Sacoglossa — Wikipédia

Les sacoglosses forment un groupe monophylétique parmi les opisthobranches, qui sont des mollusques gastéropodes[1]. Ce sont des limaces de mer en grande majorité herbivores et hermaphrodites, vivant sur les côtes du monde entier, à l’exception de celles d’eaux froides, et en particulier dans les îles du Pacifique central, l’écozone indomalaise et les Caraïbes[2]. L’ordre compte actuellement un peu plus de 300 espèces, mais ce nombre est en constante augmentation[2].

Les opisthobranches sacoglosses sont des organismes de petite taille ; celle-ci est généralement comprise entre 1 et 3 centimètres[1]. Ce sont de petites limaces de mer aux apparences diversifiées : on trouve des genres avec ou sans coquille, ou encore des genres avec des parapodes de formes excentriques[1].

On connaît aux organismes sacoglosses des propriétés étonnantes telles que la kleptoplastie ou l’autotomie[3].

Mode de vie[modifier | modifier le code]

Les sacoglosses vivent parmi les algues dont ils se nourrissent, et adoptent dans la plupart des cas les mêmes couleurs et les mêmes motifs que celles-ci[2],[4],[5]. On parle d’homochromie nutritionnelle[4],[5]. Cette caractéristique, en plus de leur rareté, en fait des organismes difficiles à observer et à étudier[4]. Certaines espèces, cependant, adoptent des couleurs vives dans le but de dissuader leurs prédateurs, ce qui les rend plus visibles[4]. Le fait qu’ils vivent avec les plantes dont ils se nourrissent implique que leur aire de distribution est limitée en profondeur à la zone photique, soit plus ou moins 100 mètres de profondeur, au-delà de laquelle il n’y a plus d’algues[4]. Les organismes sont hermaphrodites et, après fécondation, 3 types de développement existent chez les sacoglosses : le développement direct sans stade planctonique ; le développement lécithotrophique avec une forme véligère ne se nourrissant pas et nageant librement, et une courte phase planctonique ; le développement planctotrophique avec une forme véligère se nourrissant et nageant librement, et un long stade planctonique[1]. Les limaces de mer sont soumises à une forte pression de la part des prédateurs et des parasites[3]. Pour survivre, elles utilisent plusieurs techniques parmi lesquelles l’utilisation de toxines ou l’autotomie[3]. L’autotomie est l’abandon volontaire d’une partie du corps[3]. Il a été démontré que certains sacoglosses (Elysia cf. marginata et Elysia atroviridis) ont la capacité de séparer leur tête du reste de leur corps, et de reconstituer à partir de celle-ci un nouveau corps en moins d’un mois[3].

Alimentation[modifier | modifier le code]

Elysia crispata

L’ordre des sacoglosses a la particularité d’être extrêmement sténophage[4],[5]. En effet, cet ordre est presque exclusivement herbivore et se nourrit principalement d’algues à structure siphonnée[4]. Toutes les espèces ont une alimentation par succion avec une radula à une seule série[1],[4],[5]. Les sacoglosses à coquille, qui représentent 20 % des espèces, se nourrissent tous d’un seul genre d’algue verte appelé Caulerpa[4]. On considère d’ailleurs, sur la base de cette observation, qu’il est fort probable que ce genre soit celui initialement consommé par l’ancêtre commun de l'ordre[4]. On retrouve dans l’ordre des espèces à la capacité étonnante d’utiliser les chlorophylles des plantes dont elles se nourrissent[4]. Les chlorophylles sont séparées du cytoplasme des algues avant d’être stockées dans la peau ou les cérates des limaces pour produire de l’énergie[4]. Les quelques espèces qui ne sont pas herbivores se nourrissent des œufs d'autres opisthobranches et sont dites oophages[2].

Description[modifier | modifier le code]

L'appareil buccal des sacoglosses est composé d’un pharynx suctorial musclé et d’une radula en une série dont les dents sont conservées tout au long de la vie des individus[1],[6]. La taille des dents augmente avec l’âge chez la plupart des taxons[1]. Chez les formes avec coquille, celle-ci est souvent calcifiée, de faible épaisseur, et recouverte d’un périostracum transparent, élastique et solide sur le dessus[1]. La taille de la coquille varie selon les genres et peut recouvrir tout le corps, comme c’est le cas chez Ascobulla, ou au contraire être réduite, comme chez Oxynoe, Lobiger et Roburnella[1]. La présence d’un muscle adducteur diagonal de la coquille est une synapomorphie au sein des sacoglosses, tandis que ce muscle en position transversale est une apomorphie[1]. Certaines espèces qui pratiquent l’enfouissement et creusent des trous peu profonds, telles que Cylindrobulla et Ascobulla, ont développé un bouclier céphalique par adaptation[1]. La plupart des sacoglosses ont des rhinophores longs et enroulés situés devant les yeux et n’ont pas de tentacules oraux[1]. On retrouve des tentacules céphaliques à fonction chimiosensorielle chez les genres appartenant à l’épifaune[1]. Les rhinophores bifides et la présence de tentacules oraux semblent être une synapomorphie au sein des genres de la famille Polybranchiidae[1]. Les yeux en position latérale sont considérés plésiomorphes chez les sacoglosses[1]. La présence de lobes pédieux formés par la marge antérieure du pied et servant à la préhension est retrouvée chez la plupart des genres[1]. Les branchies sont simples, ciliées, composées de nombreuses lamelles parallèles et situées à la surface du rein[1]. Des parapodes sont présents chez la plupart des genres sacoglosses, et leur forme est parfois caractéristique de certaines familles[1]. La position et la forme du péricarde varient entre les sacoglosses à carapace et ceux qui en sont dépourvus : dans les genres à carapace, celui-ci est situé devant les branchies, dans la cavité du manteau en position dorsale ; dans les genres sans carapace, il forme une bosse à la surface dorsale[1]. Chez la plupart des genres, le cœur et déporté[1]. L’anus peut être situé soit devant le péricarde, soit en position latérale, soit au-dessus ou en dessous des cérates, soit sur une papille orientée postérieurement à la surface de la glande digestive[1]. Au niveau du système nerveux, les ganglions pleuraux sont fusionnés avec les ganglions cérébraux chez tous les sacoglosses[1]. Pour ce qui est du système de reproduction, celui-ci est hermaphrodite avec un stylet pénien cuticulaire, une papille génitale femelle musclée qui ouvre sur un réceptacle génital, une glande à mucus, une ampoule hermaphrodite et un réceptacle séminal[1]. Le nombre de chromosomes des sacoglosses est n = 17, à l’exception de Bosellia mimetica qui est à n = 7[1].

Subdivisions[modifier | modifier le code]

Classification selon Bouchet & Rocroi (2005) :

Selon World Register of Marine Species (23 février 2015)[7] :


Références taxinomiques[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Philibert Bidgrain, « Sacoglosse », sur seaslugs.free.fr.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w et x (en) « Phylogenetic systematics and classification of the Sacoglossa (Mollusca, Gastropoda, Opisthobranchia) », Philosophical Transactions of the Royal Society of London. Series B: Biological Sciences, vol. 351, no 1335,‎ , p. 91–122 (ISSN 0962-8436 et 1471-2970, DOI 10.1098/rstb.1996.0006, lire en ligne, consulté le )
  2. a b c et d (en) Jensen, K. R., « Biogeography of the Sacoglossa (Mollusca, Opisthobranchia) », Bonner Zoologische Beiträge, 55(3/4), 255-281.,‎ , p. 255-281.
  3. a b c d et e (en) Sayaka Mitoh et Yoichi Yusa, « Extreme autotomy and whole-body regeneration in photosynthetic sea slugs », Current Biology, vol. 31, no 5,‎ , R233–R234 (DOI 10.1016/j.cub.2021.01.014, lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e f g h i j k et l (en) Kathe R. Jensen, « Evolution of the Sacoglossa (Mollusca, Opisthobranchia) and the ecological associations with their food plants », Evolutionary Ecology, vol. 11, no 3,‎ , p. 301–335 (ISSN 0269-7653 et 1573-8477, DOI 10.1023/A:1018468420368, lire en ligne, consulté le )
  5. a b c et d (en) Kathe R. Jensen, « Morphological adaptations and plasticity of radular teeth of the Sacoglossa (= Ascoglossa) (Mollusca: Opisthobranchia) in relation to their food plants », Biological Journal of the Linnean Society, vol. 48, no 2,‎ , p. 135–155 (DOI 10.1111/j.1095-8312.1993.tb00883.x, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Clark, K. B., « Ascoglossan (= Sacoglossa) molluscs in the Florida Keys: rare marine invertebrates at special risk. », Bulletin of Marine Science, 54(3),‎ , p. 900-916.
  7. World Register of Marine Species, consulté le 23 février 2015