Hubert Lothaire — Wikipédia

Hubert Lothaire
Hubert Lothaire

Surnom Lopembe
Nom de naissance Hubert Joseph Lothaire
Naissance
Rochefort (Namur, Belgique)
Décès (à 63 ans)
Ixelles (Brabant, Belgique)
Allégeance Drapeau de la Belgique Belgique
Drapeau de l'État indépendant du Congo État indépendant du Congo
Arme Infanterie
Grade Commandant
Années de service 1882 – 1897
Conflits Campagnes de l'État indépendant du Congo contre les Arabo-Swahilis
Faits d'armes Bataille de Lomami

Hubert Lothaire, né à Rochefort, le et mort à Ixelles le , est un explorateur et un officier belge qui a servi dans la Force publique de l'État indépendant du Congo.

Biographie[modifier | modifier le code]

Hubert Joseph Lothaire, né à Rochefort le est le fils de Jean-Baptiste Lothaire, plafonnier, et de Marie Catherine Dethier. Il a épousé Joséphine Dhanis, sœur de François Dhanis.

En 1882, il s'engage comme simple soldat dans l'armée belge et est incorporé dans le 1er régiment de Chasseurs à pied. Il entre à l'École royale militaire et est promu lieutenant en . Il est affecté au 6e régiment de Ligne mais il postule en pour rejoindre l'État indépendant du Congo. Comme les autres candidats retenus, il est administrativement détaché à l'Institut cartographique militaire[1].

En , il embarque sur le vapeur Landana et est assigné pour Léopoldville où il débarque en . Il est promu lieutenant de la Force publique le . En , il est désigné pour la zone Ubangi-Uele au district du Bangala. Il fonde la station de Basankusu et en prend le commandement en . Au cours de cette période, il explore les rivières Lulonga, Maringa et Lopori en nouant des contacts avec les autochtones. Il est nommé en , capitaine de la Force publique et retourne en Belgique en , ayant accompli son premier terme au Congo[1].

Il est nommé commissaire de district en et retourne au Congo comme chef du district de l'Ubangi-Uele. À partir du poste de la Nouvelle-Anvers, il remonte le cours de la Mongala et du N'Giri et fonde les postes de d'Akula , Momveda et Abumombasi.

À partir de ce moment, il participe aux Campagnes de l'État indépendant du Congo contre les Arabo-Swahilis. La station des Stanley Falls étant menacée par des bandes esclavagistes d'Arabo-Swahilis de Rachid, Lothaire et son détachement de 200 Bangalas se mettent à la disposition du capitaine Pierre Ponthier en . Les Belges bousculent les esclavagistes à Kewe, Bamanga et Kibonge et surprennent le camp ennemi de Seke-Seke faisant 6000 prisonniers et 19 chefs. D' à , de nombreux combats ont lieu au cours desquels tombe le capitaine Ponthier. En , Lothaire conjugue ses forces avec celles de Dhanis et du lieutenant Henry et écrase les troupes du chef Rumaliza à Bena Kalungu faisant 2000 prisonniers[2]. Après avoir vaincu les dernières résistances au Congo, Lothaire parvient sur les rives du lac Tanganyka. Il y fonde le poste de Bakari et prend en le commandement de la zone arabe en remplacement de Dhanis, retourné en Europe. À la suite de cette victoire, Lothaire est cité à l'ordre du jour de l'État indépendant du Congo[1] et promu commandant.

Fin 1894, le commandant Lothaire s'empare de Kibonge, l'allié de Rachid et du trafiquant d'armes irlandais Charles Stokes. Ce dernier est exécuté sur décision de Lothaire (cfr. détail ci-après). Il est promu commissaire général le .

En juillet 1895, une révolte des soldats Batetela de la Force publique éclate à Luluabourg , après l'exécution du chef Batetela Ngongo Leteta. Une concentration de troupes Belges livre sur le Lomami un combat longtemps indécis, mais finalement victorieux. Lothaire avec 1 000 soldats et 14 officiers attaque les révoltés, en nombre à peu près égal, et les bat complètement. Les débris se réfugient au Katanga où ils seront poursuivis et définitivement défaits par Malfeyt en 1901[1].

Lothaire retourne en Belgique en 1896 et quitte l'armée en . Cette fois à titre privé, Il retourne en Afrique en qualité de Directeur de la Société Anversoise du Commerce au Congo, concessionnaire des territoires du bassin de la Mongala. Il reste au Congo jusqu'en 1898 années pendant lesquelles il est contraint de participer à des opérations de police et de pacification dans la région de Dandu-Sana. En 1928, il fait un dernier voyage au Congo pour l'inauguration du chemin de fer Bas-Congo-Katanga.

Le , il décède à Ixelles et est inhumé au cimetière d'Ixelles.

Procès Charles Stokes[modifier | modifier le code]

Par le biais de lettres interceptées, le capitaine Lothaire, chef des forces congolaises pendant la campagne de l'Ituri, apprend que Charles Stokes était sur son chemin à partir de l'Afrique orientale allemande à vendre des armes aux esclavagistes zanzibarites dans l'est de la région du Congo. En , Lothaire envoie le Lieutenant Henry avec 70 hommes à la capture de Stokes. Henry arrête Stokes dans sa tente, profitant de l'absence d'une grande partie de sa caravane, qui était dans la jungle pour la collecte de bois de feu et la recherche de nourriture. Stokes est amené par le capitaine Lothaire au Lindi, où une cour martiale est assemblée. Stokes est reconnu coupable de vente de fusils, de poudre à canon et de détonateurs aux ennemis afro-arabes de l'État libre du Congo (Said Abedi, Kilonga Longa et Kibonge). Le , il est condamné à mort et pendu le lendemain.

La procédure est dite avoir de nombreuses irrégularités, y compris l'utilisation de fausses déclarations. Il n'y avait ni de code pénal, ni de greffier, le verdict n'était pas lu à haute voix pour le condamné, et Stokes n'avait pas eu de droit d'appel, comment il en aurait eu droit qui en tant que citoyen britannique.

Pour Lothaire, Charles Stokes n'était plus qu'un criminel dont la pendaison était pleinement justifiée. Lord Salisbury, le Premier Ministre britannique à l'époque, observa que si Stokes avait été dans la ligue avec les esclavagistes Arabes, alors « il méritait la pendaison ». Sir John Kirk, pendant des années consul britannique à Zanzibar, fit remarquer que « c'était pas une perte pour nous, bien qu'il était un honnête homme ». Les nouvelles de l'exécution de Stokes furent reçues avec indifférence par le Foreign Office britannique. Lorsque l'ambassadeur d'Allemagne demanda à Sir Thomas H. Sanderson, le sous-secrétaire permanent d'État aux Affaires Étrangères, si le gouvernement britannique avait prévu de prendre toutes les mesures concernant l'exécution de ce « personnage bien connu », Sanderson écrit : « je ne comprends pas très bien pourquoi les Allemands nous pressent sur cela ».

L'affaire Stokes[modifier | modifier le code]

En , l'attention de la presse britannique est attirée sur ce cas par Lionel Decle, un journaliste de la Pall Mall Gazette. La presse a commencé à rapporter ces événements dans le détail, le Daily News en souligna la « sanguinaire précipitation », Le Temps une « douloureuse et honteuse mort », le Liverpool Daily Post nota « l'étonnement horrifié à travers la race britannique », le Daily Telegraph de la mort « comme un chien », ajoutant « Avons-nous eu tort de croire que les plus audacieux étrangers - pour ne pas parler du tout sauvage, chef - pense une fois, deux fois et même trois fois, avant de poser ses mains sur un sujet de la reine Victoria »[3].

En conséquence, l'affaire devient un incident international, mieux connue sous le nom de l'affaire Stokes. Ensemble, la Grande-Bretagne et l'Allemagne font pression sur l'État Libre du Congo pour que Lothaire soit mis à l'essai, ce qui arrive dans la ville de Boma. L'État libre paye une indemnité aux Britanniques (150 000 francs) et aux Allemands (100 000 francs) et rend impossible, par décret, d'imposer la loi martiale ou de peines de mort sur les citoyens européens. Le corps de Stokes fut rendu à sa famille.

Lothaire fut acquitté à deux reprises, d'abord en par un tribunal de Boma, puis, en , l'appel est confirmé à Bruxelles par la Cour Suprême du Congo, ouvrant la voie à la réhabilitation de Lothaire.

L'affaire Stokes mobilisa l'opinion publique britannique contre l'État Libre du Congo. Elle endommagea également la réputation du roi Léopold II de Belgique comme un despote bienveillant. Ce cas contribua à la promotion de la fondation de la Congo Reform Association et de l'annexion de l'État Libre du Congo par l'État belge en 1908[3].

Hommages et distinctions[modifier | modifier le code]

Un mémorial y a été érigé sur la sépulture d'Hubert Lothaire avec une citation suivante du roi Albert Ier : « Je rends un profond hommage à la mémoire de ce Colonial de haute valeur, à ce Chef militaire intrépide qui prit une part décisive à la destruction de la puissance des Arabes trafiquants d'esclaves. »

L' « Avenue commandant Lothaire » à Etterbeek perpétue sa mémoire.

Il a reçu les distinctions suivantes :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Raymond Moloney, « Charles Stokes (1852-1895): An Irishman in 19th Century Africa », dans: Studies: An Irish Quarterly Review, vol. 87, 1998, no. 346, pp.   128–134[4]
  • Robert Asketill « Buganda History Part 39: The hanging of Charles Henry Stokes » dans: The London Evening Post consulté le 3 avril 2017[5]
  • 1895: Charles Stokes, in the heart of darknes[6]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Alphonse Engels, Biographie coloniale belge - Lothaire (Hubert Joseph), Bruxelles, Académie royale des sciences d'outre-mer - Institut royal colonial belge, (lire en ligne), p. 615-623
  2. « Le commandant Hubert Lothaire est mort », Le Soir,‎ , p. 3 (lire en ligne Accès limité)
  3. a et b W. Roger Louis, The Stokes Affair and the Origins of the Anti-Congo Campaign, 1895–1896, Revue belge de philologie et d'histoire, vol. 43, 1965, p. 572–584.
  4. Raymond Moloney, « Charles Stokes (1852-1895): An Irishman in 19th Century Africa », Studies: An Irish Quarterly Review, Irish Province of the Society of Jesus, vol. 87, no 346,‎ , p. 128–134 (JSTOR 30091886)
  5. « Buganda History Part 39: The hanging of Charles Henry Stokes | The London Evening Post FE » [archive du ], Thelondoneveningpost.com, (consulté le )
  6. « 1895: Charles Stokes, in the heart of darkness », ExecutedToday.com, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]