Pic d'Anie — Wikipédia

Pic d'Anie
Vue du pic d'Anie depuis le col du Pourtet.
Vue du pic d'Anie depuis le col du Pourtet.
Géographie
Altitude 2 504 m[1]
Massif Larra-Belagua (Pyrénées)
Coordonnées 42° 56′ 40″ nord, 0° 43′ 14″ ouest[1]
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Pyrénées-Atlantiques
Ascension
Première par Flamichon
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées
(Voir situation sur carte : Pyrénées)
Pic d'Anie
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées-Atlantiques
(Voir situation sur carte : Pyrénées-Atlantiques)
Pic d'Anie

Le pic d'Anie est un sommet des Pyrénées béarnaises (France), d'une altitude de 2 504 mètres. Situé sur la commune de Lées-Athas, c’est le plus haut sommet du cirque de Lescun, en vallée d'Aspe.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le nom Anie provient d’une forme dialectale basque (souletine ou roncalaise) añe du terme ahuña « chevreau ». Il est connu au Pays basque sous le nom Ahuñamendi[2] ou Auñamendi, « montagne des chevrettes ».

Il apparait sur la carte de Cassini (1756-1815) sous les noms de pic d'anie mt. ou ahugna mendi. Puis le nom d'Ania en 1816 et le pic d'anie en 1865 dans le Dictionnaire topographique, Béarn et Pays Basque[3].

Géographie[modifier | modifier le code]

Topographie[modifier | modifier le code]

Il est situé sur le territoire de la commune de Lées-Athas, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, près du col de la Pierre Saint-Martin, à l'ouest du cirque de Lescun.

À l'est du pic d'Anie se trouve le spectaculaire karst de Larra (massif de Larra-Belagua), un immense lapiaz calcaire datant du Crétacé[4], rempli de trous et de fissures, sans la moindre trace d'eau en surface, appelé « les Arres d'Anie ». C'est dans ces anfractuosités que se trouvent de nombreux gouffres, dont le gouffre de La Pierre Saint-Martin. L'eau s'y écoule goutte à goutte pour former l'un des plus grands réseaux souterrains du monde[réf. nécessaire]. Les Arres d'Anie ne sont pas uniques dans les Pyrénées, mais ce sont les plus étendues d'Europe[réf. nécessaire].

Les 3 principaux accès au pic sont Belagua, la Pierre-Saint-Martin et Lescun, connu également sous le nom de versant français.

Géologie[modifier | modifier le code]

Le karst des Arres d'Anie, de près de 200 m d'épaisseur, est composé de fissures verticales dans lesquelles le carbonate de calcium circule sous l'effet des pluies, car il est très soluble dans l'eau. L'eau, en s'infiltrant, atteint la surface du substrat hercynien (Dévonien et Carbonifère), composé de schistes qui empêchent une infiltration plus profonde des eaux. Celles-ci rejoignent les rivières pour aller se jeter dans l'océan. La coupole du pic d'Anie est la base de ce système karstique.

L'ancien glacier de Lescun a modelé une immense cuvette en forme de U délimitée par la muraille des orgues de Camplong où se situe la cabane de Cap de la Baitch[5].

Climat[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

Pic d'Anie.

Le , eut lieu la première ascension connue, par l'ingénieur géographe Flamichon. Il s'agit sur un plan historique de la troisième ascension répertoriée pour le massif pyrénéen [réf. nécessaire]. Voici le récit de Flamichon :

« J’allai passer la nuit dans une cabane de pasteur, au pied de la montagne d’Anie, pour être plus à portée de gravir sur son sommet, le lendemain de grand matin. Le jour suivant, 28 juillet [1771], je partis à 3 heures du matin du pied d’Anie. Après beaucoup de fatigues, et après avoir passé sur plusieurs ponts de neige, j’atteignis son sommet vers les 9 heures. »

— Jean Latapie, Théorie de la Terre, déduite de l’organisation des Pyrénées et des pays adjacens, Pau, Tonnet, 1816, pp. 117-118.

Auñamendi et les Basques[modifier | modifier le code]

Bien qu'il ne fasse aucun doute pour les Basques que le pic d'Anie ou Auñamendi soit en terre béarnaise, à seulement un kilomètre de la frontière de la Navarre, le mont est considéré comme « haut lieu traditionnel de la montagne basque[6] » ou « montagne sacrée des Basques[7] ».

L'importance portée au mont se retrouve sur le plan linguistique, les Basques ont toujours désigné les Pyrénées « Auñamendiak » (les Auñamendis), synonyme de Pirinioak. Ce terme est de moins en moins populaire mais reste encore en usage[8],[9].

On retrouve aussi son nom à travers tout le Pays basque. Culturellement dans sa mythologie où Mari, l'un des personnages les plus importants y séjourne[10],[11], des contes, des livres[12], des poèmes[13], un titre d'émission d'EiTB dédié à la montagne (Auñamendietan) et des chansons basques[14]. Un grand nombre de toponymes (comarque, place, rue, immeuble, noms de fermes et maisons basques, bar et restaurant, etc.), le nom de la maison d'Édition Auñamendi, la populaire encyclopédie Auñamendi, association de montagne[15], dans le catalogue des montagnes du Pays basque[16] et bien d'autres.

Mythologie[modifier | modifier le code]

Dans la mythologie basque, le sommet du pic d'Anie était considéré comme le domaine du Jaunagorri (le seigneur rouge)[17],[18].

Deux points de vue divergent sur les occupants du mont. Les Basques le regardent avec les foudres et les orages se former sur son pic et le séjour favori de leur Yona Gorri, le diable. Pour les Béarnais, « cette montagne est l'arsenal où se réunissent les sorciers, les magiciens, fabricants d'orages et que c'est de là qu'ils les lancent et les distribuent à leur gré sur les habitants des plaines pour punir ou favoriser qui bon leur semble[19] ».

Selon les légendes pyrénéennes, il y avait un jardin merveilleux où poussaient des fruits d'immortalité. Mais les audacieux qui tentaient de s'en emparer étaient repoussés par des orages ou des tempêtes de grêle déclenchés par cette divinité, dès que quelqu'un entreprenait l'ascension. La légende avait tant de force qu'un géologue fut empêché par les habitants de Lescun, vers 1750, de le gravir pour en mesurer la hauteur[20].

Voies d'accès[modifier | modifier le code]

Par la France : un accès part depuis le refuge de l'Abérouat, à Lescun, en vallée d'Aspe. Le sentier suit le GR10, il traverse le bois du Braca d'Azuns avant de passer au pied des Orgues de Camplong, vers la cabane de berger du Cap de la Baitch. De ce point, on suit le sentier du lac d'Anie et les cairns vers le bas du sommet.

Un second accès part depuis la station de La Pierre Saint-Martin, en traversant les Arres d'Anie vers le col des Anies pour y rejoindre le sentier qui mène à la base du sommet.

Un autre accès part d'Espagne, de Belagua en Navarre.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. Ahüñemendi en souletin, Père Pierre Lhande, Dictionnaire basque-français et français-basque, 1926.
  3. Auñamendi - Places - EODA sur Euskaltzaindia.
  4. Jacques Labeyrie, Les découvreurs du Gouffre de la Pierre-Saint-martin, éditions Cairn, 2005.
  5. Patrice Teisseire-Dufour, « Le pic d'Anie », Pyrénées magazine, no hors-série été 2015,‎ , p. 44-46 (ISSN 1252-2783)
  6. Montagnes et civilisation basques, Claude Dendaletche, Denoël, 1978, 183 pages
  7. (en) Walking Across Spain - The Pyrenees from the Atlantic to the Mediterranean, Mr Alan House, Lulu Press, Inc, 9 avr. 2012
  8. (es) Enciclopedia general ilustrada del país vasco, Jon Bilbao, Rafael Aguirre, Editorial Auñamendi, 1970, 559 pages, p. 385
  9. (en) Ad Britannia: First Century Roman Invasion of Britain Book One Ad 23 to 52, Donald A. Walbrecht Ph.D., Trafford Publishing, 2016, 200 pages. « The Vascones you'll meet in our Pirinioak or Auñamendiak mountains speak a language unlike the Iberian or Gallian Bascos.... »
  10. (en) Selected writings of José Miguel de Barandiarán: Basque prehistory and ethnography, José Miguel de Barandiarán, Jesús Altuna, University of Nevada, Reno. Center for Basque Studies, 2009, 291 pages
  11. (en) The Basques of Lapurdi, Zuberoa, and Lower Navarre, Their History and Their Traditions, Philippe Veyrin, Translated by Andrew Brown, University of Nevada, Reno. Center for Basque Studies, 2011
  12. Auñemendiko lorea est le titre d'un livre connu en langue basque de Txomin Agirre.
  13. (eu) Agur, Euzkadi de Emeterio Arrese, 1924.
  14. (eu) Haitzetan interprété par Mikel Urdangarin.
  15. Auñamendi a fait sa 44e marche régulière sur Sud-Ouest, publié le 30/06/2016
  16. Euskal Herriko Mendien Katalogoa (ISBN 844571399X)
  17. Histoire de l'âme basque, Abbé Roland Moreau, 1970, 749 pages
  18. Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne; Donostia, Lauburu ; Elkar, , 345 p. (ISBN 9788415337485 et 8415337485, OCLC 795445010)
  19. Revue historique et archéologique du Béarn et du pays basque, Jean Anna (directeur), Lescher-Moutoué, 1935
  20. (en) Gascony and the Pyrenees, Collective, Dana Facaros, Michael Pauls, Cadogan Guides, 2004, 364 pages

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]