Isolement (prison) — Wikipédia

Cellule du quartier d'isolement de la prison Jacques-Cartier (Rennes), à travers le judas

L'isolement carcéral est une mesure de sécurité de confinement solitaire. Elle est décidée par l'autorité administrative compétente (chef d'établissement pénitentiaire, directeur interrégional ou ministre de la justice) sur la demande de la personne détenue (pour sa sécurité) ou dans l'intérêt du bon ordre des établissements pénitentiaires.

En France[modifier | modifier le code]

Description[modifier | modifier le code]

La loi française nomme « isolement » une mesure spécifique pour isoler une personne détenue du reste de la population pénale ou le protéger des autres personnes détenues (comme une personne médiatique). Cette mesure n'est pas à confondre avec la cellule disciplinaire (que les détenus appellent « mitard »), qui consiste certes en un isolement effectif du prisonnier mais à titre punitif et pour une durée limitée à 30 jours. Le régime portant l'appellation d'« isolement » n'a pas de durée maximale[1],[2].

Les conséquences concrètes du placement en isolement sont nombreuses[3].

Le détenu placé à l'isolement dispose d'une cellule individuelle et n'a aucun contact avec d'autres détenus sans autorisation du chef d'établissement. Contrairement aux détenus du quartier disciplinaire, il n'est pas privé de télévision, d'achat en cantine ou du relatif confort des cellules ordinaires.

Le détenu à l'isolement est examiné au moins deux fois par semaine par un médecin qui peut recommander de mettre fin à l'isolement, mais contrairement à la cellule disciplinaire il n’émet qu'une recommandation, pas une décision.

Prise de décision[modifier | modifier le code]

L’autorité judiciaire peut prescrire la mise à l’isolement d’une personne placée en détention provisoire « si cette mesure est indispensable aux nécessités de l’information ». Il peut aussi être prononcé par le juge des libertés et de la détention lorsqu'il statue sur le placement en détention provisoire de la personne, ou sur la prolongation de cette détention[4].

L'isolement peut être décidé par le chef de l'établissement. Un premier placement pour jusqu'à cinq jours peut être décidé en cas d'urgence sans appliquer la procédure habituelle.

Il en fixe la durée jusqu'à trois mois. À l'expiration de cette durée, il peut décider de prolonger l'isolement jusqu'à trois mois.

À l'expiration de la première prolongation de l'isolement (après six mois), seul le directeur interrégional des services pénitentiaires peut le prolonger une deuxième fois, toujours pour jusqu'à trois mois et une troisième fois, toujours pour la même durée.

L'éventuelle quatrième prolongation (généralement au bout d'un an d'isolement) et les suivantes sont elles prises par le ministre de la justice en personne, toujours pour trois mois.

La loi permet aux autorités ci-dessus de mettre fin à l'isolement à tout moment et les contraint à un certain nombre de notifications avant de prendre leur décision.

L'article 726-1 du code de procédure pénale permet notamment au détenu concerné de saisir le juge des référés administratif et rend obligatoire un "avis" de "l'autorité judiciaire" lorsque l'isolement est prolongé au-delà d'un an.

L'isolement ne peut être prolongé au-delà de deux ans sauf à titre exceptionnel, si le placement à l'isolement constitue l'unique moyen d'assurer la sécurité des personnes ou de l'établissement. Dans ce cas-là, la décision de prolongation doit être spécialement motivée.

Alternative[modifier | modifier le code]

Dans certaines prisons, comme les maisons d'arrêt de La Santé, Fleury-Mérogis ou Fresnes, il existe des quartiers spécifiques plus souples que l'isolement afin d'accueillir les détenus sensibles en raison de leur sexualité ou genre (homosexuels, bisexuels, prostitués, transgenres), de leur métier (avocat, juge, huissier, policier, douanier, politicien...) ou de leur affaire (affaire sexuelle, affaire avec un mineur, affaire médiatisée...). À l'inverse de l'isolement, les détenus de ces quartiers ont des activités et des promenades communes[3].

Dans le monde[modifier | modifier le code]

La pratique de l'isolement aux États-Unis est contestée[5].

Au Canada[6], en Belgique[7], les conditions de l'isolement sont critiquées.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ouest France avec AFP, « Prison. La justice annule le placement pendant près d’un an à l’isolement d’un détenu », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  2. Malena Zingoni-Fernandez et Nicola Giovannini, La détention en isolement dans les prisons européennes: les régimes spéciaux de détention en Italie et en Espagne et les mesures administratives en France et au Royaume Uni, Bruylant, (ISBN 978-2-8027-1933-5, lire en ligne)
  3. a et b Romane Lizée, « Fouilles, isolement, agressions : des personnes trans dénoncent la violence en détention », sur Mediapart, (consulté le )
  4. Observatoire international des prisons (OIP), « L’isolement », dans Le guide du prisonnier, La Découverte, coll. « Guides », , 115–135 p. (ISBN 978-2-348-06486-9, lire en ligne)
  5. « Témoignage: les dérives de l'isolement carcéral aux Etats-Unis », sur RFI, (consulté le )
  6. Zone Justice et faits divers- ICI.Radio-Canada.ca, « Détenus, on a violé vos droits, réclamez ! », sur Radio-Canada, (consulté le )
  7. « La plupart des cellules d’isolement dans les prisons belges sont incompatibles avec la dignité humaine », sur RTBF (consulté le )

Liens[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]