Transfert (football) — Wikipédia
En football, un transfert correspond au changement de club d'un footballeur professionnel. Un transfert est généralement le rachat du contrat d'un joueur, mais peut prendre d'autres formes comme un prêt avec obligation d'achat, un prêt avec option d'achat ou un prêt sans option d'achat.
Les clubs professionnels sont en général autorisés à transférer un joueur dans un autre club uniquement pendant une période définie, désignée comme « le marché des transferts » ou « mercato ».
Historique
[modifier | modifier le code]Contrat à vie entre joueur et club
[modifier | modifier le code]Historiquement, les premiers joueurs sont principalement des étudiants. Gentlemen et ouvriers constituent la deuxième vague. On retrouve cette même évolution en dehors des îles Britanniques dans de nombreux pays. Les joueurs gardent le contrôle du jeu à ses débuts, puis dans la première moitié du XXe siècle, les dirigeants prennent l'ascendant au niveau professionnel comme amateur. Commence alors la longue période où les joueurs sont liés à vie à leurs clubs et transférables uniquement selon le bon vouloir des dirigeants qui s'arrangent pour tirer les salaires vers le bas[1]. En 1963, Raymond Kopa assimile d'ailleurs la médiocre condition des footballeurs professionnels à de l'esclavage : « Les footballeurs sont des esclaves. Le footballeur professionnel est le seul homme à pouvoir être vendu et acheté sans qu'on lui demande son avis » dans le magazine France Dimanche puis utilise le terme de « contrat esclavagiste » dans le magazine Le Miroir du football[2]. Des syndicats de joueurs se forment pourtant dès le début du XXe siècle au Royaume-Uni mais ces derniers ne parviennent pas à peser réellement sur ces problèmes[3].
Adoption du contrat à durée déterminée
[modifier | modifier le code]La situation change dans les années 1960 avec la constitution de syndicats modernes, comme l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) en France. Ces derniers militent pour une hausse des salaires, la mise en place du contrat à durée déterminée et une amélioration des conditions de retraite. Les clubs et autres organismes dirigeants ne prennent pas, dans un premier temps, au sérieux ces revendications puis doivent céder. Le contrat à durée déterminée est ainsi adopté en France en 1969[4]. Le combat est mené conjointement en Angleterre depuis 1961 : le syndicat des joueurs anglais obtient quelques avantages financiers mais les clubs refusent d'accorder la formule du contrat à durée déterminée. Billy Bremner publie un texte fameux au début du printemps 1974 resté sous le nom de « L'esclave blanc » : « Il n'y a pas de raison de faire de discrimination entre les hommes et les footballeurs[5] ». Le gouvernement britannique intervient dans la foulée () en dépêchant des observateurs à Paris auprès de la Fédération française de football, de la Ligue de football professionnel et de l'UNFP pour évaluer le système du contrat à durée déterminée[6]. Il faut toutefois attendre 1978 pour voir l'Angleterre adopter ce type de contrat[7] qui se généralise partout ensuite. Les nations de l'Europe de l’Est conservent toutefois les droits sur leurs joueurs à vie jusqu'à la chute des régimes communistes en Europe (des lois interdisaient même tous transferts de joueurs à l'étranger ou limitaient cette possibilité, comme en Yougoslavie pendant les années 1980, aux joueurs de plus de 27 ans).
Influence de l'arrêt Bosman
[modifier | modifier le code]Le , le mécanisme des transferts est profondément modifié par l'arrêt Bosman. Cette décision de la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) abolit les frontières dans la Communauté européenne. Avant cet arrêt, le nombre des joueurs étrangers par club était limité et un club pouvait réclamer une indemnité de transfert pour un joueur ayant fini son contrat.
Marché des transferts
[modifier | modifier le code]Le marché des transferts aussi appelé mercato (italianisme signifiant « marché ») est la période pendant laquelle les clubs professionnels de football sont autorisés à transférer ou à prêter leurs joueurs à d'autres clubs. Habituellement, cette période se déroule pendant l'été, avant la reprise de la saison (trêve estivale) et à mi-saison (trêve hivernale). En dehors de ces périodes, un joueur ne peut être transféré ou prêté à un autre club (sauf conditions exceptionnelles de la ligue concernée).
Mercato estival
[modifier | modifier le code]Le premier mercato de la saison se situe pendant l'été et dure à peu près deux mois. Il commence après la fin de la saison, en suivant le calendrier de la plupart des championnats majeurs européens. Évidemment dans l'hémisphère sud le mercato estival est en janvier, mois d'été austral, juste avant la nouvelle saison.
En Scandinavie et en Russie, on suit l'année civile en raison des hivers trop rigoureux pour pratiquer du sport en plein air, c'est pourquoi le mercato d'intersaison a lieu également en janvier, en hiver boréal. Les efforts de la Fifa pour harmoniser les dates en incitant tous les championnats à adopter le rythme de l'année civile ont été vains, et les associations ont préféré garder leur propre rythme saisonnier.
Cette période de transfert d'intersaison se termine peu après le début de la saison suivante.
Mercato hivernal
[modifier | modifier le code]Le deuxième mercato de la saison a lieu à mi-saison (janvier dans l'hémisphère nord, juillet dans l'hémisphère sud) traditionnellement pour une durée d'un mois.
Indemnité de transfert
[modifier | modifier le code]Les transferts ont toujours existé dans le football et leur prix augmente rapidement. En 1893, l'Écossais Willie Groves est le premier joueur transféré pour plus de 100 £[8]. Depuis 1997, le règlement prévoit de rémunérer les clubs formateurs, jusque-là totalement oubliés[9].
Montants les plus élevés dans le monde
[modifier | modifier le code]- Plus gros transfert du football au moment du transfert
Progression chronologique du record mondial de transfert
[modifier | modifier le code]Montants les plus élevés en France
[modifier | modifier le code]Le Paris Saint-Germain a procédé à neuf des dix transferts les plus onéreux réalisés par un club français de football, et en particulier le premier d'entre eux : la signature en 2017 de l'international brésilien Neymar venu du FC Barcelone. Le club parisien débourse 222 millions d'euros pour s'offrir ses services[13]. De 2000 à 2011, le transfert le plus coûteux de l'histoire du championnat est resté celui de Nicolas Anelka, de retour au Paris Saint-Germain en échange d'une indemnité de 220 millions de francs, soit 33,5 millions d'euros.
Nom | Provenance | Destination | Montant (en euros) | Année |
---|---|---|---|---|
Neymar | FC Barcelone | Paris Saint-Germain | 222 millions[13] | 2017 |
Kylian Mbappé | AS Monaco | Paris Saint-Germain | 180 millions[14] | 2018 |
Edinson Cavani | SSC Naples | Paris Saint-Germain | 64 millions[69] | 2013 |
Ángel Di María | Manchester United | Paris Saint-Germain | 63 millions[86] | 2015 |
Achraf Hakimi | Inter Milan | Paris Saint-Germain | 60 millions[79] | 2021 |
Manuel Ugarte | Sporting CP | Paris Saint-Germain | 60 millions | 2023 |
Mauro Icardi | Inter Milan | Paris Saint-Germain | 50 millions[110] | 2020 |
David Luiz | Chelsea FC | Paris Saint-Germain | 49,5 millions[111] | 2014 |
Leandro Paredes | Zénith Saint-Pétersbourg | Paris Saint-Germain | 47 millions[112] | 2019 |
James Rodríguez | FC Porto | AS Monaco | 45 millions[113] | 2013 |
Nom | Provenance | Destination | Montant (en euros) | Année |
---|---|---|---|---|
Kylian Mbappé | AS Monaco | Paris Saint-Germain | 180 millions[14] | 2018 |
Victor Osimhen | LOSC Lille | SSC Naples | 81,3 millions[59] | 2020 |
Nicolas Pépé | LOSC Lille | Arsenal FC | 80 millions[47] | 2019 |
Aurélien Tchouaméni | AS Monaco | Real Madrid | 80 millions | 2022 |
Neymar | Paris Saint-Germain | Al-Hilal FC | 80 millions | 2023 |
James Rodríguez | AS Monaco | Real Madrid | 78 millions[51] | 2014 |
Thomas Lemar | AS Monaco | Atlético Madrid | 65 millions[60] | 2018 |
Leny Yoro | LOSC Lille | Manchester United | 63 millions | 2024 |
Anthony Martial | AS Monaco | Manchester United | 60 millions[95] | 2015 |
Tanguy Ndombele | Olympique lyonnais | Tottenham Hotspur | 60 millions[réf. nécessaire] | 2019 |
Montants les plus élevés en Belgique
[modifier | modifier le code]Nom | Provenance | Destination | Montant (en euros) | Année |
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Jonathan David | KAA La Gantoise | Lille OSC | 32 millions | 2020 |
Jéremy Doku | RSC Anderlecht | Stade rennais | 26 millions | 2020 |
Wesley | Club Bruges KV | Aston Villa | 25 millions | 2019 |
Youri Tielemans | RSC Anderlecht | AS Monaco | 25 millions | 2017 |
Odilon Kossounou | Club Bruges KV | Bayer Leverkusen | 23 millions | 2021 |
Sander Berge | KRC Genk | Sheffield United | 23 millions | 2020 |
Victor Osimhen | Charleroi RSC | Lille OSC | 22,4 millions | 2019 |
Marouane Fellaini | Standard de Liège | Everton FC | 21,7 millions | 2008 |
Leandro Trossard | KRC Genk | Brighton & Hove Albion | 20 millions | 2019 |
Aleksandar Mitrović | RSC Anderlecht | Newcastle United | 18,5 millions | 2015 |
Montants les plus élevés en Suisse
[modifier | modifier le code]Nom | Provenance | Destination | Montant (en euros) | Année |
---|---|---|---|---|
Breel Embolo | FC Bâle | Schalke 04 | 26,5 millions | 2016 |
Manuel Akanji | FC Bâle | Borussia Dortmund | 21,5 millions | 2018 |
Mohamed Elyounoussi | FC Bâle | Southampton FC | 18 millions | 2018 |
Mohamed Salah | FC Bâle | Chelsea FC | 16,5 millions | 2014 |
Matheus Cunha | FC Sion | RB Leipzig | 15 millions | 2018 |
Mohamed Elneny | FC Bâle | Arsenal FC | 12,5 millions | 2014 |
Denis Zakaria | BSC Young Boys | Borussia Mönchengladbach | 12 millions | 2017 |
Xherdan Shaqiri | FC Bâle | Bayern Munich | 11,8 millions | 2012 |
Bernt Haas | Grasshopper Club Zurich | Sunderland AFC | 11,8 millions | 2001 |
Albian Ajeti | FC Bâle | West Ham United FC | 11,3 millions | 2020 |
Football féminin
[modifier | modifier le code]Monde
[modifier | modifier le code]Le premier transfert record connu dans le football féminin contemporain est celui de Milene Domingues de Fiammamonza (en) au Rayo Vallecano en 2002 pour $310 000[117], deux décennies avant le professionnalisme du football féminin espagnol. Le record actuel a été établi par le transfert de Racheal Kundananji du Madrid CFF au Bay FC pour 805 000 euros en février 2024[118].
Avant que le football féminin ne soient supervisées par les fédérations masculines de football, des indemnités étaient déjà versées pour certains transferts. Le premier transfert indemnisé d'une footballeuse a été celui de Molly Walker (en), de Lancaster Ladies à Dick, Kerr Ladies en 1918 ; Walker s'est vu offrir ses frais ainsi qu'une indemnité pour avoir rejoint l'équipe[119],[120]. Dans les années 1970, plusieurs équipes italiennes et l'Olímpico de Villaverde en Espagne ont offert un droit de signature à certaines joueuses[121],[122]. En 1973, Conchi Sánchez a reçu 75 000 Pts (environ 300 € à l'époque) pour quitter Villaverde et rejoindre Gamma 3 Padova en Italie[122], tandis que le Stade de Reims en France offrait 1 million de Pts pour Victoria Hernández (en) de Villaverde quelques semaines plus tard[123]. Padoue, toujours en 1973, a payé pour Christia Nusser et Monika Bardof des indemnités de transfert supérieures à celles versées pour des footballeurs masculins de la Tercera et même de la Segunda division espagnole[124].
Rang | Joueuse | Provenance | Destination | Montant | Année | Réf. |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | Racheal Kundananji | Madrid CFF | Bay FC | 805 000 € | 2024 | [118] |
2 | Barbra Banda | Shanghai Shengli | Orlando Pride | 681 000 € | 2024 | [125] |
3 | Mayra Ramírez | Levante UD | Chelsea FC | 500 000 € | 2024 | [126] |
4 | Keira Walsh | Manchester City | FC Barcelone | 470 000 € | 2022 | [127],[128] |
5 | Lena Oberdorf | VfL Wolfsburg | Bayern Munich | 450 000 € | 2024 | [129] |
6 | Jill Roord | VfL Wolfsburg | Manchester City | >350 000 € | 2023 | [130] |
7 | Kyra Cooney-Cross | Hammarby IF | Arsenal FC | 350 000 € | 2023 | [131] |
8 | Lindsey Horan | Thorns de Portland | Olympique lyonnais | 300 000 € | 2023 | [132] |
Geyse | FC Barcelone | Manchester United | 300 000 € | 2023 | [133] | |
10 | Scarlett Camberos (en) | Club América | Angel City FC | >285 000 € | 2023 | [134],[135] |
France
[modifier | modifier le code]Le premier transfert d'une joueuse avec une indemnité en France est réalisé en juillet 2013 lorsque le Paris Saint-Germain décide de racheter à Montpellier la dernière année de contrat de Marie-Laure Delie pour 50 000 €[136]. Les transferts « payants » sont encore rare dans le football féminin et le plus gros montant versé en D1 féminine l'est par l'Olympique lyonnais pour signer Lindsey Horan des Thorns de Portland en 2023 pour 300 000 €[132].
Rang | Joueuse | Provenance | Destination | Montant | Année | Réf. |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | Lindsey Horan | Thorns de Portland | Olympique lyonnais | 300 000 € | 2023 | [132] |
2 | Mary Fowler | Montpellier HSC | Manchester City | 190 000 € | 2022 | [138],[139] |
3 | Tainara | Girondins de Bordeaux | Bayern Munich | >150 000 € | 2022 | [138] |
4 | Kadidiatou Diani | Paris FC | Paris Saint-Germain | 150 000 € | 2017 | [137] |
Jackie Groenen | Manchester United | Paris Saint-Germain | 150 000 € | 2022 | [140] | |
6 | Ellie Carpenter | Thorns de Portland | Olympique lyonnais | >110 000 € | 2020 | [141] |
7 | Valérie Gauvin | Montpellier HSC | Everton FC | >100 000 € | 2020 | [142] |
8 | Griedge Mbock | EA Guingamp | Olympique lyonnais | 100 000 € | 2015 | [137] |
Damaris Egurrola | Everton FC | Olympique lyonnais | 100 000 € | 2021 | [143] | |
Nikita Parris | Olympique lyonnais | Arsenal | 100 000 € | 2021 | [144] |
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- Alfred Wahl et Pierre Lanfranchi, op. cit., p. 170
- Cité par Alfred Wahl et Pierre Lanfranchi, Les footballeurs professionnels des années trente à nos jours, Paris, Hachette, 1995, p. 179 (ISBN 978-2-01-235098-4)
- Dave Russell, op. cit., p. 92-95
- Alfred Wahl et Pierre Lanfranchi, op. cit., p. 181
- Eric Walter, Goal! Le football, langage universel, Lausanne, La Cité-L'age d'homme, 1974, p.195
- Guide Football 1975 de L'Équipe, Paris, L'Équipe, p. 11