Nom d'oiseau — Wikipédia

En français familier, un nom d’oiseau (pluriel : noms d’oiseau ou noms d’oiseaux) est une insulte. Donner des noms d’oiseau à quelqu’un est ainsi un euphémisme pour l’insulter, l’injurier ou même l'outrager.

Origine du terme[modifier | modifier le code]

L’expression « donner des noms d’oiseaux » serait apparue pour la première fois en 1872[1].

En effet, dans la langue populaire, les oiseaux ne passent pas pour très intelligents, tout comme l’humain qui serait doté d’une cervelle d’oiseau — ou, plus souvent, une cervelle de moineau — ou une tête de linotte (voire une tête de piaf), la bécasse — ou bécassine, jeune fille niaise popularisée par la bande dessinée —, la dinde, femme stupide, l’oie ou l’oie blanche, plus jeune et innocente, ou même l’alouette qui se laisse piéger par les miroirs aux alouettes. On peut aussi être bavard comme un geai, comme une perruche, ou comme une pie.

On trouve aussi : l’oiseau de mauvais augure qui apporte de mauvaises nouvelles ; le butor, brutal et sans manières ; la buse, stupide et ignorante, surtout quand elle est triple ; la chouette — ou la vieille chouette, vieille, laide et acariâtre, avec son correspondant masculin, le vieux hibou — ; le vilain merle, qui peut être un « drôle de moineau » ; le canard boiteux mal adapté à son milieu ; l’autruche qui refuse de voir le danger et fait « la politique de l’autruche » ; le coq agressif et prétentieux — en particulier le jeune coq, fier comme un paon ; le corbeau, auteur de messages anonymes ; le dindon de la farce ; le manchot malhabile ; le faucon belliqueux ; le vautour et autres rapaces de la finance que devrait traquer le poulet ; la poule — qui peut être, version homme, une poule mouillée ou, version femme, une poule de luxe, version haut de gamme de la grue, qui n’est qu’une simple prostituée. Même un objet peut se voir attribuer un nom d’oiseau comme le rossignol, lorsque cet objet est invendable[2].

Utilisation[modifier | modifier le code]

Quand on « donne des noms d’oiseau » à quelqu’un, les expressions utilisées pour les insultes, injures ou outrages n’ont nullement besoin de se référer à des oiseaux. Le terme, moins violent qu'injure ou insulte, inclut une nuance d'ironie, sinon d'amusement.

Le terme est souvent utilisé pour les insultes et injures proférées lors de débats politiques, en particulier quand les politiciens utilisent avec prudence et inventivité des termes qui les mettent à l'abri de poursuites judiciaires[3].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Rey, Alain (sous la direction de) « Dictionnaire historique de la langue française » Éditions Le Robert, 3 vol., Paris, 2006, 4304 pp., (ISBN 978-2849022368)
  2. Il faut cependant noter qu’être comparé à un oiseau n’est pas toujours négatif. En témoignent l’oiseau rare et ses multiples qualités, aussi difficile à trouver que le merle blanc, l’aigle, presque toujours impérial ou au regard acéré de perspicacité, ou bien le gai pinson.
  3. Thomas Bouchet « Noms d'oiseaux : L'insulte en politique de la Restauration à nos jours », Stock, collection « Essais, documents », 2010, 304 pp., (ISBN 978-2234063136)
    Chambarlhac, Vincent « Thomas Bouchet, Noms d’oiseaux. L’insulte en politique, de la Restauration à nos jours », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, 2009, mis en ligne le .
    Dedouet Louis « Des noms d’oiseaux en politique… Petit tour d’horizon de l’insulte en politique ». Liberty Vox, A la Une, 16 septembre 2009.

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