Inguma — Wikipédia

Inguma, ou Mauma à Baigorri, est un des Irelus ou génies maléfiques qui composent le vaste panthéon de la mythologie basque[1]. On peut l'encadrer dans les êtres qui habitent la nuit, car c'est à ces heures-là qu'il est le plus susceptible d'apparaître[2]. Cependant, Inguma peut être affiché à tout moment lorsque les gens dorment. Sa nature est mauvaise, puisque son seul but est de noyer ses victimes pendant leur sommeil. Il apparaît de nuit dans les maisons, lorsque les gens sont endormis. Il serre la gorge de certains d'entre eux, leur rendant la respiration difficile, provoquant ainsi une indicible angoisse.

Origine anthropologique[modifier | modifier le code]

L'origine anthropologique de ce génie pourrait être recherchée dans le phénomène appelé « paralysie du sommeil », une incapacité temporaire de bouger dont certaines personnes souffrent souvent pendant le sommeil, lors d'un réveil brutal. Curieusement, la paralysie du sommeil survient généralement si la personne est allongée sur le dos, ce qui coïncide avec le schéma suivi par Inguma, qui s'assoit sur la poitrine de ses victimes et leur serre la gorge avec ses mains[3].

Incantations[modifier | modifier le code]

Pour éviter les effets de ce génie, dans la région d'Espelette (Labourd), on dit traditionnellement cette formule[4]

Basque Français
Inguma, enauk hire bildur,

Jinkoa eta Andre Maria artzentiat lagun
Zeruan izar, lurrean belar, kostan hare.
Ehadiela nereganat ager.

Inguma, je n'ai pas peur de toi,

j'ai comme protecteur Dieu et la Vierge Marie.
Dans le ciel les étoiles, sur terre les herbes, sur la côte les grains de sable,
ne te présente pas devant moi avant de les avoir dénombrés.

À Sare (Labourd) on dit cette autre formule[5] :

Basque Français
Ingumes erromes

ezniok hire beldurrez
Jesus diat aita
Zeruko saindu ta aingeru guziak guarda.

Ingumes mendiant

je n'ai pas peur de toi,
j'ai pour père Jésus
pour gardiens tous les saints et les anges du ciel.

À Ithorrotz, on dit que ce génie occasionne de mauvais rêves. Pour l'éloigner on dit la même formule que celle d'Espelette, à laquelle on ajoute cette invocation au génie Gauargi[5] :

Hi, aldiz, jin akitala Gauargia!.
qui se traduit par: En revanche viens à moi toi, Gauargia!.

Pour se délivrer de mauvais rêves on utilise diverses formules et invocations adressées à Sainte Ignés, à la Vierge Marie et à Saint André. En voici quelques-unes :

À Amezketa[5] :

Basque Français
Amandere Santa Inés

bart egin det amets''
berriz egin eztezadala
ez gaitzez ta ez onez.

Mère Sainte Agnès

hier soir j'ai fait un rêve
que je n'en fasse plus
ni mauvais, ni bon.

À Ezkurra[5] (Navarre):

Basque Français
Andre Santa Ines

bart ein dut ames:
bart ein badut gaitzez
gaur ein dezadan onez.

Sainte Agnès

j'ai rêvé hier soir :
si celui d'hier était mauvais
que celui d'aujourd'hui soit bon.

À Ituren[5] (Navarre):

Basque Français
Ama Bergina de Kodes:

nik eiten bot ames
izan daila onez

Sainte Vierge de Kodes :

je fais des rêves
qu'ils soient bons.

À Euba, on dit que le rêve que l'on fait le 13 du mois se traduit dans la réalité.

Aideko est semblable à Inguma. On le rend responsable de toutes les maladies dont on ignore les causes naturelles. De même que Gaizkiñe forme les têtes de coq avec les plumes du traversin, cause de graves maladies à celui ou celle qui se couche dessus. Ce n'est seulement qu'en brûlant ces plumes que l'on est guéri.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Dans Une offrande à la tempête, La mort subite d'une petite fille devient suspecte lorsque le médecin légiste découvre qu'une pression a été appliquée sur le visage du bébé. La grand-mère est persuadée que ce meurtre est l'acte d'Inguma, créature maléfique[6].

Notes et Références[modifier | modifier le code]

Il n'existe pas de genre (masculin, féminin) dans la langue basque et toutes les lettres se prononcent. Il n'y a donc pas d'association comme pour le français ou qu se prononce k.

  1. José Miguel Barandiaran (trad. Olivier de Marliave, préf. Jean Haritschelhar, photogr. Claude Labat), Mythologie basque [« Mitología vasca »], Toulouse, E.S.P.E.R, coll. « Annales Pyrénéennes », , 120 p. [détail des éditions] (ISBN 2907211056 et 9782907211055, OCLC 489680103)
  2. Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne; Donostia, Lauburu ; Elkar, , 345 p. (ISBN 9788415337485 et 8415337485, OCLC 795445010)
  3. (es) « Urdaibaiko Hiztegi Mitologikoa A-tik Z-ra (Etnografia) » [PDF], sur Urdaibai.org, Eusko Jaurlaritza, Gernika-Lumoko Udala et Urdaibai Biosfera Erreserba, 118p., (consulté le )
  4. (eu) Euskal mitologia, José Luis Arriaga, Ediciones Mensajero, 1984, 177p. (ISBN 9788427113763) (ISBN 8427113765)
  5. a b c d et e (es + eo) Inguma, Auñamendi Eusko Entziklopedia.
  6. La trilogie du Baztán. Une offrande à la tempête, Dolores Redondo, Mercure de France, 18 Avril 2016, (ISBN 9782715242388)

Bibliographie[modifier | modifier le code]