Bataille de La Mecque (1916) — Wikipédia

Bataille de La Mecque (1916)
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La Mecque et la Kaaba en 1910
Informations générales
Date -Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu La Mecque, chérifat de La Mecque, Empire ottoman
Issue Victoire décisive des forces arabes
Belligérants
Chérifat de La Mecque
Rebelles arabes
Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottoman
Commandants
Hussein ben Ali

Fayçal ben Hussein

Ali ben Hussein
Fakhri Pacha
Forces en présence
5000 hommes 1000 hommes

La bataille de La Mecque est un affrontement militaire qui oppose Hussein ben Ali aux forces ottomanes dans la ville sainte musulmane de La Mecque en juin et juillet 1916.

Le 10 juin, Hussein ben Ali, chérif de La Mecque et chef dynastique des Hachémites, déclenche la grande révolte arabe contre l'Empire ottoman à partir de cette ville. La bataille est une victoire militaire hachémite sur les troupes de l'Empire ottoman. Lors de cette bataille, les Ottomans bombardent, probablement sans faire exprès, la Kaaba, et mettent feu au voile la recouvrant, un événement abondamment repris par les hachémites pour légitimer leur révolte.

La bataille de La Mecque fait partie de la grande révolte arabe et de la Première Guerre mondiale.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le chérif de La Mecque souhaite créer un État arabe du Yemen jusqu'à Alep. À cette fin, il sollicite l'aide des Britanniques, qui lui promettent l'établissement d'un tel Etat après la défaite des Ottomans lors du protocole de Damas[1] et dans la correspondance McMahon-Hussein[2].

Les Britanniques le trahissent après la fin de la guerre, lors des accords Sykes-Picot puis, face à la proclamation de Hussein ben Ali en tant que calife, en 1924, ils soutiennent Abdelaziz ibn Saoud, qui envahit ses terres et le force à l'exil[3].

Événements[modifier | modifier le code]

Début juin 1916, la majeure partie de l'armée ottomane se rend à Taëf, une ville de montagne en Arabie, accompagnant Ghalib Pacha, le gouverneur du Hedjaz. Il ne reste plus que 1 000 hommes pour défendre La Mecque. Beaucoup d'entre eux dorment dans des casernes de la vallée le 10 juin lorsque le chérif de La Mecque, Hussein bin Ali effectue sa proclamation d'indépendance du Hedjaz et tire un coup de feu en l'air depuis la fenêtre du palais hachémite signalant le début de la révolte arabe[4],[5]. En entendant cela, ses 5 000 partisans commencent à tirer sur les troupes turques dans trois forteresses surplombant la ville sainte et à la caserne Jirwall sur la route de Djeddah. Ceux-ci répondent en bombardant La Mecque depuis les hauteurs ; lors du bombardement, ils touchent la Kaaba et mettent feu au voile qui la recouvre, probablement sans faire exprès, un point ensuite utilisé par la propagande de la grande révolte arabe pour essayer de montrer l'impiété des Ottomans et la légitimité de la révolte comme guerre sainte[6],[7]. Ce point explique en partie pourquoi les musulmans des Empires coloniaux occidentaux refusent de rejoindre l'Empire ottoman[7].

L'attaque contre les forces turques est soudaine et leur commandant par intérim ignore que la révolte débute. Comme les bannières du chérif et celles des Ottomans sont de la même couleur, le commandant turc ne voit pas la différence et téléphone au chérif Hussein au sujet de la situation et on lui répond que les troupes arabes sont entrées en rébellion et qu'il ferait mieux de se rendre. Il refuse. La bataille commence et se poursuit.

Le lendemain, les forces de Hachémites avancent et capturent Bash-Karakol[8] au coin de Safa adjacent au Masjid al-Haram. Le troisième jour, Hamidia, le bâtiment du gouverneur ottoman est capturé, ainsi que le sous-gouverneur. A partir de cet instant, le sous-gouverneur captif ordonne à ses troupes turques restantes de se rendre. Ils refusent.

Une impasse en résulte. Sir Reginald Wingate envoie deux pièces d'artillerie du Soudan via Djeddah, avec des artilleurs égyptiens entraînés. Ils percent rapidement les murs du fort turc. L'armée du chérif attaque alors et le sort de ces défenseurs est scellé. Le 4 juillet 1916, le dernier bastion turc à La Mecque, la caserne Jirwal, capitule après trois semaines de résistance acharnée.

Résultats[modifier | modifier le code]

Cette bataille marque le début de la fin de l'Empire ottoman, et elle est également la naissance du royaume du Hedjaz dont la capitale est La Mecque.

Stratégiquement, la victoire permet de sécuriser La Mecque pour Hussein ben Ali ; et de commencer à débuter des opérations militaires au-delà du Hedjaz. La garnison ottomane de Médine, elle, reste clouée dans la ville pendant le siège de Médine mais les forces de la révolte arabe souhaitent les conserver dans la cité, pour pouvoir mener des raids au nord, le long du chemin de fer du Hedjaz, forçant les Ottomans à renforcer de manière constante la ville de Médine et à éparpiller leurs forces, ce qui sert Hussein, dont les forces bédouines sont prédisposées à la guérilla bien plus qu'à des batailles rangées[9].

Références[modifier | modifier le code]

  1. George Antonius, The Arab Awakening, (lire en ligne)
  2. A. Henry McMahon, McMahon–Hussein Correspondence (July 14, 1915 – March 10, 1916) (lire en ligne)
  3. Olivier Hanne, « La révolte arabe en 1916 : mythe et réalité », TELEMME - Temps, espaces, langages Europe méridionale-Méditerranée, SPM,‎ , p. 331 (lire en ligne, consulté le ) :

    « Les Britanniques comprennent un peu tard que les conseils de T. E. Lawrence les ont fourvoyés et qu’ils ont soutenu un homme dont ils n’ont pas compris les perspectives. Ils l’abandonnent pour se tourner vers Ibn Séoud. Les troupes de Hussein sont massacrées en mai 1919, suivies par l’écrasement des al-Rachîd. Protégé par l’aviation anglaise, le Koweït survit aux raids des Ikhwân. Mais la puissance wahhabite a raison des Hachémites. En 1924, Hussein prend le titre califal, qui vient d’être aboli par les Mustafa Kemal, mais il perd La Mecque, puis Médine l’année suivante. Le roi du Hejâz est condamné à l’exil. Il meurt à Amman en 1931. »

  4. Michael Provence, The great Syrian revolt and the rise of Arab nationalism, University of Texas Press, (ISBN 978-0-292-79710-9 et 0-292-79710-9, OCLC 320324665, lire en ligne)
  5. David Murphy, The Arab Revolt 1916-18 : Lawrence sets Arabia ablaze, Osprey, (ISBN 978-1-84603-339-1 et 1-84603-339-X, OCLC 212855786, lire en ligne)
  6. « The Great War and the Beginning of Emancipation », sur academic.oup.com (DOI 10.23943/princeton/9780691147055.003.0017, consulté le )
  7. a et b Jean-Yves Le Naour, Djihad 1914-1918, Éditions Perrin, (ISBN 978-2-262-07083-0, DOI 10.3917/perri.lenao.2017.01, lire en ligne)
  8. Turkish for "main outpost" or "main police station"
  9. Francis Lacassin et Jean Rosenthal, Les Sept piliers de la sagesse : un triomphe. [en marge des sept piliers], R. Laffont, (ISBN 2-221-07106-9 et 978-2-221-07106-9, OCLC 29612816, lire en ligne) :

    « Notre marche sur Wedjh avait tout changé. Aujourd'hui nous faisions le blocus du chemin de fer, et eux se contentaient de le défendre. La garnison de Médine, réduite à une dimension inoffensive, restait dans les tranchées, détruisant sa propre capacité de mouvement en mangeant les animaux de transport qu'elle ne pouvait plus nourrir. »

Bibliographie[modifier | modifier le code]