Peine de mort à Taïwan — Wikipédia

CKS Airport drugs sign.

La peine de mort à Taiwan constitue le châtiment suprême dans ce pays, elle s'exécute par balle. Bien que la loi prévoie la possibilité d'employer l'injection létale, elle n'a encore jamais été appliquée.

Procédure et historique[modifier | modifier le code]

La loi prévoit la peine de mort pour un grand nombre d'infractions, y compris le trafic de drogue et l'enlèvement. En pratique la peine de mort s'applique pour les cas les plus graves comme le meurtre.

Les condamnations à mort doivent être approuvées par la Cour suprême avant d'être transmises au ministre de la Justice afin qu'il décide de signer l'ordre d'exécution. Le droit de grâce appartient au président de la République.

Les condamnés sont avertis peu de temps avant leur exécution qui est annoncée ensuite aux médias. Souvent des photographes, perchés sur des immeubles près de l'une des prisons où ont lieu les exécutions, parviennent à prendre des photos des condamnés à mort alors qu'on les escorte là où ils vont être exécutés par une balle unique.

Taïwan a pratiqué très largement la peine de mort jusqu'à la fin des années 1990, avec plusieurs dizaines d'exécutions annuelles. Par la suite, le nombre d'exécutions a progressivement diminué[1].

Actualité récente et exécutions[modifier | modifier le code]

Alors que les dernières exécutions dans ce pays dataient de , un scandale a éclaté en mars 2010 lorsque la ministre de la justice de l'époque, Wang Ching-feng, avait annoncé qu'elle était abolitionniste et ne signerait aucun ordre d'exécution[2]. À la suite du tollé provoqué par ces déclarations face à une opinion publique largement favorable à la peine de mort (74 % y sont favorables, 12 % y sont opposés), la ministre a été contrainte à démissionner et a été remplacée par Tseng Yung-fu. Ce dernier, comme l'actuel président de Taiwan Ma Ying-jeou, estime que si l'île a vocation à abolir la peine de mort un jour suivant la « tendance internationale », cette abolition ne peut avoir lieu que graduellement, à la suite d'un consensus national et sans que cela n'affecte l'exécution des condamnés ayant épuisé le processus judiciaire.

Après sa nomination, Tseng Yung-fu a participé à une série de débats publics organisés par l'État sur le thème de la peine de mort[3] puis le , il a annoncé avoir fait procéder à l'exécution de quatre condamnés. Ces exécutions ont mis fin a un moratoire de facto de quatre ans et demi.

Cinq nouvelles exécutions ont eu lieu le . Trois des condamnés avaient choisi de faire don de leurs organes. Ces exécutions interviennent après la révélation qu'un militaire exécuté dans les années 1990 était en fait innocent. Le ministère a également annoncé son intention de supprimer certains crimes passibles de la peine de mort tombés en désuétude, comme l'enlèvement[4]. 39 condamnés se trouvent dans les couloirs de la mort taïwanais en [5].

Les six exécutions supplémentaires de 2012 ont fait suite à la colère publique provoquée par le meurtre d'un enfant commis par un jeune chômeur croyant qu'il échapperait à la peine de mort et « aurait des repas gratuits en prison »[6]. Les exécutions ont été applaudies par le président du Controle Yuan, partisan de la peine de mort selon lequel le gouvernement doit passer outre aux pressions internationales contre la peine de mort[7].

Exécutions depuis 2010[modifier | modifier le code]

Liste non exhaustive[8],[9]
Criminel Date Méthode(s) Crime(s) Présidence
Chang Wen-wei Peloton d'exécution Meurtre en ? d'une adolescente de seize ans après l'avoir violée. Ma Ying-jeou
Ko Shih-ming Meurtre en ? de deux personnes.
Chang Wei-long Meurtre en ? d'une fillette de sept ans lors d'une prise d'otage.
Hong Chen-yao Meurtre en ? de trois personnes
Kuan Chung-yan Meurtre en ? de sept personnes.
Chung Teh-chu Meurtre en ? de trois personnes.
Wang Chih-huang Meurtre en ? de deux personnes.
Wang Kuo-hua Meurtre en ? d'une jeune femme après l'avoir violée.
Chuang Tien-chu Meurtres en ? de quatre personnes.
Chen Chin-huo Meurtre en ? d'une jeune femme, acte de nécrophagie.
Kwang Teh-chiang Meurtre en ? d'une jeune femme, acte de nécrophagie.
Tseng Si-ru Meurtre en ? d'une jeune femme lors d'un cambriolage.
Huang Hsien-cheng Meurtre en ? de son beaux-père et de ses trois enfants en incendiant leur maison.
Tai Te-ying Meurtre en ? de son beaux-père en le poignardant.
Huang Hsien-cheng Meurtre en ? de deux homme alors qu'il était déjà emprisonné pour meurtre.
Chen Tung-Jung Meurtre en ?.
Chen Jui-Chin Meurtre en ?.
Lin Chin-Te Meurtre en ?.
Chang Pao-Hui Meurtre en ?.
Li Chia Hsuan Meurtre en ?.
Chi Chun-I Meurtre en ?.
Tai Wen-ching[10] Meurtre en 2002 d'un chauffeur de taxi.
Teng Kuo-liang[10] Meurtre en 2009 d'une femme et de son fils.
Liu Yen-kuo[10] Meurtre en 1997 d'un policier lors d'un cambriolage.
Tu Ming-hsiung[10] Meurtre en 2001 de cinq personnes
Tu Ming-liang[10] Meurtre en 2001 de cinq personnes.
Huang Chu-wang[11] Meurtre en ?.
Wang Yu-lung[11] Meurtre en ?.
Wang Chun-chin[11] Meurtre en ?.
Tsao Tien-shou[11] Meurtre en ?.
Wang Hsiu-fang[11] Meurtre en ?.
Cheng Chin-wen[11] Meurtre en ?.
Cheng Chieh[12] Meurtre en 2014 de quatre personnes, choisis au hasard dans le métro de Taipei.
Lee Hung-chi[13] Meurtre en 2014 de son ex-femme en la poignardant. Tsai Ing-wen
Weng Jen-hsien[14] Meurtre de six membres de sa famille lors de l'incendie volontaire de sa maison, le .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « ¥q§ï·/µÛ§@¡Dªk®×¡Ð¥q§ïÂø»x¡Ð¬Fµ¦«Å¥Ü¤T¦~ ¹ê»Ú§@¬°§Î¦P¤û¨B ¼o°£¦º¦D¤£¸Ó¥u¬O¤f¸¹ », sur jrf.org.tw via Wikiwix (consulté le ).
  2. http://focustaiwan.tw/ShowNews/WebNews_Detail.aspx?Type=aSOC&ID=201004300038 Four death row inmates executed: MOJ
  3. (en) Rich Chang, « Hearing on death penalty generates mixed opinions », Taipei Times,‎ (lire en ligne).
  4. (en) « Taiwan to drop death penalty for some crimes amid global criticism », sur monstersandcritics.com via Wikiwix (consulté le ).
  5. (en) « Death sentences and executions 2019 » [PDF], Amnesty International, (consulté le )
  6. SAPA, « Taiwan harvests organs from executed inmate - report », sur co.za, IOL / News that Connects South Africans, (consulté le ).
  7. http://web.archive.org/web/20230823235804/https://focustaiwan.tw/ShowNews/WebNews_Detail.aspx?Type=aALL&ID=201212220025.
  8. (en) Rich Chang, « Six on death row executed: ministry », Taipei Times,‎ (lire en ligne).
  9. (en) Rich Chang, « Four executed despite controversy », Taipei Times,‎ (lire en ligne).
  10. a b c d et e (en-US) J. Michael Cole, « Taiwan Executes 5 Death Row Inmates as Political Crisis Deepens », The Diplomat,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. a b c d e et f (en) « Taiwan: Six executed in politically motivated decision », sur amnesty.org (consulté le ).
  12. (en-GB) « Taiwan executes subway knife killer », sur bbc.com, (consulté le ).
  13. (en) Taiwan News, « Taiwan executes convict on president’s birthday », Taiwan News (consulté le ).
  14. (en) Joseph Yeh, « Taiwan executes death row inmate convicted in six deaths », sur focustaiwan.tw, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]