Réunion informelle des chefs d'État ou de gouvernement des 10 et 11 mars 2022 — Wikipédia

Conseil européen informel
Autre nom Sommet de Versailles
Type Sommet informel de la présidence française du Conseil de l'Union européenne en 2022
Date(s) et
Lieu Drapeau de la France Versailles
Président Charles Michel
(Président du Conseil européen)
Thème(s)
Déclaration finale Déclaration de Versailles, 10-11 mars 2022
Chronologie des réunions
Les chefs d'État ou de gouvernement dans la cour de Marbre du château de Versailles, avant la photo officielle.

La réunion informelle des chefs d'État ou de gouvernement des 10 et 11 mars 2022, qui s'est déroulée au château de Versailles sous présidence française du Conseil de l'Union européenne, a porté sur « l'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine et ses conséquences, ainsi que sur la manière de renforcer la souveraineté européenne, de réduire la dépendance de l'Union et d'élaborer un nouveau modèle de croissance et d'investissement »[1].

Les Vingt-Sept réaffirment leur soutien politique, financier, matériel et humanitaire à l'Ukraine, ainsi que leur soutien militaire par la fourniture d'armes. En revanche, ils excluent que l'Ukraine puisse devenir rapidement membre de l'Union européenne.

Agression de la Russie contre l'Ukraine[modifier | modifier le code]

Les dirigeants européens condamnent à nouveau l'invasion militaire de l'Ukraine par la Russie. Ils appellent la Russie « à cesser ses actions militaires et à retirer toutes ses forces et tous ses équipements militaires de la totalité du territoire ukrainien, immédiatement et sans condition, et à respecter pleinement l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières reconnues au niveau international »[2].

Ils décident de doubler, pour la porter à 1 milliard d’euros, l’enveloppe destinée à financer la livraison d’armes à l’Ukraine, afin de l’aider à résister aux attaques de l’armée russe[3]. Le financement en est assuré via la « Facilité européenne pour la paix », un fonds doté de 5 milliards d’euros créé et abondé par les États membres hors du budget communautaire[4],[5].

Les dirigeants européens appuient la proposition de la Commission consistant d'une part à mettre en place une « action de cohésion pour les réfugiés en Europe » (CARE, pour Cohesion's Action for Refugees in Europe), permettant aux États membres et aux régions de fournir une aide d'urgence aux personnes qui fuient l'Ukraine après son invasion par la Russie, et d'autre part à utiliser des fonds de l'initiative de soutien à la reprise en faveur de la cohésion et des territoires de l'Europe (REACT-EU) dans ce même objet[6].

Les Vingt-Sept se disent prêts à adopter de nouvelles sanctions contre la Russie et la Biélorussie, « sa complice ». Annoncé à Versailles par Ursula von der Leyen, et en l'absence d'évolutions favorables en Ukraine, un quatrième train de mesures est adopté le par l'UE[7],[8].

Adhésion de l'Ukraine à l'UE[modifier | modifier le code]

Les Vingt-Sept excluent la possibilité d'une adhésion rapide de l'Ukraine à l'UE que le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelle de ses vœux avec insistance et a officiellement demandé le . Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a rappelé « qu'il n’existe pas de procédure rapide pour rejoindre l’UE ». En revanche, les dirigeants de l'UE sont convenus de développer des liens plus étroits avec l'Ukraine. Une partie d'entre eux pense qu'ouvrir dans l'urgence et de façon contraire aux règles une procédure d'adhésion en pleine guerre entre la Russie et l'Ukraine serait pour Moscou une provocation insupportable[9],[10].

Renforcement de la souveraineté européenne[modifier | modifier le code]

Les dirigeants européens abordent le renforcement de la souveraineté européenne selon trois axes : le renforcement des capacités de défense, la réduction de la dépendance énergétique, en particulier à l'égard du gaz, du pétrole et du charbon russes, et la construction d'une base économique plus solide[1].

Renforcement des capacités de défense[modifier | modifier le code]

Les dirigeants de l'UE affirment leur détermination à assumer une plus grande responsabilité en ce qui concerne la sécurité de l'Union et, en matière de défense, à renforcer la capacité de l'Union d'agir de manière autonome. Pour autant, la coopération entre l'UE et l'OTAN demeure fondamentale pour la sécurité en Europe. À cette fin, les dirigeants sont notamment convenus d'augmenter considérablement les dépenses en matière de défense et de stimuler l'investissement dans les capacités de défense et les technologies innovantes[1],[2].

Réduction de la dépendance énergétique[modifier | modifier le code]

Dans la « déclaration de Versailles », les dirigeants européens affirment l'objectif que l'UE se défasse progressivement de sa dépendance aux importations de gaz, de pétrole et de charbon russes, et ce dès que possible, notamment par les moyens suivants :

  • Accélérer la réduction de notre dépendance globale aux combustibles fossiles, en tenant compte des situations nationales et des choix des États membres en ce qui concerne leur bouquet énergétique ;
  • Diversifier nos approvisionnements et nos voies d'approvisionnement, y compris en ayant recours au GNL et en développant le biogaz ;
  • Continuer de mettre en place un marché de l'hydrogène pour l'Europe ;
  • Accélérer le développement des énergies renouvelables, en cohérence avec l'objectif d'atteindre la neutralité climatique d'ici à 2050.

Les Vingt-Sept n’ont pas accédé à la demande du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, de décider d’un embargo immédiat sur les hydrocarbures russes, afin de priver la Russie des devises avec lesquelles elle finance la guerre en Ukraine. Berlin et Rome, très dépendants de l’énergie russe, s'y sont opposésne voulaient pas entendre parler d’une telle mesure. À défaut, la Commission doit proposer d'ici la fin du mois de un plan REPowerEU de réduction de deux tiers de la dépendance européenne au gaz russe d’ici à la fin de l’année, et de 100 % d’ici à 2027[3],[2].

Construction d'une base économique plus solide[modifier | modifier le code]

Les dirigeants européens veulent réduire les dépendances stratégiques dans des domaines clés, tels que les matières premières critiques, les semi-conducteurs, la santé, le numérique et les produits alimentaires[1],[2].

Participants[modifier | modifier le code]

Participants au Sommet
Membre Représenté par Fonction
Drapeau de l’Union européenne Conseil européen Charles Michel Président
Drapeau de l’Union européenne Commission européenne Ursula von der Leyen Présidente
Drapeau de la France France Emmanuel Macron Président
Drapeau de l'Allemagne Allemagne Olaf Scholz Chancelier
Drapeau de l'Autriche Autriche Karl Nehammer Chancelier
Drapeau de la Belgique Belgique Alexander De Croo Premier ministre
Drapeau de Chypre Chypre Níkos Anastasiádis Président
Drapeau de la Croatie Croatie Andrej Plenković Premier ministre
Drapeau du Danemark Danemark Mette Frederiksen Première ministre
Drapeau de l'Espagne Espagne Pedro Sánchez Premier ministre
Drapeau de l'Estonie Estonie Kaja Kallas Première ministre
Drapeau de la Finlande Finlande Sanna Marin Première ministre
Drapeau de la Grèce Grèce Kyriákos Mitsotákis Premier ministre
Drapeau de la Hongrie Hongrie Viktor Orbán Premier ministre
Drapeau de l'Irlande Irlande Micheál Martin Premier ministre
Drapeau de l'Italie Italie Mario Draghi Premier ministre
Drapeau de la Lettonie Lettonie Krišjānis Kariņš Premier ministre
Drapeau de la Lituanie Lituanie Gitanas Nausėda Président
Drapeau du Luxembourg Luxembourg Xavier Bettel Premier ministre
Drapeau de Malte Malte Robert Abela Premier ministre
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas Mark Rutte Premier ministre
Drapeau de la Pologne Pologne Mateusz Morawiecki Premier ministre
Drapeau du Portugal Portugal António Costa Premier ministre
Drapeau de la Roumanie Roumanie Klaus Iohannis Président
Drapeau de la Slovaquie Slovaquie Eduard Heger Premier ministre
Drapeau de la Slovénie Slovénie Janez Janša Premier ministre
Drapeau de la Suède Suède Magdalena Andersson Première ministre
Drapeau de la Tchéquie Tchéquie Petr Fiala Premier ministre

Sources[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Réunion informelle des chefs d'État ou de gouvernement, Versailles, 10-11 mars 2022
  2. a b c et d Déclaration de Versailles, 10 et 11 mars 2022
  3. a et b Le Monde, Guerre en Ukraine : l’Europe tente de se mettre en ordre de bataille face à la probable aggravation du conflit, 12 mars 2022
  4. « Guerre en Ukraine. L’UE propose 500 millions d’euros supplémentaires pour fournir des armes au pays », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  5. L’utilisation des financements est décidée à l’unanimité, mais les gouvernements ont la possibilité de recourir à une « abstention constructive » pour ne pas bloquer la décision. Cette faculté offerte aux pays qui ne peuvent accepter de livrer des armes à un pays en guerre a permis de débloquer fin février une première enveloppe de 500 millions d’euros.
  6. « Ukraine: mise à disposition d'un financement au titre de la politique de cohésion pour aider les personnes qui fuient l'Ukraine après son invasion par la Russie », sur Commission européenne,
  7. (en) « Ukraine: EU agrees fourth package of restrictive measures against Russia », sur Commission européenne,
  8. « Agression militaire de la Russie contre l'Ukraine: quatrième train de mesures sectorielles et individuelles de l'UE », sur Consilium,
  9. Déclaration des chefs d'État ou de gouvernement, réunis à Versailles, sur l'agression militaire russe contre l'Ukraine, 10 mars 2022
  10. Le Monde, Les Vingt-Sept excluent l’idée d’une adhésion rapide de l’Ukraine à l’Union européenne, 11 mars 2022

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Documents et publications de l'UE[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

  • Leonor Hubaut, « Guerre en Ukraine: l’UE veut être en ordre de marche face à Poutine », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  • Laurent Warlouzet, « Le chemin vers une Europe comme puissance militaire reste encore long et semé d’obstacles », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant).
  • Virginie Malingre et Philippe Ricard, « Les Vingt-Sept excluent l’idée d’une adhésion rapide de l’Ukraine à l’Union européenne », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant).
  • Virginie Malingre et Philippe Ricard, « Réunis à Versailles, les Vingt-Sept tentent de faire front, alors que la guerre s’aggrave en Ukraine », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant).
  • Florentin Collomp, « Sommet de Versailles: l’Europe menace Moscou de nouvelles «sanctions massives» », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès payant).
  • Virginie Malingre et Philippe Ricard, « Guerre en Ukraine : l’Europe tente de se mettre en ordre de bataille face à la probable aggravation du conflit », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant).

Compléments[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]