Claude Gauvard — Wikipédia

Claude Gauvard
Claude Gauvard en 2018.
Fonctions
Professeur émérite (d)
Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne
depuis
Présidente
Société de l’histoire de France
Rédactrice en chef
Revue historique
avec Jean-François Sirinelli
-
Présidente
Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public (d)
-
Professeure des universités
Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne
-
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Claude LatorcheVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Medieval Academy of America ()
Haut comité des commémorations nationales (jusqu'en )
Société de l’histoire de France
Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public (d)
Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris
Comité d'histoire de la ville de Paris (d)
Institut universitaire de FranceVoir et modifier les données sur Wikidata
Directeur de thèse
Étudiants de thèse
Philippe Charon (d) (), Maud Ternon (d), Martine Charageat (d), Christine Barralis (d), Fabrice Delivré (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions

Claude Gauvard, née le à Paris, est une enseignante-chercheuse et historienne française. Professeure émérite, titulaire de 1992 à 2009 d'une chaire d'histoire médiévale de l'Université Panthéon-Sorbonne, elle est spécialiste de l'histoire politique, sociale et judiciaire du Moyen Âge.

Biographie[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

Fille d'une institutrice, pupille de la Nation, et d'un technicien de la Ville de Paris, originaire de Creuse, elle intègre le lycée Victor-Duruy puis fait khâgne au lycée Fénelon où elle s'engage contre la torture et en faveur de l'Indépendance de l’Algérie[1].

À la suite de ses études d'histoire à la Sorbonne entre 1961 et 1965, elle obtient l'agrégation d'histoire et géographie en 1967[2].

Carrière universitaire[modifier | modifier le code]

Débutant comme assistante à l'université de Rouen en 1969, puis à la Sorbonne en 1971, elle est maître de conférences à l'université Panthéon-Sorbonne. En 1989, elle soutient sa thèse de doctorat, « Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge » (qui reçoit le prix Malesherbes et le prix Gobert de l'Académie des inscriptions et belles-lettres), et devient professeure d'histoire du Moyen Âge à l'université de Reims en 1990, puis à l'université Panthéon-Sorbonne (1992) où elle a enseigné l’histoire du Moyen Âge jusqu'en 2009[2].

Elle a été membre senior de l’Institut universitaire de France pendant 10 ans (1997-2007)[2].

En 1998, Jean-François Sirinelli et Claude Gauvard succèdent à René Rémond et Jean Favier à la direction de la Revue historique[2],[3]. Olivier Mattéoni lui succède en 2024[4]. Elle est également codirectrice de la collection « Le Nœud gordien » aux Presses universitaires de France.

Elle dirige l'École doctorale d'Histoire de l'université Panthéon-Sorbonne de 1998 à 2005.

Elle est présidente du jury de l'agrégation d'histoire de 1998 à 2001 et de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public (SHMESP) de 1995 à 2001.

En 2009, elle préside la Société de l'histoire de France[5].

En 2010, un collectif de 62 historiens et historiennes publient un ouvrage scientifique en son honneur[6].

Elle siège au conseil d'administration de l'Association française pour l'histoire de la justice[7], au Haut comité des commémorations nationales[8] et au Comité d'histoire de la ville de Paris[9]. Elle démissionne du Haut comité des commémorations nationales, avec neuf autres membres sur douze, par une lettre collective publiée dans Le Monde en [10]. Ils protestent ainsi contre la décision de la ministre de la culture, Françoise Nyssen, de retirer le nom de Charles Maurras du Livre des commémorations nationales 2018, alors que ce choix avait été préalablement validé[11],[12],[13].

Apports[modifier | modifier le code]

Histoire de la justice[modifier | modifier le code]

Élève de Bernard Guenée, son directeur de thèse, et influencée par Jacques Le Goff, Claude Gauvard s'est consacrée à l'histoire de la justice à la fin du Moyen Âge, en s'appuyant notamment sur les méthodes de l'anthropologie et de la sociologie. Sa thèse de doctorat d'État, publiée en 1991 sous le titre « De grace especial » : crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, a été récompensée par le prix Malesherbes de l'Association pour l'histoire de la justice et par le prix Gobert de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

À travers le prisme de la justice, Claude Gauvard étudie les modes de régulation du lien social dans la société ritualisée de la fin du Moyen Âge. D'après elle, les supplices en général et la peine de mort en particulier sont assez rares au Moyen Âge. Les sociétés médiévales ne seraient d'ailleurs pas particulièrement violentes, car régulées par le régime de l'honneur. S'attachant particulièrement aux usages, aux procédures et aux discours de la grâce, de la rémission et de l'arbitrage, elle montre la prégnance de la notion d'honneur dans la société médiévale.

Selon une perspective inspirée de l'anthropologie juridique anglo-américaine, elle insiste sur le caractère régulateur de l'activité judiciaire, qu'elle envisage comme un mécanisme de « résolution des conflits » parmi d'autres. Son étude de la criminalité permet ainsi de souligner à quel point les hommes et les femmes du Moyen Âge sont des « sujets en conflit »"[14] qui participent de la construction judiciaire du pouvoir royal.

Humanités numériques[modifier | modifier le code]

Claude Gauvard fait également partie des pionnières des Humanités numériques.

Dans les années 1980, elle utilise les cartes perforées pour contribuer à l'analyse des sources de sa thèse de doctorat d’État. Elle encode ainsi 750 lettres de rémissions datées du règne de Charles VI en fonction de 172 variables[15]. Ce travail, mené au Centre de calcul de l’université de Paris 1 avec le concours du personnel et d'étudiants, lui permet d'effectuer environ 500 tris et de générer des graphiques. Elle interprète ensuite les résultats à la fois par la méthode de l'analyse factorielle et par un retour à la lecture du texte original[15],[16].

Sa grille d'analyse a inspiré d'autres travaux, comme ceux Nicole Dufournaud qui l'a adaptée à l'encodage XML-TEI[17].

Direction de recherches[modifier | modifier le code]

Elle a dirigé, entre autres, les thèses de doctorat de Nicolas Offenstadt et de Véronique Beaulande-Barraud.

Publications[modifier | modifier le code]

  • « De Grace especial » : crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, vol. 1 & 2, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 24), , LXXXV-1025 p. (ISBN 2-85944-209-X, présentation en ligne), [présentation en ligne] Accès libre sur Openedition : https://books.openedition.org/psorbonne/35658.
    Reproduction en fac-similé : « De Grace especial » : crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Les classiques de la Sorbonne » (no 1), , LXXXV-1025 p. (ISBN 978-2-85944-641-3).
  • Dir., La renommée, n° de la revue Médiévales, 24 (1993).
  • La France au Moyen Âge du Ve au XVe siècle, Paris, PUF, 1996, rééd. 2010.
  • Avec Françoise Autrand et Jean-Marie Moeglin (dir.), Saint-Denis et la royauté : études offertes à Bernard Guenée, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999.
  • Avec Robert Jacob (dir.), Les rites de la justice au Moyen Âge, Paris, Le Léopard d'or, 2000.
  • Avec Alain de Libera et Michel Zink (dir.), Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, PUF, 2002.
  • Avec Pierre Boglioni et Robert Delort (dir.), Le petit peuple dans l'Occident médiéval : terminologies, perceptions, réalités : actes du Congrès international tenu à l'Université de Montréal (18-23 octobre 1999), Paris, Publications de la Sorbonne, 2002.
  • Avec Jean-Louis Robert (dir.), Être parisien : actes du colloque organisé par l'École doctorale d'histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris-Île-de-France (26-28 septembre 2002), Paris, Publications de la Sorbonne, 2004.
  • Avec Claire Boudreau, Kouky Fianou et Michel Hébert (dir.), Information et société en Occident à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004.
  • Violence et ordre public au Moyen Âge, Paris, Picard, 2005.
  • Avec Joël Laiter, Notre-Dame de Paris, Paris, Éditions du Chêne, 2006.
  • Avec Jacques Chiffoleau et Andrea Zorzi (dir.), Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les villes de l'Occident à la fin du Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2007.
  • Dir., L'Enquête au Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2008.
  • Le Moyen Âge, Paris, la Martinière, 2010
  • Dir. avec Jean-François Sirinelli, Pascal Cauchy, Les historiens français à l'œuvre, 1995-2010, Paris, PUF, 2010
  • Avec Loïc Cadiet, Frédéric Chauvaud, Pauline Schmitt-Pantel et Myriam Tsikounas (dir.), Figures de femmes criminelles de l'Antiquité à nos jours, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010.
  • Le temps des Valois, Paris, PUF, coll. « Une histoire personnelle de », 2013
  • Le temps des Capétiens, Paris, PUF, coll. « Une histoire personnelle de », 2013
  • La France au Moyen Âge du Ve au XVe siècle, Paris, PUF, 2014
  • Sous sa direction et celle de Boris Bove, Le Paris du Moyen Âge, Belin, 2014.
  • Sous sa direction et celle de Jean-François Sirinelli, Dictionnaire de l'historien, PUF, 2015, 786 pages.
  • Sous sa direction, Une histoire de France, Paris, PUF, 2017.
  • Condamner à mort au Moyen Âge. Pratiques de la peine capitale en France XIIIe – XVe siècle, Paris, PUF, 2018.
  • Jeanne d'Arc : héroïne diffamée et martyre, Paris, Gallimard, coll. « L'esprit de la cité / Des femmes qui ont fait la France », , 192 p. (ISBN 978-2-0701-7855-1).
  • Passionnément Moyen Âge : Plaidoyer pour le petit peuple, Taillandier, , 320 p. (ISBN 979-1021054165).

Livres audio[modifier | modifier le code]

  • Claude Gauvard (auteure et narratrice), Le Moyen Âge, La France des capétiens, éd. Frémeaux & Associés, coll. « Histoire de France », 2012 (EAN 3561302550121). Support : 4 disques compacts audio ; durée : h 5 environ ; référence éditeur : FA5501. Sommaire du coffret : 1. La France des premiers Capétiens (987-1108) ; 2. La France du XIIe siècle ; 3. Des rois reconnus dans leur royaume (1180-1270) ; 4. L'État royal sous les derniers rois (1270-1328). Collection éditée en collaboration avec les Presses universitaires de France.
  • Claude Gauvard (auteure et narratrice), Le Moyen Âge, La France de la guerre de cent ans, éd. Frémeaux & Associés, coll. « Histoire de France », 2012 (EAN 3561302550220). Support : 4 disques compacts audio ; durée : h 5 environ ; référence éditeur : FA5502. Sommaire du coffret : 1. Le royaume de France aux XIVe et XVe siècles: une conjoncture de crise ; 2. La dynastie des Valois contestée ; 3. Une situation bloquée: le royaume de France vers 1400 et 1440 ; 4. La "grand monarchie de France" vers 1440 et 1492. Collection éditée en collaboration avec les Presses universitaires de France.

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Yann Potin, Jean-François Sirinelli, Générations historiennes : XIXe – XXIe siècle,, CNRS éditions,
  2. a b c et d Dupont-Monod 2000.
  3. Jean-François Sirinelli, « Présentation », Revue historique, no 709,‎ (DOI 10.3917/rhis.241.0003a).
  4. Claude Gauvard, « Lettre », Revue historique, no 709,‎ (DOI 10.3917/rhis.241.0001a).
  5. « SHF Actualité », sur shfrance.org (consulté le ).
  6. Julie Claustre, Olivier Mattéoni, Nicolas Offenstadt (éds.), Un Moyen Âge pour aujourd'hui : mélanges offerts à Claude Gauvard, Paris, Presses universitaires de France, , 580 p. (ISBN 978-2-13-057365-4)
  7. [1].
  8. « Le Haut comité des Commémorations nationales », sur FranceArchives (consulté le ).
  9. https://archive.wikiwix.com/cache/20180208195222/https://api-site.paris.fr/images/84503.
  10. « Affaire Maurras : la lettre de démission de dix des douze membres du haut comité aux commémorations », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. « Affaire Maurras : dix membres du haut comité des commémorations nationales démissionnent », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Affaire Maurras : dix membres du Comité des commémorations nationales démissionnent », sur Franceinfo, (consulté le ).
  13. « Affaire Maurras: 10 des 12 membres du Comité des commémorations nationales claquent la porte », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  14. Nicolas Offenstadt, « L' "histoire politique" de la fin du Moyen Âge. Quelques discussions », Être historien du Moyen Âge au XXIe siècle (XXXVIIIe Congrès de la SHMESP, 31 mai-3 juin 2007), Paris, Publications de la Sorbonne, 2008, p. 179-198.
  15. a et b Claude Gauvard, "De grace especial": crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, (lire en ligne), § 41-534
  16. Claude Gauvard, « Informatique et lettres de rémission de la Chancellerie royale française à la fin du Moyen Âge », Le médiéviste et l'ordinateur, vol. 25, no 1,‎ , p. 20-22 (lire en ligne)
  17. Nicole Dufournaud, « TEI, un support méthodologique pour l'encodage du patrimoine textuel. Données, structuration et visualisation »,
  18. Décret du 13 juillet 2009 portant promotion et nomination.
  19. « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres – hiver 2023 », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Clara Dupont-Monod, « Claude Gauvard, le Moyen Âge, passionnément », L'Histoire, no 246,‎ , p. 32-33 (ISSN 0182-2411).
  • Claire Judde de Larivière, « Claude Gauvard : « L'historien est comme le poète, il fait exister le merveilleux » », Le Monde,‎ (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]