Massacre du premier bataillon de sapeurs — Wikipédia

Massacre du premier bataillon de sapeurs
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Le massacre du premier bataillon de sapeurs est une tuerie de masse de 350 soldats grecs emprisonnés dans l'île-prison de Makrónissos, dans les Cyclades, en Grèce, perpétré par les gardes du camp et les militaires prisonniers appartenant au troisième bataillon de sapeurs. Le massacre a lieu entre le et le , pendant la guerre civile grecque.

Contexte[modifier | modifier le code]

Pendant l'occupation de la Grèce par l'Axe, le mouvement de résistance de l'Armée populaire de libération nationale grecque (EAM-ELAS), dirigé par le Parti communiste de Grèce, s'est imposé comme le mouvement dominant de la résistance grecque. Au moment de la libération de la Grèce, en , l'EAM-ELAS domine le pays, à l'exception des grandes villes, notamment Athènes, où les forces britanniques soutiennent le gouvernement grec de retour d'exil. La rivalité entre le gouvernement soutenu par les Britanniques et l'EAM-ELAS donne lieu aux affrontements de Dekemvrianá à Athènes ( - ). L'EAM-ELAS est vaincu et doit accepter son désarmement lors du traité de Várkiza ()[1].

Avec la neutralisation de l'EAM-ELAS, ses membres deviennent des proies faciles pour la persécution par divers groupes de droite en représailles à la terreur rouge précédente[2]. Les anciens partisans de l'ELAS réagissent en créant des unités d'autodéfense et le conflit se transforme en une insurrection à grande échelle à la fin de l'année[3].

Makrónissos[modifier | modifier le code]

Après le déclenchement de la guerre civile, l'armée hellénique cherche à débarrasser ses rangs du personnel politiquement peu fiable. À partir de l'été 1946, les anciens combattants de l'ELAS et les personnes soupçonnées de sympathies gauchistes sont transférés dans trois bataillons spéciaux de sapeurs (Τάγματα Σκαπανέων). Le , le deuxième bataillon de sapeurs est envoyé à la prison militaire de Makrónissos. Il est suivi par les premier et troisième bataillons de sapeurs en l'espace de deux mois, ce qui porte le nombre de personnes emprisonnées à un peu moins de 10 000[4].

L'administration pénitentiaire s'est engagée dans une campagne systématique de torture physique et psychologique combinée à des travaux forcés, qui vise à forcer les détenus à signer une lettre de repentir. Ce faisant, ils rejettent leurs anciens idéaux politiques, épousant le nationalisme et le monarchisme grecs, devenant ainsi des fonctionnaires de la prison, ce qui les oppose aux prisonniers non repentis[5]. Les fonctionnaires de la prison et ceux jugés les plus proches de la réhabilitation complète sont transférés au troisième bataillon de sapeurs, présenté comme un exemple à suivre pour le reste des prisonniers. Le deuxième bataillon de sapeurs est composé de nouveaux arrivants et de prisonniers dont l'alignement idéologique ne peut être établi de manière concluante. Le premier bataillon de sapeurs (Α΄ Τάγμα Σκαπανέων) est quant à lui surnommé le « bataillon rouge », car on pense qu'il contient exclusivement des éléments « antipatriotiques » et des gauchistes purs et durs. En réalité, les gauchistes sont répartis équitablement dans les trois bataillons, ceux du troisième bataillon de sapeurs agissant sous la contrainte[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Rajak 2010, p. 203–204.
  2. Rajak 2010, p. 204.
  3. (en) « Greek Civil War », sur Encyclopaedia Britannica (consulté le ).
  4. (en) « 1947-1950 », sur le site makronissos.org (consulté le ).
  5. (en) « Psychological abuse », sur le site makronissos.org (consulté le ).
  6. Margaris 1966, p. 492-493.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (el) Nikos Margaris, Η Ιστορία της Μακρονήσου : L'histoire de Makrónissos, Athènes, Papadopoulos and Co,‎ . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Svetoslav Rajak, « The Cold War in the Balkans, 1945–1956 », dans Melvyn P. Leffler, Odd Arne Westad, The Cambridge History of the Cold War, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-5218-3719-4, lire en ligne), p. 198-220. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.