Pandémie de Covid-19 en Bolivie — Wikipédia

Pandémie de Covid-19 en Bolivie
Fosses communes à Cochabamba pour les morts de la Covid-19.
Maladie
Agent infectieux
Origine
Localisation
Premier cas
départements d'Oruro et de Santa Cruz
Date d'arrivée
Depuis le
Bilan
Cas confirmés
1 109 238 ()[1]
Cas soignés
1 063 934 ()[1]
Morts
22 239 ()[1]

La pandémie de Covid-19 est une crise sanitaire majeure provoquée par une maladie infectieuse émergente apparue fin 2019 en Chine continentale, la maladie à coronavirus 2019, dont l'agent pathogène est le SARS-CoV-2. Ce virus est à l'origine d'une pandémie[note 1], déclarée le par l'Organisation mondiale de la santé.

En Bolivie, les premiers cas sont confirmés le dans les départements d'Oruro et de Santa Cruz. À la date du , le bilan est de 22 239 morts.

Historique[modifier | modifier le code]

COVID-19-Bolivia-log

Le pays compte, au , quelque 48 187 cas recensés de Covid-19, et 1 807 décès[2] sur 11 millions d’habitants. Cependant, selon le Réseau ecclésial panamazonien (REPAM), « ce sont des chiffres irréels, sous-estimés, car en réalité, seuls quelques prélèvements sont effectués et uniquement sur des personnes dont les symptômes sont confirmés »[3]. Fin , le pays présente plus de 200 000 contaminations de Covid-19 et près de 10 000 morts[4].

Au , 106 065 cas sont confirmés, dont 4 365 décès[5]. Le pays est en octobre l'un de ceux présentant le plus fort taux de mortalité avec officiellement 72 morts pour 100 000 habitants[6].

La quatrième vague d'infection atteint son pic le plus élevé entre fin décembre 2021 et début janvier 2022, "avec des records historiques de plus de 14 000 infections quotidiennes"[7], puis décroît rapidement en mars.

À la date du , le bilan est de 21 455 morts. En mai 2022 la pandémie repart et en août on compte 1,062,772 cas cumulés et 22,091 décès[8].

Mesures gouvernementales[modifier | modifier le code]

Mesures politiques[modifier | modifier le code]

La présidente par intérim, Jeanine Añez, publie le un décret restreignant encore davantage la liberté de la presse dans le pays[9]. Toute personne produisant une information écrite ou imprimée semant le doute quant au Covid-19 pourra être condamnée à une peine allant jusqu'à dix ans de prison. Les associations de la presse bolivienne ont réclamé la suppression du décret, qui introduit selon elles « une restriction sévère et inconstitutionnelle en pénalisant le droit fondamental à la liberté d'expression ». Le journaliste et avocat Andres Gomez note que le décret constitue « un grave risque » pour la liberté d'expression « car il pénalise l'information, non la désinformation ». Le Mouvement vers le socialisme, principale formation d'opposition, a également dénoncé une violation de la liberté d'expression, de même que les ONG Amnesty International et Human Rights Watch, et la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH)[10].

Les mesures de quarantaine prises pour contenir la pandémie laissent le champ libre aux trafiquants de drogue et aux propriétaires terriens, dénonce le réseau ecclésial panamazonien. Les premiers poursuivent leurs activités illégales, les seconds continuent de détruire la forêt amazonienne en faveur de l'élevage et de l'agriculture, provoquant des incendies[3].

Les autorités boliviennes empêchent le retour de centaines de Boliviens voulant quitter le Chili. Ces ressortissants boliviens sont bloqués dans la localité frontalière de Colchane, où il n'y a pour eux ni vivres ni hébergement, a souligné le ministère chilien des Affaires étrangères[11].

Mesures sociales[modifier | modifier le code]

Les peuples indigènes sont particulièrement touchés par la pandémie, alors que les autorités restent peu actives pour leur venir en aide[12].

Pour faire face aux conséquences économiques causées par la pandémie, le gouvernement par intérim mobilise 600 millions de dollars issus des fonds publics pour rembourser les dettes de grandes entreprises privées (dont l’un des principaux bénéficiaires est le ministre de l’Économie Branko Marinkovic)[13].

La Bolivie change de gouvernement à l'issue de l'élection présidentielle d'octobre 2020. Le nouveau président, Luis Arce, met en place des « bons contre la faim » pour répondre à l'urgence sociale. La pension des personnes âgées est revalorisée de 3,38 %[14].

Les dispositifs d'aides sociales mis en place par le gouvernement en 2021 ont permis de faire reculer la pauvreté. Le taux d’extrême pauvreté est passé en une année de 13,7 % à 11,1 % et la pauvreté dite « modérée » est tombée de près de 39 % à 36,6%[15].

Mesures médicales[modifier | modifier le code]

Limites du système de santé[modifier | modifier le code]

Le système de santé bolivien est jugé extrêmement précaire. Il manque du personnel médical spécialisé, du matériel – notamment des ventilateurs – et des unités de soins intensifs. Des médecins ont protesté dans plusieurs villes contre le manque d'équipement de protection. Plusieurs médecins ont menacé de démissionner collégialement[16].

Face au manque de moyens de l’hôpital public, les classes moyennes se tournent vers les cliniques privées pour tenter de sauver leurs proches. Destinés à générer du profit, ces établissements pratiquent des honoraires prohibitifs et beaucoup de familles s’endettent pour des années[17]. Le gouvernement fait voter une loi en 2021 limitant les honoraires des cliniques privées à 430 euros par jour et interdisant la rétention de cadavre, une pratique courante pour obtenir des familles du défunt le recouvrement des honoraires. Beaucoup d'établissements parviennent néanmoins à contourner la réglementation[18].

Médicaments[modifier | modifier le code]

Un agent javellisant toxique, le dioxyde de chlore (ou Miracle Mineral Solution)[19] est présenté comme un produit miracle face au covid-19[20]. En juillet 2020 le Sénat vote "un projet de loi autorisant la fabrication, la commercialisation, la fourniture et l’utilisation d’urgence" du produit "pour la prévention et le traitement du coronavirus", le maire de la ville de Cochabamba est favorable à sa distribution gratuite[21].

En mai 2020 la Bolivie autorise l'emploi de l'ivermectine, sous la responsabilité du médecin prescripteur[22],[23]. En octobre 2020, "les agents de santé ont distribué quelque 350.000 doses aux habitants du nord du pays"[24].

Vaccination[modifier | modifier le code]

Le président Luis Arce annonce en janvier 2021 l'acquisition de 5,2 millions de doses du vaccin Spoutnik V d'ici la fin du mois de mai[réf. nécessaire]. La vaccination débute en janvier 2021 et progresse par étapes. Mais les Boliviens répugnent à se faire vacciner et, en juillet 2021, " 6% à peine des 11 millions de Boliviens ont reçu les deux doses de vaccin". Le 30 juin 2021, le président bolivien annonce l'ouverture de la vaccination "à partir de 18 ans, un mois avant la date prévue"[25]. Les enfants de moins de 5 à 11 ans peuvent être vaccinés depuis décembre 2021[7].

Protestations et affaires de corruption[modifier | modifier le code]

Après les mouvements urbains de protestation partis de Cochabamba et d'El Alto, près de La Paz, les syndicats paysans dressent le des barrages routiers dans tout le pays pour réclamer l'assouplissement du confinement afin de permettre la reprise des activités professionnelles et la tenue, au plus tard au mois d'août, de l'élection présidentielle initialement prévue le . La présidente Jeanine Añez exerce le pouvoir depuis sans avoir été élue[26]. Le ministre adjoint de l'Intérieur, Javier Isa, a accusé le Mouvement vers le socialisme (MAS) d'orchestrer ces manifestations : « Ils n'ont aucune revendication sociale, c'est un prétexte pour que le MAS déstabilise le pays. Il a été déterminé que tous ces mouvements sont financés par le MAS qui est à l'origine » des protestations, a-t-il affirmé[26].

Le ministre de la Santé, Marcelo Navajas, impliqué dans une affaire présumée de corruption, est arrêté le 2020. L'affaire porte sur l'achat de 179 respirateurs à une entreprise espagnole pour un montant de près de 5 millions de dollars, au prix unitaire de 28 000 dollars, pour des appareils habituellement facturés 10 000 dollars par cette société. En outre, ces appareils ne sont pas adaptés aux services de réanimation des hôpitaux boliviens[27].

Statistiques[modifier | modifier le code]

Nombre de cas en Bolivie depuis le début de l'épidémie.
Nombre de morts en Bolivie depuis le début de l'épidémie.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cette pandémie affecte tous les continents, hormis l'Antarctique.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) « Coronavirus Update (Live) - Worldometer », sur www.worldometers.info.
  2. Amanda Chaparro, « Bolivie : la présidente par intérim Jeanine Añez testée à son tour positive au Covid-19 », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. a et b « Covid-19 : conséquences néfastes en Bolivie - Vatican News », sur www.vaticannews.va,
  4. « Coronavirus. La Bolivie dépasse le seuil des 200 000 cas et se rapproche des 10 000 morts », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  5. (es) « Bolivia. La crisis económica más fuerte de los últimos 40 años », sur Resumen Latinoamericano,
  6. « Covid-19 : 8 millions de cas aux Etats-Unis, nombreux morts en Belgique et en Espagne », sur Capital.fr,
  7. a et b (es) Newsroom Infobae, « La Bolivie fait état de 307 nouvelles infections et de deux décès dus à la covid-19 », sur infobae.com, (consulté le ).
  8. (en) « Bolivia COVID - Coronavirus Statistics - Worldometer », sur www.worldometers.info (consulté le )
  9. « Bolivie: sur fond de coronavirus, la présidente par intérim critiquée de toutes parts », sur RFI,
  10. Le Figaro avec AFP, « Bolivie: la désinformation sur le coronavirus sévèrement punie », sur Le Figaro.fr,
  11. « Coronavirus au Chili. Des centaines de Boliviens refusés par leur propre pays », sur Ouest-France.fr,
  12. Alice Campaignolle, « En Bolivie, les indigènes frappés par le Covid-19 », sur Le Figaro.fr,
  13. « Elections en Bolivie : l’enjeu de la démocratie », sur Libération.fr,
  14. « Bolivie. Luis Arce veut « démanteler l’échafaudage néolibéral » », sur L'Humanité,
  15. Bolivie: la pauvreté a reculé en 2021, mais la baisse demeure relative , RFI, 29/01/2022
  16. « La crise sanitaire ravive les tensions politiques en Bolivie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  17. Alice Campaignolle, « En Bolivie, la détresse des endettés du Covid », sur Mediapart,
  18. « Bolivie: les endettés du Covid-19, victimes d'un système de santé mal en point », sur RFI,
  19. « Les dessous de l'infox, la chronique - Au Mexique: le dioxyde de chlore un faux médicament contre le Covid-19 fait florès », sur RFI, (consulté le )
  20. (en) Associated Press in Cochabamba, « Desperate Bolivians seek out toxic bleach falsely touted as Covid-19 cure », sur the Guardian, (consulté le )
  21. « En Bolivie, un agent toxique, le dioxyde de chlore, fait office de remède miracle au Covid-19 », sur Le HuffPost, (consulté le )
  22. https://www.sciencesetavenir.fr/sante/la-bolivie-autorise-un-antiparasitaire-dans-le-traitement-du-covid-19_144298
  23. « Un antiparasitaire autorisé pour traiter le coronavirus en Bolivie », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  24. https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-19-l-ivermectine-traitement-miracle-ou-enieme-fausse-piste-20210715
  25. RFI, « Covid en Bolivie : pour booster la campagne, la vaccination ouverte à partir de 18 ans », sur rfi.fr, (consulté le ).
  26. a et b Le Figaro avec AFP, « Bolivie: les protestations contre le gouvernement se multiplient », sur Le Figaro.fr,
  27. « L'autoproclamé pouvoir bolivien cerné par les scandales », sur L'Humanité,