Pierre Miquel (historien de l'art) — Wikipédia

Pierre Miquel
Pierre Miquel lors de la présentation du timbre inspiré du tableau Les Chaumières de Barbizon par Narcisse Díaz de la Peña[1].
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 81 ans)
GrasseVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Pierre Paul Louis MiquelVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
Distinctions

Pierre Miquel, né à Maurs (Cantal) le et mort à Grasse (Alpes-Maritimes) le , est un écrivain et historien de l’art, spécialiste du mouvement romantique français au XIXe siècle et de la peinture de paysage en France au XIXe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et formation[modifier | modifier le code]

Pierre Miquel naît d’un père photographe et d’une mère commerçante. Après une enfance passée à Maurs-la-Jolie, il fait ses études secondaires à l’Institut Saint-Eugène d’Aurillac (Cantal), poursuit une formation juridique, littéraire et de sciences géologiques à l’université de Toulouse (Haute-Garonne) puis obtient un doctorat d’histoire de l’art à l’Institut d’art et d’archéologie (université Paris-Sorbonne).

L'historien et son œuvre[modifier | modifier le code]

« […] Pierre Miquel, un de nos historiens d’art les plus éminents dont l’œuvre riche et opulente explore et éclaire le XIXe siècle avec une finesse et une limpidité remarquables. Il est l’un de ceux qui ont le mieux étudié et compris la peinture de paysage en France, un art où se joue tant de belles et subtiles émotions. C’était aussi un grand écrivain maintes fois couronné par l’Académie française qui savait ressusciter l’esprit du temps et camper la figure contrastée de plusieurs de nos grands peintres […]. »

— Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture[2]

Pierre Miquel entame sa carrière d'écrivain par la publication de deux ouvrages sur la jeunesse de Victor Hugo (1802-1885) suivie par une biographie sur Paul Huet (1803-1869).

Tableau de Georges Michel (1763-1843) présenté lors de l'exposition organisée par Pierre Miquel au Pavillon des Arts à Paris, en 1967[3].

Parallèlement l’historien poursuit un travail de recherches et d’investigations sur la peinture de paysage en France et en Europe : « pendant des décennies, Pierre Miquel a étudié de façon systématique la peinture de paysage française du XIXe siècle. Le résultat est l'un de ces monuments qui finissent par prendre le nom de leur auteur. Le “Miquel” comme on l'appellera sans doute un jour, est une somme de onze volumes, intitulée L’École de la Nature » écrit Charles Flour[4].

Cette collection ne s’arrête pas à la seule étude de ce mouvement artistique mais constitue un ensemble d’ouvrages pluridisciplinaires dans lesquels s’imbriquent littérature, économie, politique, philosophie et leurs interférences avec la peinture et l’art : en 1976, Le Monde juge que cette collection, qualifiée de « monumentale » pourra être utilisée aussi bien par le grand public que par les spécialistes[5].

En marge de sa production littéraire il assure la promotion de la peinture française du XIXe siècle par l’organisation de nombreuses expositions en France et à l’étranger (Grande-Bretagne, Japon, États-Unis, Portugal…).

À sa mort, Le Figaro écrit : « il était l’un des meilleurs spécialistes de la peinture de paysage en France au XIXe siècle. […] Spécialiste en ce domaine, il avait accompli un travail qualifié de bénédictin[6]. »

Il garda toujours attache dans le village de Maurs-la-Jolie où il est inhumé au cimetière communal.

Il lègue au musée de cette ville une collection de dessins connue sous le nom de Collection cantalienne[7].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Histoire littéraire[modifier | modifier le code]

  • Hugo touriste 1819-1824, Paris, Éditions La Palatine, 1958 (prix Broquette-Gonin de l’Académie française, 1959, catégorie littérature)[8]. De l’influence des promenades de Victor Hugo aux environs de Paris sur ses premières œuvres.
    « […] L'idée neuve de M. Pierre Miquel est d'être allé revoir les lieux où se sont passés les épisodes du premier roman d'amour de Victor Hugo. […] Je mettrai par-dessus tout les chapitres que M. Pierre Miquel consacre à Houdan, à Montfort et à Dreux. Il y fut bien reçu ce qui compte déjà, et, grâce peut-être à cette politesse, il y a retrouvé le souvenir d'un oublié qui mériterait de ne pas l'être entièrement, et il a touché un point délicat du ménage Hugo, à l'époque où Adèle n'était plus la chaste fiancée des lettres célèbres, mais l'épouse aussitôt asservie aux maternités. Il s'agit de celui qui publia en littérature sous le nom de Saint-Valry et qui se nommait Claude Souillard […] » écrit Robert Coiplet[9],[10].
  • Avec Victor Hugo, du sacre au cabaret 1825-1829, Châtenay-Malabry, Éditions Lefort, 1960 Suite de la promenade en compagnie de Victor Hugo à travers les milieux qu’il a fréquenté, du légitimisme royaliste au libéralisme.

Histoire de l'art[modifier | modifier le code]

Théodore Rousseau, Le Rageur, cavalier sous l'orage, 1852[11].
Pierre et Rolande Miquel indiquent que cette toile est l’un des « plus purs chefs-d’œuvre de l’artiste. » C’est la vision de l’arbre aux branches tourmentées et au travers lui celle de toute la nature qui domine le tableau. Comme chez Georges Michel, l’homme est tout petit et ne fait que donner l’échelle. La puissance du clair de lune, les branches tourmentées du Rageur contribuent à accentuer la vision animiste de la nature par le peintre et le caractère romantique de l’œuvre[12].

« […] Georges Michel se tenait en marge des asservissements officiels. Ils étaient despotiques. Contre la tyrannie néoclassique, qui a sévi près de cinquante ans et s'est montrée coriace jusqu'au bout, s'insurge le romantisme. Sa doctrine réside essentiellement " dans la manière de sentir ", comme le définira Baudelaire, auquel tout historien d'art est contraint de se référer lorsqu'il s'avise d'explorer en profondeur les mouvements de l'âme. […] Il y a eu rupture certes. Elle ne fut pas totale […]. Entre les deux camps, […] s'insère la " génération sacrifiée " des " réformistes". […] Pourtant, Pierre Miquel ne décèle-t-il pas chez les romantiques un retour au véritable classicisme ? […] Nous voici donc aux prises avec un romantisme lui-même subdivisé - toujours la chronologie - en trois périodes : celle où, avec Huet et Decamps comme chefs de file, il a violemment engagé l'offensive ; celle du triomphe du Salon de 1831 ; et la dernière où les directions divergent, où les troupes se scindent, où la confusion s'installe un peu partout […], où le courant réaliste commence à prévaloir […] On suivra l'auteur lorsqu'il s'engage dans ce qu'il appelle la période indécise - 1839-1848, […]. On le suivra encore dans la période naturaliste (1848-1874) Dupré, Rousseau), avec une distinction entre le naturalisme synthétique (Courbet, Millet) et le naturalisme analytique (Daubigny, Troyon, Harpignies). Pour tâcher sans doute de clarifier les choses, l'ordre chronologique ne suffisant plus, un autre système de classement est proposé. Il regroupe les artistes dans les lieux qu'ils ont fréquentés, […] dont ils ont éternisé les sites - Marlotte, L'Isle-Adam, forêts de Compiègne et de Fontainebleau… - ou dans leurs "écoles" provinciales de Lyon, de Bordeaux ou du Midi. Quelle immense somme d'efforts pour situer les paysagistes français non seulement les uns par rapport aux autres mais dans leur siècle ! […] »

— Jean-Marie Dunoyer[5]

Ouvrages posthumes[modifier | modifier le code]

Parus après décès sur la base des notes et archives laissées par Pierre Miquel à son épouse et collaboratrice Rolande Miquel.

  • Narcisse Díaz de la Peña : volume I Monographie et volume II Catalogue raisonné de l’œuvre peint, Courbevoie, Éditions ACR, 2006
  • Théodore Rousseau, 1812-1867, Paris, Éditions Somogy, 2010
  • Paul Huet. De l’aube romantique à l’aube impressionniste (avec la collaboration du professeur Gérard Bonnin et de Michael Tazi Klaa), Paris, Éditions Somogy, 2011

Fonds Pierre Miquel[modifier | modifier le code]

  • Fonds d'archives à la Frick Collection[15]
  • Fonds d'archives Pierre Miquel - Bibliothèque du musée des beaux-arts de la ville de Lyon
    • Depuis 2007 la Bibliothèque du musée des beaux-arts de Lyon est détentrice d'un fonds documentaire et iconographique qui couvre les périodes suivantes :
      • École française jusqu'en 1800 ;
      • École française du XIXe siècle ;
      • École étrangères, Hollande, Flandres, Italie, Angleterre, Espagne, Allemagne, Europe, Amérique, Russie, Japon.

« Cette donation a permis de faire du pôle documentaire l'un des plus riches de France après ceux du département des peintures du musée du Louvre et du musée d'Orsay. »

— Sylvie Ramond[17]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Huile sur toile, 25 × 32,5 cm, vers 1838. Collection particulière U.S.A. Bibliographie : Pierre Miquel, Le Paysage français au XIXe siècle, tome II, p. 292 - Catalogue de l’œuvre par Pierre et Rolande Miquel tome I p. 23 reproduit - tome II n° 492 décrit et reproduit. Archives Pierre et Rolande Miquel. Pour le timbre : présenté le 30 septembre 1995, vente générale le 2 octobre 1995, retiré de la vente le 12 avril 1996. La cérémonie a eu lieu à Barbizon (Seine-et-Marne).
  2. Catalogue de vente de la collection Pierre Miquel, maison de ventes Rossini, hôtel des ventes Drouot-Paris, du au , commissaire-priseur : maître Pascale Marchandet, expert : Michel Maket. Préface p. 2
  3. Huile sur toile 50 × 72 cm. Origine : Collection Heim-Gairac, actuellement collection particulière, France.
    N° 29 du catalogue de l’exposition au Pavillon des Arts à Paris, du 2 juin au 1er juillet 1967. Archives Pierre et Rolande Miquel – Archives Frick Library, New York.
  4. Charles Flour, Le Quotidien des Arts, Paris, 3 avril 2004.
  5. a et b Le Monde, « Quand la peinture française fait l'école buissonnière » par Jean-Marie Dunoyer, le .
  6. Le Figaro du .
  7. Voir en bibliographie : Thierry Zimmer (conservateur du patrimoine chargé d'inspection des monuments historiques), Peintures et dessins d'une collection cantalienne, Pierre Miquel ou l'éloge du XIXe siècle.
  8. Voir sur academie-francaise.fr.
  9. Le Monde, « Hugo touriste de M. Pierre Miquel » par Robert Coiplet, 29 novembre 1958.
  10. « Robert Coiplet (1895-1971) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  11. Huile sur toile, 59 × 73 cm, monogramme "TH.R" en bas à droite et cachet de cire rouge au dos. Ancienne collection du peintre Diaz de la Pena, actuellement collection particulière France.
    Le Rageur est un célèbre chêne des gorges d’Apremont dans la forêt de Fontainebleau, non loin du village de Barbizon.
  12. Pierre Miquel, Le Paysage français au XIXe siècle. L’Ecole de la Nature, Maurs-la-Jolie, Éditions de la Martinelle, 1975, tome III, décrit p. 454 et reproduit p. 455.
    Rolande et Pierre Miquel, Théodore Rousseau 1812-1867, Paris, Éditions Somogy, 2010, décrit et reproduit p. 172. Archives Braun – Archives Pierre et Rolande Miquel – Archives Frick Library, New York.
  13. Le Monde, « Barbizon et le romantisme français » par André Chastel, le .
  14. Le Monde, « Un novateur : Isabey » article signé Y.F., le .
  15. The Frick Collection, Frick Art Reference Library 10 East 71st Street New York, NY 10021.
  16. Elles sont actuellement en cours de classement et seront accessibles à tous les publics.[réf. nécessaire]
  17. Musée des beaux-arts de Lyon, Sylvie Ramond, conservateur en chef du Patrimoine, directeur du musée, 25 mai 2007.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Thierry Zimmer, Peintures et dessins d'une collection cantalienne : Pierre Miquel ou l'éloge du XIXe siècle, éditions Un, deux, quatre, 2005 (ISBN 978-2351450093)

Liens externes[modifier | modifier le code]