Magdalénien — Wikipédia

Magdalénien
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Définition
Lieu éponyme Abri de la Madeleine
(Dordogne)
Auteur Gabriel de Mortillet
Caractéristiques
Répartition géographique Europe occidentale et centrale
Période Paléolithique supérieur
Chronologie Environ 17 000 à 14 000 ans avant le présent
Type humain associé Homo sapiens
Tendance climatique Tardiglaciaire
Signe particulier Art pariétal développé
Chasse hyperspécialisée
Signes d'échange
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Extension de la culture magdalénienne

Subdivisions

Magdalénien inférieur (I à III), Magdalénien supérieur (IV à VI)

Objets typiques

Propulseur, harpon, lamelle à dos, burin bec-de-perroquet

Le Magdalénien est la dernière culture archéologique du Paléolithique supérieur en Europe de l'Ouest, ou l'avant-dernière si on inclut l'Azilien. Il s'étend entre environ 17 000 et 14 000 ans avant le présent (AP). L'appellation a été proposée par le préhistorien français Gabriel de Mortillet d'après le nom du site préhistorique de la Madeleine, à Tursac, en Dordogne. Le Magdalénien est précédé en France par le Badegoulien (18 500 à 16 000 ans AP) et suivi par l'Azilien (14 000 à 12 000 ans AP).

Aire géographique

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Le Magdalénien est connu en Europe occidentale, sur les territoires actuels de l'Espagne, du Portugal, de la France, de la Belgique, de la Suisse, de l'Allemagne, de la Tchéquie et de la Pologne[1].

Le Magdalénien se développe pendant le Tardiglaciaire, ultime subdivision de la glaciation de Würm (le Tardiglaciaire commence vers 19 000 ans AP et se termine avec la fin de la dernière oscillation froide appelée Dryas récent, vers 11 700 ans AP). Le Magdalénien s'étend plus précisément sur les phases climatiques du Dryas ancien (froid) et du Bölling (tempéré).

André Leroi-Gourhan faisait autrefois commencer le Magdalénien avec le début de l'interstade de Lascaux[2], qui était à l'époque l'avant-dernier interstade de la glaciation de Würm, daté à Lascaux de 16 950 à 16 000 ans AP[3],[4].

Vue partielle du propulseur orné dit Le faon aux oiseaux, de la grotte du Mas-d'Azil[5].

En 1912, en se basant sur l'évolution typologique de l'outillage, Henri Breuil a proposé de subdiviser le Magdalénien en deux parties comportant trois phases chacune :

  • Magdalénien inférieur : Magdalénien I à III ;
  • Magdalénien supérieur : Magdalénien IV à VI.

Des recherches plus récentes, conduites notamment par B. Bosselin et François Djindjian sur l'outillage lithique en utilisant des méthodes statistiques multidimensionnelles, tendent à séparer une phase archaïque, nommée Badegoulien et correspondant aux phases I et II d'Henri Breuil, du Magdalénien stricto sensu.

Plus récemment, le Magdalénien se subdivisait en trois phases : Magdalénien inférieur (17 000 - 15 000 ans AP), Magdalénien moyen (15 000 - 13 500 ans AP) et Magdalénien supérieur (13 500 - 12 000 ans AP). Plusieurs préhistoriens le distinguent du Badegoulien (19 000 - 17 000 ans AP), d'après des critères typologiques, technologiques, économiques.

Jacques Allain a défini le Magdalénien à navettes et en a fait l'analyse technologique, typologique et culturelle, à partir de ses fouilles dans la vallée de la Creuse des grottes de La Garenne (surtout Blanchard) à Saint-Marcel avec son ami J. Descouts, de 1946 à 1976[6].

L'outillage lithique magdalénien comporte un grand nombre de burins, grattoirs, perçoirs, lames et lamelles. Les propulseurs et les harpons montrent que le travail de l'os y est développé. La vie des Magdaléniens a été rapprochée de la civilisation des Inuits.

Les auteurs reconnaissent trois faciès lithiques dans le Magdalénien :

  • un faciès ancien (M0) caractérisé par des grattoirs, des burins, des pointes à cran, des lamelles à dos et des lamelles à dos tronquées (ex-triangles) ;
  • un faciès moyen et récent (M1) à grattoirs et burins prépondérants, pointes à cran et rares lamelles à dos ;
  • un faciès présent dans les phases ancienne, moyenne et récente (M2), caractérisé par l'abondance des lamelles à dos.

L'art magdalénien

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L'art magdalénien est particulièrement riche et diversifié. Les peintures et les gravures se comptent par milliers et se caractérisent par un fort naturalisme avec un sens aigu du détail et des proportions. Elles étaient rapportées anciennement au "style IV" d'André Leroi-Gourhan. Les grottes ornées de Rouffignac, de Niaux, du Roc-aux-Sorciers ou d'Altamira ont livré quelques-uns des chefs-d'œuvre de l'art pariétal paléolithique. L'art de Lascaux est rapporté au Magdalénien II. Une datation par le carbone 14 pour Lascaux, sur des déblais du Puits et par une méthode différente, tendrait à vieillir les datations précédentes (17 000 ans AP), avec un âge situé à 18 900 ans AP, à la charnière du Solutréen et du Badegoulien[7]. Cependant, pour les préhistoriens, il n'y a aucun objet solutréen dans l'unique couche archéologique, mais seulement de nombreux objets caractéristiques du Magdalénien II qui confirment les datations obtenues.

L'art mobilier magdalénien est également remarquable : les armes et les objets de la vie quotidienne sont souvent décorés de motifs géométriques ou de représentations figuratives (animaux, humains) et le nombre de plaquettes gravées s'amplifie considérablement à cette période[8]. La découverte d'instruments de musique, comme les flûtes d'Isturitz et la conque de Marsoulas, laisse entrevoir une société organisée dont les représentants avaient le temps de s'adonner à l'art.

Art pariétal

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Art mobilier

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Cannibalisme

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Une synthèse de 2023 a souligné l'importance de la pratique du cannibalisme en tant que rite funéraire (et non pour des raisons de survie) au Magdalénien[9].

Selon la chercheuse Silvia Bello, l'une des autrices de l'étude, « Le cannibalisme a été pratiqué à plusieurs reprises dans le nord-ouest de l'Europe sur une courte période. Il s'agit de la plus ancienne preuve de cannibalisme en tant que pratique funéraire. »[10].

Les chercheurs évoquent étudié des ossements humains présentant des marques de mastication, exhumés il y a plusieurs années dans la grotte de Gough, au sud-ouest de l'Angleterre. Ce site archéologique recèle des crânes humains, transformés en objets utilitaires, comme des coupes (« skull-cups »). Les découvertes réalisées dans d'autres grottes d'Europe du Nord démontrent que le cannibalisme en tant que pratique funéraire était relativement courant.

À la même époque, les Épigravettiens du sud de l'Europe (arc allant du Sud de la France à l'Italie à la Grèce), enterrent leurs morts avec des objets. Leurs normes funéraires, caractérisées par des sépultures, se diffusent rapidement en Europe concomitamment à leur migration vers le Nord[10].

Génétique

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Une étude de 2016 montre deux changements majeurs dans les populations européennes après le dernier maximum glaciaire (LGM). Lors du début du recul des glaciers, vers 19 000 ans AP, l’Europe de l'Ouest est repeuplée par des chasseurs-cueilleurs provenant du sud-ouest de l’Europe, notamment de la péninsule Ibérique[11]. La plupart des ancêtres trouvés chez les individus post-LGM remontent probablement à des groupes associés au Gravettien d'Europe de l'Ouest et du Sud-Ouest[12].

La signature génétique des Aurignaciens, qui avait disparu d'une grande partie de l'Europe lorsque les Gravettiens étaient arrivés, il y a environ 30 000 ans, refait surface 15 000 ans plus tard avec la « Dame rouge » de la grotte El Mirón (en), près de Ramales de la Victoria, dans le Nord de l'Espagne[13]. Cette grande femme robuste est rattachée au Magdalénien, qui a connu une expansion vers le nord quand les calottes glaciaires ont reculé[13].

Bien avant 17 000 ans AP[12], une nouvelle migration a lieu « qui semble venir du sud-est (Balkans ou Anatolie), et non du sud-ouest »[11], et qui se caractérise notamment par la disparition parmi les populations de chasseurs-cueilleurs de l'haplogroupe mitochondrial M[14]. L'affinité génétique avec cette ascendance dite « Villabruna » est présente dans le spécimen El Mirón et chez les individus associés au Magdalénien d'Europe occidentale et centrale. Cela suggère que les liens génétiques entre les chasseurs-cueilleurs du sud et du sud-ouest de l'Europe à l'époque du dernier maximum glaciaire s'étendaient au nord des Pyrénées[12]. Les anciens individus de la culture magdalénienne sont ainsi modélisés comme étant issus d'un mélange génétique entre une population appartenant au cluster de Fournol (Lot) et une population du cluster de Villabruna[12].

Parmi les individus mésolithiques, des proportions élevées d'ascendance GoyetQ2 ont été identifiées dans les génomes des chasseurs-cueilleurs français de la grotte des Perrats, sur la façade ouest de l'Atlantique au début du Mésolithique, soulignant la persistance tardive du patrimoine génétique associé au Madgalénien en dehors de la péninsule Ibérique. Au Néolithique, des niveaux élevés d'ascendance de type GoyetQ2 ont été signalés chez les Ibères avec les proportions les plus élevées identifiées chez les individus d'Andalousie (Cueva del Toro), et dans des proportions plus faibles en Catalogne (grotte de Chaves). En revanche, aucun individu néolithique de la partie orientale de la Méditerranée française ne semble porter ce type d'ascendance à l'exception d'un individu de Baume Bourbon à Cabrières (Gard). Les autres individus ont une ascendance liée à Villabruna[15].

Principaux sites magdaléniens

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Sites de référence fouillés récemment

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Les sites de référence du Magdalénien stricto sensu qui ont été fouillés récemment suivant des techniques modernes sont :

Aquitaine
Midi-Pyrénées
Languedoc-Roussillon
  • Aude : Belvis, grotte Gazel.
Poitou-Charentes
Auvergne
Bourgogne
Centre-Val de Loire
Bassin parisien
Champagne-Ardenne
Suisse

Canton de Fribourg

Canton de Neuchâtel

Canton du Jura

Canton de Berne

Canton de Soleure

Grottes ornées

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De nombreuses grottes ornées et des abris sous roche ont livré des figurations attribuées au Magdalénien, notamment :

Autriche
Espagne

Autres sites

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D'autres sites ont livré des témoignages ou des industries attribués au Magdalénien, sans avoir fait l'objet de recherches ou d'évaluation récentes :

Notes et références

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  1. François Djindjian, J. Koslowski, Marcel Otte, Le Paléolithique supérieur en Europe, éd. A. Colin, 1999, p. 257-287
  2. [Leroi-Gourhan & Leroi-Gourhan 1964] Arlette Leroi-Gourhan et André Leroi-Gourhan, « Chronologie des grottes d'Arcy-sur-Cure (Yonne) », Gallia Préhistoire, t. 7,‎ , p. 1-64 (DOI 10.3406/galip.1964.1238, lire en ligne [sur persee], consulté le ).
  3. Arlette Leroi-Gourhan, « III. Analyse pollinique - L'abri du Facteur à Tursac (Dordogne) », Gallia Préhistoire, vol. 11, no 1,‎ , p. 126-127 (lire en ligne, consulté le ), p. 127.
  4. Leroi-Gourhan & Leroi-Gourhan 1964, p. 18-19
  5. L'interprétation initiale identifie un faon sculpté en ronde-bosse dans la partie distale du propulseur. Il « tourne la tête sur la droite vers son arrière-train pour observer deux oiseaux perchés sur quelque chose de cylindrique sortant de son corps (présumément un « boudin » de matière fécale), la queue de l'un d'eux servant de crochet au propulseur ». Contrairement à cette interprétation, « l'animal représenté n'est pas un faon, mais, selon les détails anatomiques perceptibles, plutôt un isard ou un bouquetin, sans doute assez jeune. Les « oiseaux », eux, ne seraient que de simples stries ornant le propulseur (l'art magdalénien étant plus riche en signes qu'en figures animales). Quant au « boudin », il s'agirait en réalité d'une poche placentaire et l'animal serait ainsi une femelle d'isard en train de mettre bas ». Cf Marc Azéma, Laurent Brasier, Le beau livre de la préhistoire. De Toumaï à Lascaux 4, Dunod, , p. 232.
  6. [Vialou 1997] Denis Vialou, « Le Docteur Jacques Allain (1914-1997) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 94, no 4,‎ , p. 422-426 (lire en ligne [sur persee]), p. 423.
  7. Norbert Aujoulat, Lascaux. Le Geste, l'Espace et le Temps, Seuil, 2004 (ISBN 2-02-025726-2).
  8. G. Tosello, 2003, Pierres gravées du Périgord Magdalénien, XXXVIe supplément à Gallia Préhistoire, Paris, éd. du CNRS.
  9. (en) Marsh, W.A. et Bello, S. (2023) - « Cannibalism and burial in the late Upper Palaeolithic: Combining archaeological and genetic evidence », Quaternary Science Reviews, 319, 108309, pp. 1-21.
  10. a et b Antoine Grotteria, « Chez les Magdaléniens il y a 15000 ans, le cannibalisme n'était pas une nécessité mais un rite funéraire », sur Geo.fr, (consulté le )
  11. a et b (en) The genetic history of Ice Age Europe, Howard Hughes, sciencedaily.com, 2 mai 2016
  12. a b c et d (en) Cosimo Posth, He Yu, Ayshin Ghalichi, Hélène Rougier, Isabelle Crevecoeur et al., « Palaeogenomics of Upper Palaeolithic to Neolithic European hunter-gatherers », Nature, vol. 615,‎ , p. 117–126 (DOI 10.1038/s41586-023-05726-0 Accès libre, lire en ligne, consulté le ).
  13. a et b (en) DNA secrets of Ice Age Europe unlocked, Paul Rincon, bbc.com, 2 mai 2016
  14. (en) Pre-Neolithic DNA Suggests Major Late Glacial Population Turnover in Europe, sci-news.com, 5 février 2016
  15. (en) Ana Arzelier, Maïté Rivollat et al., Neolithic genomic data from southern France showcase intensified interactions with hunter-gatherer communities, iScience, Volume 25, Numéro 11, 105387, 18 novembre 2022, doi.org/10.1016/j.isci.2022.105387
  16. Pour Rhodes II, voir Célia Fat Cheung, L'Azilien pyrénéen parmi les sociétés du tardiglaciaire ouest-européen : apport de l'étude des industries lithiques (thèse de doctorat en Préhistoire), université Toulouse le Mirail - Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés (UMR 5608 T.R.A.C.E.S), , 437 p. (lire en ligne), p. 53-166.
  17. Pour la grotte des Harpons à Lespugue, voir René de Saint-Périer, « Note sur ses trouvailles dans la grotte des Harpons, à Lespugne (Haute-Garonne) », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 65, no 1,‎ , p. 21-22 (lire en ligne [Persée], consulté le ).
  18. Pour La Tourasse, voir :
    • Michel Orliac, « II. — La grotte de Tourasse - Saint-Martory (Haute-Garonne) », Quaternaire, vol. 12, nos 3-4,‎ , p. 189-190 (lire en ligne [Persée], consulté le )
    • Lucien Michaut et Georges Simonnet, « Découverte d'une plaquette de pierre gravée, présumée d'époque Magdalénienne, dans la grotte de la Tourasse (Haute-Garonne) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 44, nos 5-6,‎ , p. 191-194 (lire en ligne [Persée], consulté le ).
  19. I. L. Bayon, E. Teheux, L. G. Strauss et J.-M. Léotard, « Pointes de sagaies au Magdalénien du Bois Laiterie (Profondeville, Namur) », Université de Liège, Liège, 1996, ISSN 0779-8024.
  20. « Magdalénien récent du Bois Laiterie, Dinant », Notae Praehistoricae, no 15,‎ , p. 11-33 (lire en ligne [academia.edu], consulté le ).

Bibliographie

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Articles connexes

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