Abbaye Notre-Dame de Bonlieu de Carbon-Blanc — Wikipédia

Abbaye de Bonlieu
image de l'abbaye
Vue générale de l'édifice
Nom local Carbon-Blanc
Grolles
Ris-d'Agneau
Diocèse Bordeaux
Patronage Notre-Dame
Numéro d'ordre (selon Janauschek) CLVII (157)[1]
Fondation 24 octobre 1141
Dissolution 1791
Abbaye-mère Jouy
Lignée de Pontigny
Abbayes-filles Aucune
Congrégation Ordre cistercien (1141-1791)
Protection IGPC (Notice no IA33001103)
Coordonnées 44° 53′ 38″ N, 0° 29′ 48″ O[2]
Pays Drapeau de la France France
Province Duché d'Aquitaine
Région actuelle Nouvelle-Aquitaine
Département Gironde
Commune Sainte-Eulalie
Site http://abbayedebonlieu.com/
Géolocalisation sur la carte : Gironde
(Voir situation sur carte : Gironde)
Abbaye de Bonlieu
Géolocalisation sur la carte : Aquitaine
(Voir situation sur carte : Aquitaine)
Abbaye de Bonlieu
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye de Bonlieu

L'abbaye de Bonlieu[3] (latin Bonus-locus[4]) (nommée parfois aussi de Carbon-Blanc, anciennement appelée de Grolles[5], ou encore Ris-d'Agneau[6] (latin Risus-agni[4])) est une ancienne abbaye cistercienne, créée au XIIe siècle, fermée à la Révolution française, située dans la commune de Sainte-Eulalie, en Gironde.

Historique[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

L'abbaye doit sa naissance à la volonté de Gaston de Montferrand qui, en 1141[7], demande à un certain Sicaire, moine cistercien de Jouy, de fonder l’abbaye de Bonlieu[8]. Cette fondation intervient le de cette même année 1141[7], et Sicaire devient le premier abbé de Bonlieu[5].

L'abbaye est construite dans l'Entre-deux-Mers, à moins d'une dizaine de kilomètres au nord-est de Bordeaux, non loin du château seigneurial de Lormont (Laureus-Mons) et de la Garonne[9]. Les terres sur lesquelles les moines s'installent sont agréables et fertiles, mais incultes et servent de repaires à des « brigands, quêteurs de chemin, larrons, meurtriers et autres manières de gens useux de mauvaises vies ». La charte de fondation précise que les cisterciens défricheront les terres qui leur sont allouées et construiront non seulement l'abbaye, mais encore une chapelle et un hôpital, ce dernier étant destiné en particulier à accueillir des lépreux[10].

Développement médiéval[modifier | modifier le code]

L'abbaye de Bonlieu ne connut jamais un développement important, ne fondant pas d'abbaye-fille ni ne comptant plus que vingt moines. Néanmoins, sous la protection des barons de Montferrand et d'Aliénor d'Aquitaine, ils développèrent l'abbaye suivant les principes du travail cistercien : culture des champs, aménagement de la vallée et de la rivière (le Gua en l'occurrence), artisanat (distillerie)[10]. C'est autour de cette abbaye que se bâtit petit à petit le bourg de Carbon-Blanc[5],[10].

Décadence et réparations sous la commende[modifier | modifier le code]

Des réparations importantes sont faites sur l'abbaye pendant la période de la commende. En 1729, un mémoire est publié à cet effet par le Grand Conseil[11]. Juste avant la Révolution, il n'y avait plus que trois moines à l'abbaye ; seule la bibliothèque gardait une certaine renommée.

Dissolution à la Révolution[modifier | modifier le code]

La communauté des moines de l'abbaye de Bonlieu de Carbon-Blanc est dissoute à la Révolution, et l'établissement, déclaré bien national, est vendu.

Aujourd'hui encore, les bâtiments subsistants de l'abbaye demeurent une propriété privée. Le domaine est inventorié notamment au titre de son parc sur lequel est intervenu l'architecte paysagiste Louis-Bernard Fischer.

Architecture et description[modifier | modifier le code]

Liste des abbés[modifier | modifier le code]

Source : La liste des abbés de Notre-Dame de Bonlieu de Carbon-Blanc est établie principalement, sauf mention contraire en note, selon Honoré Fisquet, La France pontificale, etc., op. cit. infra, elle-même essentiellement reprise de la Gallia Christiana jusqu'en 1720, année de parution du tome 2 de ladite Gallia Christiana. Les noms figurant entre parenthèses en latin sont ceux donnés par la Gallia Christiana.

Les abbés dont le numéro du rang est en violet étaient également évêques ou archevêques.

Rang Portrait/Blason Abbatiat Abbé Notes
Abbés réguliers :
1 - † 1162 Bienheureux Sicaire
(ou Sichaire, ou Sicard, lat. Sicarius ou Sicardus)
Fondateur et premier abbé de l'abbaye. Auparavant moine de l'abbaye Notre-Dame de Jouy. Il fut inhumé à l'abbaye. Son tombeau était, dit-on, témoin de nombreux miracles[4].
2 ment. 1180 David Mentionné comme abbé de Ris-d'Agneau en tant que témoin dans une charte de 1180 de Guillaume Ier Le Templier, archevêque de Bordeaux[4].
3 ment. 1213 B... Cet abbé dont on ne connaît que l'initiale exerça sa fonction à l'époque où Élie Rudel, ancien seigneur de Bergerac et de Gentiac, et Géraude, sa femme, concédèrent divers biens au monastère.
4 ment. 1228 Leteric
(lat. Letericus)
Mentionné dans une charte de l'abbaye Notre-Dame de Jouy[4].
5 ment. 1231, 1256 W... Selon la Gallia Christiana, cet abbé pourrait se prénommer Willelmus, c'est-à-dire Guillelmus, Guillaume. Le pape Innocent IV confirma la troisième année de son pontificat, soit en 1246, des donations faites à l'abbaye[4].
6 ment. 1270, 1286 Gilebert
(lat. Gilebertus)
Également mentionné en 1272[4].
7 ment. septembre 1294 Arnaud Ier
(lat. Arnaudus, ou Arnaldus)
Mentionné en septembre 1294 dans un document conservé dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Magloire de Paris, selon Étienne Baluze[4].
8 ment. 1297 Nobli
(lat. Noblius)
9 1307 - ment. 1318 Arnaud II Gombaud
(lat. Arnaudus Gombaud)
Élu en 1307. Également mentionné en 1308 et 1312. Il rencontra l'archevêque de Bordeaux Arnaud IV de Canteloup[4].
10 ment. 1320, 1321 Albéric
(lat. Albericus)
11 ment. 1325, 1329 Pierre Marsen
(lat. Petrus Marsen)
12 ment. 1336, 1338 Guillaume Ier
(lat. Guillelmus)
13 ment. 1345 Arnaud III
(lat. Arnaudus)
14 ment. 1351, 1366 Guillaume II de Banas
(lat. Guillelmus de Banas)
Également mentionné en 1354 et 1361. L'année 1366 est mentionnée par Claude Estiennot de la Serrée[4].
15 ment. 1371, 1400 Giraud d'Aiguillon
(lat. Giraudus d'Aguillon)
Il est mentionné dans l'histoire de l'abbaye dès 1364, date à laquelle il était peut-être associé par Guillaume II de Banas au gouvernement du monastère. En toute hypothèse, il est mentionné comme abbé de manière certaine en 1371, 1382, 1391, 1395 et encore en 1400[4]. C'est à sa demande que l'archevêque de Bordeaux, Raimond-Bernard de Roqueis (1380-1384), unit à l'abbaye, ruinée par les guerres, l'église Saint-Pierre de Bassens. Il ne restait en effet à cette époque que sept moines au sein de l'abbaye[4].
16 ment. 1409, 1425 Jean Ier de la Combe
(lat. Johannes de Comba, ou de Coma)
Également mentionné en 1414, 1416 et 1419[4].
17 ment. 1426, 1432 Raimond Falqueyron
(lat. Raimundus Falqueyron)
Également mentionné en 1427, 1428 et 1429[4].
18 ment. 1433, 1439 Jean II de Lernach
(lat. Johannes de Lernach)
19 ment. 1439 Jean III Fengin
(lat. Johannes Fengin)
20 ment. 1445, 1446 Étienne Ier Dumas
(ou Étienne du Mas[4], lat. Stephanus du Mas)
21 ment. 1461 Matelin Amelin
(ou Esmelin, lat. Matelinus Amelin)
22 ment. 1465, 1504 Godefroi de Montferrand
(lat. Godifer de Montferrand)
Également mentionné en 1491[12].
23 ment. 1516, 1522 Sébastien Ier Biret
(lat. Sebastianus Biret)
Dernier abbé régulier. Confirmé par Jean, abbé de Jouy. Également mentionné en 1519[12].
Abbés commendataires :
24 ment. 1530, 1540 Bertrand de Belcier
(lat. Bertrandus de Belcier)
Premier abbé commendataire.
25 ment. 1560 - † 1595 Antoine Duprat
(ou du Prat, lat. Antonius du Prat)
Il était l'arrière-petit-fils du chancelier de France, puis cardinal Antoine Duprat, archevêque de Sens, évêque d'Albi et évêque de Meaux[13], le petit-fils du prévôt de Paris Antoine Duprat (premier du nom) et le fils du prévôt de Paris Antoine Duprat (second du nom, qui succéda à son père dans cette charge), les trois étant seigneurs successifs de Nantouillet. Sa mère était Anne de Barbençon, dame d'honneur de Catherine de Médicis. Également mentionné comme abbé de Carbon-Blanc en 1571[12].
26 vers 1595 - † Sébastien II de la Forestie
(lat. Sebastianus de Forestie)
Il était aumônier de la reine-mère. Il mourut à Bordeaux et fut inhumé dans l'abbatiale de Carbon-Blanc. Son épitaphe était : Hic jacet Sebastianus de la Forestie consil. et eleemosynarius olim reginae matris regum, hujusce monasterii abbas. Obiit Burdigalae in castro Podii-Paulini 30. Jan. 1597. Anima ejus requiescat in pace[12].
27 ment. 1610, 1622[12] Jacques Martin de Belle-Assise
(lat. Jacobus Martin)
Deuxième fils de Jean Martin, Président Trésorier Général de France pour la Guyenne, il naquit en 1579. Il fut nommé évêque de Vannes le et garda son siège épiscopal jusqu'en 1622. Il permuta cette année-là ce siège avec celui d'abbé de Paimpont, dont le titulaire était alors Sébastien de Rosmadec. Il mourut à Paris deux ans plus tard, le , alors qu'il préparait un pèlerinage à Rome. On l'inhuma dans l'église des Célestins, près de la chapelle d'Orléans.
28 ment. 1630 N... Maurice
29 ment. 1634, 1660 Bernard Ier de Pichon
(lat. Bernardus de Pichon)
30 vers 1660 - vers 1661[14] N... Defiot Abbé pendant deux années.
31 vers 1661 - † 1673 Guillaume III de Malartic
(lat. Willelmus de Malartic)
Abbé régulier pendant huit années, puis abbé commendataire pendant quatre années[12]. Il réforma l'abbaye en 1666 afin d'établir plus strictement la règle cistercienne.
32 1673 - 1675 N... Dujac Il se démit deux ans après avoir été nommé abbé commendataire. Il mourut la même année que sa démission, en 1675.
33 - ment. 1679[12] Joseph Ier Élian
(lat. Josephus Ælian)
34 ment. 1680 - † Mathias Charlan
(lat. ib.)
Il mourut à Rome.
35 - ? Bernard II Belot
(lat. Bernardus Belot)
Il était également abbé commendataire de Pleine-Selve et abbé commendataire de Madion.
36 - ? Gilles Gonault Ancien chapelain du roi.
37 1740 - † Joseph II de Meyère Il était également abbé commendataire de Bonnefont. Il mourut à Rome, âgé de 48 ans.
38 novembre 1757 - † Nicolas-Alexis Guérin Il mourut chanoine à Coutances, à l'âge de 63 ans.
39 - 1791 François de Bovet Dernier abbé de Bonlieu. Il naquit à Grenoble le . Prévôt et vicaire général d'Arras, il fut sacré évêque de Sisteron le . Contraint d'émigrer pendant la Révolution, il rentra en France en 1814. Archevêque de Toulouse en 1817, il se démit de ce siège en 1820. Nommé la même année chanoine du chapitre de Saint-Denis, il mourut à Paris le .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, Puthod, , 491 p. (lire en ligne), p. 157-158.
  2. Luigi Zanoni, « Bonlieu (Carbon-Blanc) », sur cistercensi.info, Certosa di Firenze (consulté le ).
  3. Notice no IA33001103.
  4. a b c d e f g h i j k l m n et o Gallia Christiana, op. cit. infra, col. 890.
  5. a b et c P. Bernadau, Antiquités bordelaises ou tableau historique de Bordeaux, Moreau, , 408 p. (lire en ligne), p. 146-148.
  6. Honoré Fisquet, op. cit. infra.
  7. a et b Selon Honoré Fisquet, op. cit. infra, qui tient lui-même cette date de fondation de l'abbaye des moines de la Congrégation de Saint-Maur, qui indiquent dans la Gallia Christiana, op. cit. infra, col. 890 : « fundatur viii cal. Novembris 1141 » (soit le huitième jour des calendes de novembre 1141, ce qui correspond bien au 24 octobre de cette année)
  8. « Histoire et Patrimoine »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur carbon-blanc.fr, Carbon-Blanc (consulté le ).
  9. La Gallia Christiana, op. cit. infra, col. 890, précise que l'abbaye de Carbon-Blanc est située à trois milles de Bordeaux, tandis qu'Honoré Fisquet, op. cit. infra, précise qu'elle en est éloignée de deux lieues.
  10. a b et c M. Dagens, « L’abbaye de Bonlieu », sur asep33.fr, Association Sainte-Eulalie patrimoine, (consulté le ).
  11. Grand Conseil, Arrêt du grand conseil, entre les religieux de l'abbaye de Bonlieu au Carbon Blanc et les Srs et dames Pailhes, héritiers de l'abbé Bellot, vivant abbé de ladite abbaye, touchant les réparations à faire à ladite abbaye., P. Simon, .
  12. a b c d e f et g Gallia Christiana, op. cit. infra, col. 891.
  13. Et non son neveu, comme indiqué à tort par Honoré Fisquet, qui fait une mauvaise traduction du terme nepos utilisé par la Gallia Christiana.
  14. Dates établies si on considère que son prédécesseur, Bernard de Pichon, est encore mentionné en 1660 et que son successeur, Guillaume de Malartic, est mort en 1673, après un total de 12 années d'abbatiat (huit comme abbé régulier et quatre comme abbé commendataire), selon la Gallia Christiana.

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (la) Ouvrage collectif des moines bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, « Gallia Christiana etc. », tome 2 relatif aux provinces ecclésiastiques de Bourges et de Bordeaux, colonnes 890 et 891 consacrées à l'abbaye Notre-Dame de Bonlieu (ou Carbon-Blanc), Imprimerie royale, Paris, 1720. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Honoré Fisquet, « La France pontificale (Gallia christiana), histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours, divisée en 18 provinces ecclésiastiques », tome relatif à l'archidiocèse de Bordeaux, pages 662 à 664 consacrées à l'abbaye Notre-Dame de Carbon-Blanc, Éditions Repos, Paris, 1864-1874. Document utilisé pour la rédaction de l’article