Nudibranches de Méditerranée — Wikipédia

Image satellite du bassin méditerranéen.
La flabelline (Flabellina affinis) est une des espèces les plus communes des côtes françaises rocheuses.
Le doris dalmatien (Peltodoris atromaculata) est une grosse espèce de nudibranche doridien assez commune et bien reconnaissable.
Anatomie du corps d’un nudibranche éolidien (ici Aeolidiella stephanieae):
ot = palpes pour « palper » le terrain,
ft = angles antérieurs du pied,
e = œil,
r = rhinophores : organe de l'« odorat »,
c = papilles qui servent de branchies ou « cérates »
cn = cnidosac.

Les nudibranches forment un des groupes de « limaces de mer », c’est-à-dire de gastéropodes marins presque toujours dépourvus de coquille. Celles-ci ne sont pas les cousines marines des limaces terrestres : elles forment un groupe qui fait partie de la classe des Opisthobranches, caractérisé notamment par la position des branchies en arrière du cœur (le mot grec opisthos signifie postérieur). Ce groupe (peut-être paraphylétique[1]) contient traditionnellement cinq ordres principaux (Cephalaspidea, Sacoglossa, Anaspidea, Pleurobranchomorpha et Nudibranchia), le dernier regroupant le plus grand nombre d’espèces[2].

Les Nudibranches, comme leur nom l'indique, ont des branchies nues, c’est-à-dire non protégées par une coquille ou une partie du manteau, et forment donc généralement un panache visible sur le dos de l’animal, prenant une forme qui change suivant les groupes (doridiens, éolidiens, etc[3] : voir classification ci-après). La tête porte de minuscules yeux rudimentaires[3], mais surmontés d’appendices fusiformes qui constituent l’organe sensoriel essentiel : ce sont les « rhinophores », qui servent notamment à détecter dans l’eau la trace chimique laissée par une proie ou un éventuel partenaire reproductif[3]. Ces rhinophores permettent de distinguer presque à coup sûr les nudibranches des groupes ressemblant, comme les sacoglosses ou surtout des plathelminthes de l’ordre des Turbellaria (qui sont des vers plats et non des mollusques). La bouche est en position antéro-ventrale, et entourée de tentacules buccaux plus ou moins développés. L’anus est en position antérieure ou antéro-dorsale suivant les groupes. Les nudibranches se déplacent, comme la plupart des gastéropodes, en rampant sur leur pied musculeux, qui sécrète un mucus collant[3]. En Méditerranée, la plupart des espèces ne mesurent que quelques centimètres, alors que certaines espèces tropicales peuvent atteindre plusieurs dizaines de centimètres. Cependant, certaines espèces méditerranéennes comme le « Doris dalmatien » Peltodoris atromaculata peuvent parfois dépasser 10 cm de long. Ces animaux sont hermaphrodites, et se reproduisent par mise en contact de l'organe reproducteur, avec échange réciproque de gamètes mâles ; la ponte se présente généralement comme un ruban enroulé constitué de petites perles colorées liées par un mucus[3]. La majorité des nudibranches sont carnivores, et se nourrissent en râpant la nourriture située sous eux au moyen d'une radula[3]. Leur nourriture est souvent très spécifique, constituée principalement d’animaux fixes comme des éponges, des bryozoaires, des ascidies et des hydraires, autant d'animaux souvent toxiques dont certaines espèces (notamment du groupe des éolidiens) arrivent à recycler les toxines dans des cellules spécialisées pour se protéger de leurs propres prédateurs[3].

On compte environ 5 000 espèces de nudibranches à l'échelle mondiale, dans toutes les mers et à toutes les profondeurs, même si la plupart des espèces sont limitées à la zone euphotique[3].

Très diversifiés et très colorés[3], ces animaux jouissent d’une grande popularité chez les photographes sous-marins, notamment les adeptes de la photo macro.

Environ 180 espèces d'opistobranches sont recensées en 2014 en Méditerranée[4] : la liste qui suit est donc non exhaustive, mais recense les principales espèces communes à des profondeurs de baignade ou de plongée récréative.

Nudibranches doridiens (Doridacea)[modifier | modifier le code]

Les nudibranches doridiens ont pour la plupart le corps aplati, même si le pied peut être plus ou moins élevé ou la silhouette plus ou moins allongée. Le manteau est soutenu par des spicules calcaires, qui pallient l’absence de coquille ou de véritable squelette pour structurer l’organisme. L’anus est généralement situé en position dorso-postérieure, entouré du panache branchial. Celui-ci peut former des arborescences très importantes ou être au contraire réduit ou rétracté. Ce groupe est extrêmement varié sur le plan visuel, autant en matière de taille que de formes et de couleurs[5].

Super-famille Doridoidea[modifier | modifier le code]

Ce groupe est caractérisé par son panache branchial rétractile[2].

famille Cadlinidae[modifier | modifier le code]

Non illustrés : Aldisa smaragdina, Cadlina pellucida.

famille Chromodorididae[modifier | modifier le code]

Comme leur nom l'indique, les espèces de cette famille sont particulièrement colorées. Ils sont caractérisés par leur forme ovale, avec un large manteau lisse et aplati recouvrant complètement le pied (et souvent plus large que celui-ci), un panache branchial en forme de cercle incomplet sur la partie postérieure, des rhinophores lamellaires, de courts tentacules buccaux. Ces espèces se nourrissent principalement d'éponges, qu'elles raclent au moyen d'une puissante radula[2].

Non illustrés : Felimare gasconi, Felimare malacitana, Felimida elegantula, Felimida luteopunctata.

famille Discodorididae[modifier | modifier le code]

Non illustrés : Baptodoris cinnabarina, Carminodoris boucheti, Geitodoris bonosi, Geitodoris planata, Geitodoris portmanni, Jorunna onubensis, Paradoris indecora, Rostanga anthelia, Rostanga rosi, Rostanga rubra, Taringa armata, Taringa pinoi.

famille Dorididae[modifier | modifier le code]

Non illustrés : Doris bertheloti, Doris ocelligera, Doris stellifera.

Super-famille Onchidoridoidea[modifier | modifier le code]

famille Goniodorididae[modifier | modifier le code]

Non illustrés : Goniodoris castanea, Okenia mediterranea, Okenia quadricornis, Trapania pallida, Trapania tartanella.

famille Onchidorididae[modifier | modifier le code]

Non illustré : Onchidoris neapolitana

Super-famille Phyllidioidea[modifier | modifier le code]

famille Dendrodorididae[modifier | modifier le code]

Les espèces de cette famille ont des rhinophores pourvus de pédoncules renflés, et des branchies ramifiées souvent saillantes sur le dos. Dépourvues de radula, elles se nourrissent d'éponges au moyen de sucs digestifs qu'elles appliquent directement sur leur proie[2].

Non illustré : Doriopsilla pelseneeri

famille Phyllidiidae[modifier | modifier le code]

Les espèces de cette famille ont un corps ovale, robuste, et couvert dorsalement de papilles arrondies et coriaces. Les rhinophores sont lamellés et rétractables. Ils ont perdu leur panache branchial, au profit de branchies secondaires situées entre le pied et le manteau. Ils se nourrissent d'éponges, par succion : ils n'ont donc ni radula ni mâchoires[2].

Super-famille Polyceroidea[modifier | modifier le code]

famille Aegiridae[modifier | modifier le code]

Non illustrés : Aegires leuckartii

famille Polyceridae[modifier | modifier le code]

Non illustrés : Roboastra europaea, Tambja ceutae, Tambja mediterranea, Tambja marbellensis, Polycera aurantiomarginata, Polycera elegans, Polycera maculata, Plocamopherus ocellatus.

Nudibranches éolidiens (Dexiarchia, Aeolidida)[modifier | modifier le code]

Les nudibranches éolidiens ont pour la plupart le corps allongé, et dorsalement couvert d’appendices fuselés appelés « cérates », qui remplacent le panache branchial[3]. Ceux-ci jouent un rôle à la fois respiratoire, digestif et défensif, en concentrant les cellules urticantes des animaux venimeux qu’elles consomment (principalement des cnidaires, notamment des hydraires). Les cérates sont simples, et peuvent être alignés ou former des touffes. Sur la tête se trouve, en plus de la paire de rhinophores, une paire de tentacules buccaux assez longs, qui sont portés recourbés vers le haut chez de nombreuses espèces à la manière de défenses d’éléphant[6].

Super-famille Aeolidioidea[modifier | modifier le code]

famille Aeolidiidae[modifier | modifier le code]

Dans cette famille, les cérates sont alignées régulièrement. Les tentacules oraux sont très longs, et accompagnés de tentacules propodiaux. Ils se nourrissent principalement de cnidaires[2].

Non illustrés : Aeolidiella alderi, Berghia verrucicornis, Cerberilla bernadettae, Limenandra nodosa.

famille Facelinidae[modifier | modifier le code]

Non illustrés : Facelina dubia, Facelina fusca, Pruvotfolia pselliotes.

famille Piseinotecidae[modifier | modifier le code]

Non illustré : Piseinotecus gabinierei

Super-famille Fionoidea[modifier | modifier le code]

famille Eubranchidae[modifier | modifier le code]

Non illustrés : Eubranchus doriae, Eubranchus farrani.

famille Fionidae[modifier | modifier le code]

famille Tergipedidae[modifier | modifier le code]

Non illustrés : Trinchesia genovae, Trinchesia granosa.

Super-famille Flabellinoidea[modifier | modifier le code]

famille Flabellinidae[modifier | modifier le code]

Cette famille comporte des espèces au corps effilé, et terminé en pointe. La disposition des cérates, tout comme l'aspect des rhinophores, est variable. Le bouche est entourée de tentacules propodiaux, et surtout de tentacules oraux particulièrement longs et mobiles[2].

Non illustré : Cumanotus beaumonti, Flabellina baetica.

Super-famille Tritonioidea[modifier | modifier le code]

Les dendronotacées (super-famille des Tritonioidea, unique super-famille du clade des Dendronotida) sont caractérisés par un velum oral, des paires d'appendices dorsaux fuselés et parfois branchus répartis surtout sur la marge du manteau[3], et en général des rhinophores rétractiles en forme de tube ou de coupe[7]. Certaines espèces sont capables de nager par ondulation du manteau[3].

famille Hancockiidae[modifier | modifier le code]

Non illustré : Hancockia uncinata

famille Lomanotidae[modifier | modifier le code]

famille Scyllaeidae[modifier | modifier le code]

Non illustré : Scyllaea pelagica

famille Tethydidae[modifier | modifier le code]

famille Tritoniidae[modifier | modifier le code]

famille Dotidae[modifier | modifier le code]

Non illustré : Doto koenneckeri.

famille Madrellidae[modifier | modifier le code]

Non illustré : Madrella aurantiaca

famille Proctonotidae[modifier | modifier le code]

Non illustré : Janolus hyalinus

Super-famille Arminoidea[modifier | modifier le code]

Chez ce groupe du parvordre des Euarminida parfois appelés « nudibranches arminacées », la surface du manteau est ridée (avec ou sans appendices dorsaux)[3], les rhinophores rétractiles et les branchies se trouvent sous le manteau dans sa partie antérieure. Ils sont aussi caractérisés par leur velum céphalique[7].

famille Arminidae[modifier | modifier le code]

Autres groupes de « limaces de mer » communes n'appartenant pas au clade des nudibranches[modifier | modifier le code]

Parmi les « opisthobranches » (nom désormais désuet pour regrouper l'essentiel des « limaces de mer ») n'appartenant pas au groupe des nudibranches, on compte au moins, parmi les espèces courantes :

Les images ci-après présentent des animaux rampants dépourvus de coquille apparente, mais qui ne font pas partie du groupe des nudibranches (voir introduction)[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) M.Schrödle, KM Jörger, A. Klussmann-Kolb et NG Wilson, « Bye bye "Opisthobranchia" ! A review on the contribution of mesopsammic sea slugs to euthyneuran systematics », Thalassas, vol. 27, no 2,‎ , p. 101-112.
  2. a b c d e f et g Philibert Bidgrain, « Les limaces de mer », sur VieOcéane, .
  3. a b c d e f g h i j k l m et n « Les nudibranches », sur blog.cpi-plongee.fr.
  4. (it) Cattaneo-Vietti, R., Chemello, R. et Giannuzzi-Savelli, R., Atlante dei nudibranchi del Mediterraneo, Rome, La Conchiglia, , 264 p..
  5. « Nudibranches Doridiens », sur DORIS
  6. « Nudibranches Eolidiens », sur DORIS
  7. a et b « Autres Nudibranches », sur DORIS
  8. Pascal Girard, Guide d'identification des limaces de Méditerranée française, L’œil du plongeur, (ISBN 978-2-9583270-0-2).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pruvot-Fol A., Faune de France no 58, Mollusques opisthobranches, Paris, P. Lechevalier, , 460 p..
  • (it) Cattaneo-Vietti, R., Chemello, R. et Giannuzzi-Savelli, R., Atlante dei nudibranchi del Mediterraneo, Rome, La Conchiglia, , 264 p..
  • (it) Trainito E., Nudibranchi del Mediterraneo, Rome, Il Castello, , 96 p..
  • Debelius Helmut et Rudie Kuiter, Atlas mondial des Nudibranches, Éditions Eugen Ulmer, coll. « Faune sous-marine », , 360 p. (ISBN 978-2-84138-323-8 et 2-84138-323-7).
  • Vicente N., 100 & une limaces de mer, guide d'identification des mollusques opisthobranches, Méditerranée et Atlantique, GAP, , 192 p..
  • Steven Weinberg, Découvrir la vie sous marine : Méditerranée, Challes-les-eaux, GAP, , 2e éd., 528 p. (ISBN 978-2-7417-0533-8).
  • Pascal Girard, Guide d'identification des limaces de Méditerranée française, L’œil du plongeur, (ISBN 978-2-9583270-0-2).
  • Pascal Girard et Cyril Girard, Guide des Limaces de mer, nudibranches et autres groupes, de Méditerranée française et alentours, Mediterraneus, , 196 p. (ISBN 9782958222055).

Ressources en ligne sur les nudibranches de Méditerranée[modifier | modifier le code]

Sites généralistes de référence en identification d'espèces marines[modifier | modifier le code]

Bases de données taxinomiques[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]