Ziripot — Wikipédia

Ziripot et un Txatxu

Ziripot est un personnage du carnaval rural de Lantz, en Navarre.

Description[modifier | modifier le code]

Ziripot et Zaldiko au milieu des Txatxus qui conduisent Miel Otxin pendant le carnaval de Lantz 2020.

Ziripot figure un homme obèse, habillé de sacs en toile de jute remplis de paille ou d'herbes sèches (ou plus récemment de blocs de mousse). Son visage est couvert par un voile, fixé à un chapeau féminin. Il marche maladroitement, s'aidant d'un long bâton.

Pendant le carnaval de Lantz, un villageois se grime en Ziripot et déambule avec la procession qui fait le tour du bourg. Harcelé par le cavalier Zaldiko, il tombe régulièrement au sol avant d'être relevé par les Txatxus (personnages figurant les villageois)[1],[2].

Légende[modifier | modifier le code]

Dans la légende du carnaval de Lantz, Ziripot est un villageois, trop gros pour travailler ou même marcher, qui gagne sa vie en contant des histoires. Quand les bandits Miel Otxin et Zaldiko investissent et rançonnent Lantz, Ziripot n'a rien à leur donner : les deux hommes le frappent, le jettent au sol et sa corpulence l'empêche de se relever. Après plusieurs heures, quelques voisins viennent à son secours. Ziripot explique à tous que c'est en s'unissant qu'ils parviendront à triompher des bandits : ils capturent Miel Otxin, le jugent, le pendent et brûlent sa dépouille — tandis que Zaldiko parvient à fuir[3].

Une autre version, recueillie par l’ethnographe José Maria Iribarren en 1944, laisse entendre que Ziripot est villageois le plus fort, le héros qui se porte volontaire pour capturer Miel Otxin[4],[5].

Interprétation[modifier | modifier le code]

Au delà de ce premier niveau de lecture, l'affrontement de Ziripot et Zaldiko relève de la classique opposition entre la personnification du Carnaval — un personnage glouton, jouisseur — et celle du Carême, qui finit par triompher. Contrairement au discours courant, la parade ne montre aucune opposition entre Ziripot et Miel Otxin, et les attributs de Carnaval semblent répartis entre les deux (Ziripot corpulent, Miel Otxin rieur, rayonnant et supplicié en final), constituant ainsi une version christique de Carnaval, dans laquelle le personnage de Carême est plus proche des forces du Mal[5].

Personnages apparentés[modifier | modifier le code]

Plusieurs carnavals ruraux du Pays basque ont recours à un personnage obèse d'aspect voisin :

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Baptiste Coyos et Jasone Salaberria Fuldain, Le basque pour les nuls, Paris, Éditions Générales First-Gründ, coll. « Pour les nuls », , 188 p. (ISBN 2754012397 et 9782754012393, OCLC 470941798)
  2. (en) Ramón Zallo, Basques, Today : Culture, History and Society in the Age of Diversity and Knowledge, Alberdania, , 318 p. (ISBN 978-84-96643-59-8, lire en ligne)
  3. (es) « ZIRIPOT - Basque Mythology », sur basquemythology.amaroa.com (consulté le )
  4. « Carnaval », sur Hitza Hitz, (consulté le )
  5. a et b (en) Max Harris, Carnival and Other Christian Festivals : Folk Theology and Folk Performance, University of Texas Press, , 304 p. (ISBN 978-0-292-77930-3, lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (es) Javier Iriarte Lusarreta et Patricia Manso, El carnaval de Lantz, Evidencia M., , 73 p. (ISBN 9788493621193 et 8493621196)
  • (eu + es) Mikel Ozkoidi Pérez et Karlos Irujo Asurmendi, Carnavales de Lantz, Ituren, Zubietako inauteriak, Gobierno de Navarra, Departamento de Cultura y Turismo, Institución Príncipe de Viana, , 96 p. (ISBN 9788423531417 et 8423531414)