Germaine Montero — Wikipédia

Germaine Montero
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Germaine Montero en 1946 (photo studio Harcourt)
Nom de naissance Germaine Berthe Caroline Heygel
Naissance
Paris 9e
Décès (à 90 ans)
Orange
Activité principale Comédienne
Activités annexes Chanteuse
Collaborations Jean Vilar, Pierre Mac Orlan, Jacques Prévert
Conjoint Jean-Mario Bertschy (1911-2000)
Récompenses Grand Prix de l'Académie Charles-Cros

Germaine Montero, nom de scène de Germaine Berthe Caroline Heygel, née le à Paris et morte le à Orange, est une comédienne et chanteuse française.

Exigeante et passionnée, elle créa et donna de grandes interprétations en tant que comédienne et chanteuse, et fut proche notamment de Federico Garcia Lorca, Jean Vilar, Jacques Prévert, Pierre Mac Orlan.

Biographie[modifier | modifier le code]

Germaine Montero naît en 1909 à Montmartre dans le 9e arrondissement de Paris, d'un père alsacien et d'une mère normande.

En 1931[1], elle part apprendre l'espagnol à Valladolid, puis s'installe quelques années plus tard à Madrid. Membre d'une troupe de théâtre parrainée par Federico Garcia Lorca, elle devient amie du poète, elle y débute comme comédienne (en langue espagnole) en 1932, et profite de ses voyages à travers le pays pour recueillir des chansons du folklore espagnol. Elle choisit son pseudonyme pour les besoins d'un film qui ne sera pas tourné, car l'insurrection de Juillet 1936, point de départ de la guerre d'Espagne, l'oblige à rentrer en France en 1936.

En 1938, Germaine Montero crée à Paris (en langue française) Font aux cabres de Lope de Vega, puis Noces de sang de Garcia Lorca (rôle de la jeune fille, en juin 1938), c'est ainsi grâce à Germaine Montero que l'on découvre Lorca en France. Elle joue également Le Bal des voleurs de Jean Anouilh (1938). Jacques Copeau lui propose d'entrer à la Comédie française, ce qu'elle refuse (n'appréciant pas le côté "concierge" qui y règne)[2].

Engagée chez Agnès Capri, pour interpréter ses chansons espagnoles, elle y rencontre Jacques Prévert. Durant l'Occupation, elle monte un tour de chant consacré aux œuvres de ce dernier avec Josef Kosma au piano, qu'elle mène à travers la Zone libre et même jusqu'en Suisse à la fin de la guerre. Réservant ses prestations scéniques au théâtre, (Festival d'Avignon en 1947, T.N.P. de Chaillot, en 1951), elle consacre, partir de 1948, l'essentiel de sa carrière de chanteuse, au disque. Son répertoire comporte essentiellement des chansons d'auteurs anciens, Béranger, Bruant, ou contemporains, Prévert, Desnos, Ferré, Ducreux, MacOrlan ... Au micro de Martin Pénet, âgée de 88 ans, elle évoque les souvenirs de sa carrière avec une sincérité et une verve demeurées intactes. Avec Bronislav Horowicz, ancien réalisateur à France-Culture et Maurice Grosjean ancien directeur artistique aux Disques Vega.

À la même époque, elle commence à chanter du folklore espagnol au cabaret « Chez Agnès Capri ». En 1941-1942, elle se produit dans des cabarets de la zone libre (Nice, Cannes, Marseille), participe à des feuilletons radiophoniques et passe au cabaret « Chez Gilles » à Lausanne, où elle effectue quelques enregistrements. En 1945, alors qu'elle est à Montpellier, elle travaille avec Joseph Kosma, qui est alors en vacances à Palavas-les-Flots, pour monter un récital de chansons de Jacques Prévert, qui souhaite qu'elle interprète ses chansons, récital qu'elle donne ensuite de retour à Paris au théâtre de l'Athénée.

En 1947, son ami Jean Vilar lui demande de participer à la création du festival d'Avignon. Elle y prend part de 1947 à 1949, aux côtés de Gérard Philipe ainsi que de Jeanne Moreau. En 1951, elle joue Mère Courage de Bertolt Brecht au Théâtre national populaire, pièce qui aura un très grand succès et qu’elle reprendra plus tard à partir de 1959.

Germaine Montero est connue pour ses rôles dramatiques au théâtre (notamment chez Jean Vilar), entre autres dans Noces de sang, Yerma ou La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca, poète et dramaturge espagnol qu'elle fait connaître en France.

Parallèlement à sa carrière de comédienne, elle chante et enregistre Jacques Prévert (il écrit notamment la chanson Je suis comme je suis pour elle[2]). Pierre Mac Orlan la contacte car il souhaite qu'elle soit l'interprète de ses chansons. Ainsi, c'est Germaine Montero qui crée l'intégralité des chansons de Pierre Mac Orlan[2], qui la considère comme étant sa meilleure interprète[2]. Elle enregistre notamment ses Chansons pour accordéon. Elle chante aussi des auteurs qu'elle aime, comme Aristide Bruant, Léo Ferré[3], Béranger. ainsi que les chansons de Mère Courage. Elle chante également en espagnol, notamment ses interprétations remarquables des chansons folkloriques recueillies par Federico Garcia Lorca. Son disque Paseando por España obtient le grand prix du disque en 1953.

Peu présente au cabaret, Germaine Montero se consacre à la radio, au théâtre, et tourne dans quelques films. Elle passe à l’Olympia en 1957 et obtient le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros en 1970.

En 1966, elle décide d'arrêter la scène (car elle n'y trouve plus d'intérêt)[2] et se consacre dorénavant à la radio.

En 1984, à l'occasion du tournage d'un téléfilm, elle retourne en Espagne où elle n'était pas revenue depuis 1936 et y revoit les lieux qu'elle avait fréquentée jeune. Ce sera son dernier tournage[2].

Germaine Montero meurt à Orange le [4]. Mariée au cinéaste Jean-Mario Bertschy, elle est inhumée avec lui au cimetière de Montrouge[5].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Émissions de télévision[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]


Discographie CD[modifier | modifier le code]

Les enregistrements de Germaine Montero (près de 225 chansons) ont, par chance, presque tous été réédités en CD.

  • 1993 : Germaine Montero chante Mère Courage, Le Chant du monde - réédité en 1999 - 1 CD
  • 1993 : Germaine Montero, Présence de Lorca, Paseando por España, Le Chant du monde - réédité en 1999 - 1 CD
  • 1993 : Germaine Montero, EMI Music/Odéon Label Group - réédition des enregistrements Pathé (volume 1) - 2 CD
  • 1998 : Germaine Montero, chansons Espagnoles, chansons de Prévert, Rym Musique - réédition des enregistrements réalisés pour les disques VEGA - 2 CD
  • 1999 : Germaine Montero, EMI Music/Odéon Label Group - réédition des enregistrements Pathé (volume 2) - 2 CD
  • 2004 : Germaine Montero chante Federico Garcia Lorca, EMI Music/Capitol - réédition des enregistrements Pathé (volume 3) - 2 CD
  • 2005 : Germaine Montero, Chansons à mon plaisir, EPM, collection Chanson de poètes - compilation d'enregistrements Pathé et Le chant du monde (certains titres n'avaient jamais été réédités) - 1 CD
  • 2006 : Jacques Prévert, Le poète dénudé, EPM 985 342 - 1 CD - réédition du 33 tours 25 cm Chansons de Jacques Prévert enregistré en 1953 (Decca LF 133 033). Ajout de 3 titres extraits de la bande sonore du film Aubervilliers d'Elie Liotar (1945); Chanson de la Seine (avec Fabien Loris), Chanson de l'eau, Chanson des enfants.
  • 2012 : Germaine Montero - De l'Espagne à la France, vingt ans de chansons 1944-1961, Frémeaux et Associés, sous la direction artistique de Jean Buzelin et Marc Monneraye - 4 CD

Les premiers enregistrements des chansons de Pierre Mac Orlan réalisés par la Radiodiffusion française en 1951 n'ont jamais été édités (émission La Chanson de mes villes). Il est également étonnant que la première (et sublime) version Pathé de La chanson de Margaret endisquée par Germaine Montero en 1955 avec l'orchestre de Philippe-Gérard n'ait jamais été rééditée en CD. Elle était parue sur le 45 tours Pathé 45 EG 142.

Décorations[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gianni Lucini, Luci, lucciole e canzoni sotto il cielo di Parigi - Storie di chanteuses nella Francia del primo Novecento), Novara, Segni e Parole, 2014, 160 p. (ISBN 978-88-908494-4-2)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Émission radio Chansons d'écrivains, par Jean Chouquet, Paris IV, 22 février 1953. [1]
  2. a b c d e et f Germaine Montero, une chanteuse comédienne témoin de son siècle, par Martin Pénet, émission Opus, France Culture, 01/1998.
  3. Jusqu'à ce qu'elle se fâche avec Léo Ferré quand il a mis en musique Rimbaud et surtout Apollinaire, car pour elle, ces poèmes contiennent intrinsèquement leur musique et se passent d'un quelconque accompagnement musical.
  4. Insee, « Fichier des personnes décédées », sur data.gouv.fr, (consulté le ).
  5. Bertrand Beyern, « 50 célébrités du cimetière de Montrouge », sur bertrandbeyern.fr (consulté le ).
  6. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.

Sources[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]