Empire d'Autriche — Wikipédia

Empire d'Autriche
(de) Kaisertum Österreich/Kaiserthum Oesterreich

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(62 ans, 7 mois et 19 jours)

Drapeau
Drapeau de l'empire d'Autriche.
Blason
Armoiries de l'empire d'Autriche.
Hymne Gott erhalte
Description de cette image, également commentée ci-après
Localisation de l'empire d'Autriche (en vert) en Europe.
Informations générales
Statut Monarchie absolue (avant 1848) puis constitutionnelle, membre de la Confédération germanique ()[note 1].
Capitale Vienne
Langue(s) Allemand (officiel), latin, français (diplomatique et liturgique), langues slaves, hongrois, italien, roumain, yiddish, romanès et lovari.
Religion Catholicisme (dominante), orthodoxie, protestantisme.
Monnaie Konventionstaler, Vereinsthaler, Florin
Démographie
Population (1804) 21 200 000 hab.
Superficie
Superficie (1804) 650 000 km2
Histoire et événements
Proclamation de l'empire d'Autriche : face à la menace de dissolution du Saint-Empire romain germanique, François II du Saint-Empire joint à son titre d' empereur élu des Romains celui d'empereur héréditaire d'Autriche.
1805 Après la défaite autrichienne, le traité de Presbourg met de facto fin au Saint-Empire.
1815 Le congrès de Vienne sanctionne la défaite française et fait de l'empire d'Autriche une grande puissance européenne.
Printemps des peuples : la tourmente révolutionnaire oblige François-Joseph à accorder une constitution, mais il parvient avec l'aide russe à écraser la révolte en Hongrie.
1859 Deuxième guerre d'indépendance italienne : défaite décisive face à Victor-Emmanuel II et Napoléon III, incarnée à la bataille de Magenta. Traité de Zurich : la Lombardie revient au royaume de Sardaigne.
Changements de constitution : adoption du Diplôme d'octobre en 1860 puis de la Patente de février en 1861.
1864 Guerre des Duchés : victoire de la Confédération germanique face au Danemark. L'Autriche administre le duché de Holstein, la Prusse le duché de Schleswig.
Juin –  Guerre austro-prussienne : défaite décisive, incarnée à la bataille de Sadowa. Dissolution de la Confédération germanique. Traité de Prague : l'Empire autrichien est exclu de l'espace germanique.
Compromis austro-hongrois : affaiblie, l'Autriche ne peut plus maintenir sa domination sur le royaume de Hongrie. L'Empire autrichien se transforme en une double monarchie : l’Autriche-Hongrie.
Empereur d'Autriche
François Ier
Ferdinand Ier (abdication)
François Joseph Ier
Chancelier d'État
Klemens Wenzel von Metternich
Ministre-président
(1e) François Kolowrat
(Der) Friedrich Ferdinand von Beust
Reichsrat
Chambre haute Herrenhaus
Chambre basse Chambre des députés

Entités suivantes :

L'empire d'Autriche (en allemand : Kaisertum Österreich/Kaiserthum Oesterreich) est le nom officiel porté par l'ensemble des territoires sous domination autrichienne de 1804 à 1867. L'empire existait auparavant, de facto, comme ensemble des possessions des Habsbourg d'Autriche, mais de jure, la partie occidentale était une composante du Saint-Empire romain germanique tandis que la partie orientale était constituée de plusieurs royaumes, principautés et duchés à part. En 1804, François Ier prend le titre d'empereur d'Autriche et doit en 1806 abandonner celui d'empereur romain germanique. La défaite autrichienne à l'issue de la guerre austro-prussienne de 1866 est rapidement suivie par la transformation de l'Empire en une double monarchie appelée « Autriche-Hongrie ».

Ciselée en 1602 par des artisans pragois, la couronne impériale germanique de Rodolphe II, fit à partir de 1804 office de couronne de l'Empire d'Autriche.
L'Empire d'Autriche après 1866 (rattachement de la Vénétie à l'Italie) à la veille du compromis austro-hongrois de 1867, avec les confins militaires (carte de 1871) : chaque Land était signalé par un écu sur l'Aigle bicéphale impériale et entrait dans la titulature de l'Empereur, récitée lorsque celui-ci était annoncé ; les confins militaires (rose, au sud) ne constituaient pas un Land et dépendaient directement du ministre de la guerre de Vienne.
Subdivisions de l'empire d'Autriche avant la perte du royaume Lombard-Vénitien (n° 19).
Carte ethnographique de l'empire d'Autriche en 1855, par Karl von Czörnig-Czernhausen.

Empereurs d’Autriche

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1804-1835 : François Ier
1835-1848 : Ferdinand Ier
1848-1916 : François-Joseph Ier
1916-1918 : Charles Ier

Arbre généalogique

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Arbre des héritiers du titre impérial

Prétendants

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1961-2007 : archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine, prince impérial
2007 : archiduc Charles de Habsbourg-Lorraine

Le , François II du Saint-Empire, issu de la maison de Habsbourg-Lorraine, joint à son titre d'« empereur élu des Romains » (en allemand : erwählter römischer Kaiser ; en latin : electus Romanorum Imperator) celui d' « empereur héréditaire d'Autriche » (en allemand : erblicher Kaiser von Österreich ; en latin : haereditarius Austriae Imperator) pour des raisons liées à la reconnaissance de Napoléon Ier comme empereur des Français le . Il signe la patente de 1804, considérée comme l'acte fondateur de l'empire d'Autriche, par laquelle il transforme les terres de la monarchie de Habsbourg en un empire héréditaire. Le dernier empereur des Romains devint ainsi le premier empereur d'Autriche sous le nom de François Ier. Pendant une courte période, il porta les deux titres d'empereur élu et d'empereur héréditaire ; en même temps, il a conservé son titre d'« archiduc d'Autriche ».

En 1805, à la suite de la guerre de la Troisième Coalition et les défaites autrichiennes à Ulm et Austerlitz, les Habsbourg furent contraints de signer le traité de Presbourg : ils perdirent alors le Tyrol, l'Autriche antérieure et la Vénétie ; en outre, François dut renoncer à toutes prétentions sur les États allemands. Lorsque Napoléon proclama la fin du Saint-Empire romain germanique en créant de nouveaux royaumes et principautés, comme les royaumes de Bavière, de Wurtemberg et de Saxe, les grands-duchés de Hesse, de Bade et bien d’autres qu'il regroupa au sein de la confédération du Rhin, les possessions des Habsbourg s'en trouvèrent exclues. Le , François renonça finalement au titre d'empereur des Romains.

Dans la suite des guerres napoléoniennes, les conditions continuèrent à se durcir : par le traité de Schönbrunn, signé le , les Habsbourg durent céder le duché de Salzbourg et les pays du Littoral autrichien, faisant de l'empire un pays enclavé. En 1811, François dut déclarer le défaut souverain. Mais d'un autre côté, il réussit à marier sa fille Marie-Louise à l'empereur des Français ; leur fils Napoléon II, portant le titre de duc de Reichstadt, demeure jusqu'à sa mort en 1832 dans la capitale autrichienne.

Congrès de Vienne

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Le congrès de Vienne, en 1815, consacre le titre d'empereur d'Autriche et réalise un compromis entre le nouvel ordre napoléonien en Europe centrale (la simplification des États en Allemagne est notamment conservée), et la restauration de l'ordre antérieur : les Habsbourg renoncent aux Pays-Bas autrichiens et à l'Autriche antérieure ; en contrepartie, ils obtiennent Salzbourg et une bande de terre dans le bassin de l'Inn (Innviertel). En Italie du Nord, l'Autriche règne sur les terres de Milan et de l'ancienne république de Venise jusqu'aux bords du . À la suite du congrès, les territoires de l’empire comprenaient près de 900 000 kilomètres carrés répartis entre[1] :

En outre, Ferdinand, frère de l'empereur François, règne sur le grand-duché de Toscane, l'archiduc François d'Autriche-Este fut duc souverain de Modène, et l'influence autrichienne sur les royaumes d’Espagne et de Naples est majeure.

Ainsi, une Confédération germanique est créée dans les limites de l'ex-Saint-Empire romain germanique, et François Ier prend la présidence au Bundestag de Francfort. Toutefois, la prééminence autrichienne est rapidement contestée par le royaume de Prusse. Les deux monarchies ont en commun qu'une grande partie de leur territoire se situe hors des limites de la Confédération.

Vormärz et révolution

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À sa mort en 1835, François Ier laisse une situation politique stable en apparence, mais basée sur l'absolutisme, et que la montée des idées issues de la Révolution française, va bouleverser. Soutenu par le gouvernement du chancelier Klemens Wenzel von Metternich qui voit en la personne du monarque non un individu mais un principe auquel rien ne doit déroger, le régime féodal était à préserver à tout prix. Son fils Ferdinand Ier, bien que faible d’esprit, monte sur le trône ; néanmoins, la période Biedermeier touche à sa fin et avec les années du Vormärz, des temps difficiles s'annoncèrent.

Le « Printemps des peuples » de 1848 voit les peuples de l'Empire réclamer des libertés civiques et l'autonomie de leurs territoires : c'est ce que feront les Tchèques en Bohême-Moravie, les Polonais en Galicie, les Croates en Croatie-Slavonie, les Roumains au Banat, en Transylvanie et en Bucovine. Les Italiens du Royaume lombard-vénitien et les Hongrois du royaume de Hongrie réclament, pour leur part, l'indépendance et proclament des républiques. La révolution prend de l'ampleur, et les Hongrois sont victorieux, mais, en vertu de la Sainte-Alliance, les Habsbourg font appel aux troupes russes qui défont militairement et écrasent dans le sang la République hongroise dirigée par Kossuth, mais affaiblie par son autoritarisme, qui avait détaché d'elle les révolutionnaires non magyars comme Ávrám Jankó/Avram Iancu.

À Vienne même, la population se soulève contre les aristocrates, obligeant les Habsbourg et Metternich à fuir la ville. Les événements de Vienne et de Budapest font si peur aux dirigeants habsbourgeois, hantés par le sort de Marie-Antoinette d'Autriche lors de la Révolution française, qu'un « complot des Dames » se noue entre l’archiduchesse Sophie (1805-1872), l’impératrice douairière, Augusta, demi-sœur de Sophie, et l’épouse de Ferdinand, née Marie-Anne de Savoie, qui décident qu’il faut donner à l’empire d’Autriche un nouveau souverain, plus jeune et plus énergique.

François-Joseph, fils de l’archiduc François-Charles d'Autriche (1802-1878) et de l’archiduchesse Sophie, neveu et héritier légitime de Ferdinand Ier, monta sur le trône en 1849, après l’abdication de ce dernier et la renonciation de son père. Cette accession n'est toutefois pas admise par la majorité des aristocrates hongrois, qui considèrent Ferdinand Ier comme leur souverain. La prééminence de la Maison d'Autriche est contestée aussi en Allemagne, par le Royaume de Prusse, qui à la suite de la guerre des Duchés et de la bataille de Sadowa, y met fin. La création de l'Empire allemand, à la suite de la défaite de la France à Sedan, consacre la première place des Hohenzollern en Allemagne. Au sud-ouest, l'unité italienne, menée par Victor-Emmanuel II, Cavour et Garibaldi, avec l'aide de Napoléon III, met fin à la présence autrichienne en Italie, à l'exception du Tyrol du Sud et de Trieste. L'Empire doit donc se réorganiser pour survivre.

Après que l'Autriche s'est retirée de la Confédération germanique en 1866, les options fédérales à six (Autriche, Bohême, Galicie, Hongrie, Croatie et Transylvanie), à quatre (Autriche, Bohême, Croatie, Hongrie) ou à trois (Autriche, Hongrie, Croatie) ont été abandonnées.

Après de longues négociations, le compromis austro-hongrois est signé le 18 février 1867. L'Empire devient une « double monarchie » : deux États quasi indépendants sous un seul monarque, en union douanière, monétaire et militaire, avec trois ministères communs : les Affaires étrangères, la Guerre et les Finances[2]. Ce compromis fait accepter François-Joseph et Élisabeth comme souverains par les aristocrates hongrois, et ils sont solennellement couronnés le roi et reine de Hongrie à Budapest. Mais cela frustre les autres peuples de l'Empire, slaves (Tchèques, Slovaques, Polonais, Ukrainiens, Slovènes, Croates, Serbes) ou latins (Italiens, Roumains), ce qui aboutira en 1918, à l'issue de la Première Guerre mondiale, à la dislocation de l'Autriche-Hongrie, conformément au « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » formulé dans le dixième des quatorze points du président américain Woodrow Wilson et discuté au cours de la conférence de Paris en 1919, conclue par la signature du traité de Saint-Germain qui consacre la fin de l'Empire, l'interdiction pour les Habsbourg de résider en Autriche ou en Hongrie, et aussi l'interdiction, pour les Allemands d'Autriche, de s'unir à la république de Weimar, en dépit du fameux « droit des peuples ».

Démographie

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Au milieu du XIXe siècle, selon les données recueillies par Karl von Czoernig-Czernhausen, la population de l'empire d'Autriche comprend des Slaves (16 870 900), des Allemands (6 750 000), des Magyars (4 850 000), des Italiens (2 281 732 en comptant le royaume Lombard-Vénitien), des Roumains (1 820 000), des Juifs (485 000), des Roms (110 000), des Arméniens (14 000), des Grecs, Aroumains et Morlaques (10 000) et quelques autres[3].

La famille slave, la plus nombreuse mais divisée en six principaux groupes, compose plus du tiers de la population totale et elle est majoritaire en Bohême, en Moravie, en Carniole, en Croatie, en Dalmatie, en Galicie, en Haute-Hongrie et dans les confins militaires. Les autrichiens germanophones forment un cinquième de la population totale (4 300 000 personnes). À l'Ouest de l'Empire, ils forment des populations compactes dans les provinces « allemandes » du Vorarlberg, du Tyrol au nord de Bozen, de Salzbourg, de Haute et Basse Autriche, de Styrie et de Carinthie. Le reste est dispersé en Bohême, en Moravie, en Silésie, en Galicie, en Hongrie, en Transylvanie et en Bucovine. Au centre de l'Empire, l'ethnie magyare forme 15% de sa population totale et 47% de celle du royaume hongrois ; elle n'égale pas en nombre les Slaves établis en Hongrie, mais elle est majoritaire dans 28 comitats sur 64 (Transylvanie incluse) et surtout, 9 000 familles de son aristocratie y détiennent un tiers des terres[4].

Les Italiens sont présents au Tyrol au sud de Bozen, en Istrie et en Dalmatie[3]. Les Roumains dits « Valaques », sont présents en Hongrie orientale, en Transylvanie et en Bucovine. Les Juifs sont présents dans toute l'étendue de la monarchie, à l'exception des confins militaires où il leur est interdit de résider ; à l'Ouest de l'Empire ils sont surtout citadins, assimilés et germanophones, au centre ils sont également magyarophones, et à l'Est de l'Empire ils sont souvent ruraux, traditionalistes et locuteurs du yiddish : c'est en Galicie qu'ils sont relativement le plus nombreux : ils y forment presque la dix-septième partie de la population[3].

Notes et références

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  1. Certains Royaumes et pays représentés à la Diète d'Empire furent en même temps États impériaux de l'Empire germanique, avant sa dissolution en 1806.

Références

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  1. Hans-Erich Stier (dir.) : « Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte », 1985, (ISBN 3-14-100919-8), pp. 130-131 et Onésime Reclus : « Grande Géographie Bong illustrée », tome II, 1912.
  2. Brigitte Vacha, Die Habsburger, Eine Europäische Familiengeschichte, Sonderausgabe 1996, p. 413.
  3. a b et c Dictionnaire de la conversation et de la lecture, 2e édition, tome 2, Paris, Firmin Didot frères, 1861.
  4. Max Schiavon, L'Autriche-Hongrie la Première Guerre mondiale : la fin d'un empire, Soteca 14-18 Éditions, coll. « Les Nations dans la Grande Guerre », Paris 2011, (ISBN 978-2-9163-8559-4), p. 139.

Bibliographie

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Liens externes

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