Maison d'arrêt de Versailles — Wikipédia

Maison d'arrêt de Versailles
« Prison pour femmes de Versailles »
Image de l'établissement
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Yvelines
Localité Versailles
DISP Paris
Coordonnées 48° 48′ 02″ nord, 2° 08′ 06″ est
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Maison d'arrêt de Versailles
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Maison d'arrêt de Versailles
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Maison d'arrêt de Versailles
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Maison d'arrêt de Versailles
Architecture et patrimoine
Construction
Destination initiale pensionnat
Propriétaire Drapeau de la France État français
Installations
Type Maison d'arrêt
Fonctionnement
Date d'ouverture
Opérateur(s) Drapeau de la France Ministère de la Justice
Statut actuel En fonctionnement (d)

La maison d'arrêt de Versailles, également connue sous les noms de prison des femmes de Versailles[1] ou de prison pour femmes de Versailles, est une maison d'arrêt française accueillant exclusivement des femmes et située dans la commune de Versailles, dans le département des Yvelines et dans la région Île-de-France.

L'établissement dépend du ressort/est géré par la direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris. Au niveau judiciaire, l'établissement relève du tribunal judiciaire de Versailles et de la cour d'appel de Versailles.

Histoire[modifier | modifier le code]

La maison d'arrêt de Versailles en .

Le bâtiment abritant la maison d'arrêt est construit en à l’initiative de Charles Ripaille[1] et sert alors de pensionnat[1],[2]. Le bâtiment est agrandi en par le rachat de la maison mitoyenne. Le batiment est finalement revendu vers au roi Louis XVI[1].

Il est transformé en prison en lors de la Révolution française et accueille exclusivement des femmes dès l'origine[2], notamment des prostituées, qui furent les premières détenues de l'établissement[1].

Des travaux de rénovation sont menés en lors de la Restauration, afin de transformer la prison en « maison de réclusion pour femmes publiques », la gestion de l'établissement étant confiée aux religieuses de Saint-Joseph[1].

À la fin du XIXe siècle, l'établissement est alors connu sous le nom de « maison d'arrêt et de justice de Versailles »[3].

L'établissement bénéficie de travaux d'agrandissement en , avec l’achat de quatre terrains[1], et , les dernières extensions réalisées ayant notamment permis de mettre en place un quartier accueillant des hommes placés en régime de semi-liberté[1],[2].

Le , lors d'une séance de questions à l'Assemblée nationale, la députée Catherine Tasca interpelle la ministre de la Justice Rachida Dati sur l'état de vétusté de l'établissement et le manque de moyen pour réaliser les travaux d'entretien[1],[4].

Description[modifier | modifier le code]

Situé 28 avenue de Paris à Versailles, en plein centre de la ville et à proximité immédiate du château de Versailles, la maison d'arrêt est l'un des quatre établissements pénitentiaires du département des Yvelines[5]. Elle dépend du ressort de la direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris et, au niveau judiciaire, relève du tribunal judiciaire de Versailles et de la cour d'appel de Versailles[6].

La maison d'arrêt est également l'un des deux seuls établissements français qui accueille exclusivement des femmes (l'autre étant le centre pénitentiaire pour femmes de Rennes)[7].

L'un des quartiers de l'établissement accueillait jusqu'en un quartier pour détenus placés sous le régime de « semi-liberté » pour hommes et femmes de 79 places[6].

Dans son quartier « Maison d'arrêt femmes », l'établissement a une capacité d'accueil de 139 places, exclusivement pour des détenues femmes majeures prévenues ou condamnées à des peines de moins d'un an[8].

Au , l'établissement accueillait 110 détenus, soit un taux d'occupation de 79,1 %[8]. En , l'établissement a connu un taux d'occupation de 145 % du quartier femmes, qui avait une capacité de 58 places, ce qui a obligé pour la première fois la direction à faire dormir des détenues sur des matelas posés au sol[7]. En 2020, le transfert du QSL hommes dans un nouveau bâtiment au centre pénitentiaire de Bois-d'Arcy a permis de passer la capacité de 58 places à 135 places.

L'établissement est constitué d'un bâtiment administratif et d'un bâtiment accueillant le quartier « Maison d'arrêt femmes »[6].

L'unité sanitaire de l'établissement est placée sous la responsabilité du centre hospitalier de Versailles[9].

Actions de réinsertion par le travail et la formation des détenus[modifier | modifier le code]

Des formations sont proposées aux détenues, telles qu'une formation aux métiers du textile[10].

L'établissement propose également des actions et activités culturelles à destination des détenues dans le cadre des programmes de réinsertion, tels que des ateliers de lecture, notamment mis en place avec l'association Lire pour en sortir[11],[12], des concerts[13],[14] ou la création et la préparation d'une pièce de théâtre conjointement avec le centre pénitentiaire de Bois-d'Arcy et la maison centrale de Poissy[15],[16]. Des ateliers utilisant des imprimantes 3D sont également mis en place, permettant notamment aux détenues de fabriquer des jouets pour leurs enfants[17],[18].

En , un débat est également organisé, permettant aux détenues de l'établissement d'échanger avec les ministres Nicole Belloubet et Marlène Schiappa[19].

Des actions caritatives sont également organisées par les détenues, telles qu'une collecte de denrées alimentaires à destination du Secours populaire français[20].

Détenues notables[modifier | modifier le code]

Sorour Arbabzadeh, membre du « gang des barbares »[21], également connue sous le surnom de « Emma »[22], est incarcérée dans l'établissement entre [23] et [24].

Nabilla Benattia, personnalité médiatique franco-suisse, est incarcérée dans l'établissement en [25] dans le cadre d'accusations de tentative d'homicide et violences volontaires aggravées contre son conjoint Thomas Vergara[26]. Elle y bénéficie d'une cellule individuelle[27], les juges estimant que sa notoriété fait d'elle une prisonnière « sensible » nécessitant des mesures particulières[28],[29]. Elle y purge une peine d'un mois et demi de prison[30].

Le , la joueuse de football française Aminata Diallo est placée en détention provisoire dans l’établissement à la suite de sa mise en examen dans le cadre de l'affaire de l'agression dont a été victime sa coéquipière Kheira Hamraoui,[31],[32]. Elle est libérée et placée sous contrôle judiciaire le [33].

Autres détenues notables :

Événements notables[modifier | modifier le code]

L'affaire Gonçalves et du « gang des barbares »[modifier | modifier le code]

Sorour Arbabzadeh[21],[36], alors également connue sous le surnom de « Emma »[22] et qui a servi d'appât pour permettre au « gang des barbares » de piéger et d'assassiner Ilan Halimi le [21], est incarcérée dans l'établissement en [23]. Entre et , elle séduit un surveillant ainsi que le directeur de l'établissement, Florent Gonçalves, qui lui octroient un traitement de faveurs, tel qu'une puce de téléphone portable ou des colis en échange de relations sexuelles[24],[37]. Les faits sont signalés par deux autres détenues qui indiquent notamment qu'« Emma » bénéficie ainsi d'un poste de travail avantageux[37].

Une enquête administrative est déclenchée dès l'automne par la direction de l'Administration pénitentiaire, conduisant à la suspension du chef d'établissement, qui reconnaît les faits et qui est également mis en examen en dans le cadre d'une enquête judiciaire. Le surveillant est également mis en examen et suspendu de ses fonctions. Le chef d'établissement, le surveillant et la détenue sont placés en garde à vue en , « Emma » ayant entre-temps été transférée au centre pénitentiaire de Fresnes à la suite de sa condamnation[24],[37], Florent Gonçalves ayant cependant continué à entretenir des relations téléphoniques avec « Emma » après ce transfert[37].

L'enquête permet par la suite de découvrir que le directeur accordait des faveurs à six détenues de l'établissement, incluant « Emma »[37],[38],[22].

Dans le cadre de cette affaire, Florent Gonçalves est révoqué du corps des directeurs des services pénitentiaires en , et condamné à un an de prison ferme[39],[40],[41]. « Emma » est condamnée à un an de prison dont quatre mois fermes[40].

La prison dans l'art et la culture[modifier | modifier le code]

  • La maison d'arrêt est le cadre du livre d’Isabelle Lonvis-Rome intitulé Dans une prison de femmes : une juge en immersion, dans lequel elle raconte son expérience de magistrate et les visites des détenues qu'elle réalise dans l'établissement pendant six mois[42].
  • L'affaire Gonçalves et du « gang des barbares » est racontée dans le livre Défense d'aimer écrit par Florent Gonçalves, qui fait l'objet d'une adaptation au cinéma dans le film Éperdument, réalisé par Pierre Godeau et sorti en [43][44].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i clevertoday, « La maison d’arrêt de Versailles : de pension à « prison des femmes » », sur Actu-Juridique, (consulté le ).
  2. a b et c CGLPL, « Rapport de visite - Première visite - 2008 » Accès libre [PDF], sur cglpl.fr, .
  3. Code pénitentiaire 1889.
  4. « Intentions du Gouvernement concernant la prison de Versailles - Sénat », sur senat.fr (consulté le ).
  5. « Tous les organismes par thème - Yvelines - Annuaire | Service-public.fr », sur lannuaire.service-public.fr (consulté le ).
  6. a b et c CGLPL, « Rapport de visite - Troisième visite - 2020 » Accès libre [PDF], sur cglpl.fr, .
  7. a et b Observatoire international des prisons-section française, « Prisons pour femmes: la double peine », sur Mediapart (consulté le ).
  8. a et b Ministère de la justice, « Statistiques des personnes écrouées et détenues au 1er février 2022 » Accès libre [PDF], sur justice.gouv.fr, .
  9. « Unité sanitaire en milieu pénitentiaire et unité médicale en centre de rétention administrative - Centre Hospitalier de Versailles », sur ch-versailles.fr (consulté le ).
  10. « Détenues : une formation taillée sur mesure », sur Secours Catholique, (consulté le ).
  11. Le Point magazine, « Avec "Lire pour en sortir", les détenus s'évadent par la lecture », sur Le Point, (consulté le ).
  12. « Avec "Lire pour en sortir", les détenus s'évadent par la lecture », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  13. Par Aurélie Foulon Le 16 mai 2017 à 20h10, « Versailles : à la maison d’arrêt des femmes, la musique adoucit les murs », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  14. Cécile de Kervasdoué, « La culture en prison contre la récidive », sur France Culture, (consulté le ).
  15. « Trois prisons des Yvelines associées pour créer une pièce de théâtre au château de Versailles », sur actu.fr (consulté le ).
  16. « Le théâtre pour traverser les murs de la prison », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  17. « VIDEO. A Versailles, des femmes détenues fabriquent des jouets en 3D pour leurs enfants », sur Franceinfo, (consulté le ).
  18. « Un atelier d'impression 3D dans la prison pour femmes de Versailles », sur BFMTV (consulté le ).
  19. « Le grand débat dans une prison de femmes à Versailles », sur LEFIGARO, (consulté le ).
  20. Par Julie Ménard Le 26 mars 2022 à 07h49, « Versailles : les détenues de la maison d’arrêt offrent 150 kilos de denrées au Secours populaire », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  21. a b et c « Ilan Halimi : les hommages continuent de pleuvoir, 16 ans après sa mort », sur CNEWS (consulté le ).
  22. a b et c Catherine Coroller, « Prison de Versailles: le directeur favorisait plusieurs détenues », sur Libération (consulté le ).
  23. a et b Par Le 15 février 2012 à 07h09, « Versailles : l'amour brisé du directeur de prison », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  24. a b et c Le Point magazine, « L'appât du "gang des barbares" séduit un directeur de prison », sur Le Point, (consulté le ).
  25. Cellule VIP pour Nabilla, Le Journal du Dimanche, 9 novembre 2014.
  26. « Nabilla : les détails de son quotidien à la maison d’arrêt de Versailles - Elle », sur elle.fr, (consulté le ).
  27. Nabilla bénéficie-t-elle de conditions de détention VIP ?, France TV Info, 13 novembre 2014 (Consulté le 20 novembre 2014).
  28. « Nabilla est-elle traitée comme une détenue lambda à la maison d'arrêt de Versailles ? », sur TF1 INFO, (consulté le ).
  29. « Maison d'arrêt de Versailles : Nabilla, une détenue fragile à protéger », sur midilibre.fr (consulté le ).
  30. « Nabilla raconte le terrible calvaire qu’elle a vécu en prison en 2014 ! », sur MCE TV, (consulté le ).
  31. Le JDD, « Affaire Hamraoui : Aminata Diallo, des terrains à la prison », sur lejdd.fr (consulté le ).
  32. « Agression de Kheira Hamraoui : Aminata Diallo mise en examen et incarcérée », sur Franceinfo, (consulté le ).
  33. « Agression de Kheira Hamraoui : Aminata Diallo libérée et placée sous contrôle judiciaire », sur rtl.fr (consulté le ).
  34. « Deux femmes ont passé trois mois en détention provisoire pour une escroquerie par chèques », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  35. « Audrey Chenu, de la prison à l'Education nationale », sur Le Point, (consulté le )
  36. « « L’appât » continue à faire des ravages », sur republicain-lorrain.fr (consulté le ).
  37. a b c d et e « Comprendre l'affaire de "l'appât" et du directeur de prison », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  38. « Prison de Versailles: le directeur avait six favorites », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  39. « Un an de prison pour le directeur de la prison amoureux de "l'appât" », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  40. a et b « Un an de prison pour le geôlier amoureux », sur LEFIGARO, (consulté le ).
  41. « Amoureux d'une détenue, l'ex-directeur de prison finit derrière les barreaux », sur ladepeche.fr (consulté le ).
  42. Lonvis-Rome 2014.
  43. Gonçalves 2012.
  44. « Florent Gonçalves, ex-directeur de la maison d'arrêt pour femmes de Versailles : qui va jouer son rôle au cinéma ? », sur fr.news.yahoo.com (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]