Georges Grente — Wikipédia

Georges Grente
Fonctions
Cardinal
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Archevêque catholique
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Fauteuil 32 de l'Académie française
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Évêque diocésain
Diocèse du Mans
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Biographie
Naissance
Décès
(à 86 ans)
Le Mans (France)
Sépulture
Nationalité
Formation
Activités
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Consécrateurs
Membre de
Distinction
Blason

Georges François Xavier Marie Grente, né le à Percy (Manche, France) et mort le au Mans (Sarthe, France), est un cardinal français, évêque-archevêque du Mans, académicien, historien et essayiste. Il coordonna un imposant Dictionnaire des Lettres françaises en plusieurs volumes, préfacé notamment, par Abel Bonnard, qui, actualisé et réédité, fait encore aujourd'hui autorité.

Biographie[modifier | modifier le code]

Georges Grente devant les pyramides (1936)

Georges Grente étudie le droit, la théologie catholique et la philosophie à Paris. Il est ordonné prêtre le et travaille ensuite, pendant huit ans, comme professeur au petit séminaire de Mortain dans la Manche.

De 1903 à 1916, il dirige le collège diocésain de Saint-Lô ; en 1914 il est sur le point de devenir recteur de l'Université catholique de Lille, mais la guerre, et l'occupation de la ville par l'armée allemande, l'empêchent d'occuper ce poste. De 1916 à 1918 il est Supérieur de l'Institut Saint-Paul à Cherbourg.

L’Académie française lui décerne le prix Montyon en 1905 et le prix Vitet en 1924.

Le pape Benoît XV le nomme évêque du Mans en . Il est consacré par le cardinal Louis-Ernest Dubois en avril. Le pape Pie XII le nomme en archevêque ad personam, et le crée cardinal lors du consistoire du . Le cardinal Grente participe au conclave de 1958 qui élit le nouveau pape Jean XXIII, et meurt le , au Mans, à 87 ans, après 41 ans à la tête de l'évêché du Mans. Georges Grente aura, par diverses initiatives, fait rayonner un diocèse manceau mal en point lorsqu'il en prit la direction, en 1918 : organisation de congrès diocésains; attention portée au recrutement et à la formation des prêtres; création de nouvelles paroisses; visites fréquentes dans les paroisses et les écoles catholiques; lettres pastorales; éclat donné aux cérémonies religieuses.... En sa qualité d'homme de lettres et de membre de l'Académie française, Georges Grente a reçu au Mans de nombreux écrivains - dont des candidats à l'Académie française - et a été sollicité, grâce à ses qualités d'orateur pour prononcer de nombreux discours. En , le gouvernement de Clemenceau, préoccupé de favoriser la reprise des œuvres d'enseignement et de bienfaisance dans le Levant et les Balkans, y envoya une mission officielle, confiée au cardinal Dubois, et dont fit partie Grente.

Le cardinal Grente est enterré dans la cathédrale du Mans, où l'on peut voir son tombeau avec son gisant sculpté, surmonté à la voûte de son chapeau de cardinal, comme le veut la tradition. Il était notamment Grand-officier des Ordres de Georges Ier de Grèce et de Saint-Sava de Serbie, et Commandeur des Ordres du Saint-Sépulcre, de l'Étoile de Roumanie et de Léopold de Belgique.

Grand voyageur (Moyen-Orient, États-Unis, Europe centrale), auteur de nombreux ouvrages (hagiographies, récits de voyage, etc.), il avait été élu à l'Académie française le , le même jour que l'amiral Lacaze et Jacques de Lacretelle. L'accompagne sous la Coupole ce jour-là le Père André Sevin, couronné par l'Académie pour son essai "Raymond de Sèze, le défenseur du Roy." André Sevin, devenu prélat, remplacera Georges Grente à la tête de l'Académie du Maine à la demande de ce dernier[1].

Sous l'Occupation, il adopte une attitude prudente, appréciant sans doute que la gauche anticléricale soit remplacée par une droite traditionaliste, resserrant ses valeurs sur la famille, le travail et la patrie. Mais en même temps, patriote, le cardinal ne se commet pas avec les autorités occupantes. Au sein du diocèse du Mans, plusieurs prêtres, sans doute encouragés par leur évêque, seront des acteurs du sauvetage de juifs dans la Sarthe.

L'archevêque et les maisons closes[modifier | modifier le code]

En application de la loi de séparation des Églises et de l'État, Marie-Prosper de Bonfils, un des prédécesseurs de Grente, avait dû quitter, en , sa résidence de l'hôtel de Tessé, confisquée par l'État, pour s'installer à l'hôtel du Grabatoire, dont une façade latérale donnait sur la ruelle des Pans-de-Gorron, dont plusieurs immeubles abritaient des activités de prostitution. Afin de supprimer cette proximité de mauvais aloi, le vicaire général Louis Lefebvre avait, à l'occasion d'une mise en vente, à la suite d'un décès, acheté, au nom de l'évêché, ces maisons, pour donner congé, dès que possible, aux locataires, mais ce congé ne put être donné.

En effet, du fait de l'entrée en guerre, le Parlement avait voté une loi décrétant un moratoire sur le paiement des loyers afin d'éviter que des familles ayant un soldat aux armées ou mort pour la France ne se trouvent en difficulté financière. Ce moratoire, qui s'appliquait aux maisons de la ruelle des Pans-de-Gorron, fut reconduit tous les trois mois. En 1919, le blocage des loyers fut maintenu, les propriétaires étant indemnisés par l'État à hauteur de 50%, et les baux étaient prorogés, à la convenance du locataire, avec des loyers figés. Dans ces conditions, l'évêché ne trouvait aucun acheteur pour ces maisons. C'est la situation que trouva Grente lorsqu'il fut installé au Mans, en .

Ayant été informé de cette situation, Georges de La Fouchardière, journaliste au quotidien parisien L'Œuvre, la révéla, sur un ton malicieux, dans le numéro du , par un article intitulé « D'un bénéfice ecclésiastique ». S'estimant outragé par cet article, Grente assigna le directeur du journal, François Potignat, et le journaliste La Fouchardlère, pour diffamation devant le Tribunal de première instance du Mans. L'audience fut fixée au . Le plaignant était représenté par Me L'Eleu, avocat au barreau du Mans, et L'Œuvre par Me Maurice Garçon, avocat à la cour d'appel de Paris.

Par jugement du , le tribunal du Mans donna raison à Grente, estimant que l'imputation d'« encaisser le prix du stupre » était « nettement diffamatoire » et que « l'intention de nuire » était « certaine ». En conséquence, Potignat et La Fouchardière furent condamnés à la somme dérisoire de 50 francs d'amende et de 25 francs de dépens, et à faire insérer le jugement dans L'Œuvre et six autres journaux. Les deux condamnés ne firent pas appel, se contentant de leur « coup » journalistique.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publication[modifier | modifier le code]

  • Monseigneur Grente, La Sainte Vierge Marie, illustrations de Jean Adrien Mercier, chez Étienne Marcus Éditeur, Paris, 1947

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Cédric Paulin, « Mgr André Sevin (1896-1967), un passeur intellectuel dans le Maine », dans La foi dans le siècle : Mélanges offerts à Brigitte Waché, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-6656-9, lire en ligne), p. 343–352
  2. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )

Référence de traduction[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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