Reines de France et Femmes illustres — Wikipédia

Reines de France et Femmes illustres
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Les Reines de France et Femmes illustres sont une série de vingt statues présentées en plein-air dans le jardin du Luxembourg à Paris, en France. Elles ont été commandées à partir de 1843 à différents sculpteurs[1]. Représentant des femmes importantes de l'Histoire de France, principalement des reines, la série apparaît comme une version féminine de la série des Hommes illustres au palais du Louvre, construite à la même époque.

Localisation[modifier | modifier le code]

Localisation des statues autour du grand bassin du jardin du Luxembourg.

La série est constituée de vingt statues disposées sur la promenade surplombant le parterre central et le grand bassin du jardin du Luxembourg, devant le palais du Luxembourg, dans le 6e arrondissement de Paris.

Description[modifier | modifier le code]

Bien que toutes les statues soient la réalisation d'un sculpteur différent, chacune est conçue sur un même modèle : un portrait en pied d'une personnalité féminine de l'Histoire de France, en marbre blanc. Chaque statue mesure entre 2,30 m et 3,80 m de hauteur et repose sur un piédestal en pierre, comportant en médaillon le nom, les qualités et les dates de naissance et mort du sujet.

Histoire[modifier | modifier le code]

Panneau détaillant l'histoire de la série, sur le piédestal de la statue de Marie Stuart.
Panneau détaillant l'histoire de la série, sur le piédestal de la statue de Marie Stuart.

Le jardin du Luxembourg est créé sous l'impulsion de Marie de Médicis en 1612. À partir de 1799, le palais du Luxembourg héberge le Sénat et subit plusieurs transformations au début du XIXe siècle. À partir de 1836, l'hémicycle est agrandi, contraignant à déplacer les parterres d'une trentaine de mètres. Les sculptures présentes dans le jardin, très dégradées, sont remplacées par une série représentant des personnalités féminines. Le choix des femmes à honorer est effectué par Louis-Philippe (qui règne de 1830 à 1848). La plupart des sculptures sont commandées vers 1843, payées 12 000 francs chacune et généralement exposées aux Salons de 1847 ou 1848 avant d'être inaugurées[1].

La représentation de Jeanne d'Arc par François Rude est considérée comme trop fragile pour rester en plein-air et entre au musée du Louvre en 1872. En conséquence, l'État français commande en 1874 une statue de remplacement à Ferdinand Taluet pour 7 000 francs. Représentant Marguerite d'Anjou, elle est installée en 1877 et présentée au Salon de 1895.

Évocations artistiques[modifier | modifier le code]

L'écrivain William Faulkner termine les ultimes lignes de son roman Sanctuaire, paru en 1931, par une évocation du groupe de sculptures au Luxembourg lorsque la musique du kiosque va :

« se perdre au-delà du bassin et de la terrasse en demi-cercle où, dans de sombres trouées entre les arbres, rêvaient les reines mortes figées dans leur marbre terni, jusque dans le ciel prostré, vaincu par l'étreinte de la saison de pluie et de mort[2]. »

En 2002, pour le catalogue de l'exposition Le Luxembourg de la photographe Sophie Ristelhueber au musée Zadkine, l'écrivain Jean Echenoz écrit un texte consacré aux vingt statues du jardin, intitulé Vingt femmes dans le jardin du Luxembourg et dans le sens des aiguilles d'une montre[3]. Echenoz le republie en 2014 parmi les sept récits composant son recueil Caprice de la reine[4],[5].

Statues[modifier | modifier le code]

La liste suivante recense les différentes statues, en partant du nord-est et en se déplaçant dans le sens horaire.

Personnage Sculpteur Date Photo Plaque Coordonnées
Sainte Bathilde
(v. 630-680)
Reine de France
Victor Thérasse 1848 48° 50′ 51″ N, 2° 20′ 17″ E
Berthe
(720-783)
Reine de France
Eugène Oudiné 1848 48° 50′ 50″ N, 2° 20′ 17″ E
Mathilde
(1031-1083)
Duchesse de Normandie
Jean-Jacques Elshoecht 1848 48° 50′ 50″ N, 2° 20′ 18″ E
Sainte Geneviève
(423-512)
Patronne de Paris
Michel-Louis Victor Mercier 1845 48° 50′ 50″ N, 2° 20′ 19″ E
Marie Stuart
(1542-1587)
Reine de France
Jean-Jacques Feuchère 1846 48° 50′ 48″ N, 2° 20′ 19″ E
Jeanne d'Albret
(1528-1572)
Reine de Navarre
Jean-Louis Brian 1848 48° 50′ 47″ N, 2° 20′ 18″ E
Clémence Isaure
Fondatrice légendaire
de l'Académie des Jeux floraux
Auguste Préault 1848 48° 50′ 47″ N, 2° 20′ 17″ E
Anne-Marie-Louise d'Orléans
(1627-1693)
Duchesse de Montpensier
Camille Demesmay 1848 48° 50′ 46″ N, 2° 20′ 16″ E
Louise de Savoie
(1476-1531)
Régente de France
Auguste Clésinger 1851 48° 50′ 45″ N, 2° 20′ 16″ E
Jeanne d'Arc
(1412-1431)
Héroïne
(déplacée au Louvre en 1872)
François Rude 1852
Marguerite d'Anjou (avec son fils Édouard)
(1429-1482)
Reine d'Angleterre
(en remplacement de Jeanne d'Arc)
Ferdinand Taluet 1877 48° 50′ 45″ N, 2° 20′ 16″ E
Laure de Noves
(1307-1348)
Auguste Ottin 1848 48° 50′ 45″ N, 2° 20′ 11″ E
Marie de Médicis
(1573-1642)
Reine de France
Louis-Denis Caillouette 1847 48° 50′ 46″ N, 2° 20′ 11″ E
Marguerite d'Angoulême
(1492-1549)
Reine de Navarre
Joseph-Stanislas Lescorné 1848 48° 50′ 46″ N, 2° 20′ 11″ E
Valentine de Milan
(1370-1408)
Duchesse d'Orléans
Victor Huguenin 1846 48° 50′ 47″ N, 2° 20′ 11″ E
Anne de Beaujeu
(1460-1522)
Régente de France
Jacques-Édouard Gatteaux 1847 48° 50′ 48″ N, 2° 20′ 10″ E
Blanche de Castille
(1188-1252)
Reine de France
Auguste Dumont 1848
(datée de 1850)
48° 50′ 48″ N, 2° 20′ 09″ E
Anne d'Autriche
(1601-1666)
Reine de France
Joseph Marius Ramus 1847 48° 50′ 50″ N, 2° 20′ 09″ E
Anne de Bretagne
(1477-1514)
Reine de France
Jean-Baptiste Joseph Debay 1846 48° 50′ 51″ N, 2° 20′ 10″ E
Marguerite de Provence
(1219-1295)
Reine de France
Honoré Husson 1847 48° 50′ 51″ N, 2° 20′ 11″ E
Sainte Clotilde
(465-545)
Reine de France
Jean-Baptiste-Jules Klagmann 1847 48° 50′ 52″ N, 2° 20′ 11″ E

Photographies historiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Les statues du Jardin du Luxembourg : Reines, saintes et dames illustres », sur senat.fr, Sénat français.
  2. William Faulkner et Michel Gresset (dir.) (trad. Maurice-Edgar Coindreau, Henri Delgove, René-Noël Raimbault), Œuvres romanesques, t. I : Sartoris, Le Bruit et la Fureur, Appendice Compson : 1699-1945, Sanctuaire, Tandis que j'agonise, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 269), , 1607 p. (ISBN 978-2-07-010806-0, BNF 34591791), p. 895.
  3. Sophie Ristelhueber (photographies) et Jean Echenoz (texte), Le Luxembourg (exposition, Paris, musée Zadkine, -), Paris, Paris Musées, coll. « L'atelier du sculpteur », , 34 p. (ISBN 2-87900-743-7).
  4. Jean Echenoz, Caprice de la reine, Paris, Les Éditions de minuit, , 121 p. (ISBN 978-2-7073-2370-5, présentation en ligne, lire en ligne).
  5. Patrick Grainville, « Caprice de la reine de Jean Echenoz », Le Figaro, .

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Yves Berthier (texte) (ill. Jacques Renon, photogr. Patrice Maurin-Berthier), Femmes illustres de France : Le Panthéon secret du jardin du Luxembourg, Paris, L'Harmattan, coll. « Histoire de Paris », , 199 p. (ISBN 978-2-343-08003-1, lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]