pour le pont sur le Mungo reliant les régions francophones et anglophones du pays.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le Point Afrique, « La guerre du Cameroun : un long chemin vers la reconnaissance », sur Le Point, (consulté le )
  2. Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsita, Kamerun !, La Découverte,
  3. (en) Dag Hammarskjöld Library, « Research Guides: UN Trusteeship Council Documentation: Cameroons under French administration », sur research.un (consulté le )
  4. (en) Dag Hammarskjöld Library, « Research Guides: UN Trusteeship Council Documentation: Cameroons under British administration », sur research.un (consulté le )
  5. « Cameroun 1955-1962 : la guerre cachée de la France en Afrique », sur L'Obs, (consulté le )
  6. « Référendum dans les Camerous Nord et Sud sous tutelle britannique », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) « Sub-National Referendums in Sub-Saharan Africa », sur africanelections.tripod (consulté le )
  8. a et b « République fédérale du Cameroun, Constitution de 1961, Digithèque MJP », sur mjp.univ-perp (consulté le )
  9. Pierre Kamé 2018, p. 56[réf. nécessaire]
  10. « LA CRÉATION D'UN ÉTAT UNITAIRE EST APPROUVÉE MASSIVEMENT », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Cameroun: Le monument de la Réunification inauguré à Buéa », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
  12. (en) « Reunification Monument », sur Commonwealth Walkway Trust (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Williams Pokam Kamdem, Clovis Rodrigue Foutsop, Petit dictionnaire d'histoire de la Réunification du Cameroun, Dschang, Éditions Premières Lignes, 2020, 117 p. (ISBN 978-9956275045)
  • Victor Mukete, Mon Odyssée : histoire de la réunification du Cameroun, Yaoundé, Eagle Publishing, 2013, 581 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]