Louis II Phélypeaux de Pontchartrain — Wikipédia

Armoiries Phélyppeaux de Maurepas

Louis Phélypeaux, marquis de Phélypeaux (1667), comte de Maurepas (1687) et de Pontchartrain (1699), dit aussi le « chancelier de Pontchartrain », est un homme d'État français né le à Paris et mort à Pontchartrain-en-Jouars le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Louis Ier Phélypeaux de Pontchartrain, il est reçu conseiller au parlement de Paris en la première chambre des requêtes le [1].

Le [2], il achète à François d’Argouges 100 000 livres la charge de Premier président au parlement de Bretagne, fonctions dans lesquelles il est reçu le [3]. Il ramène le calme dans la province qui avait été troublée par la révolte du papier timbré et obtient le retour du parlement à Rennes[4].

Pontchartrain est rappelé à Paris par le contrôleur général des finances Claude Le Peletier qui le fait pourvoir le [5] d'une troisième charge surnuméraire d'intendant des finances. Il entreprend ensuite une carrière ministérielle (du au , ministre d'Etat).

Du [6] au , il est contrôleur général des finances; ; du au , secrétaire d'État de la Marine et secrétaire d'État de la Maison du Roi.

Sa gestion de son département, longtemps décriée, a été réévaluée par l'historiographie récente qui montre que, dans une période difficile, il administra avec compétence un immense département qui réunissait la Marine, le Commerce, les Colonies, le Clergé, Paris, la Maison du Roi et les finances de l'État. Il fait réaliser le recensement de la population française de 1693, le premier après celui de Vauban de 1678. Il combat l'influence, à la Cour, du quiétisme propagé par Fénelon et Mme Guyon.

On lui impute toutefois un certain nombre d'erreurs dans l'utilisation de la flotte française, portée à un très haut niveau par Colbert et son fils le marquis de Seignelay, notamment une part de responsabilité dans le désastre de La Hougue.

C'est par des expédients fiscaux, comme la capitation créée en 1695 ou la taxe sur les étrangers de 1697 qu'il réussit, en tant que contrôleur général des finances, à financer la guerre de la Ligue d'Augsbourg, la plus longue du règne[7].

Du au il occupe en outre les fonctions de chef perpétuel, président et directeur de la Compagnie des Indes Orientales[8].

Il est ensuite chancelier de France du au . Selon François Bluche, « il redonn[a] à la chancellerie une importance et un éclat oubliés depuis la vieillesse de Pierre Séguier ».

Saint-Simon dresse de lui un portrait flatteur : « Jamais tant de promptitude à comprendre, tant de légèreté et d'agrément dans la conversation, tant de justesse et de promptitude dans les réparties, tant de facilité et de solidité dans le travail, tant d'expédition, tant de subite connaissance des hommes, ni plus de tour à les prendre ». Sa discrétion est fort appréciée de Louis XIV.

Il est nommé greffier de l'ordre du Saint-Esprit par lettre du . Il donne sa démission peu de jours après, et est nommé chevalier des Ordres[9].

Il démissionne de sa charge pour ne pas avoir à apposer les sceaux sur l'arrêt du Conseil du condamnant un texte de l'évêque de Metz, Mgr Henri-Charles de Coislin, comme contraire à la bulle Unigenitus.

Depuis quelque temps, il se sentait mal à l'aise devant la dérive autoritariste de Louis XIV et désirait se consacrer au salut de son âme. Il se retire à l’institution de l’Oratoire. Il meurt à Pontchartrain en Jouars le . Il est inhumé à Paris en l'église Saint-Germain l’Auxerrois.

Il avait épousé, par contrat du [10], Marie de Maupeou, morte le , qui était fille de Pierre III de Maupeou, seigneur de Monceau, président de la 5e Chambre aux Enquêtes. Ils eurent deux fils, Louis et Jérôme Phélypeaux, comte de Maurepas et de Pontchartrain.

Le , par contrat passé devant Moufle et son confrère, notaires au Châtelet de Paris, il avait acheté à Bernardin Boulin, écuyer, le fief des Moulineaux[11]. Les papiers personnels de Louis II Phélypeaux de Pontchartrain et de sa famille sont conservés aux Archives nationales sous la cote 257AP[12].

Son portrait ovale en miniature en émail et or par Jean I Petitot (1607-1691) figura dans la collection Richard Baron Cohen, vendue aux enchères publiques à Paris (Drouot-Richelieu) le .

Hommages[modifier | modifier le code]

Le lac Pontchartrain en Louisiane porte son nom, et la ville actuelle de Détroit dans le Michigan a été fondée avec le nom Fort Pontchartrain du Détroit à son honneur à l'époque de la Louisiane française.

Le lac Maurepas et le fort Maurepas, tous deux situés en Louisiane, furent également nommés en son honneur, car il était comte de Maurepas en plus d'être comte de Pontchartrain.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Alfred Prud'homme, Histoire de Neauphle-le-Château du XIe siècle à nos jours, 1902, p. 182.
  2. Mémoires de Saint-Simon : nouvelle édition collationnée sur le manuscrit autographe, augmentée des additions de Saint-Simon au Journal de Dangeau, 1879, t.1, p. 52, note 2.
  3. Michel Popoff, Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753), 2003, t.2, p. 849.
  4. Anselme, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, 1730, t.6, p. 587.
  5. Archives nationales O1 61 fol.85 verso-86 cité par Michel Antoine, Le Cœur de l'État, surintendance, contrôle général et intendance des finances 1552-1791, 2003, p. 240, note 1 ; voir aussi Arthur de Boislisle, Mémoires des intendants sur l'état des généralités dressés pour l'instruction du duc de Bourgogne, 1881, t.1, p. 221.
  6. Mémoires publiés par la Société centrale d'agriculture de France, 1877, t.3, p. 375.
  7. Jean-François Dubost et Peter Sahlins, Et si on faisait payer les étrangers ? Louis XIV, les immigrés et quelques autres, Paris, Flammarion, , 475 p., p. 95-127
  8. Jules Sottas, Une escadre française aux Indes en 1690 : Histoire de la Compagnie royale des Indes Orientales (1664-1719), 1905, p. 395.
  9. Paul Lucas Simplicien, Statuts et catalogue des chevaliers commandeurs et officiers de l'ordre du Saint-Esprit, avec leurs noms, qualités et postérité, depuis l'institution jusqu'à présent, 1733, p. 335.
  10. Archives nationales, minutier central CXIX 233, cité par Françoise Bayard, Joël Félix, Philippe Hamon, Dictionnaire des surintendants et contrôleurs généraux des finances du XVIe siècle à la Révolution, française de 1789, 2000, p. 101.
  11. Adrien Maquet, Bailly-en-Cruye et ses anciens seigneurs : recherches historiques, 1885, p. 28.
  12. Archives nationales

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]