Peine de mort à Singapour — Wikipédia

La peine de mort constitue le châtiment suprême à Singapour, qui l'utilise couramment, par pendaison. Les exécutions ont lieu traditionnellement le vendredi matin.

Avec 5,3 millions d'habitants, Singapour a l'un des taux d'exécution capitale par habitant le plus élevé au monde avec environ quatre cent vingt détenus pendus entre 1991 et 2004, selon Amnesty International[1].

En , plus de quarante personnes condamnées restaient dans l'attente de leur execution[2].

En 2022, 11 individus ont été condamnés à mort pour des affaires de drogue[3].

Crimes punis de la peine de mort[modifier | modifier le code]

  • Meurtre ;
  • Tentative de meurtre par un condamné à la prison à perpétuité ;
  • Parjure ayant entraîné l'exécution d'un innocent ;
  • Provocation au suicide d'un mineur ou d'une personne vulnérable ;
  • Atteintes à la personne du président de la République (trahison) ;
  • Mutinerie ;
  • Piraterie dangereuse pour la vie humaine ;
  • Faire la guerre ; tenter de faire la guerre ou comploter en vue de faire la guerre au gouvernement de Singapour
  • Enlèvement ou abus sexuel en relation avec un meurtre ;
  • Vol en bande organisée suivi de mort ;
  • Possession de drogue (dans le cas d'une détention de plus de 500 g de cannabis, de 30 g de cocaïne ou de 15 g d'héroïne, son application est alors obligatoire) ;
  • Possession illégale d'armes à feu.

Actualité[modifier | modifier le code]

En 2012, Singapour a adopté un adoucissement législatif inédit de sa loi en la matière, autorisant notamment le juge à prononcer la prison à vie au lieu de la peine de mort pour trafic de drogue dans certaines circonstances, notamment en cas de coopération avec les autorités. Les exécutions avaient été suspendues afin de permettre cette réforme. Elles ont repris dès 2014[4] au même rythme que précédemment.

Le , Punithan Genasan, un malaisien de 37 ans, reconnu coupable de complicité dans le transport d'au moins 28,5 g d'héroïne en 2011[5], est condamné à mort au terme d'une audience qui s'est déroulée par vidéoconférence sur l'application Zoom[6]. Ce fait, inédit, intervient dans le cadre du confinement mis en place par l'État singapourien à partir du pour lutter contre la pandémie de COVID-19 qui sévit dans le pays. Auparavant, la « téléjustice » avait déjà été testée en France et aux États-Unis mais, étant surtout utilisée pour les petits procès, elle n'avait jamais abouti à une telle condamnation.

Après deux années d'interruption, un condamné à mort en 2018 pour détention d'un kilo de cannabis a été exécuté par pendaison le 26 avril 2023[7].

Opinion publique[modifier | modifier le code]

Selon le journal The Straits Times, 95 % des Singapouriens étaient partisans de la peine de mort en 2005[8].

Exécutions notables depuis 1965[modifier | modifier le code]

Liste non exhaustive
Criminel Sexe Date Méthode(s) Crime(s)
Sunny Ang Soo Suan M Pendaison Meurtre de Jenny Cheok Cheng Kid en 1962
Usman bin Haji Muhammad Ali M Attentat à la bombe en 1965
Harun Thohir M Attentat à la bombe en 1965
Adrian Lim M Meurtres de Agnes Ng Siew Heok (9 ans) et Ghazali bin Marzuki (10 ans) en 1981
Tan Mui Choo F Meurtres de Agnes Ng Siew Heok (9 ans) et Ghazali bin Marzuki (10 ans) en 1981
Hoe Kah Hong F Meurtres de Agnes Ng Siew Heok (9 ans) et Ghazali bin Marzuki (10 ans) en 1981
Fung Yuk-shing M Trafic de drogue en 1990
Nathan Tse Po-chung M Trafic de drogue en 1989
Cheuk Mei-mei F Trafic de drogue en 1989
Johannes van Damme M Trafic de drogue en 1991
Flor Contemplacion F Meurtres de Delia Mamaril Maga et de Nicholas Huang en
Tong Ching-man F Trafic de drogue en 1991
Lam Cheuk-wang F Trafic de drogue en 1991
Poon Yuen-chung F Trafic de drogue en 1991
Angel Mou Pui-peng F Trafic de drogue en 1991
John Martin Scripps M Meurtre de Gerard Lowe en
Vignes Mourthi M Trafic de drogue en 2003
Shanmugam Murugesu M Trafic de drogue en 2001
Van Tuong Nguyen M Trafic de drogue en 2002
Took Leng How M Meurtre de Huang Na (8 ans) en 2004
Iwuchukwu Amara Tochi M Trafic de drogue en 2004
Tang Hai Liang M Trafic de drogue en 2009
Foong Chee M Trafic de drogue en 2009
Muhammad Kadar M Meurtre d'une retraitée en 2005
Kho Jabing M Meurtre de Cao Ruyin en 2008
Chijioke Obioha M Trafic de drogue en 2008
Devendran Supramaniam M Trafic de drogue en 2011
Bill Agbozo M Trafic de drogue en 2013
Selamat Bin Paki M Trafic de drogue en 2012
Ali Bahashwan M Trafic de drogue en 2012
Irwan Bin Ali M Trafic de drogue en 2012
Prabu Pathmanathan M Trafic de drogue en 2014
Michael Garing M Meurtre de Shanmuganathan Dillidurai en
Abd Helmi Ab Halim M Trafic de drogue en 2015
Abdul Kahar Bin Othman M 30 mars 2022 Trafic de drogue en 2015
Mohd Hussein M 26 juillet 2023 Trafic de 50 grammes d'héroïne.
Saridewi Djamani F 28 juillet 2023 Trafic de 30 grammes d'héroïne.
Mohamed Latiff M 1 août 2023 Trafic de 55 grammes d'héroïne en 2016.

Curiosités[modifier | modifier le code]

Juste avant leur exécution, les condamnés à mort sont photographiés. Ce dernier cliché peut être remis aux familles comme dernier souvenir[9].

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Un écrivain britannique jugé à Singapour pour avoir critiqué la peine de mort », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) « Death sentences and executions 2019 » [PDF], Amnesty International, (consulté le )
  3. Brice Pedroletti, « A Singapour, un homme a été pendu pour le trafic d’un kilo de cannabis », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Reuters Editorial, « Singapore hangs two drug traffickers, first executions in over three years », sur reuters.com, (consulté le ).
  5. (en) Rebecca Ratcliffe, « Singapore sentences man to death via Zoom call », sur TheGuardian.com, (consulté le )
  6. Camille Sarazin, « Coronavirus : à Singapour, un homme condamné à mort via Zoom », sur RTL.fr, (consulté le )
  7. information du Monde du 27 avril 2023 p. 7
  8. http://docs.google.com/viewer?a=v&q=cache:90mi_d58MsgJ:www.straitstimes.com/STI/STIMEDIA/pdf/20090119/Rebuttal.pdf+%22Straits+Times%22+%22death+penalty%22+95%25&hl=fr&gl=fr&sig=AHIEtbRQtrC1ksNkp1sa7Gbfp1xwHEScoA
  9. Gabrielle Maréchaux, « À Singapour, les condamnés à mort sont priés de sourire avant leur exécution », Télérama,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]