Grotte de Marsoulas — Wikipédia

Grotte de Marsoulas
(Grotte des Fées)
Localisation
Coordonnées
Pays
France
Département
Commune
Massif
Vallée
ruisseau Lavin
Localité voisine
lieu-dit Laouin
Voie d'accès
D 69
Caractéristiques
Altitude de l'entrée
310 m
Longueur connue
70 m
Cours d'eau
le Lavin
Occupation humaine
Patrimonialité
Classé MH par arrêté du 8 janvier 1910, référence Mérimée : PA00094376
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La grotte de Marsoulas, dite encore grotte des Fées, est une petite grotte ornée située sur la commune française de Marsoulas, en Haute-Garonne, dans la région Occitanie. Elle fut la première grotte ornée paléolithique officiellement reconnue comme telle dans les Pyrénées.

Situation[modifier | modifier le code]

La grotte de Marsoulas se trouve à environ 80 km au sud de Toulouse, à la limite ouest de Marsoulas avec Salies-du-Salat[1],[2], au quartier de Las Roques, sur la rive droite de la vallée du Laouin, affluent du Salat[1],[3], à 200 m en aval du pont de la D 69 sur le Salat, entre Salies et Marsoulas[4].

La grotte de Tarté, autre site préhistorique (Moustérien, Châtelperronien, Aurignacien (grattoirs épais dits « de Tarté ») et Gravettien), se trouve sur la même colline à 500 m au nord-ouest (mais sur le territoire de la commune de Cassagne)[5]. L'abri de Téoulé, troisième site préhistorique proche, est à quelques centaines de mètres en aval de la grotte de Tarté[6],[7].

La grotte de Marsoulas s'ouvre à l'aplomb du ruisseau du Laouin, qui coule à 301 m d'altitude à cet endroit[1]. Une source y sourd à 1 m au-dessus du Laouin. Selon Méroc et al (1947), le porche de la grotte est à 10 m au-dessus de la source[4] et serait donc à 312 m d'altitude, ce qui la rapproche des 315 m d'altitude donnés par Martel (1911)[8],[9],[n 1].

Historique[modifier | modifier le code]

Campagne de fouille de 1931.

La grotte est rendue publique en 1883, à l'occasion des fouilles de David Cau-Durban[11].

Des peintures et gravures pariétales y sont identifiées par Félix Régnault en 1897[12]. Mais Régnault ne réussit pas à convaincre ses contemporains de l'ancienneté des peintures. Il faut attendre la visite des préhistoriens Émile Cartailhac et Henri Breuil en 1902, qui passent par là en revenant du congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences à Montauban et en « officialisent » l'ancienneté remontant au Paléolithique[13].

Les fouilles conduites par Félix Régnault ont essentiellement livré des vestiges magdaléniens, et dans une moindre mesure des indices aurignaciens et aziliens.[réf. nécessaire]

C'est la première grotte ornée paléolithique officiellement reconnue comme telle dans les Pyrénées. Émile Cartailhac, qui en devient propriétaire[13] peu avant sa mort[14], réalise une première étude et des relevés des œuvres pariétales de la grotte[15]. Henri Breuil réalise également les relevés, mais seulement une très petite partie en est publiée.

Henri Begouën et Townsend Russel fouillent le talus d'entrée en 1931[13], ce qui révèle une grande quantité de mobilier préhistorique, notamment une conque longue de 31 cm avec des traces d'ocre[16]. Ce coquillage, vieux de 18 000 ans, est alors décrit comme un « vase à eau ». Redécouvert dans les réserves du Muséum de Toulouse, un examen plus approfondi suggère qu'il s'agit d'un instrument à vent dont la fonction reste hypothétique : instrument de liturgie, d'appel, d'agrément[17].

D'autres chercheurs cités sont Louis Méroc (1904-1970), L. Michaud, André Leroi-Gourhan[18], Aleth Plénier (sa thèse porte sur la grotte), Denis Vialou, Pascal Foucher et Sébastien Lacombe[13].

Description[modifier | modifier le code]

Également appelée « grotte des Fées »[19],[20], la grotte de Marsoulas est une grotte de petites dimensions. Elle est constituée d'une simple galerie rectiligne d'environ 70 m de long, avec la paroi gauche toujours verticale et la paroi droite inclinée, ce qui donne une section en triangle-rectangle d'environ 3 m de large sur 4 m de haut. La voute à l'entrée s'est effondrée ; restent à cet endroit les parois, qui forment à l'extérieur un corridor ouvert[13].

À 29 m de la porte se trouve une étroiture, avec abaissement du plafond et resserrement des parois. Au-delà, la circulation ne peut se faire qu'en rampant, sur les 20 derniers mètres de sol sec. À 40 m de l'entrée le sol s'incline abruptement vers le bas pour rejoindre le lit du ruisseau actuel[13].

Art pariétal[modifier | modifier le code]

Les premières gravures rencontrées sont à trois mètres de l'entrée actuelle[13].

L'art pariétal y est représenté par des figures gravées et peintes s'étendant sur une cinquantaine de mètres[13], essentiellement sur la paroi gauche. Il comprend essentiellement des bisons et des chevaux, accompagnés de cervidés, de caprinés, d'anthropomorphes et de signes barbelés ou quadrangulaires. L'un des bisons se distingue par un remplissage constitué de ponctuations rouges.

Les images sont souvent difficiles à déchiffrer à cause de la superposition de nombreuses lignes fines gravées[21].

Protection[modifier | modifier le code]

La grotte est classée monument historique depuis 1910[22]. Émile Cartailhac († 1921), qui l’avait achetée, l'a léguée au Muséum de Toulouse[14].

Elle est fermée au public pour raison de conservation. Un fac-similé grandeur nature de la grande frise de Marsoulas a été élaboré au Parc pyrénéen de l'art préhistorique de Tarascon-sur-Ariège.

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Jeannel et Racovitza (1908) donnent une altitude de 420 m[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Grotte de Marsoulas, carte IGN interactive » sur Géoportail.. La grotte marquée d'une étoile rose est la grotte de Tarté. La grotte de Marsoulas est 500 m plus bas en amont du Lavin (vers le sud-est).
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  2. Russell 1932, p. 1.
  3. Méroc et al. 1947, p. 286.
  4. a et b Méroc et al. 1947, p. 3.
  5. Russell 1932, p. 4.
  6. Méroc et al. 1947, carte en frontispice de Méroc et al. 1947, p. 284.
  7. Méroc et al. 1947, p. 3, note 3.
  8. [Martel & Fournier 1911] Édouard-Alfred Martel et E. Fournier, « Rapport sur la seconde mission pour l'exploration des Pyrénées (juillet-août 1909) », Annales du Ministère de l'agriculture,‎ , plan p. 79-80. Cité dans Méroc et al. 1947, p. 3, note 3.
  9. [Martel 1930] Édouard-Alfred Martel, La France ignorée : des Ardennes aux Pyrénées, . Cité dans Méroc et al. 1947, p. 3, note 3.
  10. [Jeannel & Racovitza 1908] R. Jeannel et Racovitza, « Énumération des grottes visitées (2e et 3e séries) », Biospeologica - Arch. Zool. Exp., t. 8 « 4e série »,‎ , p. 327-414 et 5e série, 1910, p. 180. Cité dans Méroc et al. 1947, p. 3, note 3.
  11. [Cau-Durban 1885] D. Cau-Durban, « La Grotte de Marsoulas », Matériaux pour l'Histoire de l'Homme, vol. II (19e année, 3e série),‎ , p. 341-349 (présentation en ligne).
  12. [Régnault 1897] Félix Régnault, « Peintures de Marsoulas », Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France,‎ , p. 127.
  13. a b c d e f g et h Fritz & Tosello 2007, p. 21.
  14. a et b Russell 1932, p. 2.
  15. [Cartailhac 1902] Émile Cartailhac, « Note sur les dessins préhistoriques de la grotte de Marsoulas », Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 46, no 5,‎ , p. 478-483 (lire en ligne [sur persee]).
  16. Bégouën & Russell 1933.
  17. (en) C. Fritz, G. Tosello, G. Fleury, E. Kasarhérou, Ph. Walter, F. Duranthon, P. Gaillard & J. Tardieu, « First record of the sound produced by the oldest Upper Paleolithic seashell horn », Science Advances, vol. 7, no 7,‎ (DOI 10.1126/sciadv.abe9510)
  18. [Leroi-Gourhan 1978] André Leroi-Gourhan, « Marsoulas », dans André Leroi-Gourhan, Préhistoire de l'Art Occidental, Paris, éd. Lucien Mazenod, coll. « L'art et les grandes civilisations », , p. 300-301.
  19. Méroc et al. 1947, p. 285.
  20. [Menu & Plenier 1988] Michel Menu et Aleth Plenier, « Grotte de Marsoulas (Grotte des Fées) », Archéologie de la France Informat,‎ (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté le ).
  21. Fritz & Tosello 2007, p. 20.
  22. « Grotte (lieu-dit Laouin, Marsoulas) », notice no PA00094376, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Fritz & Tosello 2002] Carole Fritz, Gilles Tosello et Karim Gernigon, « Marsoulas - Grotte de Marsoulas », Bilan scientifique 1998 du Service Régional de l'Archéologie de Midi-Pyrénées, Ministère de la Culture et de la Communication, Service régional de l'archéologie,‎ , p. 63-65 (lire en ligne [PDF] sur culture.gouv.fr, consulté le ).
  • [Azéma 2016] Marc Azéma, « Le bison ponctué de la grotte de Marsoulas », futura sciences,‎ (lire en ligne [sur futura-sciences.com], consulté en ).
  • [Begouën & Russell 1933] Henri Begouën et James Townsend Russell, « La campagne de fouilles de 1931 à Marsoulas, Tarté et Roquecourbère », Muséum d'Histoire Naturelle,‎ (présentation en ligne).
  • [Cartailhac & Breuil 1902] Émile Cartailhac et Henri Breuil, « Photo du relevé du bison à points rouges », (tiré de cette page (univ. de Toulouse)), sur documents.univ-toulouse.fr, (consulté en ).
  • [Foucher 1991] Pascal Foucher, « Expérience en double aveugle sur l'art pariétal de la grotte de Marsoulas », Bulletin de la Société préhistorique de l'Ariège, t. 46,‎ , p. 75-118 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
  • [Fritz & Tosello 2003] Carole Fritz et Gilles Tosello, « Grotte de Marsoulas », dans Marie-Geneviève Colin (coord.) & Laurent Sévègnes (fonds cartographiques), Bilan scientifique 2003 (pour Marsoulas, étude de deux panneaux à env. 45 m de l'entrée : panneau du bison mâle, panneau du bison femelle), Toulouse, DRAC Midi-Pyrénées, service régional de l'archéologie (SRA), , 209 p. (lire en ligne [PDF] sur culture.gouv.fr), p. 63-65.
  • [Fritz & Tosello 2007] Carole Fritz et Gilles Tosello, « La grotte de Marsoulas - Grands bisons et petits humains », Les Dossiers d’Archéologie, no 324,‎ , p. 20-29 (lire en ligne [PDF]). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Fritz & Tosello 2010] Carole Fritz et Gilles Tosello, Marsoulas, renaissance d'une grotte ornée (livre + DVD), Paris, Errance, , 64 p. (présentation en ligne). Pour la bande-annonce de la DVD de Marc Azéma, « Marsoulas, la grotte oubliée », accompagnant ce livre, voir Azéma 2006, section « Filmographie ».
  • [Fritz et al. 2010] Carole Fritz, Gilles Tosello, Marc Azéma, Olivier Moreau, Guy Perazio et José Péral, « Restauration virtuelle de l’art pariétal paléolithique : le cas de la grotte de Marsoulas », In Situ, no 13,‎ (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
  • [Leroi-Gourhan 1988] André Leroi-Gourhan, « Marsoulas, Haute-Garonne », dans Dictionnaire de la Préhistoire, Paris, Presses universitaires de France, , p. 693-694.
  • [Méroc et al. 1947] Louis Méroc, Lucien Michaut et Marcelle Ollé, « La grotte de Marsoulas (Haute-Garonne) », Bulletin de la Société méridionale de spéléologie et de préhistoire, no 9,‎ , p. 285-305 (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
    • [Méroc et al. 1947 (carte)] Louis Méroc, Lucien Michaut et Marcelle Ollé, « La grotte de Marsoulas (Haute-Garonne) » (page de frontispice avec carte), Bulletin de la SMSP, no 10,‎ , p. 284 (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
    • [Méroc et al. 1947 (Art)] Louis Méroc, Lucien Michaut et Marcelle Ollé, « La grotte de Marsoulas (Haute-Garonne) » (liste des décorations et relevé de leurs emplacements), Bulletin de la SMSP, no 11,‎ , p. 306-320 (lire en ligne [sur docs.google.com]).
  • [Russell 1932] (en) James Townsend Russell, « Report on archeological research in the foothills of the Pyrenees », Smithsonian miscellaneous collections, vol. 87, no 11,‎ (lire en ligne [sur babel.hathitrust.org], consulté le ). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Filmographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]