Centre pénitentiaire de Marseille — Wikipédia

Centre pénitentiaire de Marseille-Baumettes
« Prison des Baumettes »
Image de l'établissement
Vue de la prison des Baumettes
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Drapeau de Provence-Alpes-Côte d'Azur Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Bouches-du-Rhône
Localité Marseille
Quartier Les Baumettes
DISP Marseille
Coordonnées 43° 14′ 01″ nord, 5° 24′ 48″ est
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Centre pénitentiaire de Marseille-Baumettes
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Centre pénitentiaire de Marseille-Baumettes
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Centre pénitentiaire de Marseille-Baumettes
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Centre pénitentiaire de Marseille-Baumettes
Architecture et patrimoine
Architecte(s) Gaston Castel (1931)
Antoine Sartorio (sculptures du mur extérieur)
Installations
Type Centre pénitentiaire
Superficie 30 370 m2
Capacité 710 places
Fonctionnement
Date d'ouverture
Opérateur(s) Drapeau de la France Ministère de la Justice
Effectif 1 773 (2021)
Statut actuel En fonctionnement (d)

Le centre pénitentiaire de Marseille-Baumettes, plus connu sous le nom de « prison des Baumettes », est une prison située au 239 chemin de Morgiou, à Marseille, dans le 9e arrondissement. Elle est à la fois un centre de peines aménagées, un centre de détention pour femmes et une maison d'arrêt. Il comporte deux bâtiments destinés aux hommes, une Unité hospitalière sécurisée inter-régionale (UHSI) située à l'hôpital nord, une Unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) créé dans le but de recevoir les détenus atteint de troubles psychiatriques en pleine décompensation, ainsi qu'un bâtiment destiné aux femmes dans lequel sont également incarcérées les détenues mineures.

Historique[modifier | modifier le code]

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Elle fut construite entre 1933 et 1939 au sud de la ville[note 1] et comporte 1 373 places, dont 1 182 réservées aux hommes. Mais la prison est frappée de surpopulation carcérale, avec 1 769 détenus (fin 2012), en majorité des hommes, sur une surface de 30 370 m2[1]. Certaines cellules de 9 m2 comptent jusqu'à trois détenus. La prison contient un quartier maison d'arrêt pour femmes.

XXIe siècle[modifier | modifier le code]

En décembre 2012, un rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté, constatant l'état alarmant de la prison des Baumettes, déplore une violation grave des droits fondamentaux des personnes privées de liberté[2],[3],[4]. À la suite de ce rapport, le tribunal administratif de Marseille ordonne en décembre 2012 à l’administration pénitentiaire de remettre en état les cellules ainsi que plusieurs équipements, sous un délai de trois mois. La rénovation commence dans la foulée et 848 cellules sont concernées par ces travaux[5].

L'État est condamné en 2020 après le suicide le d'un détenu très fragile psychologiquement[6]. Le , un détenu séquestre la directrice pendant trois heures avant de se rendre dans le calme[7].

Suicide de Luc Viviani[modifier | modifier le code]

En août 2020, le père d'un prévenu en détention provisoire aux Baumettes porte plainte pour « homicide involontaire » et « non-assistance à personne en danger » après que celui-ci, un ancien professeur de mathématiques d’Aubagne, très fragile psychiquement, s'est suicidé dans sa cellule[8],[9],[10]; une enquête interne[11] et une mission d'inspection[12] sont ouvertes ; le rapport de la mission est attendu le 1ᵉʳ décembre[12]. La famille porte plainte, et un collectif « vérité et justice pour Luc Viviani » voit le jour pour déterminer et faire connaître les circonstances du suicide[13],[14]. Dans l'attente des résultats de l’information judiciaire ouverte pour « recherches des causes de la mort », le rapport d’enquête administrative écarte la responsabilité du centre pénitentiaire mais relève une série de dysfonctionnements qui ont conduit à placer deux mois en détention provisoire un homme très fragile psychologiquement pour des faits mineurs, et à ignorer ses menaces répétées de se suicider[15],[16]. Un an après le drame, le collectif maintient la pression symboliquement en manifestant devant l'établissement le 2 de chaque mois[17].

Première extension[modifier | modifier le code]

La rénovation de la prison des Baumettes à Marseille, qualifiée « d'endroit répugnant » par le Conseil de l'Europe, « ne peut plus attendre », ont conclu deux parlementaires de l'opposition lors d'une visite inopinée pour la journée des droits de l'Homme en décembre 2006. Or cette rénovation est en projet depuis 1999 et devrait prendre une dizaine d'années. Le budget de rénovation accordé est de 152 millions d'euros. La destruction et la reconstruction du bâtiment réservé aux femmes seront la première étape de la rénovation. Il est à noter que le mur d'enceinte de la prison, œuvre de Gaston Castel, est classé et que la rénovation du site impose sa préservation.

Un chantier de rénovation, annoncé en 2012 par le ministère de la Justice, est prévu pour s'étaler de 2013 à 2016[18]. Le , Christiane Taubira, Garde des Sceaux, pose la première pierre[19] de l'extension du centre pénitentiaire de Marseille, dénommé « Baumettes 2 ». L'extension sera construite à l'emplacement de l'ancien centre pénitentiaire pour femmes, parti temporairement dans l'ancien quartier des mineurs. Le nouveau bâtiment accueillera le quartier maison d'arrêt pour femmes de 94 places et deux quartiers maison d'arrêt pour hommes de 479 places au total, d’un quartier d’accueil et d’évaluation, d’un atelier de travail, d’un pôle d’insertion et de prévention de la récidive et d’un équipement sportif[18]. Le nouveau bâtiment est livré en 2017.

La fermeture du bâtiment historique des Baumettes a lieu le [20].

Seconde extension[modifier | modifier le code]

Une seconde extension est lancée en 2021. Le projet, nommé « Baumettes 3 », prévoit sur le site du bâtiment historique qui sera démoli, un quartier maison d'arrêt de 740 places. En , Eiffage est retenu pour sa construction[21]. De à , il est prévu la démolition des Baumettes historiques. Au second semestre 2022, ce sera le démarrage des travaux pour une réception prévue fin 2024. Le , la destruction des Baumettes dites « historiques » commencent[22].

Organisation[modifier | modifier le code]

Baumettes, bâtiment d'origine[modifier | modifier le code]

Bâtiment d'origine

Le bâtiment historique était composé de plusieurs entités spécifiques :

  • la maison d'arrêt des hommes composée de 1 182 places réparties sur quatre bâtiments ;
  • la maison d'arrêt femmes comprenant quatre-vingts places en maison d'arrêt, trois places en semi-liberté, un quartier destiné aux mineures et quatre cellules doubles pour les jeunes mamans ;
  • un centre de semi-liberté de vingt-quatre cellules doubles.

Baumettes 2[modifier | modifier le code]

Baumettes 2

Le centre pénitentiaire de Marseille, à la suite de la fermeture du bâtiment historique et à l'ouverture du bâtiment appelé Baumettes 2, comprend :

  • deux quartiers Maison d'arrêt pour hommes avec 436 cellules pour 500 places ;
  • un quartier Maison d'arrêt pour femmes avec 102 cellules pour 105 places ;
  • un quartier Mineurs femmes avec 9 places ;
  • un quartier Centre de détention pour femmes avec 58 cellules pour 60 places ;
  • un quartier Peines aménagées pour hommes de 24 places qui remplace le centre de semi-liberté.

Travail et formation[modifier | modifier le code]

Les détenus peuvent travailler au façonnage, conditionnement ou à l'atelier automobile (soixante places)[23].

Il y a des formations de maçonnerie / béton armé (quatorze places), électricité (quatorze places), informatique / utilisation de logiciels (quatorze places), techniques audiovisuelles (huit places), chantier-école bâtiment (quatorze places) et des cours de remise à niveau[23].

Détenus notables[modifier | modifier le code]

Peines capitales[modifier | modifier le code]

À compter de la loi du (abolissant les exécutions capitales en public), les Baumettes furent désignées pour accueillir la guillotine dans les Bouches-du-Rhône, à la place de la prison départementale Chave. Le premier supplice y eut lieu le , et dix autres condamnés y furent décapités jusqu'en 1961. En 1952, une modification de la loi désigna Marseille comme unique lieu d'exécution des condamnés dépendant de la cour d'appel d'Aix-en-Provence, à savoir jugés à Nice, Draguignan et Digne.

Trois des quatre dernières exécutions capitales en France eurent lieu aux Baumettes : Ali Ben Yanès le , Christian Ranucci le et la dernière Hamida Djandoubi le [24].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Films de cinéma ou films documentaires évoquant le centre pénitentiaire de manière significative.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. À cette époque, la prison était à l'extérieur de la ville entre Mazargues et Morgiou mais elle a été rattrapée par l'expansion de la cité.

Référence[modifier | modifier le code]

  1. [PDF] Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Rapport 2012 du Contrôleur généraldes lieux de privation de liberté, .
  2. « "Les Baumettes ce sont des oubliettes" », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Les Baumettes, une prison passée aux oubliettes » (version du sur Internet Archive).
  4. Caroline Politi, « L'"inhumaine" prison des Baumettes à Marseille », L'Express, .
  5. Fériel Alouti, « Opération rénovation à la prison des Baumettes », Les Inrockuptibles, .
  6. Denis Trossero, « Prison des Baumettes à Marseille : l'État condamné après le suicide d'un détenu », La Provence,‎ (lire en ligne).
  7. « Marseille: un détenu séquestre quelques heures la directrice des Baumettes », Le Parisien, (consulté le ).
  8. Jean-Baptiste Jacquin, « Suicide d’un détenu incarcéré à Marseille pour des pneus crevés : récit des trois derniers mois de sa vie », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Marseille: un enseignant dépressif se pend aux Baumettes », sur www.lamarseillaise.fr (consulté le ).
  10. Benjamin Grinda, « Suicide aux Baumettes : des dysfonctionnements en question », sur www.lamarseillaise.fr (consulté le ).
  11. Amaury Baqué, « Suicide aux Baumettes : une enquête interne va s’ouvrir », sur www.lamarseillaise.fr (consulté le ).
  12. a et b Pierre Bienvault, « Éric Dupond-Moretti veut faire la lumière sur le suicide d’un enseignant aux Baumettes », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  13. « Création d'un collectif "vérité et justice" après un suicide aux Baumettes », sur Marsactu (consulté le ).
  14. Amaury Baqué, « Viviani : rencontre aux Baumettes », sur www.lamarseillaise.fr (consulté le )
  15. « Suicide aux Baumettes : un rapport écarte la responsabilité du centre pénitentiaire », sur Marsactu (consulté le ).
  16. Jean-Baptiste Jacquin, « Suicide d’un détenu de la prison des Baumettes : un rapport relève des dysfonctionnements », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Samantha Rouchard et et photo Olivier Monge, « Après un suicide aux Baumettes, un père en lutte », sur Libération (consulté le )
  18. a et b « Rénovation du centre pénitentiaire de Marseille les Baumettes », sur Agence publique pour l'immobilier de la Justice, (consulté le ).
  19. « Taubira pose la première pierre de la prison les Baumettes 2 », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  20. Adrien Max, « Marseille: Le difficile transfert des Baumettes, avant leur destruction », sur 20 Minutes.fr, (consulté le ).
  21. « Marseille : Eiffage construction Sud-Est et Groupe-6 vont réaliser les Baumettes 3 », sur tpbm-presse.com, (consulté le ).
  22. D.T., « Marseille : les travaux de démolition des Baumettes historiques vont commencer mercredi », La Provence,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. a et b « Marseille Etablissement pénitentiaire - centre pénitentiaire », ministère de la Justice, .
  24. « Abolition de la peine de mort : il y a 44 ans, le dernier condamné à mort de France était exécuté à Marseille », sur France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur (consulté le )
  25. Michelle Lannuzel, Raison présente, no 1985, 1er trimestre 2013.
  26. Manon Botticelli, « "Des hommes" : un documentaire sensible sur les détenus de la prison des Baumettes à Marseille », sur francetvinfo.fr,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]