Fête de la Victoire et de l'appel du 18 juin — Wikipédia

Fête de la Victoire et de l'appel du 18 juin
Type Défilé militaire
Pays Drapeau de la France France
Localisation Paris


La Fête de la Victoire et de l'appel du 18 juin organisée le 18 juin 1945[1] est la première commémoration de l'appel du général de Gaulle du 18 juin 1940 quarante jours après la fin de la guerre ; commémoration dans laquelle s'identifient la fête de la victoire, celle de la Résistance et celle du général de Gaulle lui-même.

Un imposant défilé militaire est organisé sur l'avenue des Champs-Élysées entre l'Arc de Triomphe et la place de la Concorde. Il fait écho au défilé des troupes allemandes le 14 juin 1940 et à ceux du 14 juillet 1919, du 11 novembre 1940 et du 26 août 1944[2]. Pour la première fois depuis 1940, De Gaulle ne prend pas la parole lors d'un 18 juin[3].

Le défilé met surtout à l'honneur la 2e division blindée (2e DB) du général Leclerc, ce qui provoque la frustration du maréchal Jean de Lattre de Tassigny qui commandait la Première armée[4]. Apprenant au dernier moment qu'il ne présenterait pas les troupes et que sa place est prévue au troisième rang de la tribune officielle, il décide de repartir le matin même pour l'Allemagne et de ne pas assister au défilé[5]. Son épouse Simonne y assiste accompagné du commandant Bullit[6].

Contrairement à un mythe largement répandu, De Gaulle n'a jamais écarté les troupes « indigènes » du défilé[7]. Bien au contraire, elles participent massivement au défilé[8] et afin de rendre hommage aux troupes marocaines, le sultan du Maroc, futur Mohammed V, roi du Maroc, est invité par le général de Gaulle[9] qui lui remettra la croix de compagnon de la Libération. Il sera à cette occasion, avant le roi Georges VI[10], le premier des cinq chefs d’États à recevoir cette distinction[11]. Jean Favier, alors adolescent, assiste au défilé et écrit « Ce qu'on applaudissait le plus, c'étaient les béliers fétiches aux cornes dorées des régiments de tirailleurs et des tabors. Et les tambours-majors qui, selon leur tradition, lançaient haut leur canne et la rattrapaient en l'air »[12].

Après le défilé, De Gaulle se rend avec deux cents compagnons de la Libération au Mont-Valérien qu'il consacre comme « lieu de la mémoire de la France au combat pendant la Seconde Guerre mondiale »[13].

Selon Jean-Louis Crémieux-Brilhac, cette « immense célébration de deux jours n'aura pu se comparer qu'au Défilé de la Victoire du 14 juillet 1919 »[14].

Galerie[modifier | modifier le code]

Bibiliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Décret du GPRF de mai 1945, Rémi Dalisson, La Guerre, la fête et la mémoire, Rémi Dalisson, CNRS, 2013, p. 208-209
  2. Claire Miot, La première armée française De la Provence à l'Allemagne, 1944-1945, Perrin, 2021, p. 316-317
  3. « Le 18 juin 1945 est celui de la paix retrouvée et le jour choisi par de Gaulle pour le défilé de la victoire à Paris. La commémoration prend une autre dimension. Pour la première fois le général ne prend pas la parole. Désormais, la commémoration du 18 juin devient muette. L’anniversaire de l’Appel n’a plus pour but de galvaniser l’effort combattant. Une célébration fastueuse est annoncée et on parle même de faire du 18 juin un jour férié, ce que le général de Gaulle refusera toujours. La cérémonie est tout de même une véritable fête de la victoire qui célèbre la grandeur de la France. Dans les tribunes, on trouve le sultan du Maroc, des ambassadeurs, des responsables de la Résistance, des officiers alliés mais aussi des déportés portant la tenue rayée. Un défilé de l’armée française est organisé de l’Arc de Triomphe à la Concorde. À la fin du défilé, des avions de chasse tracent dans le ciel une grande croix de Lorraine bleu, blanc, rouge et un grand V. Plus d’un million de personnes assistent aux festivités. », 1941-1945 les commémorations de l'appel du 18 juin pendant la guerre, Musée de l'Ordre de la Libération, lire en ligne
  4. Durant la guerre, la 2e division blindée (2e DB), commandée par Leclerc, n'était pas rattachée à la Première armée commandée par De Lattre mais rattachée à la IIIe armée américaine du général George Patton.
  5. « Cela m’agace. Je n’ai pu obtenir du général de Gaulle de connaître les emplacements pour le défilé de demain. Il y a de gros détachements des unités de la 2e D.B. avec Leclerc, mais il me semble impensable que ce ne soit pas moi qui présente l’ensemble des troupes. J’ai eu l’impression qu’il y avait du tirage... Guy m’a apporté le plan de la revue. D’abord, la 2e D.B., Leclerc en tête, puis les troupes de la garnison de Paris - y compris les pompiers - enfin les éléments de mes deux Corps d’Armée : Monsabert défilant à la tête des fantassins, Béthouart ensuite précédant les blindés. Ma place était prévue... dans la tribune officielle... après le sultan du Maroc qui est l’hôte du général de Gaulle, le prince Moulay Hassan, leur suite et les membres du gouvernement ! Je perds la face vis-à-vis de l’Armée si j’assiste, du troisième rang de l’estrade, au défilé de mes troupes victorieuses. Ce qui me fâche le plus, c’est que c’était prémédité.... Je me demande à quoi cela répond dans l’esprit du général de Gaulle ? », Simonne de Lattre, Jean de Lattre, mon mari (2). 8 mai 1945-11 janvier 1952, Presses de la Cité, 1972, p. 30
  6. Simonne de Lattre, Jean de Lattre, mon mari (2). 8 mai 1945-11 janvier 1952, Presses de la Cité, 1972, p. 30
  7. « Il est également injuste, nous l'avons vu, d'affirmer que le gouvernement français avait écarté les troupiers indigènes du grand défilé de la Victoire dans notre capitale le 18 juin 1945. », Revue de l'Institut Charles de Gaulle, Numéros 150-153, 2007, p. 92
  8. « Enfin, le 18 juin 1945, se déroule sur les Champs-Élysées le défilé de la victoire auquel prennent part en masse tirailleurs algériens et marocains, goumiers, spahis et chasseurs d'Afrique, à pied ou sur leurs véhicules de combat. », Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Ahmed Boubeker, Éric Deroo, Frontière d'empire du nord à l'est : soldats coloniaux et immigrations des Suds, La Découverte, 2008, p. 155
  9. « ...le 18 juin 1945, le roi du Maroc était traité en véritable chef d'État par la France. De retour d'une inspection des troupes marocaines en Allemagne, il était en effet ce jour-là fait compagnon de la Libération par le général de Gaulle lui-même. Après avoir ensuite passé les troupes françaises en revue, il se rendait, en compagnie de son jeune fils, le prince Hassan, à la présidence du gouvernement où le général de Gaulle lui offrait un déjeuner officiel. Dans l'après-midi enfin, Mohamed V honorait de sa visite la mosquée de Paris, offerte par la France à la communauté musulmane en hommage à son soutien lors de la première guerre mondiale. », Nelcya Delanoë, Poussières d'empires, Puf, 2018, p. 49
  10. Collectif, Dictionnaire de la France libre, Robert Laffon, 2010, p. 1011
  11. Sidi Mohammed Ben Youssef, compagnon de la Libération, 18 juin 1945, site du Musée de l'Armée
  12. Jean Favier, Les Palais de l'histoire, Editions du Seuil, 2016, p. 590
  13. La cérémonie du 18 Juin, site Le mont Valérien
  14. Jean-Louis Crémieux-Brilhac et François Broche dans Dictionnaire de la France libre, Robert Laffon, 2010, p. 476
  15. directeur des Études et recherches à la Fondation Charles de Gaulle.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Témoignages[modifier | modifier le code]

Images du défilé du 18 juin 1945[modifier | modifier le code]

Documentation[modifier | modifier le code]