Pandémie de Covid-19 au Pérou — Wikipédia

Pandémie de Covid-19 au Pérou
Départements avec cas confirmés de coronavirus.
Carte des provinces avec des cas confirmés de coronavirus (SARS-CoV-2).
Maladie
Agent infectieux
Origine
Localisation
Premier cas
Date d'arrivée
Depuis le (4 ans, 1 mois et 17 jours)
Site web
Bilan
Cas confirmés
4 152 580 ()[1]
Cas soignés
3 932 563 ()[2],[1]
Morts
216 877 ()[1]

La pandémie de Covid-19 est une crise sanitaire majeure provoquée par une maladie infectieuse émergente apparue fin 2019 en Chine continentale, la maladie à coronavirus 2019, dont l'agent pathogène est le SARS-CoV-2. Ce virus est à l'origine d'une pandémie[note 1], déclarée le par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

La pandémie de Covid-19 au Pérou démarre officiellement le . À la date du , le bilan est de 216 877 morts[1].

Le Pérou est le pays au monde avec le plus grand nombre de décès en proportion de sa population[3],[1].

Chronologie[modifier | modifier le code]

2020[modifier | modifier le code]

Le premier cas est confirmé par les autorités le  : il s'agit d'un homme de 25 ans ayant séjourné en Espagne, en France et en Tchéquie[4]. Le , l'état de siège et la fermeture des frontières sont déclarés à cause de la pandémie, ce qui bloque au Pérou toutes les personnes qui s'y trouvent, y compris les étrangers souhaitant retourner dans leurs pays[5]. Le , la ministre de la Santé Elizabeth Hinostroza démissionne[6]. Le , démission surprise du ministre de l'intérieur Carlos Moran, probablement à cause du fort nombre de policiers infectés (1300 sur un total de 140 000)[6]. À cette date, il y avait 21 648 cas confirmés de covid-19 et 634 décès qui y étaient liés au Pérou[6].

Iquitos, une ville de près de 500 000 habitants située dans la forêt amazonienne, compte parmi les villes d’Amérique latine les plus durement touchées, avec Guayaquil (Équateur), Manaus (Brésil) et Tijuana (Mexique)[7].

Cinq ministres de la Santé se sont succédé entre et [8].

2021[modifier | modifier le code]

Le Pérou fait face à partir de janvier 2021 à une deuxième vague de contaminations plus virulente que la première. Les malades, que les hôpitaux n’ont plus la capacité de prendre en charge, sont contraints de s’automédiquer chez eux. De grandes files d’attente constituées de proches de patients se forment devant des fournisseurs d’oxygène. Il manquerait 100 tonnes d’oxygène par jour pour couvrir les besoins[9].

Suivant les recommandations des experts, le Pérou réévalue, le 31 mai 2021, le nombre des morts du Covid, soit 69 000 à 180 000 victimes[10].

En novembre 2021, le nombre de morts dépasse les 200 000 (soit 0,6 % de la population, le taux le plus élevé au monde). Un bilan dû au fort taux de pauvreté, aux logements surpeuplés, et au système de santé précaire victime d'un sous-investissement chronique[11].

Au 10 décembre 2021, 551 médecins sont morts du Covid-19 depuis le début de la pandémie, soit 6 % de la profession[12].

En deux ans, la pandémie a laissé près de 100 000 enfants et adolescents orphelins d'au moins un parent[13].

2022[modifier | modifier le code]

Les voyageurs doivent présenter une preuve de vaccination ou un test de moins de 48 heures. Le Décret sur l'état d'urgence se termine le 1er novembre et le Pérou décide de lever les restrictions de voyage, les voyageurs peuvent désormais entrer dans le pays sans aucune restriction[14].

Statistiques[modifier | modifier le code]

COVID-19-Peru-log

Gestion de la pandémie[modifier | modifier le code]

Difficultés préalables[modifier | modifier le code]

Avant même d'être atteint par la pandémie de Covid-19, le Pérou devait affronter une épidémie de dengue de 2019-2020 depuis , qui reste en cours durant la pandémie.

Le Pérou est l'un des pays où les investissements dans le secteur de la santé sont les plus faibles, avec moins de 5 % du PIB investi par an. Les hôpitaux ne sont pas en mesure de faire face à la crise sanitaire[7]. « Nous vivons une situation dramatique, certains hôpitaux d’Amazonie ou du nord du Pérou se sont totalement effondrés. Il manque de l’oxygène, des lits, des médecins… », déclare, en mai, Ciro Maguiña Vargas, médecin infectiologue de l’université Cayetano-Heredia de Lima et vice-président du Collège médical du Pérou[15].

Les communautés indigènes se trouvent généralement sans accès aux hôpitaux et délaissées par l’État, ce qui les conduit à s'en remettre aux plantes médicinales dont l'efficacité est incertaine[16].

Dans un pays où près de 70 % de la population travaille dans l’économie informelle (ensemble d’activités économiques qui échappe à la régulation de l’État et ne bénéficie donc d’aucune protection sociale ni de conditions de travail normalisées), de nombreuses personnes ne peuvent cesser le travail sans basculer dans la pauvreté[17].

Confinement[modifier | modifier le code]

Depuis l'instauration du confinement le , 40 % des Péruviens ont perdu tout revenu. La pauvreté et la faim poussent de nombreux habitants de la capitale, Lima, à tenter de retourner dans leur région d'origine, mais au risque de contribuer à propager l'épidémie. Près de 170 000 personnes dorment dans les rues en attendant leur retour et en mendiant de la nourriture. Le pays connaît également les prémices d'une crise alimentaire[7]. Plusieurs zones de la capitale n’ont plus accès à l’eau potable, ou subissent de sévères restrictions d’approvisionnement[17].

Les autorités sont accusées de mauvaise gestion et la popularité du président Martin Vizcarra en pâtit[18].

Traitements[modifier | modifier le code]

Pour soigner la Covid-19, les indiens indigènes shipibos-konibos utilisent particulièrement le matico[19], utilisé traditionnellement pour soigner les plaies infectées et les maladies respiratoires par son action antibactérienne : « Le matico aide à nettoyer les poumons, ça désenflamme les bronches... Et pour compléter, on utilise d’autres plantes : verveine, camomille, eucalyptus, gingembre, ail, citron et oignon »[20].
Le docteur Gustavo Aguirre Chang promeut l’ivermectine depuis le début de la pandémie[21]. Ensuite il a proposé d’y associer la doxycycline ou l’azithromycine en prise précoce. Il associe également la bromhexine[22].

Vaccination[modifier | modifier le code]

Le président Martin Vizcarra bénéficie secrètement d'une vaccination dès [8]. Le Pérou a acheté 38 millions de doses du vaccin Sinopharm, 20 millions du vaccin Pfizer-BioNTech, il doit recevoir 14 millions de doses du vaccin AstraZeneca, et 13 autres millions de doses AstraZeneca et Pfizer-BioNTech par le dispositif Covax de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La campagne commence début février 2021 avec le vaccin Sinopharm[23].

Problèmes sociaux[modifier | modifier le code]

Mutineries dans les prisons[modifier | modifier le code]

Trois détenus sont tués le lors d'une mutinerie dans une prison de Lima dans laquelle il y avait des personnes atteintes de la maladie à coronavirus 2019. Les prisonniers avaient mis le feu à des matelas pour protester contre le refus de libérer des détenus vulnérables dans un établissement vétuste et surpeuplé, où ils ne peuvent pas recevoir des soins corrects. Les prisonniers ont été tués lors d'un assaut de la police[24].

Affrontements entre indigènes et policiers[modifier | modifier le code]

Au moins trois indigènes sont tués lors d’affrontements avec la police sur un site pétrolier le 9 aout. Plusieurs dizaines d'indigènes avaient tenté de s’emparer d’un campement de la compagnie pétrolière canadienne PetroTal à Bretaña, dans la région de Loreto (nord-est), reprochant à celle-ci des fuites de pétrole à répétition et accusant le gouvernement de les avoir abandonnés face à l’épidémie de Covid-19[25].

Bousculade du 22 août 2020[modifier | modifier le code]

Le , la police intervient dans une discothèque de Lima, où se tenait une fête d'anniversaire à laquelle participaient environ 120 personnes, malgré le couvre-feu[26]. L'arrivée des policiers déclenche une bousculade, dans laquelle 13 personnes (12 femmes et un homme participants à la fête) meurent, et où six sont blessées (trois fêtards et trois policiers)[26]. Selon les autorités, la seule arrivée des policiers a provoqué le mouvement de panique, mais selon certains témoins du gaz lacrymogène a été tirés, ce qui aurait été le vrai déclencheur de la bousculade[26]. La ministre péruvienne des femmes, Rosario Sasieta, s’est rendue sur place et dans les hôpitaux, et a réclamé « la sanction maximale pour les propriétaires de la discothèque, qui sont responsables en réalité » de cette tragédie[26].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e « Coronavirus Update (Live) - Worldometer », sur www.worldometers.info.
  2. Fabrice Pouliquen, « Coronavirus : Le Pérou prolonge d’un mois l'état d'urgence », 20 minutes,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Covid-19 : après réévaluation, le Pérou a désormais le plus haut taux mondial de décès », sur Le Figaro,
  4. (pt) « Peru confirma 1º caso de novo coronavírus », sur globo.com,
  5. (es) César Arellano García, « Cientos de mexicanos permanecen varados en Lima por Covid-19 », sur jornada.com.mx, La Jornada, (consulté le )
  6. a b et c « Pérou: démission du ministre de l'Intérieur en pleine crise du coronavirus », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le )
  7. a b et c « Au Pérou, les habitants ont peur de sombrer dans la pauvreté avec le crise du Covid-19 », sur Actu Latino,
  8. a et b « Covid-19 au Pérou: l'ancien président, Martin Vizcarra, vacciné en secret dès octobre 2020 », sur RFI,
  9. « Covid-19 : au Pérou, « le virus se répand de manière incontrôlable » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  10. La Croix (avec AFP), « Covid-19 : le Pérou endeuillé, les variants renommés, le vaccin chinois homologué… Le récap’ du 1er juin », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. « Le Pérou, pays le plus touché par le Covid, se souvient de ses morts », sur L'Obs,
  12. « Le Pérou rend hommage aux 6% de ses médecins morts du Covid-19 », sur L'Obs,
  13. Rosa Moussaoui, « Pérou. Les vies brisées des orphelins du Covid », sur L'Humanité, (consulté le )
  14. « Covid : fin des restrictions de voyage au Pérou, au Paraguay et en Algérie », sur BusinessTravel : Voyages d'affaires et… (consulté le ).
  15. « « Les gens ont été obligés de sortir, poussés par la faim » : le Pérou englué dans la crise due au coronavirus », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  16. « Au Pérou, les plantes médicinales aident à lutter contre le Covid-19 », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie,
  17. a et b « Pérou, Amazonie : la crise du Covid-19 creuse les inégalités », sur CCFD-Terre Solidaire,
  18. « Coronavirus: les autorités accusées de mauvaise gestion dans le sud du Pérou », sur RFI,
  19. https://www.medisite.fr/dictionnaire-des-plantes-medicinales-matico.1616116.8.html
  20. Wyloën Munhoz-Boillot, « Reportage international - Pérou : un remède traditionnel pour contrer le coronavirus », sur rfi.fr, (consulté le ).
  21. https://www.researchgate.net/publication/343683169_INCLUSION_OF_IVERMECTIN_IN_THE_FIRST_LINE_OF_THERAPEUTIC_ACTION_FOR_COVID-19_A_very_significant_decrease_in_the_Mortality_Rate_is_reported_with_its_use
  22. « Gustavo A. Aguirre Chang », sur Quora (consulté le ).
  23. https://www.lefigaro.fr/flash-actu/covid-19-le-perou-lance-sa-campagne-de-vaccination-20210209
  24. « Mutinerie dans une prison au Pérou: trois morts », sur Le Figaro.fr,
  25. « Pérou. Au moins trois indigènes tués lors d’affrontements avec la police sur un site pétrolier », sur ouest-france.fr,
  26. a b c et d « « Mon amie est morte dans mes bras » : à Lima, treize morts lors d’une soirée d’anniversaire interdite par le couvre-feu », sur lemonde.fr, (consulté le )