Charles Jonnart — Wikipédia

Charles Célestin Auguste Jonnart, né à Fléchin le [1] et mort le , est un homme politique français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu d’une famille bourgeoise du Nord, Charles Jonnart fait ses études à Saint-Omer, puis à la faculté de droit de Paris. Séduit par l’Algérie qu’il avait visité jeune homme, il est nommé par Gambetta au cabinet du gouverneur général de l’Algérie en 1881. En 1884, il est nommé directeur du service de l'Algérie au ministère de l'Intérieur.

Entamant une carrière politique aux côtés des libéraux, il est élu en 1886 conseiller général de Saint-Omer, puis en 1889, député du Pas-de-Calais. Réélu en 1893, il se distingue à la Chambre par ses fréquentes interventions sur les questions coloniales touchant notamment à l’organisation de l’Algérie. Il est à nouveau réélu en 1898, 1902, 1906 et 1910.

Le 19 octobre 1891, il épouse à Lyon (2e arrondissement) Joséphine Marie Aynard, fille du député Édouard Aynard, et de Rose Pauline de Montgolfier, en présence notamment d'Alexandre Ribot, ministre des affaires étrangères, et de Léon Say, ancien ministre des finances[2].

Choisi en 1893 par Jean Casimir-Perier pour occuper le poste de ministre des Travaux publics, il est victime la même année d'un accident de voiture.

En 1900, il retourne en Algérie, où il est nommé gouverneur général par Waldeck-Rousseau, fonction dont il démissionne en 1901 pour raisons de santé. De retour à Alger en 1903, il contribue à accélérer la carrière du futur maréchal Lyautey. Celui-ci, qui n’était encore que colonel, est promu général et se voit confier par Jonnart l’exécution de la politique algéro-marocaine.

Charles Jonnart (en frac et guêtres) lors d'un repas à Athènes en juillet 1917 en compagnie de Régnault et de Sarrail.

Revenu en métropole pour siéger de nouveau au parlement en 1911, Charles Jonnart est nommé ministre des Affaires étrangères dans le cabinet Briand à la veille de la guerre.

Élu sénateur du Pas-de-Calais en 1914, il préside la commission des Affaires étrangères du Sénat. Il est brièvement ministre du Blocus au sein du gouvernement Clemenceau, puis les puissances alliées le choisissent comme mandataire auprès du roi Constantin Ier de Grèce pour le contraindre à abdiquer.

En janvier 1918, Jonnart est chargé des fonctions de gouverneur général de l'Algérie pour mettre en œuvre un train de réformes[3]. Son nom est associé à la loi promulguée en février 1919, qui ouvre l'accès à la citoyenneté française aux indigènes musulmans, sous certaines conditions, et améliore leur représentation politique.

Après la guerre, il devient président du Parti républicain démocratique en 1920, puis il est nommé ambassadeur de France auprès du Saint-Siège, avec la mission délicate de renouer les relations diplomatiques avec le Vatican.

Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1918 et membre de l'Académie française en 1923, au siège jusqu'alors occupé par Paul Deschanel, contre qui il avait en vain brigué la présidence de la République en 1920.

Hommages[modifier | modifier le code]

Plusieurs communes du Pas-de-Calais ont baptisé une rue du nom de Charles Jonnart : Saint-Omer, où il a fait ses études, Fléchin, où il est né, Fauquembergues, dont il fut conseiller général, Quelmes.

Principales publications[modifier | modifier le code]

  • Exposé de la situation générale de l'Algérie : 1906, Alger, Imprimerie administrative, 1907, 429 p.
  • Exposé de la situation générale des territoires du sud de l'Algérie. Année 1906, Alger, Heintz, 1907, 207 p.
  • Œuvres complètes de Charles Jonnart, de l'Académie des sciences morales et politiques, Paris, Fayard, 1923.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de naissance - Archives départementales du Pas-de-Calais - 5 MIR 336/3 - pp. 121-122
  2. Acte de mariage - Archives municipales de Lyon - 2E841 - p. 237
  3. Charles-Robert Ageron, « Une politique algérienne libérale sous la IIIe République (1912-1919) : étude historique de la loi du 4 février 1919 », Revue d’histoire moderne et contemporaine,‎ , p. 121-151. (lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • J. Du Sault, La Vie et l’œuvre de Charles Jonnart, Paris, Éditions Montrouge, 55 p., 1936
  • Aline Miramand-Marceau, Charles-Célestin Jonnart, gouverneur général de l'Algérie : un regard sur l'enseignement, Université Jean-Moulin Lyon III, Mémoire de DEA sous la direction de Jean-Dominique Durand, 75 p., 2000
  • Jean Vavasseur-Desperriers, République et liberté : Charles Jonnart, une conscience républicaine, 1857-1927, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 339 p., 1996 (remaniement de sa thèse de troisième cycle : Charles Jonnart : recherches sur une personnalité politique de la IIIe République, Université Lille III, sous la direction d’ Yves-Marie Hilaire, 2 volumes, 537 p., 1984)
  • Jean Vavasseur-Desperriers, « L'implantation locale d'un grand notable du Pas-de-Calais, Charles Célestin Jonnart (1857-1927) », p. 907-927, Revue du Nord, tome LXXII, 1990
  • Jean Vavasseur-Desperriers, « Préfets et élus : le cas d’un grand notable, Charles Jonnart », p. 303-314, in Intendants et préfets dans le Nord-Pas-de-Calais, Arras, Artois Presses Université, 2002
  • Jean Vavasseur-Desperriers, « Charles Jonnart et le «parti colonial» : économie et politique », dans L’esprit économique impérial (1830-1970). Groupes de pression & réseaux du patronat colonial en France & dans l'empire, Paris, Publications de la Société française d'histoire des outre-mers, (ISBN 2-85970-037-4, lire en ligne), p. 121-134
  • « Charles Jonnart », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]