Philippe Grumbach — Wikipédia

Philippe Grumbach
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 79 ans)
Paris (France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Philippe Jacques GrumbachVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
BrokVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoint
Nicole Wisniak (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Le Figaro (-)
Le Crapouillot (-)
Pariscope (à partir de )
KGB (-)
L'Express (-)
Libération (-)
Agence France-Presse (-)
Ministère de l'Intérieur (-)Voir et modifier les données sur Wikidata

Philippe Grumbach est un journaliste français, né le à Paris et mort le dans la même ville.

Entré à L'Express en 1954, il en deviendra directeur après le départ de Claude Imbert en 1971. Il a aussi travaillé au Crapouillot et a fondé Pariscope, un guide culturel parisien. Il est directeur adjoint de la rédaction du Figaro durant les années 1980. Il a été membre du Haut Conseil de l'audiovisuel et administrateur de l’Institut français de l'éducation. Il a produit des films dont celui de Claude Chabrol, Les Fantômes du chapelier.

En 2024, le grand public apprend qu'il était, depuis 1946, un espion au profit de l'Union soviétique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né en 1924 à Paris 16e dans une famille juive[1], Philippe Grumbach effectue ses études au lycée Janson-de-Sailly (Paris) puis au lycée Périer à Marseille. Il fuit la France avec sa mère et ses frères et sœurs en 1940. Il devient en 1943 speaker-rédacteur à la section française de la Voix de l'Amérique, le service de diffusion internationale par radio et télévision du gouvernement américain, à New York[2]. Selon BBC News, il rejoint l'armée américaine presque immédiatement et combat aux côtés de la Résistance française en Algérie en 1943[1].

Il intègre le ministère de l’Information en tant que rédacteur en 1945[2]. Il travaille ensuite à l'Agence France-Presse (1946-48) et Libération (1948-49)[2].

Il entre à L'Express en 1954 et en devient rédacteur en chef en 1956. Il quitte le magazine en 1963, mais y retourne en 1971 pour exercer le poste de directeur politique après le départ de Claude Imbert. Il y sera successivement rédacteur en chef, directeur délégué de la publication, directeur de la rédaction, directeur, puis vice-président chargé du développement[3]. Il a aussi travaillé au Crapouillot et a fondé Pariscope, un guide culturel parisien. Il est directeur adjoint de la rédaction du Figaro durant les années 1980.

Il occupe par la suite des fonctions au sein de la commission chargée de veiller à la qualité des programmes de radiodiffusion et de télévision (1975-1981), du Haut Conseil de l'audiovisuel (1977-1981) et de la Commission nationale du droit de réponse (1977-1981). Il effectue aussi des passages en tant qu'administrateur de l'Institut français de l'éducation (1978)[2].

Il est intime de Pierre Mendès France, comme de François Mitterrand[réf. nécessaire]. Il est surtout proche plusieurs années du président de la République, Valéry Giscard d’Estaing. En octobre 1977, Le Canard enchaîné le décrit comme « l’un des conseillers les plus écoutés » du chef de l'État[2].

Il a produit des films, dont celui de Claude Chabrol, Les Fantômes du chapelier[4].

Il meurt le 13 octobre 2003 à Paris 15e[5].

Espion du KGB[modifier | modifier le code]

Il est un des principaux agents du KGB en France, travaillant pour les services de renseignement soviétiques de 1946 à 1981, et pourrait être considéré comme l'un des plus grands espions soviétiques de la Cinquième République[4]. Recruté dès 1946, alors qu'il n'est encore âgé que de 22 ans, Philippe Grumbach est le personnage qui se cache derrière l'alias « Brok » dans les nombreux documents laissés par Vassili Mitrokhine, un ancien officier du KGB[2]. Il est chargé par Moscou « de missions de renseignements, d'informations et d'actions, lesquelles passent notamment par des tentatives de déstabilisation politique plutôt que d'instrumentalisation de la presse »[2].

C'est dans ce cadre que le , Philippe Grumbach se trouve au centre du dossier du faux attentat de l'Observatoire subi par François Mitterrand. René-William Thorp, le bâtonnier de Paris, le convoque dans ses bureaux. Grumbach y découvre le futur président de la République. L'attaque présumée dont il a été victime, la semaine précédente, est en passe de casser sa crédibilité politique. Le , L'Express publie la défense de François Mitterrand sur trois pages, avec le titre : « ce que j'ai à dire ». L'agent du KGB permet à Mitterrand d'organiser sa contre-offensive médiatique, ce qui est considéré rétrospectivement comme un service[4].

Lors de l'élection présidentielle de 1974, Philippe Grumbach reçoit la mission du KGB de faire perdre Valéry Giscard d'Estaing, au profit de François Mitterrand, alors allié des communistes[6],[7].

Il aurait perçu plusieurs centaines de milliers d'euros en récompense d'informations concernant François Mitterrand ou encore Jacques Chirac[8][pas clair]. Plus précisément, les archives mentionnent, entre 1976 et 1978, le versement de 399 000 francs, « l’équivalent de 252 000 euros de 2022, en prenant compte l’inflation, selon les coefficients de l’Insee »[9]. Vassili Mitrokhine lui-même a émis l'hypothèse que même si c'était probablement l'idéologie qui avait initialement attiré Grumbach au KGB, après seulement quelques années, les raisons pour lesquelles il est resté dans une fonction et un rôle d’espion avaient moins à voir avec la volonté de faire avancer la cause du communisme en Europe, qu'avec son désir de gagner assez d’argent pour acheter un appartement à Paris[1].

En 2000, il parvient à repousser la tentative du journaliste Thierry Wolton d'en savoir plus sur ses activités d'espion. Grumbach a d'abord semblé admettre indirectement son passé puis a reculé, menaçant de poursuivre Thierry Wolton en justice s'il poursuivait l'écriture du livre de révélations qu'il envisageait[1].

Vie privée[modifier | modifier le code]

De deux premiers mariages, il a trois enfants. Il épouse en troisièmes noces, le , Nicole Wisniak, directrice du magazine Égoïste[3] : ils ont ensemble une fille.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) Laura Gozzi, KGB spy who rubbed shoulders with French elite for decades, bbc.com, 16 février 2024.
  2. a b c d e f et g Patron de presse… et agent du KGB : qui était Philippe Grumbach, ancien directeur de L'Express ?, tf1info.fr, 14 février 2024.
  3. a et b Le journaliste Philippe Grumbach est décédé, nouvelobs.com, 16 octobre 2003.
  4. a b et c « Le directeur de L'Express était… un agent du KGB : nos révélations sur Philippe Grumbach », sur L'Express, (consulté le ).
  5. Relevé des fichiers de l'Insee.
  6. Géraldine Houdayer, « L'ancien directeur de l'Express était en fait un grand espion soviétique, révèle le magazine », sur francebleu.fr, (consulté le ).
  7. (en) Jan van der Made, « French centre-right magazine L'Express reveals former boss worked for KGB », sur rfi.fr, (consulté le ).
  8. Thomas Graindorge, Un ancien directeur de « L’Express » était… un agent du KGB, lepoint.fr, 15 février 2024.
  9. Philippe Grumbach, le directeur de «l’Express» qui était agent du KGB, liberation.fr, 15 février 2024.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]