Campagne du Sinaï et de la Palestine — Wikipédia

La campagne du Sinaï et de la Palestine a pour théâtre le front du Moyen-Orient durant la Première Guerre mondiale. Cette série de batailles oppose les forces de l'Empire britannique, de l'Empire allemand et de l'Empire ottoman du au , date à laquelle l'armistice de Moudros est signé entre l'Empire ottoman et la Triple-Entente.

Offensives germano-ottomanes vers le canal de Suez (1915-1916)[modifier | modifier le code]

Au début de la guerre, le sultanat d'Égypte passe sous protectorat britannique. Le , une armée ottomane commandée par Djemal Pacha entreprend la traversée du désert du Sinaï : la première offensive germano-turque contre le canal de Suez échoue face aux forces supérieures de l'Entente, appuyées par l'artillerie de la Royal Navy et de la marine française, et faute du soutien espéré de la population égyptienne.

Forces en présence[modifier | modifier le code]

Entente[modifier | modifier le code]

Général John Maxwell

Empires centraux[modifier | modifier le code]

Général Djemal Pacha

En 1916, les Germano-Ottomans tentent une seconde offensive contre le canal de Suez. Mais la bataille de Romani (3-) s'achève encore par une retraite ottomane.

Guérilla arabe et offensive britannique en Palestine[modifier | modifier le code]

En 1917, les Britanniques étendent leur zone d'opération contre la Palestine ottomane dans deux batailles infructueuses à Gaza en mars et avril. Le , le général britannique Archibald Murray commence à envahir la province ottomane en tentant de percer la ligne Gaza-Beer-Sheva avec 16 000 soldats. L'attaque dirigée par les unités sous les ordres du général Charles Dobell est tenue en échec en raison d'une mauvaise organisation des Britanniques, d'un manque de communication entre les unités d'infanterie et de cavalerie, d'une pénurie d'eau potable et de la résistance ottomane.

Les Ottomans, renforcés par les Allemands de l'Asien-Korps, disposent du même nombre de soldats dans ce qui deviendra la première bataille de Gaza. Ils perdent 2 500 hommes lors des combats tandis que les pertes britanniques s'élèvent à près de 4 000 hommes. Murray est cependant autorisé à lancer une deuxième attaque contre les Ottomans.

Le , Murray est remplacé par Edmund Allenby qui donne une nouvelle impulsion à l'offensive. Après six mois de préparatifs, en octobre, l'Egyptian Expeditionary Force prend Beer-Sheva et une semaine plus tard l'ensemble du secteur de Gaza. Elle progresse par la suite vers le nord de Jaffa à la mi-novembre et dans les collines de Judée et livre la bataille de Jérusalem en décembre. La Ville sainte est occupée le .

Les Hachémites dans le conflit[modifier | modifier le code]

À la suite d'une attaque infructueuse sur Médine[3], les forces de la Révolte arabe sous le commandement de l'émir Fayçal étaient sur la défensive face aux Turcs. Lawrence, envoyé par le général Archibald Murray, commandant du corps expéditionnaire d’Égypte, pour opérer en tant que conseiller militaire auprès de Fayçal, tira enseignement de l'expédition sur El-Ouedj (opération amphibie) et se dit que l'on ne pourrait pas répéter ce genre d'entreprise à Aqaba, car prendre le port ne suffisait pas en soi, il fallait aussi contrôler l'oued Ithm entre Aqaba et Maan (ville située sur le parcours du chemin de fer Damas-Médine). Fort de ce raisonnement, Lawrence parvint à convaincre Fayçal de lancer une attaque contre Aqaba, mais depuis l'intérieur avec l'aide des tribus locales, et non à la suite d'un débarquement. Aqaba était un port occupé par une garnison turque dans l'actuelle Jordanie, pouvant menacer les forces britanniques opérant en Palestine. Les Turcs s'en servirent également comme base en 1915 pour attaquer le canal de Suez. Il fut également suggéré que Fayçal prenne le port comme moyen pour les Anglais d'approvisionner les forces arabes. Bien qu'il ne prît pas lui-même part à la bataille, (son cousin le cherif Nasir ibn Hussein agissait en tant que chef des troupes arabes), Fayçal mit à disposition de Lawrence un grand nombre de ses hommes. Lawrence s'aida également du concours d'Aouda Abou Tayi, chef de la tribu bédouine des Howeitat, ce qui lui permit de se lancer accompagné d'une large troupe dans cette expédition.

Aqaba n'était pas en soi un obstacle militaire majeur ; il s'agissait d'un village simplement gardé par un fortin occupé par une garnison visant à prévenir une attaque par la péninsule du Sinaï. La difficulté principale de l'expédition était la traversée du désert du Néfoud, généralement considérée comme impossible.

Percée britannique vers la Syrie et conclusion du conflit[modifier | modifier le code]

Entre février et , les troupes ottomanes parviennent à stabiliser le front palestinien au nord de Jérusalem.

La bataille de Megiddo (16-), en Galilée, relance l'offensive britannique et porte un coup décisif à l'armée ottomane en pleine déroute. Les troupes britanniques sont conduites par les 3e troupes légères montées australiennes, précédées par des troupes de guérilla arabes. Ces dernières, en réponse aux atrocités turques commises contre des villages arabes rebelles, feront peu ou pas de prisonniers : les 27 et 28 septembre, plusieurs centaines de Turcs (et quelques Allemands et Autrichiens) sont massacrés.

Les Britanniques et leurs alliés arabes continuent leur avance, entrent dans Damas les et 1er octobre, faisant près de 20 000 prisonniers ; Beyrouth est évacuée par les Ottomans le , Homs le . Les Alliés atteignent Alep, à 300 km au nord, que défendent les restes du groupe d'armées Yildirim (en) (4e, 7e et 8e armées ottomanes) commandés par Otto Liman von Sanders et Mustafa Kemal. Les forces d'Allenby et du chérif Fayçal remportent la bataille d'Alep (1918) les 25- et s'emparent de la ville le 26 octobre.

Le , à la suite de la percée franco-serbe en Macédoine qui menace Constantinople, l'armistice de Moudros est signé, mettant fin aux hostilités. Seule la garnison turque de Médine refuse de se rendre aux Arabes et résiste jusqu'au .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. League of World War I Aviation Historians, Over the Front, Volume 13, 1998, p. 3.
  2. Maurice Larès, T.E. Lawrence, la France et les Francais, Imprimarie Nationale, , 558 p. (ISBN 978-89-520-1065-0, OCLC 1037709065), p. 139.
  3. T. E. Lawrence, Les Sept Piliers de la sagesse, p. 118

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) John D Grainger, The battle for Palestine 1917, Woodbridge, UK Rochester, NY, Boydell Press, , 558 p. (ISBN 978-1-84383-263-8 et 978-1-782-04250-1, OCLC 884245700, lire en ligne)
  • (en) Anthony Bruce, The Last Crusade: The Palestinian Campaign in the First World War. John Murray, 2002.
  • (en) Vincent Esposito, The West Point Atlas of American Wars - Vol. 2. Frederick Praeger Press, 1959.
  • (en) David Fromkin, A Peace to End All Peace : The Fall of the Ottoman Empire and the Creation of the Modern Middle East, New York, Avon Books, , 635 p. (ISBN 978-0-380-71300-4, OCLC 256385868).
  • (en) John Keegan, The First World War, New York, A. Knopf Distributed by Random House, , 475 p. (ISBN 978-0-375-40052-0 et 978-0-375-70045-3).
  • (en) David Woodward, Forgotten soldiers of the First World War, Stroud, Tempus, (1re éd. 2006), 322 p. (ISBN 978-0-7524-4307-2, OCLC 137313264).
  • (en) Preston, Lieutenant-Colonel Richard Martin, The Desert Mounted Corps: An Account of the Cavalry Operations in Palestine and Syria 1914 to 1918. Houghton Mifflin Company, 1921.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]