Vemarana — Wikipédia

Vemarana
(1979-1980)

Vemarana (en)

Drapeau de Vemarana(1979-1980)
Administration
Pays Drapeau du Vanuatu Vanuatu
Territoire revendiqué L'île d'Espiritu Santo
Statut politique micronation
Capitale Luganville
Gouvernement République
Premier ministre
Mandat
Jimmy Stevens
-
Démographie
Langue(s) français, anglais
Géographie
Superficie 455,5 km2

Le Vemarana ou République indépendante de Vemarana est le nom donné à l'éphémère État indépendant formé sur l'île d'Espiritu Santo, dans l'archipel des Nouvelles-Hébrides, lors de la tentative de sécession de l'île, entre et .

Histoire[modifier | modifier le code]

Majoritairement francophones, les habitants de l'île ont plusieurs fois tenté de faire sécession[1].

Le mouvement Nagriamel et son leader Jimmy Stevens (1922-1994) proclament une première fois unilatéralement l'indépendance de l'île le . Les autorités coloniales du condominium franco-britannique s'y opposent.

En 1973, Jimmy Stevens et d'autres membres de Nagriamel créent le Vemarana, qu'ils envisagent comme la branche politique de Nagriamel, tandis que le mouvement Nagriamel se concentrerait sur la défense des coutumes autochtones locales. La maison de Georges Cronsteadt à Sarakata est choisie comme bureau du Vemerana[2].

Sécession[modifier | modifier le code]

Localisation sur la carte du Vanuatu
Vemarana
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Localisation sur la carte du Vanuatu

Vemarana.

À l'approche de l'indépendance de l'archipel, le , les représentants de Nagrimael à Espiritu Santo, qui n'adhèrent pas au projet d'indépendance du Vanuatu soutenu par les anglophones du Vanua’aku Pati, décident de faire sécession[3],[4]. La « république du Vemarana » est proclamée par Jimmy Stevens, Albert Ravutia, Georges Cronsteadt et Alfred Maliu[5]. Déclaré Premier ministre (ou, selon d'autres sources, président) de cette république, Jimmy Stevens nomme Alfred Maliu Premier ministre (ou vice-président). Les portefeuilles ministériels suivants sont attribués : Ravu Panpan aux Finances, Timothy Wallis à l'Intérieur, Jean Sevoa aux Affaires sociales et James Garae Bakeo aux Affaires étrangères, à l'Économie et au Commerce extérieur[6],[7],[8],[9].

La Grande-Bretagne envisage de rétablir l'ordre en envoyant l’armée mais la France s'y oppose. Le sur Espiritu Santo, les sécessionnistes prennent le chef-lieu de l'île, Luganville et y déploient le drapeau de la République indépendante de Vemarana. Le gouvernement de Port-Vila, dirigé par Walter Lini, ordonne un blocus de l’île. Le , la France, par la voix de son représentant sur place, reconnaît l'indépendance de Santo[réf. nécessaire]. Jimmy Stevens devient Premier ministre et forme un gouvernement à Luganville, le [10],[11].

Résolution[modifier | modifier le code]

Les négociations avec Port-Vila échouent et du 17 au les forces armées de Papouasie-Nouvelle-Guinée, invitées par Walter Lini, répriment le mouvement séparatiste et imposent par la force l'autorité de Port-Vila sur Espiritu Santo. Les violences arbitraires et les vols commis contre des civils francophones par les soldats papou-néo-guinéens et par leurs adjoints de la Force mobile de Vanuatu (en) sont dénoncés par Amnesty International[12].

Cette brève guerre civile est connue sous le nom de guerre de la noix de coco[13]. Les armes des insurgés sont des arcs et des flèches en plus d'armes à feu.

La sécession du Vemarana est réprimée et 760 personnes arrêtées, dont Jimmy Stevens, condamné à 14 ans de prison, libéré le .

La quasi-totalité des 2 000 Français de Santo sont expulsés, dont le député métis Georges Cronsteadt, membre du Parlement de Vanuatu. Guy Prévot, Français et député de Port-Vila au Parlement vanuatais, est également expulsé du pays[14],[15].

L'ambassadeur de France est expulsé de Port-Vila le . Les relations diplomatiques entre le Vanuatu et la France reprennent au mois d'octobre.

L'île de Espiritu Santo, jusqu'alors poumon économique de l'archipel, paie très cher cette rébellion, les investissements de la nouvelle République se dirigeant désormais vers Port-Vila. Depuis 1985, l'île est devenue majoritairement anglophone.

Par la suite[modifier | modifier le code]

Le mouvement Nagriamel remporte quelques sièges au Parlement de Vanuatu au cours des décennies qui suivent, et jusqu'à ce jour dans les années 2020. Notamment Frankie Stevens, fils cadet de Jimmy Stevens, siège avec l'étiquette Nagriamel au Parlement durant la législature 1991-1995, et est le ministre des relations avec le Parlement dans un gouvernement de coalition de 1994 à 1995. Aux élections législatives de 1998, c'est avec l'étiquette « Vemarana » qu'il brigue un siège au Parlement, mais sans succès[16]. Aux élections législatives de 2020, Fabiano Stevens est élu au Parlement comme député du « Vemarana » ; il perd toutefois son siège aux élections anticipées de 2022[17].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Quid 2004
  2. (en) Jimmy Stevens, "The Nagriamel Movement", dans Howard Van Trease (dir.), Melanesian Politics: Stael Blong Vanuatu, université du Pacifique Sud, 1995, (ISBN 9820201195), p.227
  3. (en-US) « Old Trouble in New Hebrides - A TLIAD », sur alternatehistory.com (consulté le )
  4. http://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M202/Fumey.pdf
  5. Vincent Raude, L'Archipel des Nouvelles-Hébrides (Vanuatu): À la recherche d'un Roi, Editions Ex Aequo, 2023
  6. Zorian Stech, Une confrontation comme nulle autre dans le Pacifique : la France, la Grande- Bretagne et la vie politique au condominium franco-britannique des Nouvelles- Hébrides (1945-1980), thèse de doctorat, université de Montréal, avril 2017, p.319
  7. « Une compagnie de parachutistes est envoyée à Nouméa », Le Monde, 21 juin 1980
  8. (en) "New Hebrides may ask Britain to quell revolt", The Times, 20 juin 1980
  9. (en) Marcellin Abong, "Metamorphoses of Nagriamel", dans Marcellin Abong et Marc Tabani, Kago, Kastom and Kalja: The Study of Indigenous Movements in Melanesia Today, Cahiers du Credo, 2013, pp.59-84
  10. Ron Adams, "History (from Vanuatu)", Encyclopædia Britannica, 2006
  11. La Politique mélanésienne : Stael Blong Vanuatu, , 523 p. (ISBN 978-982-02-0120-0, lire en ligne), p. 49.
  12. Zorian Stech, Une confrontation comme nulle autre dans le Pacifique : la France, la Grande- Bretagne et la vie politique au condominium franco-britannique des Nouvelles- Hébrides (1945-1980), thèse de doctorat, université de Montréal, avril 2017, pp.345-346
  13. A Pacific engaged: Australias (sic) relations with Papua New Guinea and the island states of the southwest Pacific, Australian Senate, 12 août 2003, p. 288
  14. (en) "Boulekone on 'surviving colonial mentality'", Pacific Islands Monthly, mars 1981, p.14
  15. (en) Mark Berg et Stewart Firth, " Local Control on Santo and Tanna and Preindependence Political Trouble in Vanuatu", université de Hawaii, avril 1983
  16. Résultats des élections de 1998, Journal officiel de la République de Vanuatu, 16 mars 1998, p.2
  17. (en) "General elections 2020 (unofficial results), Vanuatu Daily Post

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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