Roi des Romains — Wikipédia

Le trône de Charlemagne dans la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle.

Le titre de roi des Romains (en latin : rex Romanorum) est utilisé dans le Saint-Empire romain germanique (962-1806) pour désigner le candidat élu au trône impérial jusqu'à son couronnement comme empereur (imperator, Kaiser), après avoir été couronné comme roi des Romains.

Dans certains cas, le candidat étant élu du vivant d'un empereur pour devenir son successeur à la mort de celui-ci, il pouvait rester très longtemps roi des Romains : c'est le cas de Maximilien d'Autriche, élu roi des Romains en 1486, couronné comme tel la même année, mais couronné empereur en 1508, alors que son prédécesseur et père, Frédéric III, était mort en 1493.

Le nom de « Saint-Empire romain », fondé en 962 par Otton Ier, fait référence d’une part à l’héritage de Charlemagne, qui, en se faisant couronner empereur en 800, prétendait rétablir l’Empire romain d'Occident disparu en 476, d’autre part au caractère sacré de son titre impérial (imperator Romanorum) reconnu par le pape, évêque de Rome et chef de l'Église chrétienne.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le titre de rex Romanorum, substitué[1],[2] à celui de rex Francorum[3], est apparu à l’époque de la dynastie des Ottoniens, notamment sous le règne de Henri II (1002 – 1024). Avec l’assentiment de Rome, les successeurs de la dynastie franconienne y ont fait un large recours pour faire valoir leurs droits à la dignité impériale, notamment lors de la querelle des Investitures. Le titre acquiert alors une plus grande importance, contrairement à la désignation polémique de rex Teutonicorum utilisée par la curie romaine. La réunion électorale des princes de l’Empire « romain » germanique s’assemblait régulièrement à Francfort et, pour jouir de la plénitude de sa dignité, l’empereur devait être deux fois couronné, d’abord comme « roi des Romains », généralement au palais d'Aix-la-Chapelle, l’ancienne résidence de Charlemagne, et ensuite comme roi d’Italie (rex Langobardorum) en ceignant la Couronne de fer à Pavie ; il était finalement sacré et oint empereur par le pape, en général à Rome, en commémoration du sacre de Charlemagne en 800.

La Bulle d'or de 1356 a confirmé la pratique de cette cérémonie ; néanmoins, au début des Temps modernes, les différends entre le pape Jules II et l’empereur Maximilien Ier, au XVe siècle, changèrent l'usage. Faute de pouvoir s'entendre avec le pape en raison de leurs rivalités en Italie, Maximilien se proclame « empereur élu des Romains » (clementia electus), arguant qu'il avait déjà été couronné à Aix-la-Chapelle, mais en se réservant la possibilité future d'acquérir une dignité plus haute en étant réellement couronné par un pape plus conciliant. Le titre de roi des Romains fut dès lors davantage utilisé comme équivalant à un prince héritier entre l'élection et le couronnement comme empereur. François Ier ne manqua ainsi jamais l'occasion de rappeler que la dignité impériale de son rival Charles Quint n'était qu'incomplète avant son couronnement à Bologne en le désignant comme l'« élu en empereur ». Ce fut le dernier empereur couronné par un pape et, dès lors, la pratique de la formule « empereur élu » devint systématique.

Bien qu'il fallût confirmer son statut en procédant à une nouvelle élection, le roi des Romains disposait d'une autorité morale suffisante pour obtenir la couronne impériale de façon presque systématique. Pour qu'un empereur pût faire élire un roi des Romains, il fallait qu'il fût lui-même dans la plénitude de sa dignité. Les électeurs firent ainsi plusieurs fois sèchement remarquer à l'empereur Maximilien que son titre d'empereur élu n'était que pure courtoisie de leur part, qu'il n'était qu'un roi des Romains, incapable comme tel de faire accéder son fils l'archiduc Philippe le Beau puis son petit-fils l'archiduc Charles Quint à cette dignité tant que lui-même n'aurait pas été sacré dans les formes. Cette possibilité de faire élire un successeur du vivant même de l’empereur par les princes-électeurs permit aux Habsbourg de s’assurer une hérédité de fait pour la charge impériale. Après Charles Quint, du fait de la Réforme protestante, on décida néanmoins de s'abstenir de toute référence au pape.

Liste des rois des Romains[modifier | modifier le code]

Ottoniens[modifier | modifier le code]

Dynastie franconienne[modifier | modifier le code]

Maison de Supplinbourg[modifier | modifier le code]

Welf et Hohenstaufen[modifier | modifier le code]

Grand Interrègne[modifier | modifier le code]

Habsbourg, Nassau, Luxembourg, Wittelsbach[modifier | modifier le code]

Maison de Habsbourg[modifier | modifier le code]

Inscription figurant sur le beffroi de Vöcklabruck datant de 1508 : MAXIMILIANUS, DEI GRATIA REX ROMANORUM (MAXIMILIEN, PAR LA GRÂCE DE DIEU ROI DES ROMAINS), surmontant les armoiries de ses possessions.

Après Charles Quint, tous les rois des Romains accèdent en principe au trône impérial. Seuls ceux qui ont été élus rois des Romains du vivant de leur prédécesseur sont mentionnés ici. La date de fin de leur règne est celle de leur accession à l'Empire.

Maison de Habsbourg-Lorraine[modifier | modifier le code]

En 1806, le Saint-Empire fut dissous par l'empereur François II et le titre de roi des Romains cessa d'exister.

Divers[modifier | modifier le code]

En Gaule, aux Ve et VIe siècles, deux rois sont surnommés roi des Romains[réf. nécessaire], mais le royaume d’Orléans est conquis par Clovis en 486[pas clair] :

Dans l'Empire d'Orient (Empire romain d'Orient) dont la capitale était Constantinople, on utilisait la langue grecque : pour rendre le latin imperator (empereur), on se contentait du mot basileus (roi) si bien que le monarque portait le titre de basileus tôn Rômaiôn, c'est-à-dire roi des Romains.

Napoléon fit donner à son fils par sénatus-consulte le titre de « roi de Rome ».

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Helmut Beumann, "Rex Romanorum", dans : Lexikon des Mittelalters, tome VII, Munich : LexMA-Verlag, 1995, col. 777-778 (ISBN 3-7608-8907-7).
  • H. Weisert, Der Reichstitel bis 1806, dans : Archiv für Diplomatik, Schriftgeschichte, Siegel- und Wappenkunde, tome 40, Wien : Böhlau, 1994, pp. 441–513.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Matthias Schnettger, L'imperium Romanum en perspective : Les savoirs d'empire dans la République romaine et leur héritage dans l'Europe médiévale et moderne, Besançon : Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, coll. « ISTA, 1302 », (www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_2014_act_1302_1_2980), « Nostrum, nostrum est Romanum Imperium. La présence de Rome dans l'exercice du pouvoir du Saint-Empire romain germanique. », p. 341-354
  2. Jean-Marie Moeglin, Les ancêtres du prince: propagande politique et naissance d'une histoire ..., Genève, Droz, (ISBN 9782600033985).
  3. Julien Havet, Questions mérovingiennes. I. La formule : N. rex Francorum v., vol. 46, , 138-149 p. (DOI 10.3406/bec.1885.447336)

Voir aussi[modifier | modifier le code]