Légion (poème) — Wikipédia

Légion
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Légion est un poème écrit en 1950[1] par Paul Éluard[2], dans son recueil Hommages[3],[4],[5],[6], qui rend hommage « vingt-trois résistants des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI), étrangers torturés et fusillés à Paris par les Allemands »[7],[8], placés sous le commandement de Joseph Epstein et appelés Groupe Manouchian-Boczov-Rayman, « presque tous »[9] ou une « immense majorité »[10], étant juifs, dans la mémoire des survivants[9], ce qui aussi « était au cœur de la propagande nazie »[10].

Description[modifier | modifier le code]

Ce poème, que Éluard avait d'abord publié dans le journal Les Lettres françaises[11], souligne la convergence des résistants français et étrangers[12] et la nécessité de vengeance[13] et accompagne la publication par un autre auteur d'un livre illustré de 200 pages sur le même sujet, Pages de gloire des 23. Il ne parle pas de Manouchian lui-même[11], précédant, de cinq ans le poème d'Aragon sur le même sujet[9], dans lequel « il n'est pas question d'évoquer l'identité juive de sept des dix de l'Affiche » même si ses accusation antisémites sur complot dit « des Blouses blanches » se sont éteintes car « Staline vient de mourir ».

L'article d'une vingtaine de lignes sur une colonne paru dans la revue Les Lettres françaises, édition clandestine de mars 1944, ne cite aucun nom mais observe que l'une des personnes sur l'affiche rouge est accusée d'avoir tué 150 personnes[14].

Le poète est alors un ami proche de la jeune Madeleine Riffaud, autre figure de la Résistance, et voit dans Missak Manouchian et souligne en particulier que « ces étrangers savaient quelle était leur patrie, leurs portraits sur les murs sont vivants pour toujours, un soleil de mémoire éclaire leur beauté »[15]. Le dernier vers déclare « lorsqu'on ne tuera plus, ils seront bien vengés. Et ce sera justice. »[16],[17].

Ce poème a été réédité dans Œuvres complètes, dans la Pléiade, en 1968.

Dès 2014, il sera question de faire entrer au Panthéon les 23[10]. Le 21 février 2024, Missak et Mélinée Manouchian sont panthéonisés, une inscription dans la crypte du Panthéon rappelle les noms et le sacrifice des membres du groupe[18]

Reprises[modifier | modifier le code]

Le texte a été repris dans Poème pour tous, une anthologie des poèmes d'Éluard, qu'il n'aura pas le temps de voir paraître, sous forme de regard rétrospectif sur l'ensemble de son œuvre.

Le texte a été repris aussi, intégralement dans la préface du livre Les commandos de l'Affiche rouge. La vérité historique sur la première section de l'Armée secrète publié par Arsène Tchakarian, en 1986[19], préface écrite par Roger Bourderon, agrégé d'histoire et maître de conférences honoraire de l'Université Paris-VIII-Saint-Denis puis responsable de la rubrique « Histoire » de L'Humanité[20], invité à ce titre [21] à l'émission Les Dossiers de l'écran accompagnant le film Des terroristes à la retraite en 1985 après avoir publié en tant que rédacteur en chef des Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches marxistes[22] un article sur le sujet[23].

L'ouvrage d'Arsène Tchakarian se présente le fruit d'une enquête conduite depuis dix ans par l'auteur sur ce qui fut appelé par la propagande nazie le « groupe Manouchian »[24]. Il a été critiqué pour être surtout une compilation de communiqués, parfois retouchés, de la résistance communiste publiés vingt ans auparavant par le colonel FTP Boris Matline dans On les nommait des étrangers aux éditions du PCF[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Manessis et Vigreux 2024, p. 183.
  2. Gilles Perrault, Dictionnaire amoureux de la Résistance, Éditions Plon, 2014.
  3. Rosa Moussaoui et Pierre Chaillan, « Pourquoi Missak Manouchian doit entrer au Panthéon », L'Humanité, 18 février 2023 [1]
  4. "Manouchian et les résistants étrangers mis à l'honneur", dans La Marseillaise (journal) le 8 février 2024
  5. "Quand Aragon et Eluard rendaient hommage au "groupe Manouchian"" par Pierre Ropert, France Culture le lundi 6 août 2018 [2]
  6. "Dossier L’Affiche rouge", par Chemins de mémoire [3]
  7. Légion, in Paul Éluard, Hommages, 1950, rééd. in Œuvres complètes, t. II, p. 352-353, Pléiade, Paris, 1968.
  8. "Tout Aznavour" par Bertrand Dicale, chez edi8 en 2017[4]
  9. a b et c Benoît Rayski, L'Affiche rouge, Paris, Archipoche, , 153 p. (ISBN 979-10-392-0455-2).
  10. a b et c "Missak Manouchian. Enquête sur l'affiche rouge", par Annette Wieviorka en décembre 2023. Article dans le magazine L'Histoire [5]
  11. a et b "Missak et Mélinée Manouchian - Un couple en Résistance" par Gérard Streiff, aux Éditions L'Archipel en 2024 [6]
  12. "Mémoires occupées" par Marc Dambre aux Éditions des Presses de la Sorbonne en 2017
  13. "Missak Manouchian, une mémoire édifiée par les poètes par Benjamin Puech dans Le Figaro le 21/02/2024 [7]
  14. Reproduction dans la revue Les Lettres françaises, édition clandestine de mars 1944 [8]
  15. "Mélinée et Missak Manouchian passionnément" par la rédaction d'Armenews le 20 mai 2023 [9]
  16. "Les intellectuels face à la Chine " dan la Revue des Deux Mondes de mars 2023 [10]
  17. Adam Rayski, « L'Affiche Rouge », op. cit., p. 57-58 et « L'Affiche Rouge ».
  18. « Hommage solennel de la Nation à Missak Manouchian et à ses camarades de Résistance au Panthéon », sur paris-pantheon.fr (consulté le )
  19. Hélène Kosséian-Bairamian, Les Commandos de l'Affiche Rouge : la vérité historique sur la première section de l'Armée secrète, Paris, Éditions du Rocher, , 320 p. (ISBN 978-2-268-07406-1, BNF 42667244).
  20. Jacques Girault, « BOURDERON Roger [BOURDERON Henri, Roger] », sur maitron.fr (consulté le ).
  21. « La Résistance oubliée : plateau débat ». Émission Les Dossiers de l'écran consacrée en 1985 à l'histoire des FTP MOI [11].
  22. Site de la revue et sommaires des numéros parus.
  23. Le PCF, les FTP, la MOI, automne-hiver 1943, dans les Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches marxistes, repris dans Les commandos de l'Affiche rouge. La vérité historique sur la première section de l'Armée secrète publié par Arsène Tchakarian, en 1986, p. 10.
  24. a et b Olivier Biffaud, « L'affaire Manouchian vue par l'un des rares survivants du groupe », Le Monde, 19 février 1986 [12].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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