Politique des Réunions — Wikipédia

La politique des Réunions est la politique étrangère d'annexion de territoires menée aux frontières du royaume par Louis XIV de 1679 à 1684 qui mènera à la guerre des Réunions.

Elle succède à la politique dite du pré carré qui permit la consolidation de la frontière au nord du royaume.

La capitulation de Strasbourg, signée à Illkirch le et par laquelle la ville libre et impériale de Strasbourg se place sous la protection des rois de France, n'en fait pas partie.

L'ambition de Louis XIV[modifier | modifier le code]

La France de Louis XIV (en bleu les duchés de Luxembourg, de Lorraine et de Bar rétrocédés par le Traité de Ryswick en 1697 ; en gris les territoires conservés à la mort de Louis XIV)

En pleine période de paix, Louis XIV tente d'agrandir son royaume en interprétant avec cynisme les dispositions peu précises des traités de Westphalie de 1648 et du traité de Nimègue de 1678 qui cèdent à la France des « "territoires et leurs dépendances" ». Mise en œuvre par Simon Arnauld de Pomponne, puis après sa disgrâce, par Charles Colbert de Croissy, nouveau secrétaire d'État des Affaires étrangères et Louvois, secrétaire d'État de la guerre, cette politique dressera toute l'Europe contre la France et mènera à la Guerre de la Ligue d'Augsbourg.

Grâce à la création de Chambres de réunion à Metz, à Besançon et à Brisach, Louis XIV pense pouvoir mettre la main « légalement » sur le Duché de Bar et le Duché de Lorraine (que la France occupe par intermittence depuis 1634), la Franche-Comté, possession espagnole et la Décapole d'Alsace. Pomponne est chargé de neutraliser, moyennant de larges compensations financières, Charles II d'Angleterre, l'électeur de Brandebourg, l'électeur de Saxe et, par le mariage du Grand Dauphin avec une princesse Bavaroise, l'électeur de Bavière.

La méthode[modifier | modifier le code]

La méthode consistait à établir que les territoires étaient des fiefs du comté de Bourgogne, de la principauté épiscopale de Metz, etc. Une fois la vassalité établie, le roi demandait à ses vassaux supposés, cités à comparaître, de lui prêter foi et hommage puis de lui fournir aveu et dénombrement, sous peine de commise ou mise sous séquestre de leurs droits et de leurs biens.

Les réunions[modifier | modifier le code]

En 1679 et 1680, le comté de Montbéliard, possession du duc de Wurtemberg, est réuni à la Franche-Comté devenue française en 1678. En 1680, les fiefs alsaciens dépendants de la Décapole et de la préfecture impériale de Wissembourg, sont rattachés à l'Alsace. Le margrave de Bade et le duc de Deux-Ponts font partie des princes allemands dépossédés. En septembre 1681, Strasbourg est assiégée puis rattachée à la France. En Lorraine, les fiefs anciens des Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun annexés de fait en 1552, sont à leur tour annexés. Deviennent alors français Pont-à-Mousson, Salm, Sarrebourg et le comté de Sarrebruck malgré les protestations de l'Archevêque-Électeur de Trèves.

En Alsace[modifier | modifier le code]

Par un arrêt du , le conseil d'Alsace réunit au royaume de France les bailliages de Kutzenhausen, Bergzabern, Annweiler, Guttemberg, Gossersweiler, Vogelbourg, Otbourg, Cleebourg, Falkenbourg, les villages de Rechtenbach, la moitié du village de Dambach ainsi que le château et village de Riedseltz.

Par un arrêt du , le conseil d'Alsace réunit au royaume les comtés de Hanau-Lichtenberg et d'Oberbrunn, la baronnie de Fleckenstein, les bailliages de Gressenstein, Wafslen, Barr, Illkirch, Marlem, Bischwiller et Reichshoffen, les bailliages de Sulz, Guebwiller, Rouffach, Marckolsheim et Marmoutier, le comté de Dagsbourg (Linange-Dabo), la principauté de La Petite-Pierre, et Murbach, le comté d'Horbourg, la seigneurie de Riquewihr, le Ban de la Roche, les terres et seigneuries de l'évêché de Strasbourg et Saint-Hippolyte.

En Lorraine, Barrois, Luxembourg et dans l'Empire[modifier | modifier le code]

La chambre de Metz réunit au royaume de France :

  • par un arrêt du , le château et comté de Veldenz (i.e. le comté de Lutzelstein (La Petite-Pierre) avec Phalsbourg, appartenant au comte palatin de Veldenz) ;
  • par un premier arrêt du , les terres et châtellenies de Condé-sur-Moselle et de Conflans-en-Jarnisy ;
  • par un second arrêt du , la ville, château et terre de Commercy ;
  • par un arrêt du , le comté de Vaudémont, celui de Chaligny et la châtellenie de Turquestein-Blancrupt.
  • par un premier arrêt du , la ville et château d'Épinal ;
  • par un second arrêt du , la ville et châtellenie de Sarrebourg ;
  • par un arrêt du , le château, ville et seigneurie de Nomeny et la terre et ban de Delme ;
  • par un premier arrêt du , le château et ville de Hombourg et la ville de Saint-Avold ;
  • par un second arrêt du , la ville, château, châtellenie et seigneurie d'Albe (Sarralbe) ;
  • par un arrêt du , la ville, terres et seigneurie de Marsal ;
  • par un premier arrêt du , le château et seigneurie de Sampigny ;
  • par un second arrêt du , les château, ville, châtellenie et prévôté d'Hattonchâtel ;
  • par un arrêt du , les terres et seigneuries de Salm et Pierre-Percée ;
  • par un arrêt du , la ville, château et baronnie d'Apremont ;
  • par un arrêt du , la terre et seigneurie de Mars-la-Tour ;
  • par un arrêt du , la ville de Blâmont et les terres et seigneuries de Mandres-aux-Quatre-Tours, Deneuvre et Amermont ;
  • par un arrêt du , le château de Lutzelbourg ;
  • par un arrêt du , la terre et seigneurie de Briey ;
  • par un premier arrêt du , le comté de Deux-Ponts ;
  • par un second arrêt du , le château, comté et seigneurie de Castres ;
  • par un arrêt du , la ville et seigneurie de Dieuze ;
  • par un arrêt du , le château, bourg et comté de Sarrebruck ;
  • par un premier arrêt du , le comté de Sarrewerden et Bouquenom ;
  • par un second arrêt du , la ville, terre et seigneurie d'Ottwiller.
  • par un premier arrêt du , la terre et seigneurie de Bousseviller ;
  • par un deuxième arrêt du , les terres et seigneuries de la Marck, Marmonstier et Ochsenstein ;
  • par un troisième arrêt du , le château et seigneurie de Trognon ;
  • par un arrêt du , la seigneurie de Sierck et la ville de Port (Saint-Nicolas) ;
  • par un arrêt du , le château, terre et seigneurie de Créhange ;
  • par un premier arrêt du , la ville, terre et seigneurie de Virton ;
  • par un second arrêt du , le château, terre et seigneurie de Bitche ;
  • par un premier arrêt du , le château, terre et seigneurie d'Oberstein ;
  • par un second arrêt du , le château, terre et seigneurie de Rembercourt-aux-Pots ;
  • par un arrêt du , le château et bourg de Mussey ;
  • par un arrêt du , le château, terre et seigneurie de Réchicourt ;
  • par un arrêt du , la ville d'Étain ;
  • par un arrêt du , le comté de Morhange ;
  • par un arrêt du , la terre et seigneurie de Domèvre (-en-Haye, -sur-Vezouze ?);
  • par un arrêt du , la ville et seigneurie de Gondreville (Gondreville, Gondreville ?)
  • par un arrêt du , la ville et seigneurie de Neufchâteau ;
  • par un arrêt du , les villes et seigneuries d'Arrancy et de Pierrevillers.
  • par un arrêt du , le comté de Chiny ;
  • par un arrêt du , le comté de Vaudémont ;
  • par un arrêt du , les seigneuries, prévôtés et châtellenies de Pont-à-Mousson, Saint-Mihiel et autres.

En Franche-Comté[modifier | modifier le code]

Par un arrêt du , le parlement de Besançon réunit le comté de Montbéliard à la France.

Les restitutions[modifier | modifier le code]

Devant ces coups de force, l'Europe monarchique s'organise. La Suède, les Provinces-Unies, vite rejointes par l'Empereur germanique et son cousin le roi d'Espagne, forment une alliance pour obliger Louis XIV à restituer ces « Réunions ». Cela devient la Ligue d'Augsbourg du 1686. La guerre de la Ligue d'Augsbourg éclate en 1689. Au règlement de cette guerre par le traité de Ryswick en 1697, tous les territoires « réunis » font alors retour à leurs anciens possesseurs ou suzerains, sauf la Basse-Alsace, et Sarrelouis fondée par Louis XIV (aujourd'hui en Sarre allemande).

Voir aussi[modifier | modifier le code]